On continue notre tour d’horizon des acteurs du rugby graulhetois et des dirigeants du SCG avec Renaud Martinet, l’enfant de Mazamet et Saint-Amans-Soult qui a trouvé chez les rouges et noirs une seconde famille. Celui qui pilote le pôle social au sein du club tarnais est en train dans la pure tradition du Sporting Club Graulhetois à prendre la relève des dirigeants historiques aux côtés de la nouvelle génération. A Graulhet, l’accession en Nationale 2 a rimé avec la régénération globale d’une entité historique qui se tourne désormais vers le futur.

On va commencer par le début. Tu es originaire de Mazamet et Saint-Amans-Soult mais de la fratrie Martinet, on va dire que tu es le plus graulhetois des Martinet ?
De Mazamet oui mais quand même aussi un peu de Graulhet où je suis arrivé de bonne heure (rires). Je suis arrivé tôt à Graulhet donc j’y ai fait toute mon école de rugby ainsi que l’école et le collège donc je suis quand même un produit graulhetois malgré tout même si mes origines sont effectivement bien sûr à Mazamet, avec le papa qui jouait à Mazamet.

Est-ce que tu peux nous parler un peu de ces débuts et de cette découverte du club de Graulhet qui, à l’époque, venait juste de finir de connaître son heure faste ?
Exactement, je me rappelle encore que quand j’étais petit, plus jeune, on allait voir des Graulhet / Stade Toulousain où la ville était rouge et noire. Tu arrivais au stade, c’était rouge et noir de monde et c’était fabuleux, avec des Daniel Sannou, je repense à Daniel car c’était aussi notre éducateur un peu plus tard donc c’étaient de bons moments, Fabien Pelous en 2e ligne, Gérard en 1ère ligne, Bernard Bacabe … ils ne sont plus avec nous mais on y pense souvent. C’est bien sûr la grosse histoire du rugby graulhetois.

On dit souvent que quand on met les pieds à Graulhet une fois, on ne le quitte plus jamais. C’est le cas pour toi ?
Ce serait compliqué d’aller ailleurs avec tout ce qu’on vit ici et tout ce qu’on vit encore aujourd’hui. On a nos repères, nos marques, on est comme à la maison.

Et puis on voit que ta génération, celle de Romaric Maurel, Jérôme Montbroussous, Jules Montels, Rémi Poujade, Julien Pauthe, commence un peu à » arriver aux affaires » comme on dit ?
On va dire que c’est un peu la suite logique. La génération d’avant et celle encore d’avant ont fait le job à savoir qu’ils sont passés de joueurs à dirigeants et puis, il y a une vraie transmission, c’est aussi une marque de fabrique de ce club et même, j’ai envie de dire, de cette ville. On a une vraie tradition, une vraie passation des anciens qui nous apprennent plein de choses, qui sont avec nous, par exemple, on se régale d’aller boire des cafés ensemble le matin ou de boire des coups ensemble le soir où ils nous initient aussi aux bonnes bouteilles, aux vins ou autres. C’est hyper agréable d’avoir cette tradition entre générations et donc, c’est vrai qu’aujourd’hui, c’est un peu à notre tour, on arrive tous sur les 40 ans, on a tous été joueurs à Graulhet, on a tous notre histoire avec ce club-là et en plus, on est potes dans la vie donc c’est encore plus sympa. C’est un peu notre tour, les choses se font tranquillement, en intelligence et dans la continuité donc c’est aussi ça qui est important. Comme je le dis souvent, il faut arriver à transmettre les valeurs ainsi que la mentalité et l’ADN de ce club donc ça se fait comme ça, c’est plutôt positif et ça se ressent. On sent aujourd’hui que sur la ville, sur le bassin et même au-delà, car on se rend compte que même quand on va très loin, Graulhet est un club connu et reconnu avec une grosse histoire donc c’est agréable de voir qu’il y a cette continuité-là et qu’il y a toujours un petit intérêt pour ce club et pour cette ville.

On ne va pas se mentir, quand on est dirigeant au Sporting Club Graulhetois, c’est du don de soi, des paires d’heures données au club. Comment fait-on quand on est comme toi dirigeant d’entreprise, puisque tu as une agence immobilière Premium Immobilier sur Albi et Graulhet, qu’on a une vie de famille et qu’en même temps, on se donne corps et âme pour le Sporting Club Graulhetois ? Comme on dit dans le jargon, tu dois bien dormir le soir
Oui, on dort bien le soir, il est sûr que ce sont de grosses journées mais c’est toujours pareil, quand tu es passionné, quand on l’a fait pour toi et bien, tu le rends, ça fait partie de la transmission comme on le disait tout à l’heure. Ce sont de grosses journées mais, encore une fois, on le fait en bonne intelligence, on essaye de s’organiser parce-que le temps est précieux. Il y a des gens qui ont un peu plus le temps dans le club, comme tu le sais et comme Graulhet le sait, on a un très bon groupe de bénévoles et énormément de gens qui donnent beaucoup de temps sur lesquels on peut s’appuyer et avec qui on a plaisir de partager et de travailler. Nous, on intervient un peu, on essaye d’organiser au maximum les choses mais après, il y a des gens qui sont là beaucoup plus souvent que nous et chacun donne ce qu’il peut. C’est comme ça qu’il faut voir les choses, nous, on le fait au maximum, on le donne avec passion et entre potes donc il est sûr que c’est hyper intéressant et qu’on ne voit pas le temps, en tous cas, on ne compte pas le temps.

Actuellement, tu t’occupes du pôle social au sein du club. Qu’est-ce que ça englobe ?
Le pôle social est un pôle qu’on a voulu mettre au centre du projet avec bien sûr le sportif, qui est le N°1 et qui est primordial puisqu’on parle quand même d’une association sportive. Le pôle sportif est donc le N°1 mais le pôle social est hyper intéressant et hyper important car il fallait qu’il soit un peu au centre de tout puisque, comme tu le sais, nous sommes sur des doubles projets ce qui est aussi quelque chose de primordial dans le club. Son rôle est d’intégrer les nouveaux joueurs à la ville, faire en sorte que les anciens viennent aussi au club avec les nouveaux, que les doubles projets soient instaurés et surveiller que ça se passe bien et dans les entreprises et sur le terrain et dans la vie de la cité. C’est un pôle où il faut être en connexion avec les partenaires, car les joueurs sont souvent employés par des partenaires, il faut être en lien avec le sportif car il faut savoir comme le joueur est à ce moment-là, s’il est bien, moins bien, qu’est-ce qui lui faut, à quoi prêter attention, s’intéresser à son job, à sa vie de famille, en fait, s’intéresser un peu à tout pour qu’il soit dans les meilleures conditions pour pouvoir évoluer sportivement. On est un peu en lien avec tous les autres pôles du club pour que le joueur soit le mieux préparé et le plus performant ensuite sur les matchs et sur les entraînements parce qu’il est bien dans sa vie et dans sa tête tous les jours. Donc, le pôle social englobe un peu tout ça.

On entend souvent l’acronyme RSE, la Responsabilité Sociétale des Entreprises. A Graulhet, on n’a pas attendu que ça soit à la mode pour que les rouge et noir, les joueurs du Sporting Club Graulhetois et le club du SCG, soient un véritable acteur de la ville ?
Si, détrompe-toi, on travaille énormément là-dessus depuis maintenant quelques mois. Ce sont des choses que l’on est en train de mettre en place et on va même avoir une personne dédiée à ça pour pouvoir monter des projets car il faut savoir que Graulhet est un QPV, quartier prioritaire. Il y a le lycée qui ouvre au mois de Septembre et le collège qui est en zone d’éducation prioritaire donc on a quand même pas mal de choses à faire au niveau des quartiers et de la ville avec les jeunes. C’est vrai que c’est quelque chose qui me tient à cœur, on a vraiment envie d’avoir un rôle social majeur dans la cité et j’ai même envie de dire qu’on se doit d’avoir ce rôle social en tant qu’association. On est donc en train de mettre des choses en place assez fortes pour pouvoir répondre à tout ça et monter tous ses projets pour qu’on puisse évoluer à ce niveau-là car je pense que ce sont aussi de nouveaux leviers financiers et de nouveaux leviers de recrutement importants pour un club. Le modèle économique et social aujourd’hui d’une assoc ou d’un club de rugby passe aussi par le RSE et à s’intéresser à ce qui se passe dans toutes ces filières. C’est un travail qu’on est en train de mener, c’est une nouvelle commission qui sera officielle l’année prochaine mais qui sera déjà effective à la fin de cette saison-là car on a vu qu’il y avait pas mal de clubs professionnels qui avaient carrément des structures et des organisations pour pouvoir répondre à tous ces projets RSE. On va essayer de s’inspirer de ça, ma visite à Bourgoin d’il y a quelques semaines avec le président Gueydan a été hyper prolifique, et j’en profite pour le remercier encore de cet accueil. Je crois que c’est franchement un club qui se structure très, très bien, qui a été une grosse découverte pour moi et une grosse source d’inspiration pour tout ce qu’on est en train de faire aujourd’hui au Sporting.

Cet été, il y a eu un débat sociologique au Sporting : fallait-il monter dans le rugby semi-pro en Nationale 2 ou rester dans le rugby quasi amateur en Fédérale 1. Quel a été ton point de vue à cette étape de l’été 2022 ?
Le point de vue était très clair, aujourd’hui, on est d’abord et avant toute chose un club sportif et quand on se donne le droit de monter sur le terrain, il n’y a pas de question à se poser et on monte. Concernant les structures aux alentours, c’est aux dirigeants de bosser et de cravacher pour pouvoir les adapter au niveau sportif que l’on a sur le terrain. Pour moi, et même si j’étais de loin pas le seul à décider et que mon avis importait peu, quand on est une équipe sportive et qu’on est des compétiteurs, on joue pour gagner et si on gagne, on monte donc on ne se pose pas la question et on monte. Ça, c’est le rôle des joueurs et je crois que le rôle des dirigeants est de bosser et, ai-je envie de dire, de se mettre au niveau des joueurs pour répondre aux problématiques qui se posent si on monte de division. Il était donc important d’accepter cette montée en Nationale 2 et en plus, on passe 3e club du Tarn ce qui indéniable, incontestable et non discutable donc il y a aussi ce statut-là qui nous permet d’être plus attractifs à tous les niveaux et plus représentatifs. Au niveau du Sporting Club Graulhetois, on est le 3e club du Tarn après le Castres Olympique et le Sporting Club Albigeois, il n’y a plus de débat sur ça à partir du moment où on est en Nationale 2.

Un bilan et un regard sur cette première saison en Nationale 2 à 3 journées du terme du championnat ?
Une saison quand même hyper positive puisqu’on nous annonçait l’enfer. On nous a mis dans une poule où je rappelle quand même qu’on se tape 7 000 km de plus qu’une équipe moyenne de la poule de l’Ouest donc on a encaissé et absorbé tout ça. On est passé outre, on a recruté, on s’est retroussé les manches, et les joueurs sur le terrain et les dirigeants dans les bureaux et les supporters dans les tribunes. Toute une ville s’est mise autour de ce club pour le porter à ce niveau-là et, pour le moment, on montre qu’on est à notre place, l’avenir proche nous dira si on reste à ce niveau-là, ce que je souhaite bien sûr le plus fort car quand on voit tout l’engouement qu’il y a autour du club aujourd’hui, toutes les perspectives qu’il y a et tout le travail qui a été fait, il serait trop dommage de ne pas rester à ce niveau-là. Pour le moment, c’est donc une bonne saison, elle sera très bonne si on atteint notre objectif qui est le maintien depuis le début de la saison. On a peut-être pu un peu s’enflammer à un moment donné quand on a vu qu’on avait de bons résultats et qu’on était en milieu de tableau mais je crois que nous, dirigeants, on est quand même resté les pieds sur terre et que le maintien était l’objectif prioritaire. Aujourd’hui, on se bat pour ça, il nous reste trois matchs, je pense que les joueurs sont conscients de l’importance de ces trois derniers matchs pour qu’on reste à ce niveau et qu’on puisse continuer à faire évoluer et grandir le club à ce niveau-là.

Qu’est-ce qu’on peut souhaiter au Sporting Club Graulhetois pour l’année prochaine et pour les années futures ?
Qu’on continue à évoluer, que les gens qui s’investissent dans ce club continuent à prendre autant de plaisir que ce qu’on en prend, qu’on continue à former des joueurs de rugby, qu’on continue à former des hommes. Il y a aujourd’hui une école de rugby qui a retrouvé des couleurs, une équipe fanion qui se débrouille bien et qui se démène bien avec nos moyens donc je crois qu’on est dans le vrai. On arrive à transmettre les valeurs que nous ont un peu transmises les anciens donc c’est sur ça que l’on va s’efforcer de continuer et de travailler, sur la formation, la transmission et sur le rayonnement du club. En fait, c’est faire au mieux de ce qu’on peut, on fait aujourd’hui avec nos moyens qu’on essaye de développer et on travaille fort pour ça et arriver à continuer à transmettre les valeurs qui ont été les nôtres pendant toutes ces décennies.

Merci pour ce tour d’horizon au cœur de la maison rouge et noir
Merci à toi.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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