#Rugby – Fed1 / P.Sardella (USSS) : «Ce sont des matches qui marquent le village!»

La semaine dernière, nous sommes allés à la rencontre d’un des co-présidents de l’US Saint Sulpicienne, un dirigeant heureux et fier de ses hommes, en la personne de Pierre Sardella. Quelques jours après l’exploit face au Sporting Club Albigeois, (victoire 9-3) lors de la 7eme journée de fédérale 1, l’un des 3 hommes forts de l’USSS nous a présenté un club aux racines rurales indéniables, qui a su s’affirmer, tout en se structurant pas a pas. Fort d’une escouade de bénévoles et d’un public passionné qui embrase tant les tribunes de Gaston Sauret dans la clameur, que les 3emes mi-temps par leur convivialité, Saint Sulpice sur Lèze est devenu, un de ces petits fiefs imprenables, agrémentant le charme de la fédérale 1. Focus sur le poumon sportif de la vallée de la Lèze, l’USSS, un club qui au delà de son action de socialisation d’un village de 2500 âmes, est devenu au gré du labeur et des exploits des rouges et verts , la fierté d’un territoire.

 

 

Pierre, on vous a quitté dimanche, à l’issue de ce match homérique de vos gars de l’US Saint-Sulpicienne, avec la banane, le sourire et la fierté de voir vos hommes battre l’ogre de la poule 3. J’imagine que la 3e mi-temps et les agapes ont dû être longues ? 

 

Oui, elle a été assez longue. Enfin, toute la journée a été très longue. Les dirigeants avaient vraiment mis la main à la pâte parce qu’on accueillait 300 personnes au repas. Déjà, on accueillait Albi, un club prestigieux pour nous. Donc, malgré les intempéries, malgré le temps, on voulait vraiment mettre le maximum de chance de notre côté pour que les gens se sentent, comme d’habitude à Saint-Sulpice, dans l’ambiance festive dès 11h, 11h30, premier moment où les supporters arrivent jusqu’à tard dans la nuit. Ça a marché tout le temps, on a eu quelques moments de pluie, quelques moments de vent. On a eu peur pour les chapiteaux qu’on avait monté et après, tout s’est enchaîné, je ne dirai pas comme dans un rêve mais, ils nous surprennent toujours. On est tous depuis un moment à Saint-Sulpice et on a déjà fait des exploits et o s’est dit  » peut-être encore cette fois-ci « . Mais, c’était quand même Albi et puis, ils n’ont rien lâché du début à la fin du match et on ne peut que les féliciter. 

 

Vous pouvez nous parler un peu de votre club de Saint-Sulpice-sur-Lèze ? Il y a combien de budget ? C’est un village avec combien d’habitants ? En proportion avec Albi et ses 50 000 habitants et ses 3M de budget ? 

 

Saint-Sulpice, on va dire que c’est 2 200, 2 300 habitants. Au niveau du budget, on a fini l’année dernière à 530 000 euros et on ne va pas trop pouvoir le dépasser. 

 

C’est quasiment entre 1/6e et 1/10e du budget du SportingClub Albigeois ? 

 

Oui. Après, on reste quand même au sein d’un village de 2 200, 2 300 habitants où, bien entendu, le rugby est le seul sport collectif du village car le village ne pouvait pas aller plus loin. On est à notre niveau même si ça a été dur au tout début, il y a 5 ou 6 ans. D’abord, on a refusé la montée une première fois en 2012 où on a pourtant été jusqu’en finale de Fédérale 2 qu’on a perdu au Stade de la Méditerranée à Béziers après prolongation. Ça, c’était le plus haut niveau du club et, l’année d’après, on l’a acceptée. 

 

Pourquoi l’avoir refusée une première fois ? Pour grandir sereinement et rentrer de plein pied dans cette Fédérale 1 sans faire le yo-yo ? 

 

Oui, parce qu’en fait, on n’y croyait pas tellement, alors que je pense que ça aurait été une bonne année pour monter directement. Tout le monde a pris un petit peur de cette Fédérale 1, déjà, depuis trois, quatre ans qu’on était monté de Fédérale 3, la Fédérale 2, c’était énorme donc, la Fédérale 1, c’était un mur ! On est monté l’année d’après, on est redescendu tout de suite, pas après une mauvaise année. Ça s’est joué à Saint-Jean-de-Luz sur le dernier match. On est justement descendu avec Saint-Jean-de-Luz et on est remonté l’année d’après. Ca fait la 5e année qu’on est là et on ne s’y sent pas trop, trop mal. L’année dernière, on a atteint notre summum puisqu’on s’est qualifié pour les 8es de finale du challenge Yves Manoir. Deux matches qu’on a perdu contre Hyères, deux matches assez serrés dont on est sorti la tête haute. 

 

Le Du Manoir est de nouveau un objectif indéniable de cette saison pour Saint-Sulpice-sur-Lèze ou vous préférez la jouer modeste et avancer cachés ? 

 

Non, disons que l’an dernier, on a réussi une bonne saison et on a réussi un petit peu à rebondir après un hiver difficile. Si ça se passe à l’identique, pourquoi ne pas essayer encore pour ce public ? Parce-que ce public le mérite vraiment beaucoup toute l’année, ce sont des fervents supporters et cela faisait un moment depuis la Fédérale 1 qu’on n’avait pas de phases finales. On aimerait bien y retourner mais maintenant, on sait très bien qu’on a un après-réveillon toujours difficile depuis tout le temps. Est-ce qu’on fait un peu trop la fête, est-ce que nos joueurs font un peu trop la fête ? Ca reste quand même très, très amateur et on va voir comment on va passer l’hiver. 

 

Vous parlez de fête, on l’a vu, avec un club-house vraiment à l’ancienne, dans les valeurs de la base du rugby populaire. C’est vraiment l’ADN de Saint-Sulpice-sur-Lèze ce rugby famille, ce rugby convivial, ce rugby populaire ? 

 

Oui, je pense que tout le monde se sent bien à sa place. Pour vous dire un petit peu comment on fait, même avec les partenaires et les sponsors qui viennent aux repas, il n’y a pas de salle séparée. On en a parlé justement avec vos présidents d’Albi, on sait que les clubs comme Tarbes ou Albi ont plusieurs salons. Nous, les partenaires présents qui viennent à chaque match et qui sont partenaires du match mangent avec tous les supporters dans le club-house que vous avez vu, avec cette ambiance. Ils sont à la recherche de ça et, comme ils nous arrivent de faire deux à trois 4e mi-temps par an le jeudi soir où on invite des joueurs et des partenaires, on fait 100, 120 personnes, soit beaucoup moins de monde, mais on le fait aussi dans le club-house. On tient à garder ce côté qu’apprécie aussi nos partenaires. Ca les sort un petit peu des sentiers battus (rires). 

 

Cette victoire homérique de Saint-Sulpice-sur-Lèze 9 à 3 sur le Sporting Club Albigeois arrive alors que tout le monde commençait à décrier la Fédérale 1. Ca ruait dans les brancards en disant qu’il y avait des écarts colossaux voir abyssaux entre les pros et les petits clubs amateurs, qu’il y en avait marre de prendre 50 points tous les week-ends. Et là, que ce soit Suresnes qui fait tomber Massy, que ce soit Saint-Sulpice-sur-Lèze qui fait tomber Albi ou encore Vienne qui fait tomber Dijon, ça prouve quand même un peu qu’on peut être petit et avoir du rugby puis, pouvoir rivaliser sur un instant de match ou sur plusieurs matches avec ces grosses écuries ? 

 

Oui, certainement. Maintenant, les gars s’y sont filés dimanche, on va voir un petit peu les résultats dans les prochains matches qu’on a, Graulhet (reporté au 22 décembre 2019) et Mauléon qu’on reçoit. Nous, pour vous donner une petite idée, on est à deux entraînements par semaine, on s’entraîne le mardi soir et le jeudi soir. Après, les joueurs ont eux-mêmes une séance de musculation mais totalement libre. Et puis c’est tout, à part un petit peu de récupération dans un centre médical qui s’appelle ITEPS avec de la Cryo pour ceux qui veulent y aller le lundi soir. Donc, ce n’est quand même pas évident, évident de combattre contre des écuries. C’est vrai que, chez nous, on met toute notre âme et, pour en avoir discuté en début de saison, on avait un petit peu peur parce qu’on a fortement changé l’effectif du fait de départs, de départs à la retraite et beaucoup de nouveaux joueurs sont arrivés en même temps. On ne pensait pas que la mayonnaise allait prendre aussi bien et on a été encore une nouvelle fois surpris. Les quelques enfants de la vallée se sont mélangés aux nouveaux joueurs, nouveaux joueurs qui sont maintenant saint-sulpiciens comme les autres. C’est vrai qu’on a rencontré ROVAL l’an dernier, on a rencontré Aubenas, on a rencontré Narbonne l’an dernier qu’on a aussi battu à Gaston-Sauret 12 à 9 et ce sont des matches qui marquent, qui marquent le village et qui nous marquent nous physiquement. Après, le temps nous a peut-être aidé à mettre le jeu en place et pouvoir un petit peu contré Albi. 

 

Vous nous parliez de fin de cycle et de début de nouveau cycle cette saison, avec un gros brassage au mercato. Par contre, il y a un dénominateur commun entre ces deux cycles, c’est Victor Labat qui est vraiment quand même un des hommes forts du sportif à l’US Saint-Sulpicienne ? 

 

Oui, Victor Labat arrive à inculquer à nos joueurs ce qu’il a connu, déjà chez nous en tant que joueur, puisqu’il est arrivé en tant que joueur pour terminer sa carrière. Et Victor, qui avait fait quand même pas de mal de clubs renommés en France, est comme les autres et ait un petit peu tombé sous l’effet saint-sulpicien. Maintenant, il arrive à donner aux joueurs l’envie de se dépasser et d’arriver à ce niveau-là. Il est bien aidé par Olivier Argentin, qui est aussi un ancien joueur du club, c’est lui qui nous avait emmenés en finale en 2012, qui avait préparé la montée. Il est revenu au club car Damien Denechaud a souhaité arrêté la saison dernière. Tous les deux, ils arrivent à mettre l’équipe à ce niveau-là. Nous, on ne peut que les bader pour ça car c’est phénoménal le travail qu’ils font par rapport à ça. 

 

On entend bien dans vos propos, et même pour l’avoir vu de nos propres yeux, que l’US Saint-Sulpicienne est une grande famille, au sens large du terme. Mais c’est aussi un petit village d’irréductibles gaulois au milieu de la Fédérale 1. On va dire que cette étiquette vous convient bien à Saint-Sulpice ? C’est un peu l’ADN de cette vallée qui essaie, face à l’adversité, de renverser les montagnes ? 

 

Oui, elle nous convient bien. Disons que le public nous aide bien là-dedans. J’ai vu quelques petites écritures dans la presse qui souvent, lorsque de grosses équipes arrivent, pense que le public est un peu véhément. Mais ça ne dépasse jamais, jamais les points interdits. 

 

Et ça fait aussi partie du folklore de la base du rugby, du rugby local, du rugby du sud-ouest, ces publics passionnés ? 

 

Oui, un public passionné mais, avec les arbitres ou qui que ce soit d’autre, cela se passe le mieux du monde. Ils croisent ce club-house plein de monde, c’est impressionnant. Il y a aussi le public qui est très près de la touche. Ça doit quand même un petit peu jouer parce-que, dans aucun autre club où on joue, on est si près. On peut nous-mêmes parler aux joueurs pendant le match, pendant les touches, pendant les mêlées, en les appelant par leurs prénoms, en leur disant  » allez, vas-y ». Tout le monde s’en mêle un petit peu partout. 

 

Les talanquères, c’est le côté un peu bouillant de ce stade qui permet d’avoir le public au plus proche de l’action ? 

 

Voilà, et je pense que c’est tout ça, que tout cet amalgame. Et puis pour terminer surtout, je veux parler un petit peu de l’encadrement, des dirigeants. Il y a beaucoup de dirigeants dans le club, ils sont toujours dirigeants dans le club, on est une quarantaine. Ils ont été eux-mêmes joueurs du club, ont été présidents du club, certains ont même entraîné à des époques dans le club, d’anciens dirigeants quand on était dans des séries vraiment inférieures. Donc, en fait, ils sont toujours là. Un président qui dit  » cela 3, 4 ans que j’assure la présidence, j’ai tout donné. Maintenant, je souhaite arrêter un  peu  » reste quand même dans le pool des dirigeants. Ça aussi, je pense que ça doit aider. 

 

Ça montre la transmission qu’il y a de générations en générations dans ce club ? 

 

Voilà et ça, c’est très important aussi. 

 

Il ne nous reste plus qu’à vous dire bravo pour cette belle victoire face au Sporting Club Albigeois.

 

On vous remercie beaucoup et encore merci pour votre venue dimanche pour couvrir la rencontre . Tout a été super, avec les présidents (SASP et association SC Albi), au repas, partout. Tout a été impeccable, dans la mesure et tout. C’était vraiment super. 

 

Rendez-vous au Stadium Municipal pour la manche retour de cet US Saint-Sulpicienne/Sporting Club Albigeois. 

 

Exactement et merci beaucoup. 

Propos recueillis par Loïc Colombié

 

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