#Rugby – ProD2 / T.Lacelle (Provence) : «A Albi, j’ai pas des copains, mais des amis!»

Nous sommes allés à la rencontre d’un joueur qui a illuminé les travées du Stadium municipal avec ses chevauchées folles et sa pléiade d’essais durant deux saisons. Thomas Lacelle, parti défier sous les couleurs de Provence Rugby , les joutes de pro D2, est revenu dans l’émission « le #MagSport – RadioAlbiges » sur ses débuts avec la tunique noire, émaillés de joies et de peines . Mais l’ailier supersonique qui avait inscrit un essai à la « Kolbe » lors du 1/4 de finale retour face au Stade Dijonnais, n’en oublie pas les frères d’armes jaunes et noirs, une fratrie il a éclaté au grand jour. Focus sur un joueur qui rêve d’imposer ses qualités physiques et techniques si atypiques et un vent de fraîcheur, dans un championnat (ProD2) que certains suiveurs décrient comme stéréotypé et ultra-normé.

Thomas, on t’avait laissé au mois de Juin voguer vers de nouvelles ambitions et vers de nouveaux cieux, la Pro D2. Première question, assez légitime : comment cette nouvelle aventure à Provence Rugby se passe t’elle ? 

Tout se passe bien, tout se passe très bien. La reprise s’est faite en juillet avec de nouveaux copains, un nouveau staff donc ça fait toujours un peu bizarre au début de rencontrer de nouvelles personnes, surtout après deux saisons quand même très sympathiques à Albi où j’ai fait de très, très belles rencontres. Ca s’est fait au fur et à mesure et très bien. La saison a commencé, j’ai fait 5 matches depuis le début et malgré des petites blessures qui reviennent un petit peu, ça va, tout se passe bien. Le cadre est plutôt sympathique, la Provence est sympa, on n’est pas très loin de Marseille, de la mer. Donc, ça change un peu même si ce n’est pas nécessaire à chaque fois mais c’est très, très bien. Le groupe est quand même sympathique, on travaille dur, c’est un nouveau monde mais tout se passe bien. 

C’est quand même un véritable défi que tu t’es lancé. Quand on regarde l’effectif de Provence Rugby, il y a du monde à l’aile, sur ton poste de prédilection. Il y a le jeune Thomas Guigon, il y a Andrzej Charlat, il va falloir que tu te fasses ta place. On imagine que c’est un challenge qui doit te mettre en appétit, toi qui aimes bien ces défis sportifs ? 

C’était de toute manière le but, de se mettre en concurrence. Je savais qu’il y allait avoir du monde mais honnêtement, ce n’était pas un problème. J’aime bien, je le vis bien, je suis toujours très, très positif. Il fallait faire ses preuves au début, à l’entraînement et je pense qu’ils sont plutôt satisfaits. Donc, j’enchaîne, malgré les petits pépins, tout se passe bien, les matches sont plutôt pas mauvais. C’est quand même un niveau différent de la Fédérale 1, c’est plus structuré, on évite de jouer à Nafarroa et des clubs comme ça. Mais, c’est sympa, c’est quelque chose que je voulais voir et je suis très content d’y être. 

Tu t’es fixé des objectifs personnels pour cette première saison sous les couleurs de Provence Rugby ? 

Un peu. J’essaye de ne pas trop penser aux objectifs, je vis un peu au jour le jour mais, m’installer dans l’équipe. J’avais l’étiquette du joueur qui arrivait de Fédérale 1. Même si ça ne veut rien dire, parfois, dans les têtes de certains, ça peut être quelque chose. Et au final, je me suis installé, je commence à jouer et ils sont plutôt contents de moi. Donc, je me dis, essayer de finir la saison qui commence comme titulaire et surtout des matchs groupé. J’ai signé 3 ans, il faut commencer la première saison à marquer les esprits et surtout faire de bons matches. 

Et collectivement, on imagine que le coach Cibray vous a fixé une feuille de route, un objectif, pour ce club de Provence Rugby qui est un émergent mais qui commence déjà à s’installer dans cette Pro D2 ? 

Déjà, j’étais quand même surpris par l’effectif qu’on avait avec beaucoup, beaucoup de recrues. C’est un club très, très ambitieux qui voudrait monter assez vite en Top 14, sans donner de date bien sûr. C’est quand même très structuré, on a des locaux qui sont impressionnants dignes d’un club de Top 14, ça change. Fabien, le coach, est aussi très carré sur ça , c’est un coach assez dur mais juste. Il faut s’y faire, c’est comme ça, il faut avancer avec lui, c’est quelqu’un de très, très bon, je trouve, rugbystiquement. Il mène ses troupes comme il sait faire et, pour l’instant, ça se passe bien. 

Petite question casse-gueule, histoire de te mettre dans le bain. Entre la Provence et tous ses attraits et ses charmes et notre chère terre albigeoise et tarnaise, ton cœur balance où ? J’imagine qu’en Provence, tu as du découvrir de beaux paysages et de beaux territoires ? 

Géographiquement, c’est vrai que la Provence est quand même un coin idéal. Mais moi, je suis quand même resté 2 ans à Albi, j’ai de très, très bons, même pas des copains mais des amis sur Albi. Ca commence aussi à se faire sur Aix mais j’ai mes copains sur Albi, j’ai plus d’affinités avec eux parce-que j’ai passé deux ans avec eux. Mais ça va se faire, je sais qu’il y a un très bon groupe, de très bons joueurs, des mecs très sympathiques ici. Maintenant, nous les joueurs, on change beaucoup de clubs, on est obligé de s’acclimater à l’environnement, aux joueurs. Donc, ça va se faire, e n’ai pas non plus de souci à m’intégrer. 

Dans une interview récente, ton ancien coach Arnaud Méla nous disait que, si les joueurs de Top 14 et de Pro D2 s’aimaient autant que ceux de Mauléon et d’Oloron, ils dévasteraient tout sur leur passage. Tu corrobores, toi qui est passé de la Fédérale 1, même si tu étais dans une structure pro, à la Pro D2 qui a un côté un peu plus compète, un peu plus impersonnel ? 

Ca dépend, je ne l’ai pas ressenti directement. Enfin quoi que, on a perdu à Aurillac le week-end dernier, on a été quand même relativement transparents. On a un effectif qui est super alléchant et on voit contre une équipe d’Aurillac  qui jouait avec ses moyens que ça s’est cassé la gueule. Là, je rejoins Arnaud, effectivement, il a raison. Si des clubs s’y filaient autant que Nafarroa , Oloron, c’est sûr que là, ça serait de grosses équipes parce-que, je ne sais pas si c’est un problème d’envie ou de motivation car je pense que les joueurs sont motivés à jouer, mais il y a ce surplus d’énergie, ce supplément d’âme qu’ils ont qui est vraiment atypique et qui restera toujours dans ce genre de clubs et qui se retrouve relativement peu sur les clubs en pro. Bien sûr, je ne dis pas qu’il n’y est pas. 

Mais, il est moins prégnant ? 

Voilà, je pense que ces clubs vivent pour ça. Ils sont un peu comme une famille parce qu’ils se connaissent depuis très longtemps. En pro, ce truc n’existe pas, on ne peut pas le retrouver en équipe pro. Il y a des clubs qui se transcendent mais, c’est quand même différent. 

On parle d’Arnaud Méla mais on va aussi parler de tes anciens copains du Sporting, de tes coéquipiers jaunes et noirs. Tu les suis avec assiduité, qu’as-tu pensé du début de saison ? On va mettre de côté le dernier match pour y revenir plus tard. Mais qu’as-tu pensé du début de saison et de la pré-saison, qui étaient quand même en boulet de canon et où le Sporting a un peu marché sur tout le monde ? 

J’ai trouvé ça super intéressant, c’était propre parce qu’il y avait quand même un effectif qui changeait, même s’il y avait une ossature qui restait. Je ne savais pas trop comment ça allait se passer et au final, quand je regardais les résultats, à la maison, c’était toujours pareil, imprenable avec le tarif habituel de 60 points. Ils ont aussi gagné à Pamiers, où ça a été un match assez compliqué. J’en ai connu l’année dernière avec Albi et on ne les a pas tous gagnés. Moi, je trouvais ça super intéressant et j’en parlais avec quelques joueurs, ils étaient quand même contents malgré le fait que quelques fois, mettre 60 points, ce n’est jamais parfait. Le collectif est un peu moyen, chacun veut faire son truc mais, le résultat est de gagner avec le bonus et je trouvais ça intéressant, oui. 

 

Malheureusement, les démons de la saison passés sont revenus. Le Sporting Club Albigeois a fait une pâle prestation à l’US Saint-Sulpicienne qui avait 23 gars révoltés avec le couteau entre les dents qui ont fait chuter les jaunes et noirs. Tu as pu discuter avec tes anciens coéquipiers de cette première désillusion de la saison ? Ca les a quand même profondément meurtris, on les côtoye assez fréquemment, ils avaient le regard et le masque des mauvais jours cette semaine. 

On l’a eu aussi l’année dernière à certains matches. Ce n’est jamais facile de perdre dans des petits villages comme ça où on arrive comme la grosse écurie. On se fait surprendre, on se fait avoir et c’est compliqué. Je n’ai pas eu trop le temps d’échanger avec les gars. Je crois que Gaëtan était capitaine, j’imagine que lui, le connaissant, ça a vraiment dû le faire chier parce qu’il n’aime pas trop passer à côté sur des matches comme ça. Donc, ce n’est jamais facile, la saison est longue et chaque match à l’extérieur, c’est à 200% parce-que l’équipe va être survoltée, elle va être très, très en forme, elle va se donner à 200% et il ne faut pas baisser la garde. Je trouve aussi ça dur de rester tout le temps à haut niveau, enfin pas à haut niveau, mais, le combat, le combat, toujours le combat, ce n’est pas facile, surtout contre des équipes qui sont à bloc à chaque fois. Je pense honnêtement, et je le savais l’année dernière, que ce n’est pas dramatique. Quand on a perdu à Oloron, quand on a perdu à Nafarroa, tout le monde disait qu’on était incapables d’aller en Pro D2. Même là, je pense que les gens doivent dire ça sur les réseaux sociaux, que cette équipe ne va pas aller en Pro D2. Mais, on a bien vu à la fin, qu’au final, ça a été à un poil de passer et gagner contre Rouen.

On y reviendra pas sur ce match contre Rouen

Non, je sais, la pilule est encore amère (rires). Mais en tous cas, je trouve que ce sont des étapes à passer et l’important est de se remobiliser. Donc, j’espère que Blagnac en feront les frais. 

Et connaissant les joueurs, il y a l’orgueil qui rentre en compte. Cette semaine, un joueur me disait en off  » on est passé pour des peintres en faisant une pâle prestation comme ça « . Il va y avoir aussi une notion d’orgueil, de vouloir remettre l’église au centre du village comme on dit dans le jargon du rugby ? 

C’est sûr, c’est toujours important après un revers comme ça. C’est souvent le match d’après où on se réveille, les mecs ont à cœur de bien faire et surtout à cœur de faire de grosses prestations, surtout dans l’engagement. Moi, je ne suis pas inquiet sur ça, je suis sûr qu’ils vont se réveiller, même s’ils ne sont pas endormis, lors des prochains matches en commençant par ce week-end. En tous cas, je ne suis pas inquiet sur ça. 

On connaît ta passion pour le rugby en général, pro, amateur, semi-amateur, semi-pro. On imagine que tu regardes un peu ce qui se passe ailleurs, en Fédérale 1. Il y a des équipes qui t’ont tapé dans l’œil, qui risquent d’être des concurrentes assidues au Sporting Club Albigeois pour la montée en Pro D2 ? 

J’ai regardé un peu, Massy a perdu la semaine dernière. Je les voyais quand même pas trop mal, ils ont un effectif assez complet même s’ils ont une poule assez hétérogène. Narbonne, au niveau de l’effectif, c’est quand même impressionnant. Il faut que ça se fasse mais je pense qu’au bout d’un moment donné, ils vont être durs à prendre. Après, il y a toujours Bourg-en-Bresse qui sont très bien rôdés, c’est une équipe assez habituée de ce genre de saison, qui font souvent l’ascenseur avec la Pro D2 et qui, surtout, sont durs à prendre en phases finales. Il y a aussi des clubs comme Dijon, Bourgoin qui sont aussi un peu durs à prendre. 

Ou Cognac ? 

Cognac aussi. Alors Cognac, je sais qu’ils ont perdu à Marmande le week-end dernier, mais je n’ai pas trop vu, je ne connais pas forcément. 

Tu es plus dans l’inconnu concernant Cognac ? 

Voilà, je n’ai pas trop vu, c’est un peu l’inconnu. 

Si tu appelles Mathieu Peluchon, il te donnera les bonnes infos, ne t’inquiète pas. (Rires)

Oui, c’est sûr (rires). En tous cas, Narbonne, Bourg et Massy aussi, ce serait quand même un peu dur, ça va se jouer avec ces trois. L’important, c’est d’essayer de finir premier ou dans les deux premiers. Ce serait vraiment intéressant. 

On va clôturer cette interview avec peut-être un petit mot aux supporters qui t’aiment tant, ils t’appelaient le  » Kolbe  » albigeois. J’imagine que c’est réciproque et qu’ils doivent beaucoup te manquer. Je pense notamment à certaines figures du comité d’animation des supporters du SCA. Tu as peut-être un petit message à leur faire passer ? 

Bien sûr, qu’ils continuent comme cela, c’est super important. Je ne suis bien sûr pas resté une dizaine d’années mais ça m’a quand même marqué et je pense que les joueurs aussi. Ils sont imprégnés dans la vie du club, je trouve vraiment cela super important que les supporters soient là, qu’ils prennent autant de temps avec nous. Et ça aide un club à surmonter des périodes comme ça, de Fédérale où c’est un peu dur, ou des moments très durs. Donc, qu’ils continuent comme ça, qu’ils ne lâchent rien et bien sûr, je penserai à eux. Quoi qu’il arrive, je ne les oublierai pas, il n’y a pas de souci. 

Question bonus : quand aura t’on la chance de revoir Thomas Lacelle dans les travées du Sporting Club Albigeois pour venir soutenir les anciens copains dans les difficultés ou dans la joie ? 

Je ne sais pas, le calendrier est un peu compliqué. Je vais essayer de venir, c’est certain. Il y a une ou deux dates ou je peux venir à coup sûr donc j’ai prévu de passer quoi qu’il arrive. En tous cas, avant la fin de l’année, je serai au stade pour au moins un match, c’est sûr. 

Si on voit un mouvement de foule dans les tribunes, c’est que tu arrives en fait ? 

Non, quand même pas, je serai discret (rires). 

Propos recueillis par Loïc Colombié

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