#Rugby /H.Broncan le maître jedi de l’ovalie (Ep IV) : «Arnaud Méla a grandi, il est mûr.»

Alors que le rugby national et européen est à l’arrêt pour cause de mesures sanitaires liées au Coronavirus Covid 19, et que l’anxiogènéité s’accroît dans un contexte sombrant parfois à la sinistrose, nous avons décidé de vous offrir une bouffée d’air frais et de passion du rugby, avec le retour de notre série d’articles, « Le Maître Jedi de l’ovalie » avec Henry Broncan. Pour cet épisode IV , celui qui au fil des ans est devenu, une légende de notre sport, est revenu lors de l’émission « Le MagSport – RadioAlbiges  » du 20 février 2020, sur le regard affectueux qu’il porte sur ses poulains « Padawans » ovaliens. D’Arnaud Méla à Vincent Calas , en passant par Gabriel Lacroix, le sorcier gersois nous parle avec l’amour viscéral qu’il a pour le rugby, de leurs joies et leurs peines mais surtout de sa fierté de les voir évoluer en tant qu’hommes. Mais pour « Papy Broncan« , cette première partie d’entretien était aussi l’occasion de parler de terres l’esprit de la « force » est encore vivace comme Mauléon avec ses figures de proues que sont Camille Lopez , ou encore les légendes d’antan qu’étaient Michel Celaya ou Arnaud Marqesuzza. Voyage dans ces heures le monde se met à craindre l’avenir, dans un passé et un présent qu’Henry Broncan se délecte de narrer, d’analyser et surtout d’en entretenir le souvenir.

 

 

Crédit photo Christophe Vindis France3 Midi Pyrénées

Henry vous savez que c’est toujours un plaisir de vous avoir avec nous. On vous a contacté parce qu’on voulait un peu faire le point avec vous sur la Fédérale 1. On rentre dans le dernier tiers, dans le money-time comme dirait les américains de cette Fédérale 1 et on voit que ça commence à bouger sévèrement, que ce soit dans la poule 2 où ça frotte sec entre Aubenas, Narbonne, Nice et Bourg-en-Bresse pour les places. .Et de même dans poule d’Albi où l’on voit que les petits poucets comme Mauléon arrivent parfois à venir titiller l’ogre albigeois. Que pensez-vous de tout ça ? 

 

On l’a rappelé à plusieurs reprises, l’an dernier, Albi avait perdu à Nafarroa. Et je savais qu’à Mauléon, ça allait être extrêmement difficile de rencontrer des Basquais chez eux, beaucoup de monde, beaucoup de public, C’était normal que le SCA ait eu quelques difficultés  à s’imposer. Mais ils ont gagné et ça prouve que l’équipe de cette année est encore supérieure à celle de la saison passée parce qu’ils se sont tirés du piège qui était tendu par Mauléon, qui est une très belle équipe avec de très bons joueurs. C’est un club formateur exceptionnel, qui a tout le temps eu de bons juniors, très bien entraîné aussi par Arnaud Héguy. Ca fournit des entraîneurs, des joueurs, des dirigeants. Bernard Queheille, qui est le président de ce club est le père de Gilen, un très, très bon joueur que vous avez connu et qui opère actuellement à Colomiers. Ca sort des joueurs comme Lopez bien sûr que tout le monde connaît puisque c’est l’ouvreur de Clermont et de l’équipe de France. C’est un club extrêmement formateur, qui a tout le temps été formateur et ce n’est bien sûr jamais facile de s’imposer dans ce magnifique pays de rugby. 

 

Mauléon est un vrai terroir de rugby

 

C’est fantastique tout ce qu’ils ont donné pour le rugby. Il ne faut pas oublier que leur entraîneur était Celaya, qui a disparu cette année et qui était une légende du rugby français, qui l’est d’ailleurs toujours. Il y aussi Marquesuzaa (disparu quelques jours après l’itw) que j’ai bien connu aussi puisqu’il a été mon entraîneur à Montauban. C’était un 3/4 centre fabuleux, on parlait toujours de Boniface mais Boniface, il craignait beaucoup Marquesuzaa, ça, je peux vous le garantir. Il n’était pas content quand il l’avait en face. 

 

Il claquait des dents quasiment ? 

 

C’était un dur et c’est un personnage fabuleux du rugby français, car il est encore en vie*, (Itw réalisé une semaine avant son décès)lui aussi. 

 

Si on écoute vos propos, vous pensez que, si Albi a réussi à arracher au bout du chrono cette victoire, c’est vraiment signe d’une équipe qui s’est étoffée par rapport à l’année dernière, qui a un peu plus de supplément d’âme ? 

 

Je pense que l’an dernier, ils auraient perdu ce match. Là, ils l’ont gagné sur le final alors que Mauléon était à 14 suite à un carton rouge à ce moment-là mais ils l’ont gagné et ça, c’est très important. Avoir su marquer deux essais dans les 5 dernières minutes, ça prouve une équipe qui respire quand même une certaine sérénité. C’est vrai que le SCA, cette année, impressionne quand même tout le monde. Il faut voir la distance qu’il y a entre le premier et le second du classement dans cette poule, aucune autre poule n’est comparable et aucune équipe ne réussit un parcours aussi juste que celui du Sporting Club Albigeois. Je crois que cette équipe a gagné en maturité, elle est de plus en plus solide et je pense qu’elle va aborder les phases finales avec des assurances qu’elle n’avait peut-être pas la saison dernière. Encore que, la saison dernière, on ne va pas y revenir mais il faut quand même rappeler que ce match contre Rouen est quand même un match assez curieux. Les matchs de Rouen ont été des matchs assez curieux, surtout le match retour. 

 

Totalement. Le match contre Mauléon, on l’a dit à  la radio, il y avait un peu de Henry Broncan dans la victoire. Pourquoi ? Parce qu’un des gars qui a fait déverrouiller ce match, c’est Vincent Calas qui, pour l’instant, marche sur l’eau avec le Sporting Club Albigeois, il tient la forme de sa vie. Et Vincent Calas, une fois de plus, c’est Henry Broncan qui l’a fait venir en terre albigeoise ? 

 

Oui, je me rappelle très bien que j’avais accompagné l’équipe espoirs du Sporting à Béziers et j’avais remarqué dans les rangs biterrois un grand, très longiligne, Vincent. J’avais aussi remarqué leur demi de mêlée Bisman. Et je dois quand même dire que, sur ce match-là, j’avais rencontré des dirigeants de Béziers qui estimaient que le club ne prenait pas suffisamment de précautions avec Vincent et ils me l’avaient presque lancé dans les bras en me disant  » vous, vous en ferez quelque chose « . Vincent est arrivé, il est d’ailleurs le fils de l’ancien second de ligne de l’ASB, c’est une famille très rugby. Je suis content parce qu’il a mis un peu de temps à éclore et là, il a pris de la maturité, il a pris un peu de poids, il a pris de l’assurance. Je suis bien entendu très heureux pour Vincent mais aussi pour le Sporting. 

 

Si vous voulez rendre Vincent très heureux, il l’a dit l’autre jour à notre antenne, il lui tarde de vous re-rencontrer pour parler rugby parce-que, lorsqu’il discute rugby avec vous, c’est toujours un plaisir. 

 

Moi aussi j’espère le voir pour les phases finales ou quelque chose comme ça. C’est un des garçons que je reverrai avec beaucoup de plaisir mais il y en a beaucoup dans son cas. Mais, c’est vrai que j’ai cru en Vincent et il a eu, je le répète, un petit peu de mal parce qu’il a débuté très jeune en Reichelchez nous et maintenant, il a gagné en maturité, en poids, en assurance parce-que c’était un garçon qui se posait beaucoup de questions. Et je suis très heureux de le voir évoluer et être aussi apprécié par le monde, par les spectateurs, par les supporters du Sporting. 

 

Il y en a un autre qui nous a parlé de vous très récemment, pour l’instant, il traverse une passe assez difficile. C’est vous qui êtes allé le chercher dans votre vivier gersois, c’est Gaby Lacroix. La situation de Gaby doit vous fendre le cœur, de voir un talent brut comme ça qui se retrouve un peu sur le carreau à cause d’une vilaine blessure ? 

 

C’est terrible pour quelqu’un qui aime le rugby, pour qui le rugby compte beaucoup, de se retrouver blessé et de retrouver avec une blessure qui a du mal à guérir. Ça, c’est le plus dur pour quelqu’un qui a investi beaucoup dans ce sport. Ce sport lui a beaucoup apporté et là, ça lâche très, très jeune. Rejouera-t-il, ne rejouera-t-il pas ? C’est vraiment très compliqué et très, très dur. Heureusement, il a la chance d’avoir une copine qui est une sportive de haut-niveau, qu’il a d’ailleurs connu à Albi, dans l’équipe de volley-ball d’Albi et qui l’aide beaucoup. J’espère vraiment qu’il pourra rejouer à ce sport parce-que c’est quelqu’un qui adore le rugby, comme la plupart de ceux qui le pratiquent. De toute façon, pour réussir comme il a réussi, il faut aimer ce sport-là, bien entendu. Et j’espère qu’il va guérir, ça traîne. Je souhaite tout simplement qu’il reprenne. Il a dit qu’éventuellement, ça lui ferait plaisir de revenir sur Albi, peut-être de se relancer à Albi. De toute façon, je lui souhaite de rejouer rapidement.

 

S’il revenait à Albi, les supporters auraient des étoiles dans les yeux parce-que, quand Gaby Lacroix est en cannes, c’est quelqu’un qui, à chaque ballon, met des étincelles dans les yeux. 

 

C’était formidable. C’est terrible pour lui parce qu’il était aux portes de l’équipe de France, tout le monde parlait de lui, un des meilleurs marqueurs d’essais de France. On a le souvenir de ce formidable essai qu’il a marqué avec La Rochelle. Je m’aperçois que les Albigeois ne l’oublient pas et pour des joueurs comme ça, c’est très important que les supporters ne soient pas ingrats et n’oublient pas ces joueurs qui les ont faits un petit peu rêver et qui sont dans la difficulté. Vous savez, être derrière eux, c’est très, très important pour eux. 

 

Il y en a un autre qui ne vous a pas oublié, qui vous appelle souvent, c’est Arnaud Méla. On sait qu’il aime bien avoir des conseils et échanger un peu avec vous. Là, on arrive dans une période où, on ne va pas se le cacher, on prépare les transferts, le mercato pour l’année suivante. J’imagine qu’Arnaud Méla a dû passer deux, trois coups de téléphone dans le Gers pour avoir des bons tuyaux ? 

 

Actuellement, non (rires). Arnaud a grandi, il est mûr. Il m’impressionne parce-que très calmement, tranquillement, il fait avancer son équipe avec beaucoup de sérénité. C’est devenu un très bon entraîneur, Albi a de la chance d’avoir Arnaud. C’est quelqu’un d’extrêmement précieux. J’ai des échos de certains joueurs, j’ai des échos d’anciens dirigeants et de dirigeants actuels. Arnaud a pris beaucoup de maturité et, je le répète, les Albigeois ont beaucoup de chance de l’avoir comme patron de ce club, parce qu’il en est le patron sportif. Et je crois que ceux qui travaillent avec lui ont aussi beaucoup de chance de pouvoir être auprès de lui. Je crois que c’est quelqu’un qui symbolise très, très bien le Sporting actuel, c’est à dire un club qui évolue dans la sérénité sportive. 

Propos recueillis par Loïc Colombié

Retrouvez l’intégralité de l’itw Audio d’Henry Broncan lors de l’émission « Le #MagSport RadioAlbiges  » du 20 février 2020.

https://hearthis.at/radio.albiges/magsport-20-02-21/

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