#Rugby – Fed1 / Y.Villanove (Stade Niçois) : «L’ADN de ce club, c’est de travailler.»

Yohann Villanove, ex-joueur de Béziers et de Chambéry, vient de s’engager cet éte avec le Stade Niçois. En terre azuréenne, le natif de Perpignan, vient relever un défi ambitieux accroché les playoffs d’accession, que les niçois n’avaient pu qu’entrevoir la saison passée , du fait d’une sanction administrative. Pêle-mêle, l’ex chambérien nous livre son sentiment sur cette nouvelle aventure sportive, sa joie d’être dans un club la rigueur et le travail sont érigés en leitmotiv ainsi que sa volonté d’honorer un maillot porté en d’autres temps, par les Jeff Tordo, Christophe Moni, André Herrero, Bernard Herrero et consorts . Mais Yohann Villanove n’en oublie pas de nous narrer ses impressions sur sa fin de saison avec le SOC, émaillée par l’éviction de Benjamin Bagate et sa déception de ne pas avoir touché « le bout de bois » en Du Manoir. Interview avec un néo stadiste , qui arrive avec l’espoir de voir le blason frappé de l’aigle, jouer les premiers rôles cette saison.

 

Yohann Villanove / Crédit photo Philippe Gervasoni

 

Yohann, après un passage fort bien réussi, en terre chambérienne, te voilà au Stade Niçois. Qu’est-ce qui t’a amené à franchir le cap d’aller au Stade Niçois ?

 

Ce qui m’a amené au Stade Niçois, c’est déjà un projet un peu plus avancé avec des infrastructures qui sont déjà quasiment toutes aux normes pour la Pro D2. Un cadre aussi avec beaucoup plus d’exigences que ce qu’on avait à Chambéry, avec un nouveau préparateur qui arrive des moins de 20 d’Ecosse. Les britanniques sont beaucoup plus pointilleux que nous sur la préparation physique donc c’est déjà un point qui m’a donné envie. Et puis aussi l’entretien que j’ai eu avec David Bolgashvili qui est quelqu’un de très exigeant, qui met beaucoup de rigueur dans les entraînements et c’est ce que je recherchais. 

 

En plus, tu arrives dans un club qui, on va dire, l’a un peu mauvaise puisque l’année dernière, ils se sont faits sucrer le Jean-Prat administrativement. Cet épisode de l’année dernière a t’il été enterré ou alors les anciens l’ont-ils encore en travers de la gorge ? 

 

Non, moi, je n’ai pas l’impression qu’ils l’aient encore en travers de la gorge. On a entamé la saison avec une bonne envie de travailler comme j’ai envie de dire parce-que je vois les mecs qui viennent à l’entraînement avec le sourire et tout le monde met de l’envie, que ce soit sur le physique, en muscu ou même sur la partie rugby. Tout le monde est impliqué donc c’est un bon point. Après, je pense que les mecs qui ont été beaucoup déçus ont quitté le club ou peut-être que certains n’ont juste pas été conservés. Mais les mecs qui sont restés ici cette année ont tous l’ambition de finir dans les deux premiers. Comme une revanche peut-être mais on a tous l’ambition de finir dans les deux premiers cette année pour jouer le Jean-Prat. 

 

Alors, c’est une belle ambition de vouloir finir dans les deux premiers mais par contre, vous êtes tombés dans une poule qui est appelée  » la poule de la mort « . Ca va frotter sec quand même pour finir dans les deux premiers ? Narbonne, Bourgoin, Bourg, Hyères-Carqueiranne, Aubenas et j’en passe, ce sont quand même des équipes assez épaisses ? 

 

Oui, c’est une poule assez relevée. Comme tu as dit, c’est la poule de la mort cette année. Mais bon, ce qui est bien, c’est que si on arrive à se qualifier dans les deux, on aura déjà joué des gros matches durant la saison et ça nous permettra d’arriver prêts en phases finales. Puis nous, de notre côté, on bosse bien, on met beaucoup de travail, beaucoup d’implication comme je t’ai dit tout à l’heure, pour atteindre notre objectif. Donc après, les cartes sont entre les mains des joueurs. On a un staff qui nous donne beaucoup d’outils, c’est à nous après de vendre notre peau tous les dimanches pour montrer aux autres qu’on mérite notre place dans les deux. 

 

Il y a un grand débat qui a lieu en Fédérale 1 entre les tenants d’avoir une poule un peu pépère, qui permet de dérouler, de prendre ses marques et ceux qui préfèrent avoir une poule costaud pour monter en régime. L’inconvénient de l’un, c’est que parfois, on manque de rythme quand on arrive dans les gros matches. On l’a vu l’année dernière en quart de finale et en demi-finale du Jean-Prat. L’autre inconvénient de l’autre côté, c’est que souvent aussi, on peut aussi y laisser des plumes dans des poules qui sont costauds. Toi, tu préfères quoi : de la belle adversité tout au long de la saison ou monter en puissance avec une poule un peu plus tranquille ? 

 

Moi, je préfère qu’on ait une grosse poule parce qu’au moins, ça permet d’entrée de jauger notre niveau, de voir que si on rencontre des grosses équipes tout au long de la saison et qu’on parvient à les battre, ça montre qu’on est capables de battre aussi les autres grosses équipes des autres poules. Parce qu’eux, forcément qu’ils se seront qualifiés avec des matches peut-être un peu plus faciles, ils seront moins prêts que nous sur ces matches couperet. Donc, je pense que commencer dans une grosse poule peut être un avantage. Après, c’est sûr que, comme tu dis, on peut y laisser des plumes. Par exemple, si on commence sur un mauvais début de saison, après, c’est difficile de se relancer parce qu’il n’y a pas de petites équipes donc, forcément, ça va être plus dur de grapiller des points. Mais je pense pour moi que c’est bien d’avoir une grosse poule. 

 

Et puis, ça risque de taper fort dans cette poule dite  » de la mort  » parce qu’il y a des grosses équipes donc il peut y avoir aussi des blessés dans ces matches à haute intensité ? 

 

Oui, c’est sûr. Nous, on se prépare au maximum pour éviter toutes ces blessures. On a un prépa qui est vachement axé sur la mobilité, le renfort et tout ça. Tous les matins, on commence par une demi-heure de mobilité et de prévention, je pense que ça, c’est déjà un plus qu’on a par rapport aux autres équipes. Ce sont des trucs qu’on ne faisait pas à Chambéry. Je ne sais pas comment ça se passe dans les autres clubs de Fédérale mais nous on fait beaucoup de prévention, de renfort sur les articulations. Et puis, on travaille intelligemment. Notre prépa, par exemple, il a joué longtemps à haut niveau en Angleterre donc du coup, c’est quelqu’un qui connaît le rugby et qui sait nous préparer pour le rugby. Ce n’est pas un prépa lambda qui est arrivé ici par hasard parce qu’il a des diplômes. 

 

On le sait, vous êtes fin prêts pour aller ferrailler pour les deux premières places. Mais quand on joue les deux premières pour le Jean-Prat, on a un œil dans le rétro sur les autres poules. Pour toi, dans les autres poules, qui va tirer son épingle du jeu ? Quels vont être les prétendants au Jean-Prat ? 

 

Je ne connais pas bien toutes les autres poules, je connais celle de Chambéry surtout parce-que je n’avais pas encore quitté la région quand les poules sont sorties, j’étais encore là-bas. Donc, on en e un peu discuté avec les potes de là-bas. Je pense qu’eux-aussi, même si ils ont 4 promus dans la poule, ils ont 4 gros prétendants aux deux premières places avec Dijon, Massy, Chambéry et Mâcon. Je pense que cela ne va pas être simple d’aller dans les deux premiers. Pour moi, les favoris dans cette poule, ce sont Massy et Dijon. Après, je sais que Chambéry a un gros projet, très ambitieux donc peut-être qu’ils peuvent tirer leur épingle du jeu. Dans les autres poules, Albi parce-que ça fait trois ans qu’ils sont en Fédérale maintenant. La première année, ils jouent les phases finales dans la poule élite, l’an dernier, ils tombent en demi à deux pas de la Pro D2. Et après, franchement, je ne sais pas trop. Je pense que Cognac aussi revient bien comme l’an dernier, ils avaient une grosse équipe, je pense qu’ils n’ont pas perdu trop de monde. En plus, ils sont arrivés en finale du Yves du Manoir donc je pense que ça a donné envie aux mecs de rester pour continuer le projet. 

 

Tu nous parles d’Albi. C’est un club que tu dois avoir un peu à l’œil parce-que, quand ils sont descendus de Pro D2, il y a eu des contacts avec Albi, entre autres avec notre ami commun Thibaut Bisman qui était un peu à la manœuvre. Tu as préféré aller signer à Chambéry. Vu qu’il y a eu quelques contacts avec Albi, c’est quand même un club que tu dois avoir dans le viseur 

 

C’est un club que je regarde, déjà parce qu’ils sont beaucoup retransmis sur l’Equipe du coup, on est amenés à beaucoup les voir. Je sais que c’est un club qui, peut-être pas cette année mais dans les deux, trois années à venir, montera en Pro D2. Donc oui, on garde toujours un œil dessus, regarder ce qu’il peut arriver. 

 

Tant qu’on est sur Albi, on sait que tu es très proche de Thibaut Bisman, tu as joué avec Raphaël Merancienne, tu as été coaché par Benjamin Bagate. Ces trois anciens albigeois, tu les as encore au téléphone, tu échanges beaucoup avec eux ? 

 

Beaucoup avec Benben et Raphaël et Thibaut de temps en temps sur les réseaux. Raphaël, je l’ai eu au téléphone il y a trois jours parce-que c’était son anniversaire, le lendemain c’était celui de Benben donc je l’ai eu aussi au téléphone. Donc oui, j’ai encore pas mal de contacts avec les albigeois. 

 

L’année dernière, Benjamin Bagate était ton coach. En cours de saison, juste avant le Du Manoir et les phases finales, il a été évincé du SO Chambéry. Toi qui étais assez proche de lui, comment as-tu vécu ce moment ? Ca a dû être compliqué dans les vestiaires quand même ? 

 

Ça a été compliqué pendant 4/5 jours. Après, nous, on s’est refixés sur nos objectifs sportifs. On s’est dit que, même s’il avait été évincé, ce serait un bel honneur à lui faire que d’aller le plus possible dans ce trophée Yves du Manoir. Malgré ce qu’il y avait eu avec les dirigeants et tout ça, lui, tout ce qu’il voulait de notre part, de la part des joueurs, c’était qu’on se vende la peau tous les week-ends. Le cap a été dur à franchir pendant les 3/4 premiers jours puis après, on s’est remis au boulot et on a réussi à avancer malgré tout. 

 

Tu nous tends la perche sur le Du Manoir. Qu’est-ce qu’il a manqué à Chambéry pour aller le décrocher ? Parce-que ça s’est joué à pas grand-chose contre Mâcon, ça s’est joué sur le fil.

Qu’est ce qu’il a manqué ? 

 

Franchement, comme tu dis, ça s’est joué sur le fil. C’est un match où on a perdu beaucoup de ballons en conquête, de tête, je crois qu’on perd 6 touches et 4 mêlées. Donc après, c’est compliqué de mettre son jeu en place surtout contre une équipe comme Mâcon qui a de gros arguments en attaque avec des mecs comme Paea, comme Leota, beaucoup de mecs des îles qui arrivent toujours à les mettre dans l’avancée. Quand c’est eux qui tiennent le ballon, c’est difficile et nous, à Chambéry, on était une équipe qui aimait le ballon et on n’a pas réussi à l’avoir sur ce match-là. Et je pense que c’est un peu ce qui nous a fait défaut. 

 

On va rebasculer pour finir cette interview sur le Stade Niçois, ton nouveau club. Ca fait maintenant un mois que tu es en terre niçoise. Quelles ont été tes premières impressions en découvrant ce club ? Quel est l’ADN de ce club ? 

 

L’ADN de ce club, c’est déjà de travailler. David notamment nous inculque ça et on a rien sans rien donc, il faut bosser, bosser et pas discuter. Je pense que c’est le point fort de Nice. Et après, une grosse solidarité et un gros groupe en fait. Dès le premier entraînement, il n’y avait pas de clan de nouveaux, d’anciens, c’est tout le monde ensemble, tout le monde dans la même direction. On a un objectif commun et on va se mettre ensemble pour l’atteindre. 

 

Pour finir, tes objectifs personnels pour cette saison 2019-2020 en Fédérale 1 ? Aller le plus loin avec les copains et puis, j’imagine aussi, avoir une belle réussite ? 

 

Comme chaque année, j’espère avoir le maximum de temps de jeu que ce soit à l’ouverture ou à l’arrière. Moi, je suis au service du collectif, j’ai envie d’aider le collectif à avancer. Mon objectif premier, c’est d’avoir le plus de temps de jeu, apparaître sur le plus de feuilles possibles surtout en tant que titulaire. Et après, finir dans les deux premiers et pourquoi pas, voir un peu plus grand après. 

 

Une question bonus : après avoir goûté le rugby alpestre et le rugby méditerranéen, quelle est la prochaine destination ? L’océan, les Pyrénées ? 

 

A la base, je suis de Perpignan, donc pour l’instant, je vis l’aventure au max. Je ne sais pas où sera ma prochaine destination. Je viens d’arriver à Nice, j’y suis bien et on va essayer de faire le boulot avant de chercher où on va aller après. 

 

On te souhaite le meilleur avec le Stade Niçois et on reviendra vers toi et cette vaillante équipe niçoise au cours de la saison pour voir comment évolue votre aventure humaine et sportive. 

 

D’accord, merci, à bientôt. 

 

Propos recueillis par Loïc Colombié

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