#Rugby Nationale / Mathieu Bonello (Albi) : «Quand on supporte une équipe, il faut accepter qu’il y ait de petits moments de faiblesse, on n’est pas tous parfaits!»

Le manager du Sporting Club Albigeois a tenu lors de la conférence de presse hebdomadaire, a en appeler à l’unité du peuple jeune et noir, alors que les tarnais vont recevoir 3 fois successivement au Stadium (Tarbes, Narbonne et Hyères). Mathieu Bonello a profité de ce moment d’échange avec la presse pour faire le point sur le bloc précédent, la rencontre face à Tarbes ce vendredi soir et la progression du groupe.

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Crédit photo Jacques Massine – Le #MagSport

On veut commencer par une question d’actualité car il y a la Coupe du Monde et que ça imprègne un peu tout le rugby français et mondial. Toute proportion gardée, on a vu une équipe qui ressemblait un peu à Albi à savoir les Springboks en faisant un 7/1. Est-ce que tu vas être adepte de cette méthode, sachant qu’Éric Béchu l’avait déjà fait à Albi à l’époque ? 

 

Ah oui ? Je trouve ça risqué mais je crois qu’ils ont une équipe pour pouvoir faire ça. Ils tablent tout sur le défi physique donc ils y laissent forcément de l’énergie donc ils veulent de la fraîcheur mais pour l’instant, je crois qu’on n’est pas prêt à faire ça ici. C’est risqué mais c’est bien car en Coupe du Monde, il y a toujours des principes novateurs et parfois, les techniciens s’y réfèrent et analysent, ce qui est normal. La Coupe du Monde fait parfois changer des philosophies de jeu à certains coachs. 

 

Que ce soit toi ou Alex, est-ce qu’il y a des choses que vous avez vues en Coupe du Monde qui vous font un peu changer de prisme ou de paradigme sur certains points ou sur le projet général ? 

 

Il y a des trucs qui sont bien à voir. Les équipes ont eu du temps pour se préparer et c’est le très très haut niveau et moi, je suis impressionné par les changements de jeu et de voir comment ils sont efficaces en 1ère main chez beaucoup, beaucoup d’équipes. On a forcément toujours ces équipes un peu soi-disant faibles et qui produisent du jeu à tous les coins du terrain ce qui donne aussi de l’oxygène à notre rugby qui est quand même maintenant beaucoup plus structuré. Ça nous donne parfois quelques idées et c’est toujours bon à prendre, qui ne regarde pas ces matchs de Coupe du Monde quand tu es coach ? Ça te donne toujours de l’évolution à mettre dans ton rugby. 

 

Quel a été le planning du Sporting Club Albigeois pendant ces deux semaines sans match ? 

 

On a pris quelques jours mais on a travaillé. On a décidé qu’on avait aussi besoin de travailler, on est en début de saison donc il y avait besoin de travailler. 

 

Quel constat fais-tu après Vienne ? 

 

On est très content du résultat pour l’ensemble du groupe et très content pour l’équipe parce-que ça nous permet d’avancer. C’est toujours bien d’aller gagner à l’extérieur, ça te donne de la confiance et on est satisfait du résultat ainsi que du jeu qu’on a produit là-bas. 

 

Il y a eu pas mal de turn-over ce jour-là. Est-ce que ça donne des idées pour la suite ? 

 

Bien sûr et ça monte aussi le curseur. La concurrence fait toujours progresser et, comme je le dis aux joueurs qu’ils le comprennent ou non, ce qui est important pour eux est d’aller toujours plus haut dans la performance et ils peuvent n’en vouloir qu’à moi. Ils n’ont pas à s’en vouloir entre eux, on essaye de créer cet esprit d’équipe, il y a bien sûr de la concurrence mais on n’est pas concurrents, on est là pour s’aider les uns les autres et plus on est nombreux, plus on a de chances de performer car c’est difficile. 

 

En général, le bilan du bloc est satisfaisant ? 

 

Tout à fait, il est très satisfaisant avec 3 victoires pour 1 défaite. Les matchs, il faut les gagner et quand on voit les résultats des uns et des autres, c’est un championnat qui va être passionnant et il y aura des surprises tous les week-ends. Il faut donc nous regarder nous et je suis très content de ce début de saison en termes de résultats même si, bien sûr, on a beaucoup à travailler en termes de contenu. On a eu des turn-over à des postes un peu stratégiques donc on construit, on est patient et on travaille.

 

Il vaut mieux gagner en jouant mal, enfin tout est relatif, que perdre en jouant bien ? 

 

Oui, tout est relatif car on n’a pas joué mal sinon on n’aurait pas gagné. Dans ce métier-là et dans le sport de haut niveau, c’est la victoire qui te permet de travailler sereinement, d’avoir de la confiance donc je suis preneur d’être bons plutôt que de perdre les matchs mais parfois, quand on est entraîneur, on ne choisit pas. 

 

Trois réceptions sur le prochain bloc : il faut à tout prix capitaliser ? 

 

Il faut engranger sur les réceptions et essayer de performer, d’avancer, d’évoluer et de faire de bons matchs. J’avais dit que l’objectif à Vienne était d’avancer dans notre rugby, on a avancé et là, il faut continuer à le faire. On sait aussi qu’on aura trois déplacements derrière, ce championnat est un peu bizarre là-dessus, je n’avais jamais connu ça, comme pas grand monde, mais il faut l’accepter, c’est comme ça. 

 

Tarbes est une équipe qui ne réussit pas tout le temps à Albi, surtout à Tarbes d’ailleurs. C’est une équipe compliquée pour Albi ? 

 

On connaît les valeurs et les forces de Tarbes. C’est toujours une équipe qui est difficile à manœuvrer et, je le redis encore une fois, il faut vraiment que nous progressions, nous. On évolue, on avance et ensuite on se satisfait, notre focus est vraiment notre équipe, savoir où on veut l’amener et où elle doit travailler pour qu’elle progresse. 

 

Face à Périgueux, tu disais qu’il manquait de liant entre les joueurs, que chacun jouait un petit peu pour ça poire et que ça manquait de collectif. Est-ce qu’il y a du mieux ?

 

Oui, bien sûr, il y a du mieux. Le match de Vienne a fait beaucoup de bien mais c’est un peu normal en début de saison et il n’y a pas de mauvaise volonté de la part des joueurs. Les joueurs donnent le meilleur d’eux-mêmes, ils essayent de faire le maximum sauf que, quand tu ne te connais pas bien, tu n’as peut-être pas confiance donc tu gardes le ballon ou tu veux en faire un peu plus. Je crois qu’il faut rester dans le collectif qui, parfois, peut mettre du temps dans le début de saison. En tous cas, je suis très content des joueurs et de l’état d’esprit qu’ils témoignent. 

 

On peut maintenant dire que toutes les recrues se sont adaptées et acclimatées à Albi ? 

 

Absolument. Il faut toujours un temps d’adaptation, c’est difficile pour les joueurs de s’adapter à un collectif, à l’environnement, au déménagement ou à un changement de région donc il faut toujours un peu de temps. J’avais dit que dans ce 2e bloc, ils seraient installés et tout le monde est bien intégré, il n’y a plus qu’à travailler sereinement sur la durée. 

 

Est-ce que les deux semaines sans match ont permis de vider un peu l’infirmerie ? 

 

On a toujours un peu les mêmes mecs. J’espère que ça va se vider d’ici une à deux semaines mais bon, ça a toujours tendance à se vider et à revenir, il y a toujours 7 / 8 blessés. On a un effectif qui doit nous permettre de passer ces problèmes-là. 

 

Qu’est-ce que tu attends comme contenu général à la fin de ce bloc ? 

 

J’attends qu’on progresse, qu’on continue à jouer en équipe comme on l’a fait sur le dernier match, qu’on s’aide les uns les autres pour monter le niveau et atteindre notre pleine puissance. En tous cas, ce que je veux et ce que je souhaite à la fin de ce bloc, ce qui sera hyper important pour moi, c’est que les joueurs aient pris du plaisir sur les 4 matchs qui vont se présenter. Ce n’est pas tellement le résultat qui m’incombe mais qu’ils aient pris du plaisir car je sais que s’ils ont pris du plaisir, le jeu sera au rendez-vous et si le jeu est au rendez-vous, tu auras forcément plus de chances de venir prendre des points. Ce plaisir est important pour moi. 

 

En fin de bloc, il y a aura le déplacement à Carcassonne, une sorte de  » petite finale  » de ce tiers de championnat. Vous allez avoir une sorte de révélateur et voir où vous en êtes par rapport à une équipe qui est aujourd’hui leader et qui était en Pro D2 l’année dernière ? 

 

Je ne sais pas quoi te répondre car le match est loin, dans 4 semaines. Pour nous, c’est le match suivant à savoir Tarbes et je ne peux pas dire ce qu’on sera ni où on sera à ce moment-là, je te répondrai la semaine de Carcassonne. 

 

On peut quand même espérer monter en pression et en régime ? 

 

Bien sûr qu’il faut espérer que l’on évolue dans le bon sens mais les matchs sont tellement aléatoires qu’on verra sur le moment. Ce qui nous importe d’abord, c’est Tarbes. 

 

Et quel est le mot d’ordre face à cette équipe de Tarbes ? 

 

S’améliorer et continuer notre progression, c’est ça qui est important. 

 

On a vu le public d’Albi comme toi un peu déçu du contenu contre Périgueux. Qu’est-ce qu’on peut leur dire pour la suite ? 

 

Qu’ils auraient dû venir à Vienne (rires). C’est un trait d’humour et plus sérieusement, Périgueux fait partie de notre construction, on aurait aimé être meilleurs. Le public a été bon contre Périgueux, c’est nous qui n’avons pas été bons. J’espère qu’un jour, nous serons tous les deux en harmonie et je crois qu’il faut tous pousser dans le sens de l’équipe, on aimerait être toujours bons mais il faut aussi accepter qu’on ne le soit pas. Je suis le premier responsable et il n’y a pas de problème, en tous cas, les joueurs donnent le meilleur d’eux-mêmes, je sais qu’on est une équipe qui est généreuse dans l’effort et  je n’ai pas de doute sur le fait qu’elle va s’améliorer. 

 

Périgueux est un match qui ressemble un peu à celui de Rennes l’année dernière ?

 

Oui, je suis d’accord avec toi. On a pris la référence de la Coupe du Monde tout à l’heure et quand je vois les commentaires que je peux voir sur l’équipe de France quand ils jouent l’Uruguay et ce qu’on leur disait 6 jours avant … Je trouve que nous, étant français, on est quand même souvent exigeants avec nos équipes et je crois que quand on est supporter d’une équipe, il faut plutôt se pousser quand ça va comment quand ça ne va pas. Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui le font et d’autres un peu moins mais je trouve qu’il faut tous pousser dans le même sens. On doit nous aussi être généreux et montrer l’exemple à notre public, c’est certain mais on ne peut pas nous enlever la générosité même si dans le rugby, on est parfois bon et parfois moins. Pour en revenir à l’équipe de France, je trouve qu’on les a quand même malmenés sur le 2e match, je crois qu’ils donnent du plaisir à tout le monde et on est tous pour l’équipe de France. Qu’elle soit bonne ou pas bonne, on est tous pour eux et on veut tous qu’elle aille au bout. Quand on supporte une équipe, il faut accepter qu’il y ait de petits moments de faiblesse, on n’est pas tous parfaits. Ce qui m’incombe par rapport à l’équipe, c’est qu’elle ne triche pas, qu’elle donne le meilleur d’elle-même et je ne peux pas dire qu’elle ait triché, elle n’a pas été bonne mais ça arrive de ne pas être bon dans le rugby.

 

Cet été, tu nous a parlé de ta poursuite ou non de ton aventure à Albi. Est-ce que ces éléments-là peuvent être pour toi des éléments de réflexion pour savoir si tu continues ou non avec le Sporting Club Albigeois ? Je parle de l’adhésion et du contexte

 

Bien sûr que, quand tu prends des décisions, tu regardes tout ce qui se passe autour mais ce n’est pas ma priorité qui reste le sportif. Attention, je comprends l’exigence des gens, je ne suis pas en train de dire qu’il faut dire que l’on est bons quand on ne l’est pas, ce n’est pas du tout ça. Je dis juste qu’il faut beaucoup d’humilité dans un club pour y arriver, avec ses supporters, ses dirigeants, ses joueurs, ses bénévoles et franchement, quand je vois comment sont certains supporters, à fond pour l’équipe, je ne mets pas tout le monde dans le sac. C’est normal, quand tu es supporter, tu veux que ton équipe gagne donc tu es exigeant par contre, tu peux être exigeant en étant uni et c’est ça qui nous fait avancer. Après, on sait se remettre en question et moi le premier.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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