Retrouvez l’intégralité de la conférence de presse d’Alexandre Albouy (Coach 3/4 SCA) en amont de la 16eme journée de Nationale entre Albi et Hyeres Carqueiranne.

Première victoire de l’année à Rennes, deuxième de la saison à l’extérieur. Mathieu a dit que l’objectif était de prendre des points partout en ce début d’année et, du coup, qu’est-ce que tu peux nous dire sur ce premier match ?
C’était un match de reprise après 4 semaines sans compétition donc ça laisse toujours un peu de vide et de questionnement de savoir si on a bien géré les congés et si on s’est bien remis dans le bain. Cette année, il y avait une situation un peu plus confortable puisqu’on a pu reprendre une semaine avant comme on avait 15 jours avant le premier match et c’est vrai que, même si la première semaine n’a pas été complète, ça nous a permis de nous remettre dans le bain. Je pense que pour les joueurs, ne serait-ce que physiquement mais aussi mentalement, ça reste quand même important d’avoir un peu de temps pour reprendre. Je me souviens de l’année dernière où on avait joué le 6 Janvier donc c’était un peu plus compliqué mais là, il y avait ce confort qui nous a permis de bien préparer ce déplacement à Rennes où il y a eu un match plus que correct notamment une première mi-temps où les joueurs ont vraiment joué ensemble. Il y avait une très bonne connexion d’équipe et ça nous a permis de pouvoir remporter ce match même si la 2e mi-temps est beaucoup moins aboutie.

Cette victoire vous permet de monter sur le podium. Est-ce que c’est important, même si je sais que vous prenez les matchs les uns après les autres ?
Pour moi, ça ne l’est pas du tout, je regarde notre groupe, je regarde l’objectif que les joueurs se sont fixé et qu’on s’est fixé. On a basculé dans la 2e partie de saison et chaque match que l’on joue est un match de moins, en première partie, il reste toujours des matchs après donc on a fait un match de plus mais là, c’est un match de moins. On a pris les points, tant mieux mais je n’ai pas l’habitude de m’enflammer si on gagne ni de croire que tout est fini si on perd, je ne parle pas pareil quand il ne reste que deux matchs car après, c’est mathématique, on ne peut pas les inventer. Le résultat est très bien mais je retiendrai surtout le comportement notamment de la 1ère mi-temps où les joueurs ont vraiment été connectés et ça a permis de ramener des points de Rennes.

Est-ce que tu sens qu’ils ont passé un cap sur ces matchs à l’extérieur ? Depuis le début de saison, l’équipe est intraitable à domicile ou capable de renverser la vapeur et, sans être empruntée à l’extérieur, on sentait qu’il manquait un petit truc. Est-ce que le déclic est arrivé à Chambéry ou non ?
Peut-être, franchement, je n’ai pas la réponse. Je pense que ça vient petit à petit et si je repars du début de la saison où on a changé beaucoup de choses, que ce soit dans le staff, dans le club ou au niveau des joueurs où on a quand même changé plus de la moitié de l’effectif, il y avait besoin de se connaître et qui dit se connaître, c’est dans le rugby mais aussi ailleurs. Il y a besoin de trouver des repères et je pense qu’ils les avaient plus facilement là où ils s’entraînent tous les jours à savoir au Stadium. Là où ils jouent le plus souvent, c’est au Stadium, le vestiaire où ils se changent tous les jours, c’est au Stadium et il y a peut-être aussi une petite notion de confiance, ça leur permettait de mieux s’exprimer et tout simplement d’avoir des repères comme un enfant ou n’importe qui où, quand on le sort de chez lui, il est un peu plus perdu. Ça donne plus d’énergie que quand on rentre chez soi et qu’on a tous nos repères et je pense qu’une fois ça passé, il fallait aller chercher d’autres choses et le fait de se connaître et la confiance venant, peut-être qu’ils se sentent un peu plus à l’aise à l’extérieur par rapport à leur confiance et à leurs repères. Il y a eu Chambéry, peut-être que ça a permis aussi une étape supplémentaire d’amener un petit plus de confiance qu’on pouvait le faire. Je trouve que c’est dans la lignée de la construction qui, j’ai envie de dire, se fait normalement et c’est plutôt bien.

La semaine dernière, Mathieu avait dit que pour gagner à l’extérieur, il fallait être à 120%. Est-ce que vous avez retrouvé ces 120%, peut-être en 1ère mi-temps comme tu le disais ?
Ça va dans le sens de ce que je dis là même si c’est formulé d’une autre façon. A la maison, au Stadium, tu as tes repères et si on veut mettre des chiffres, on sera à 100% mais à l’extérieur, au niveau de l’énergie que tu vas mettre et notamment mentale, tu n’as pas tes repères donc il faut aller les chercher ailleurs. C’est ce surplus qu’il faut mettre et qui peut peut-être expliquer ce 120%, ces 20% qu’il faut mettre en plus pour pouvoir faire des choses correctes à l’extérieur.

Est-ce que Gaël Ekpe est un exemple du management que vous avez, à savoir gagne le maillot et quand tu l’as, prouve que tu le mérites ?
Je ne vais pas revenir sur les performances de Gaël ni sur tout ce qu’il a fait, il se l’est mérité. J’ai entendu que ça bouchonnait en 3e ligne mais, et Gaël en est témoin, je me suis retrouvé à ne pas pouvoir faire deux équipes car quand on faisait du 15 / 15 à l’entraînement, il manquait des 3es lignes.

Parce qu’il y avait des blessés mais ce que j’entendais par là, c’est que quand on regardait l’effectif, il y avait quand même beaucoup de 3es lignes
Je voulais juste tabler sur le fait qu’il y a trois 3es lignes qui jouent sur 15 donc il en manque. Mais, encore une fois, ça n’enlève rien à ce que Gaël s’est gagné et rien à voir avec ses performances mais, forcément, il faut plus de 3es lignes puisqu’on en a que 3 sur le terrain. Si on veut faire du 15 / 15, il en faut 6, 3 de chaque côté plus 2 soit 8 donc oui, ça va vite.

Comment est-ce que vous abordez cette équipe de Hyères-Carqueiranne La Crau car c’était un gros croche-pied que vous aviez eu là-bas ?
Le croche-pied de Hyères-Carqueiranne La Crau, je le mets dans l’ensemble des trois premiers matchs de début de saison. Il y avait besoin que les joueurs se connaissent, se trouvent, qu’ils s’apprivoisent, qu’ils se fassent confiance les uns les autres. C’est vrai qu’il y a eu ensuite le déclic contre Narbonne ici mais Hyères-Carqueiranne La Crau faisait partie de ces trois matchs pas aboutis. Bien sûr que l’on peut regretter quelques points laissés en route mais je me dis » est-ce qu’avec tout ce qu’on a changé, il ne fallait pas en passer par là » ? J’ai presque envie de dire que ça aurait pu être un peu plus long mais on ne regarde pas derrière, ça s’est passé comme ça. Les joueurs ont fait le taf ensuite, ils ont redressé la barre et aujourd’hui, ils sont en train de monter, il faut rester dans cette construction-là. Pour revenir à la question de comment on l’aborde et bien, comme tous les autres matchs (rires). Le but sera de faire le meilleur match possible, déjà tourné non pas sur le résultat brut de Hyères-Carqueiranne La Crau mais sur notre investissement, le comportement que l’on aura et l’état d’esprit, le fait de mouiller le maillot et de faire un gros match ici avec les objectifs que l’on se fixe.

Ça va être un match d’hiver avec un temps d’hiver et un terrain d’hiver. On sait que ça, ça avantage presque l’équipe qui se déplace ?
Ça peut niveler les valeurs, oui, mais au-delà de ça, je crois qu’on a les armes pour pouvoir rivaliser même dans ce domaine-là. Comme je le dis, on aborde tous les matchs de la même façon, il n’y a pas de pression plus sur l’un ou sur l’autre, on les prépare tous de la même façon avec un objectif lointain. On trace notre route et le résultat sera la conséquence de tous les détails qu’on pourra y mettre donc si les détails y sont, le résultat y sera et s’ils n’y sont pas … voilà.

En parlant de détails, il y a à chaque fois des points sur lesquels vous insistez davantage. Dans la période à laquelle on se trouve, sur quel aspect, sur quel côté du jeu ou quelle stratégie est-ce que vous axez votre regard ? Est-ce qu’il y a quelque chose sur lequel vous travaillez spécifiquement à l’entraînement ?
Aujourd’hui, disons qu’on a construit notre saison en mettant d’abord les bases du jeu et ce qu’on essaye de faire, c’est d’équilibrer un peu plus notre jeu et d’y rajouter des choses. Ce n’est peut-être pas la période mais ça nous permet de le travailler pour justement arriver dans les objectifs plus lointains pour avoir un jeu vraiment complet. On a commencé par les bases et là, on essaye d’y rajouter ce qui va ensuite.

Mathieu disait que le groupe allait être plus resserré en cette 2e partie de saison. Est-ce que ça va être sensiblement le même groupe qu’à Rennes ou est-ce que vous allez encore faire tourner ?
Un premier point, pour l’avoir vécu en tant que joueur et en tant qu’entraîneur, on a démarré la saison avec plus de 40 joueurs et notre objectif est de ne pas en perdre un seul. C’est toujours une force, moins il y a de blessés, plus les joueurs sont compétiteurs et présents plus ça donne de la force au groupe. Comment est-ce qu’on va faire aujourd’hui ? On a fait trois blocs de 4 voire même de 5 et c’est vrai que quand les matchs s’enchaînent, c’est compliqué de faire faire 5 x 80 minutes à un même joueur. Il faut penser à sa santé, on reste sur l’objectif lointain de la saison et il ne faut pas les cramer, si on perd un joueur, qu’il joue ou qu’il ne joue pas, on perd une force. La 2e partie de saison est découpée différemment, il n’y aura qu’un bloc de 4 matchs et après, il y aura souvent des trous donc qu’est-ce que ça va amener ? Comme pour la première phase, si tu es bon, tu as le maillot et tu le gardes car là, il y a de grandes chances que le turn-over se fasse moins parce qu’il y aura des blocs beaucoup plus petits et qu’il y aura peut-être moins besoin de gérer les physiques des uns et des autres.

Est-ce que tu peux faire un point sur l’infirmerie ?
C’est vrai qu’on avait pas mal de blessés avant Noël et là, ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a 2 ou 3 joueurs qui vont rentrer dans les 15 jours qui arrivent et qu’il y en aura 2 ou 3 autres dans les 15 suivants.

En 3e ligne car c’est quand même là que tu en as le plus ?
Statistiquement, il y en aura forcément.

On a vu que, par exemple, Vincent Calas a eu une longue absence et qu’il a repris récemment. Où en est-il ?
Vincent a eu le 100% médical il y a quelque temps et le 100% rugby cette semaine donc il est postulant.

Derrière, on sait que Tuks Vasuinubu en a à priori pour très longtemps avec son épaule ?
Il lui reste encore quelques semaines. C’est en très bonne voie mais il en a encore pour quelques semaines pour être vraiment prêt physiquement.

Wandile Mjekevu avait beaucoup matché en début de saison, c’était vraiment l’un de tes piliers derrière. Est-ce qu’on peut espérer le revoir ?
Pareil, il sera sur le retour dans les prochaines semaines. Sa blessure a un peu traîné, c’est encore un peu sensible mais il sera bientôt sur le retour.

Il y a aussi Luca Sperandio qui avait été un petit peu en délicatesse avant les fêtes ?
C’est vrai, il fait partie des joueurs qui rentreront sur la » 2e vague « .

Après le bloc de 4, ce sont des joueurs qu’on verra rentrer ?
Voilà.

Quel est le mot d’ordre pour ce samedi ? Continuité ?
Conquête, défense, occupation, avoir plus de plans que l’adversaire (rires). Non, je pense que continuité reste le mot, continuer notre chemin.

Pour le moment, il n’est pas trop mal ?
Je l’ai dit, il ne faut pas trop se retourner (rires). Je le dis tout le temps, quand on part sur une saison, on ne sait jamais quel chemin on va prendre, on sait où on veut aller, on sait où on démarre mais par où on va passer … franchement … Vous dire qu’on a ciblé ce match-là, ce match-là, ce match-là, celui-là un peu moins, non. Franchement, on n’en sait rien donc on joue tous les matchs pour avoir le meilleur résultat possible, il faut déjà que l’état d’esprit soit là et on construit petit à petit. Donc oui, j’ai envie de dire le mot continuité pour aller dans ce sens-là.

Puisque c’est encore la période des vœux et qu’on est encore dans les temps, qu’est-ce qu’on se souhaite du côté du SCA pour 2023 ?
Je souhaite aux joueurs d’atteindre leur objectif.

On a vu la semaine dernière qu’Aurillac annonçait la venue d’Heath Backhouse la saison prochaine. Est-ce que vous avez déjà regardé au niveau des recrues ou enregistré des arrivées pour la saison prochaine ou pas encore ?
Moi, je suis en retard là-dessus car il n’y a plus Rugbyrama maintenant, c’est là où je regardais les joueurs et je suis déçu (rires). Non, bien sûr qu’on se penche régulièrement sur l’avenir et, en tant qu’entraîneurs, on se doit de préparer les saisons qui arrivent mais notre objectif est de ne jamais perdre une saison car ça passe trop vite. Évidemment qu’on a des réunions pour préparer ça, ça avance et on est là-dessus, bien sûr qu’on était au courant des choix de Heath mais ça avance tranquillement de notre côté. On reste vraiment centré sur la saison en cours dans tout ce qu’on peut faire même si ça peut nous amener à rater une ou deux choses ou à parfois avoir un peu de retard. Le plus gros regret que l’on pourrait avoir est de rater la saison en cours, ça serait le plus grave mais bien sûr que l’on essaye d’anticiper les choses.

On a envie de dire que c’est un peu le jeu et le bémol de cette Nationale car si tu as des joueurs qui performent ou sur-performent, ça va être compliqué de les retenir s’ils sont appelés à l’étage au-dessus ?
Bien sûr. Quand j’étais à Lavaur, ça m’est arrivé 4 ou 5 fois d’avoir des joueurs qui étaient restés trois ans et puis qui sont partis au-dessus mais la première chose que je pouvais ressentir, c’était de la fierté, de la fierté de me dire » au moins, je ne l’ai pas tué « . Je ne sais pas si c’est moi qui l’ai fait progresser mais au moins, je ne l’ai pas tué et c’est lui qui s’est gagné la chose et qui a pu aller chercher plus haut. La première chose, c’est de la fierté et la chose que je souhaite par exemple à Gaël, qui est encore jeune, c’est de pouvoir grandir à Albi et si Toulouse l’appelle, la première chose que je ressentirais sera de la fierté de me dire » au moins, on a bien travaillé, on lui a donné les outils pour qu’il puisse progresser « . Le premier sentiment que tu peux avoir quand tu es entraîneur, c’est de la fierté et le joueur fait ses choix, s’il estime que c’est la meilleure solution pour lui, vas-y.

Justement, quand on prétend monter en Pro D2 et qu’il y a des joueurs cadres comme Backhouse qui sont déjà annoncés partants, est-ce que ce n’est pas difficile pour vous de vous projeter ?
Difficile non car c’est le lot de chaque année, évidemment que s’il y en a 30, ça fait du boulot mais là, ce sont des choses qui se font assez tôt. Moi, je suis plutôt de l’ancien rugby où les mutations se font de Juin à Juillet mais en même temps, plus on le sait tôt, plus on a le temps de préparer la suite. Ça fait partie du rugby actuel, c’est comme ça et en plus, je trouve que les joueurs n’ont pas le même état d’esprit que moi, ça ne les perturbe pas. Ça fait partie de leur quotidien, ils sont tout le temps sur les réseaux sociaux à regarder » lui, il va là, lui, il va là « , ils sont au courant de tout donc c’est eux qui me l’apprennent car moi, je ne suis au courant de rien. Je trouve vraiment que les joueurs ne sont pas perturbés là-dessus car c’est comme ça, c’est la sensation que j’ai avec la nouvelle génération.
Propos recueillis par Alain Murat (Comité Animation Bénévoles et Supporters SCA).

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