Saint-Jean de Luz et son ADN rugbystique fort, fait des ravages dans la poule, où les Luziens occupent la seconde place. Depuis six mois, dans cette Nationale 2 qui rassemble la crème des équipes du grand ouest, le SJLO tire donc son épingle du jeu. Le Co-president du club basque, Éric Bonachera nous a donc parlé de ce beau parcours, tout en mettant en exergue l’équation économique qui tient sur un fil du côté de Kechiloa. Rencontre avec un dirigeant passionné, qui malgré l’ombre de Bayonne et Biarritz, arrivé à faire rayonner la cité luzienne dans ce territoire où le rugby est roi.

On va dire qu’à Saint-Jean de Luz, cette première année de Nationale 2 se passe comme dans un rêve ?
Effectivement, au niveau sportif, on aurait vraiment signé des deux mains en début de saison pour être au niveau où l’on est aujourd’hui. Les résultats sont là mais la saison n’est pas finie, tout est fragile car les équipes sont vraiment très serrées les unes aux autres mais c’est vrai qu’on a beaucoup de chance au niveau du sportif et on est content. Je crois qu’on est 2e de la poule à ce jour donc ce n’est pas mal.

En plus, vous avez accroché quelques jolis scalps comme on dit dans le jargon ?
C’est le propre de la poule. Quand on voit nos amis d’Anglet qui sont allés faire une performance à Auch, on s’aperçoit que tout le monde peut gagner chez tout le monde. On a fait de bonnes performances, on a aussi fait des bêtises, on a également perdu des matchs pour pas grand-chose mais on est très content surtout au vu de notre statut de petit niveau budget.

Cette année, en Nationale 2, vous avez la chance d’avoir vos amis d’Anglet et vos amis de Tyrosse. Ça vous fait un beau derby basquo-basquais et un derby basquo-landais ?
C’est vrai. D’ailleurs, la grosse différence entre ce qu’on a connu en Fédérale 1 et en Nationale 2, c’est ce manque de derby et qui dit manque de derbys dit manque de recettes mais bon, on a quand même nos amis d’Anglet et les Tyrossais qui eux, malheureusement, ont une saison bien plus difficile.

Quand il y a eu la Nationale 2 au début, vous aviez regardé ça à Saint-Jean de Luz d’un œil un peu circonspect et, comme on dit au poker, vous vouliez » payer pour voir « . Maintenant que vous y êtes, vous ne regrettez pas ?
Non, on ne regrette pas, on avait déjà refusé la Nationale, on n’allait pas refuser la Nationale 2. Tant qu’on le méritait sportivement, on n’allait pas refuser d’y aller surtout qu’à l’époque, Patrick Buisson nous avait bien précisé qu’on pouvait travailler en Nationale comme on travaillait jusqu’alors. Nous ne sommes pas un club à contrats, nous sommes dans un fonctionnement qu’on va dire du plus haut niveau amateur mais avec un petit budget donc tant qu’on nous a dit qu’on pouvait fonctionner comme ça, on s’est dit qu’on pouvait y aller. On n’était pas sûr de nous au niveau de la qualité et du resserrement de l’élite mais il est sûr qu’aujourd’hui, on est quand même heureux d’être à ce niveau-là.

Pour vous, si vous voulez rester à ce niveau de performance, le salut passe par la formation ?
Oui et d’ailleurs, on est déjà dans les standards de ce que nous demande la Fédé. Il fallait créer un centre d’entraînement labellisé, on avait deux ans pour le faire et il est déjà fait ici à Saint-Jean, on attend maintenant l’homologation par la Fédé mais c’est fait et ça fonctionne, on a embauché quelqu’un. On part toujours là-dessus, sur la formation à tous les niveaux et sur un rugby un peu similaire entre toutes les équipes des cadets / juniors aux espoirs jusqu’à la première. On s’en sortira donc toujours comme ça néanmoins, le bémol est que du fait de cette montée un peu en puissance, on est aujourd’hui un peu étroit au niveau du budget et pourtant, un budget tenu de manière parcimonieuse en faisant très, très attention. On est pourtant un peu juste aux entournures par rapport à notre budget.

Autour de combien s’établira ce budget en fin de saison ?
On sera aux alentours de 750 000 € et pour attaquer la saison prochaine, il nous faudrait réellement un budget avec 100 000€ de plus. On a augmenté notre partenariat de 20% cette année, les gens nous suivent mais il nous manque un ou deux gros partenaires extérieurs. Heureusement que Nicolas Olano, notre partenaire principal, joue le jeu mais il nous manque vraiment un ou deux partenaires de l’extérieur et quand je parle d’extérieur, je parle d’un national qui pourrait s’intéresser à notre pratique du rugby à Saint-Jean de Luz et qui y verrait des valeurs qui sont les siennes.

On peut dire qu’en termes de budget, Saint-Jean de Luz fait partie avec Lannemezan de la strate basse ?
Complètement. On a été joué à Niort et quand je vois le niveau leur budget, ce qui n’est pas une critique car, au contraire, je trouve que Gilbert Nasarre travaille son club d’une manière magnifique, nous, on est vraiment loin des 2M5 de l’équipe première.

On va parler d’un sujet qui a une répercussion sur les finances, celui des déplacements et des compositions des poules. On sait que le plus pertinent est le serpent mais c’est le plus couteux pour la Fédé et pour les clubs donc, ça a été divisé cette année en Est / Ouest avec comme à chaque fois un ou deux cocus dans l’histoire, c’est obligatoire. Si c’était Nord / Sud l’année prochaine, est-ce que ça dérangerait Saint-Jean de Luz qu’il y ait une alternance entre une année Est / Ouest et une année Nord / Sud ?
On ne s’est pas posé la question. Le seul truc qui nous gêne aujourd’hui, vraiment pour l’ambiance du club et la division des moyens, c’est le fait que les espoirs ne jouent plus avec la première. Ça, ça empêche d’être tous ensemble le dimanche, ça contraint à avoir de nouveaux bénévoles pour s’occuper des espoirs qui, parfois, jouent même le samedi alors que la première joue le dimanche donc ça, c’est compliqué. Après, avoir Sud / Nord, l’un dans l’autre, il y a quand même des clubs qui ne sont pas trop loin donc ça va même si c’est vrai qu’aller à Marcq-en-Barœul serait bien sûr compliqué. Je trouve que la division Est / Ouest cette année a été bonne, je trouve que c’est sympa, le seul truc est le manque d’échanges avec les espoirs, ça, c’est plus contraignant.

On va comme d’habitude finir avec la question décalée : on voit que Saint-Jean de Luz est dans les clous pour aller gratter des play-off qui mettront bien sûr de l’ambiance à Kechiloa mais est-ce que vous ressortirez la tronçonneuse sans chaîne le best seller du petit supporter Luzien la saison passé ? (Rires)
(Rires) Ça, c’était une vanne des espoirs l’an dernier pour faire beaucoup de bruit (rires). Il n’y avait rien de méchant mais ça a peut-être impressionné l’adversaire.

C’est pour faire folklore comme on dit dans le jargon ?
C’est ça (rires). En tous cas, on essayera d’avoir beaucoup, beaucoup de monde au Pavillon Bleu à Kechiloa pour encourager l’équipe et montrer aux adversaires qu’on est vraiment un rugby du coin et du village.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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