Rencontre avec Yannick Vignette qui va vivre ses dernières minutes sur le banc de l’Union Cognac Saint Jean d’Angely, après 6 mois en tant que manager dans les Charentes. Alors que l’ex coach de Tarbes est arrivé en terre cognaçaise pour faire « le pompier » dans une équipe en souffrance et en autogestion (suite a la mise à l’écart de Fabrice Landreau), l’UCS malgré zéro victoire en 25 journée et une relégation sportive a vécu un regain sportif et une aventure humaine marquante. Celui qui voguera vers d’autres horizons dans les semaines à venir, malgré son souhait initial de rester en Charente, gardera de cette expérience un fort souvenir et souhaite finir en beauté face au rouleau compresseur Albigeois.
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Tu es arrivé en » pompier de service » dans cette saison de l’UCS, une saison qui avait mal débuté pour les Charentais de l’Union Cognac-Saint Jean d’Angély. Tu as essayé de redresser la barre et d’amener toute l’énergie que tu pouvais à ce groupe qui en avait besoin ?
Exactement, je suis arrivé sur une période d’autogestion donc ce n’était pas évident car il fallait en quelque sorte » reprendre le pouvoir » puisque les joueurs étaient un peu libres de faire ce qu’ils souhaitaient. Il a donc fallu remettre un peu d’ordre par rapport à cela, ça n’a pas été chose simple mais ça va un peu mieux maintenant, même s’il reste encore quelques carences. Je trouve qu’il y a eu quelques progrès sur la fin de saison.
Par quel bout as-tu pris ce dossier pour remettre un peu d’ordre ? Par où est-ce que tu as commencé et comment as-tu un peu procédé ?
Ça a été plus long que ce que je ne pensais car il a aussi fallu que je fasse l’état des lieux sur les gens qui n’étaient pas dans l’esprit ou, en tous cas, dans la mentalité que je souhaitais. Il a fallu faire une » sélection » des gens qui voulaient vraiment se battre pour le maillot et qui avaient la mentalité de ce que moi je souhaitais, ce à quoi j’aspire et ce que j’entends par coéquipier. Ça a été un peu long de faire d’abord cette sélection et de mettre ensuite un référentiel commun sur le jeu puisqu’après autogestion, personne ne voit le rugby de la même façon donc il a aussi fallu faire adhérer l’ensemble des joueurs sur quelque chose de commun, des repères communs.
Cette situation dans ce contexte était une première pour toi dans ta carrière d’entraîneur. J’imagine que ce sera formateur pour la suite de ta carrière et que tu en as tiré quelque chose ?
J’ai beaucoup appris car être manager, c’est quand même gérer l’échec avant tout et là, j’ai été servi. C’est vrai que ça m’a beaucoup servi car on a réussi à ne pas faire exploser le groupe et, au contraire, malgré la défaite, a soudé des joueurs et des garçons dans le négatif et dans l’adversité et ça, c’est un point qui est plutôt bon. J’ai aussi appris plein de choses sur la nature humaine et sur le management de façon générale donc c’était plutôt enrichissant comme expérience, douloureux mais enrichissant.
La plus belle récompense pour toi est de voir que ce groupe n’a pas lâché en fin de saison et que vous êtes même quasiment en train de monter en puissance puisqu’on voit sur les derniers matchs que vous tenez tête à tout le monde ?
Oui, on est monté en puissance sur la fin pour les raisons que je t’ai évoquées précédemment. Ça a mis un peu de temps pour mettre les choses en place mais maintenant, je trouve qu’avec le staff, on tire le meilleur du groupe. On n’est pas passé loin sur 2 / 3 matches, Narbonne, Bourgoin, on a la balle de match à Suresnes, on ne passe pas la pénalité à la fin mais on a la balle de match. Ça ne se joue à rien sur ces derniers matchs et la satisfaction est effectivement là, de voir que le groupe n’a rien lâché et je trouve même que le groupe a une mentalité et un état d’esprit qui me plaisent, une mentalité de compétiteurs.
L’objectif est quand même de finir avec une victoire. Il ne vous reste plus qu’une cartouche et plus qu’une chance, c’est Albi et c’est du lourd ?
C’est Albi et c’est du très lourd car moi, je fais vraiment d’Albi une équipe pour la montée. C’est aussi une équipe qui nous avait vraiment corrigé au match aller, je venais de prendre mes fonctions mais j’ai le souvenir qu’il n’y avait pas eu de match, c’était à sens unique, on était dépassé à tous les niveaux, notamment sur la vitesse. Ça va être un gros, gros match et, effectivement, Albi n’est pas le meilleur adversaire pour essayer de décrocher une victoire.
On va revenir sur le contexte d’avant-match lorsque tu étais venu à Albi. Il y avait eu les problématiques de santé qui étaient arrivées à Mickaël Hygonnet, est-ce que tu peux nous donner un peu de ses nouvelles ?
Mickaël sera présent samedi pour notre plus grand plaisir. Il va mieux mais il est encore en convalescence, il y a encore des incertitudes sur son état de santé mais j’espère que ce n’est qu’une question de temps. Je l’espère pour lui mais toujours est-il qu’on aura le plaisir de le voir demain derrière les talanquères.
On va parler un peu de toi puisque l’année prochaine, ton avenir ne s’inscrira plus à l’UCS. Qu’est-ce que tu vas faire et pourquoi est-ce que tu arrêtes cette aventure à l’UCS ?
J’avais discuté avec les présidents il y a quelque temps de cela et ils m’avaient indiqué quelles seraient les conditions pour l’année prochaine. En toute transparence, on était tombé d’accord sur le fait que, tout simplement, ça ne me convenait pas et puis, le temps a fait que les présidents ont passé la main donc nouveau projet.. Finalement, ça tombait donc bien que je ne me sois pas inscrit dans la continuité même si, encore une fois, j’ai un peu de regrets car il y a le sentiment d’avoir fait un boulot, d’avoir démarré et d’avoir fait naître quelque chose et de ne pas pouvoir. Mon souhait aurait vraiment été de refaire monter l’équipe en Nationale, de rester l’année prochaine et d’essayer de relever le défi de remettre l’équipe à ce niveau, au niveau Nationale 1, ça ne se fera pas mais c’est la vie.
Est-ce que le téléphone sonne pour de nouveaux projets ?
Tu sais, quand tu sors d’une saison comme ça et de quelques mois où tu ne gagnes pas, c’est quand même difficile. Il n’y a vraiment que le microcosme du rugby, ceux qui voient, qui sont connaisseurs, qui peuvent apercevoir le changement d’attitude sur le terrain de Cognac-Saint Jean d’Angély ces dernières semaines mais sinon, ce n’est quand même pas très vendeur d’être manager d’une équipe comme ça. Ceci étant, ça sonne un petit peu et j’attends notamment une réponse ces jours-ci pour un projet qui me semble intéressant sinon on verra.
On lit un peu de tout dans la presse charentaise. Toi qui es au milieu de ce club, comment vois-tu son avenir ?
Il va se dessiner dans les heures qui arrivent, s’il y a reprise ou non de Jean-Charles Vicard et si elle sera effective ou pas, ça devrait se décider dans les heures qui viennent. J’espère que Jean-Charles va reprendre le club car les deux présidents avaient décidé de lui passer le relais. Ils l’avaient choisi et s’ils ont fait ce choix, je pense que c’est parce qu’ils considèrent qu’il a toutes les capacités et les ressources pour mener à bien le nouveau projet. J’espère vraiment du fond du cœur que ça va se faire comme ça et que le club puisse rebondir rapidement car c’est un joli club avec un très bel environnement.
En quelques qualificatifs, comment est-ce que tu décrirais ce passage que tu as fait à l’UCS ?
Expérimental et enrichissant.
Merci et on te souhaite de belles aventures dans les mois futurs
Merci beaucoup.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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