#Rugby – Fed1 / JC Bacca (Graulhet) : «Nous sommes le petit poucet de cette poule. »

Jean-Christophe Bacca, le coach du SportingClub Graulhetois va aborder ce derby avec une touche sentimentale et émotionnelle assez prégnante, lui qui a tout connu avec le SC Albi (Joueur/Entraîneur/Directeur centre de formation). A la tête d’un petit poucet Graulhetois, qui compte bien acquérir le maintien « à la force du mollet« , l’ancien jaune et noir , revient dans le théâtre de ses rêves (le Stadium) , avec humilité et une équipe décimée par les blessures (12). Entretien avec un manager qui veut que ses hommes vivent pleinement ce match « de gala » , tout en oubliant pas l’impitoyable nécessité arithmétique du maintien.

 

 

Jean Christophe , ce derby va avoir pour toi quelque chose d’émotionnellement très fort ? 

 

Emotionnellement, oui, ça me fait toujours plaisir de revenir à Albi parce-que c’est quand même le club où j’ai évolué en tant que joueur et entraîneur toute ma carrière. Donc, c’est toujours un plaisir d’y revenir. Après, les choses ont changé, c’est une nouvelle équipe, de nouveaux dirigeants, un nouveau staff. Donc, il y a toujours ce côté un peu nostalgique mais bien sûr, mais il y a une autre aventure qui a commencé avec Graulhet. Il est certain que cela me fait extrêmement plaisir de retourner dans cette enceinte du Stadium mais je pense qu’une page est tournée et qu’il faut revenir à la compétition même si elle est un peu déséquilibrée entre ces deux équipes. Il faut se concentrer là-dessus. 

 

Pour faire une touche d’humour, tu vas découvrir des coins du Stadium que tu n’avais pas exploré jusqu’à présent, le vestiaire visiteurs ? 

 

Le vestiaire visiteurs où je ne me suis jamais déshabillé en tous cas donc oui, ça va être une nouvelle aventure et une nouvelle expérience. Parce qu’en effet, je n’ai jamais trop connu ce vestiaire-là. Enfin, sur la nouvelle mouture des vestiaires du Sporting puisqu’avant les travaux, on avait l’habitude de se déshabiller dans les vestiaires visiteurs pour l’entraînement. Mais, depuis que le Stadium a été refait, en tous cas au niveau des vestiaires, on n’avait pas accès à ce vestiaire-là donc, bien sûr, on se changeait dans le vestiaire principal. 

 

Ce sera chose faite samedi au Stadium. 

 

Une nouvelle expérience. 

 

Pour revenir sur ce derby côté sportif, sur le papier, ce Albi-Graulhet, même financièrement, c’est le choc des extrêmes. Ce sont deux budgets diamétralement opposés mais ce sont également deux visions du rugby assez opposés ? Sur Graulhet, vous êtes assis sur des valeurs ancestrales d’amateurisme, de semi-professionnalisme, d’un rugby un peu à l’ancienne. Vous en êtes les derniers garants tandis qu’Albi, eux, ont déjà passé, et tu en as fait partie de cette aventure professionnelle même au plus haut niveau, le Top 14 ? 

 

Bien sûr, c’est le contraste des rugbys. Après, ça reste un derby du Tarn et un de tes collègues me rappelait que cela faisait depuis 2001 qu’il n’y avait pas eu un Albi-Graulhet, date à laquelle moi j’avais joué encore sous la férule d’Eric Béchu. Mais bien sûr, c’est le contraste d’une équipe qui est formatée pour la Pro D2 et qui verrait comme un cataclysme le fait de ne pas remonter, ce qui serait amplement mérité, et de notre côté, une équipe avec un budget je crois inférieur à celui de l’association Sporting Club Albigeois. Donc, ça montre diamétralement comment sont opposées ces deux formes de rugby. Après, moi, j’ai toujours dit que cette poule était intéressante de par ces derbys et je trouvais hyper valorisant pour les joueurs graulhetois de se frotter à ce qui se fait de mieux en matière de Fédérale 1 actuellement en France. Donc, je voyais ça plutôt comme une bonne expérience pour le club et pour justement évoluer dans cette compétition. Malheureusement, les dieux du sport en ont décidé autrement, on a énormément de blessés, on a une équipe diminuée. Et même si ça reste une fête et que je pense que les joueurs sont très contents d’évoluer sur ce Stadium un petit peu mythique pour les tarnais en tous cas. 

 

Tu as quelques anciens jaunes et noirs dans ton effectif ? Ils auront à cœur de briller contre leurs anciennes couleurs ? 

 

J’espère qu’ils auront envie de montrer à ce club d’Albi qu’ils ont participé à cette aventure et qu’ils auraient aimé continuer mais leur destin en a décidé autrement. Oui, il y a une bonne dizaine de joueurs passés par la formation ou même par l’équipe première albigeoises. C’est vrai qu’il y a pas mal d’albigeois et c’est pour cela aussi que les joueurs sont contents de revenir dans ce Stadium. 

 

On va aussi un peu parler de cette saison du Sporting Club Graulhetois. Il y a eu une première victoire arrachée face à Oloron, vous êtes dans un objectif maintien. Pour ta seconde saison au club, tu penses que, cette année, l’objectif maintien est plus facilement atteignable que l’année dernière ? 

 

Pour l’objectif maintien, même si cette poule est relevée, elle a déjà l’avantage de se situer géographiquement dans une région qui est relativement proche avec des équipes que l’on connaît déjà, où les joueurs graulhetois sont habitués à les avoir comme adversaires. Des clubs comme Bagnères, Saint-Sulpice sont des clubs que nous rencontrons régulièrement, Lavaur cela faisait un petit moment, mais, ce sont des clubs que Graulhet connaît déjà. Ça, c’est une première chose. La deuxième chose, c’est qu’on se rend bien compte qu’hormis les trois gros que sont Tarbes, Blagnac et Albi, les autres clubs, même s’il y a encore des disparités de budgets, sont des clubs sensiblement dans la même fourchette. Alors bien sûr, nous sommes le petit poucet de cette poule puisqu’avec un budget en-dessous de 500 000€, on fait figure de tout petit, comparé même à un promu comme Pamiers qui est entre 900 000 et 1M d’euros. Donc, ça reste compliqué mais ça reste aussi des équipes qui sont abordables, je veux dire d’un point de vue infrastructurel, rugby et qualité de l’effectif. 

 

Comme on dit dans le vélo, le maintien se fera à la force du mollet, à la force du jarret, à la pédale ? 

 

C’est exactement ça, on a des matches équilibrés. Effectivement, on a battu Oloron, on a été prendre un point de bonus à Bagnères, même si je pense qu’on peut mériter mieux si on ne prend pas ce carton rouge au bout de 20 minutes. Et puis là, par contre, on perd contre Pamiers 17-10, ça se joue sur trois coups de pied qui ne passent pas, et contre deux actions qui sont finies par les Apaméens, de bonnes factures d’ailleurs. Et, ce que je dis surtout aux joueurs, c’est qu’on n’a rien de plus que ces équipes-là mais rien de moins. Et donc, effectivement, on peut perdre contre toutes ces équipes à Graulhet mais, on peut aller battre ces équipes chez elles tout au long de la saison. Je crois que c’est un championnat à 5, 6 équipes qui se dessinent pour le maintien. Et bien sûr, les matches contre les grosses cylindrées albigeoises, blagnacaises et tarnaises doivent nous apporter quelque chose. C’est à dire qu’il faut qu’on puisse opposer les différents secteurs de notre équipe face à ce qui se fait de mieux et voir après où on en est sportivement face à ces équipes-là. Par exemple, la conquête, la défense, le secteur offensif, le jeu au pied, tout ça doit être mis au crible pour voir là où on pêche et là où on peut rivaliser. Si on tire des enseignements comme ça contre les grosses cylindrées que sont les clubs comme Albi, 

c’est toujours intéressant de les jouer. 

 

En parlant de clubs grosses cylindrées comme Albi, qu’est ce qui t’impressionne le plus chez ces clubs comme Tarbes, Blagnac ou Albi ? Dans le jeu bien sûr, pas dans les infrastructures. 

 

Dans le jeu, c’est surtout la constance. C’est à dire qu’Albi, on a l’impression que toutes les équipes les contres à un moment donné, notamment à l’extérieur. Je ne parle pas des clubs à Albi qui, pour la plupart, font beaucoup tourner leur effectif quand ils viennent au Stadium et ça génère bien sûr ds scores un peu fleuve. Mais, à l’extérieur, où je regarde bien sûr les matches d’Albi à travers la vidéo, on se rend compte qu’on a l’impression qu’Albi est contré, est secoué par moment mais, est toujours constant dans la conquête, dans le fait de garder les ballons, dans le fait de se sortir proprement du camp. Ce qui fait qu’à l’arrivée, Albi gagne. Et c’est peut-être ce qui est un peu impressionnant aujourd’hui, c’est à dire que, quand on regarde un morceau de match d’Albi, on se dit  » qu’est-ce qu’ils font de plus que leur adversaire du jour ? « . Le problème, c’est qu’à l’arrivée, et bien Albi a gagné. Aujourd’hui, Albi reste invaincu sans forcer son talent. Et ça, c’est remarquable, ça montre une équipe qui, quand elle le décide, peut appuyer un peu sur l’accélérateur et en plus, avec un effectif qui est pléthorique. Il y a quand même une trentaine de joueurs capables d’évoluer sensiblement au même niveau. 

 

Et puis, le but d’une équipe comme Albi, ce n’est pas d’être au top au mois de Décembre mais plutôt aux mois d’Avril/Mai ? 

 

Exactement. C’est sans doute ce que préconise le staff avec Arnaud et qu’en tous cas, ils sont en passe de réussir. Après, les phases finales restent quand même des matches très compliqués parce-que ce sont des matches couperets et que, quand même, les équipes qui se retrouvent sont sensiblement du même niveau. Même si Albi, aujourd’hui, fait figure de grandissime favori avec Bourg-en-Bresse, on voit bien que même des équipes comme Bourg-en-Bresse ne sont pas encore prêtes, avec 29 points encaissés à Châteaurenard. Mais, je crois qu’ils ont la possibilité de se préparer eux-aussi pour les phases finales puisqu’ils ont gardé un effectif resté très, très proche de ce qu’ils avaient en Pro D2. Donc, je pense que ça va être des phases finales intéressantes et qu’Albi doit sortir de cette phase avec le plus de fraîcheur possible et d’expérience à ce niveau-là. Pour finaliser sur ce qui est le plus impressionnant sur des équipes comme Albi et à un niveau un petit peu moindre, Blagnac et Tarbes, c’est surtout la constance dans les journées de championnat qui s’enchaînent. Je crois que, pour l’instant, Blagnac est aussi invaincu. Il n’y a que Tarbes qui a perdu un match, à Lannemezan dans le derby. 

 

Deux matches puisque Tarbes a aussi perdu contre Blagnac. 

 

C’est vrai, ils ont perdu deux matches. Donc, les Albigeois et les Blagnacais qui sont sensiblement du même niveau, ont cette sensibilité, cette capacité à maintenir une certaine forme de constance dans l’effort et renouveler les performances. 

 

Jean-Christophe, dernière question. Quel va être l’état d’esprit de tes gars avant d’aborder ce derby, on va dire vintage car cela fait quelques années qu’il n’avait pas eu lieu ? J’imagine que Philippe Oro et toi, en bons anciens albigeois que vous êtes, vous avez dû les remonter comme des coucous ? 

 

Oui mais tu sais, ça a beaucoup évolué. Ce que je leur ai dit surtout, c’est qu’ils ont une fierté de joueurs de rugby et que, quand on rencontre ce qui se fait de mieux dans la division, il faut quand même hausser son niveau de jeu et arriver à être sensiblement à ce niveau-là. Donc, c’est important de bien figurer mais après, à l’impossible nul n’est tenu. On va essayer de voir combien de temps on peut tenir face à cette grosse cylindrée. J’espère qu’ils auront plaisir à être sur le terrain parce-que ça reste quand même un grand moment dont j’espère qu’ils se souviendront longtemps dans leurs carrières. Et puis après, si les dieux du rugby nous sourient et que la pluie fait faire quelques en-avant aux flèches albigeoises, qu’on soit dans le score le plus longtemps possible. Ce serait une belle performance de la part d’une équipe graulhetoisediminuée mais qui aura à cœur d’essayer de bien figurer dans ce derby. 

 

En clair pour synthétiser, quelle que soit la physionomie du match, vous viendrez chercher des points de repères, de référence pour un peu vous étalonner ? 

 

Exactement. On vient chercher des enseignements. Si on doit venir à Albi pour faire un match de rugby et repartir comme toutes les équipes, la valise pleine, comme on dit dans notre jargon, sans avoir rien retiré de ce match-là, il n’y a aucune forme d’intérêt. Par contre, si on y va avec de l’envie, avec la volonté de combattre, avec la volonté d’avancer et qu’on est capables d’évaluer le fait qu’on a perdu dans certains secteurs d’activités sur le terrain, ça aura un intérêt quelconque. Ça sera bien qu’on puisse avancer dans le reste du championnat grâce à ce match. 

 

Le message est passé 5/5, Jean-Christophe. On te donne rendez-vous samedi au Stadium Municipal pour ce derby entre Albi et Graulhet qui promet, dans tous les cas, d’être convivial. Et puis, on espère que ce sera aussi une belle bataille sur le terrain. 

 

Et bien, j’espère aussi. 

Plus d’informations dans le #MagSport – RadioAlbiges du 18 octobre 2019 : https://hearthis.at/radio.albiges/le-magsport18102019-version-podcast/

Propos recueillis par Loïc Colombié

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