C’est un Mathieu Bonello remonté comme un coucou qui a débarqué a la conférence de presse en amont de la réception de Dax pour le compte de la 8eme journée de Nationale. Le manager du SC Albi a sortit la boîte à punchline pour exprimer son courroux sur l’arbitrage de la rencontre face à suresnes (défaite 20-18) le week-end dernier. Un coup de gueule et un sentiment d’injustice qui seront très certainement dans les esprits des jaunes et noirs ce samedi au Stadium.
Albi Vs Dax (J8 – Nationale) une rencontre à suivre dès 18h15 via Le #MagSport et LFM81

C’est un déplacement à Suresnes que l’on peut qualifier de mal payé vu la domination un peu outrecuidante que vous avez eu en mêlée et en conquête ?
Le mot est faible, faible.
On t’a vu très agacé à la fin du match par rapport à l’arbitrage. Tu peux nous en parler un peu plus ?
Je peux en parler sans problème, je n’ai pas de mal avec ça. Voilà ma philosophie de vie : quand tu mérites de gagner un match, on ne peut pas te l’enlever. Aujourd’hui, l’arbitre fait partie du paysage d’un match de rugby, il a le droit de se tromper, on se trompe parfois nous aussi, par contre, quand il y a des fautes grossières que même le concierge du stade a vu de son appartement, elles ne sont pas sifflées. On nous a enlevé le match et je suis triste pour les joueurs car ils avaient tout fait pour ramener des points et je suis énervé parce-que ça fait plusieurs fois que ça nous arrive depuis que je suis au club. Il y a aussi un passé qui est lourd au club vis à vis de ça et, en fait, j’en ai un peu ras le bol, j’en ai ras le bol parce-que c’est du temps, de l’engagement et de l’investissement. Bravo à cette équipe de Suresnes, il n’y a pas de mal avec ça par contre, quand tu as tout fait pour remporter le match et que, volontairement, on ne veut pas te le faire valider, ça me pose vraiment problème.

Tu en as parlé avec l’arbitre ou avec ses référents ?
J’ai essayé de parler après le match. Je défendrai toujours mes joueurs, je ne suis pas l’entraîneur qui cherche des excuses quand on a des blessés ou quand il y a parfois une décision arbitrale qui est contre nous mais samedi, c’est allé trop loin et ça a duré tout le match. Moi, à la fin, je retiendrai l’essai refusé ou quand tu fais un ballon porté de 40 mètres en courant et que derrière, il n’y a même pas un avantage alors que le mec nous coupe le ballon porté. C’est juste que ce samedi-là, il y a un bonhomme au milieu qui a décidé donc je suis agacé et triste pour mes joueurs.

Comment peux-tu transformer ça en énergie positive pour le prochain match ? Je suppose qu’il y a des ressorts pour ça
Oui, il y a des ressorts mais ça doit être le week-end qui voulait ça. Je suis un grand supporter de football et j’ai vu qu’il y avait eu TFC / Strasbourg et un autre match où il y a eu des choses non sifflées par l’arbitrage qui ont fait basculer les rencontres, en fait, je pense que c’est le week-end qui ne devait pas porter chance. Aujourd’hui, l’arbitrage a vraiment progressé en France et je pense que je peux me permettre de dire que l’on est peut-être l’un des meilleurs dans ce secteur-là. La Nationale est la 3e division française et il y a de jeunes arbitres qui vont monter, ou qui montent et c’est génial parce qu’en fait, c’est l’antichambre de la Pro D2 et du Top 14 également pour nos joueurs. Par contre, c’est un bon niveau, ce sont des coaches qui travaillent dans toutes les équipes, il y a aussi de bons joueurs qui viennent d’en haut et aujourd’hui, même si ça arrive à tout le monde de faire des erreurs, on ne peut pas sceller le sort d’un match parce qu’on ne veut pas voir. Comme je le dis, s’il n’y a qu’une faute, ça se siffle ou ça ne se siffle pas mais là, il fallait juste être aveugle pour ne pas voir et je ne peux pas accepter. Je défendrai toujours mon club et là, ça va trop loin, ça fait quelques week-end et quelque temps que la pièce ne tombe jamais du bon côté, samedi, c’était criard et il y en a ras le bol.

Selon toi, quelle est la cause de ce constat que tu fais ?
Je ne sais pas parce-que, si mes souvenirs sont bons, ce sont des décisions comme ça qui ont amené ce club à rester dans cette division-là. Je pense que nous ne sommes pas des entraîneurs hyper virulents sur le bord du terrain, je ne pense pas que l’on ait les joueurs les plus indisciplinés du championnat car je crois que c’est un bon point fort cette année. On n’est pas des violents, on n’a pas pris de carton rouge donc, je ne sais, ce n’est sûrement contre personne mais en fait, à ce niveau-là en Nationale, les gens qui sont sur la pelouse doivent faire le job et là, ça a été difficile pour moi d’expliquer ça aux joueurs. Ça a été difficile mais c’est le constat aujourd’hui donc on est déçu mais il va falloir rebondir.

On te sent encore marqué. Est-ce que ça a quand même été digéré par l’ensemble du groupe car, finalement, ce sont des choses qui peuvent bloquer ?
Dans la vie, il y a une chose que je déteste et que j’essaye de faire détester à mon groupe, c’est l’injustice. Le rugby est fait de plein de valeurs que l’on connaît, c’est pour ça qu’on fait ce sport, et celle-là n’en fait pas partie. Oui, je suis marqué, j’ai du mal à tourner la page et je vais me taire dans mes mots car je serai peut-être trop fort mais quand nous, on n’est pas bon, on nous sanctionne, on descend dans le classement, quand nous, on n’est pas bon, coaches ou joueurs, les joueurs ne jouent plus et les coaches ne jouent plus. A un moment donné, je pense que ça a assez duré, qu’a fait Albi dans le paysage du rugby français ? Je pense qu’ils n’ont rien fait de mal, au contraire, ils se sont toujours battu avec leurs armes, à une époque un peu plus lointaine, c’était souvent le petit contre le gros et malgré les aléas du club, l’ensemble du club a toujours voulu se battre, les supporters, les bénévoles, les partenaires, l’ensemble des dirigeants pour qu’il y ait un club de haut niveau à Albi. En fait, j’ai juste envie de dire qu’aujourd’hui, il faut remettre les pendules à zéro et qu’il faut que l’on soit arbitré comme tous les autres.

Dans le jeu, il y a peut-être deux phases qui peuvent te laisser des regrets comme la séquence à 15 temps de jeu à 10 minutes de la fin où vous enchaînez les pick and go qui, à la fin, reste stérile et peut-être qu’en écartant, ça aurait pu donner autre chose ?
Si tu parles de celle de JB De Clercq, déjà, il marque. Ça peut ne pas se voir car il n’y a pas la vidéo donc les mecs se jettent dessus mais par contre, il y a un défenseur qui est 1m50 hors-jeu. Il est appuyé sur le dos d’un joueur à nous donc quand c’est le cas, je pense que c’est que tu n’es pas dans le dernier pied du ruck. Il refuse l’essai et, le pire de tout, c’est qu’il met renvoi d’en-but.

Dans celle où vous enchaînez les petits tas, on a eu l’impression que, peut-être, il a manqué d’un peu de maturité à un moment donné pour ne pas écarter ?
C’est vrai mais c’est une jeune équipe et je suis sûr que cette action de la fin de match va leur amener énormément pour l’avenir, vraiment. Malgré ça, et je le dis, c’était hyper dur lundi d’analyser quelque chose qu’ils avaient fait mal car ils avaient quand même fait beaucoup de bien même si, attention, le début de match a été difficile pour nous car je trouve qu’on avait bien démarré et qu’on a eu un creux ensuite où on les a laissés faire. Ils ont mis deux beaux essais, il n’y a rien à dire mais derrière, pffff …. Je peux comprendre que mes joueurs soient agacés et encore, je les ai trouvés très respectueux. Je respecte beaucoup l’arbitrage car c’est difficile, se tromper arrive à tout le monde mais par contre, sur ce match-là, c’est vraiment aller trop loin.

On te sent frustré mais tu es dans l’obligation de basculer sur le prochain match et tu en as deux très gros qui arrivent avec le second et le premier. Là, ça va être focus sur Dax qui est la grosse surprise de ce début de saison ?
Surprise, oui et non. Ils ont quand même un bel effectif, ils jouent bien au rugby, tu n’es pas 1er ou 2e par hasard. Il faut se mettre focus sur le prochain match qui est Dax et on a basculé dès mercredi, je vais aussi échanger avec mes joueurs car le but est également d’évacuer la frustration car ça n’a jamais rien amené à personne. Je fais juste un constat du match, ,on ne s’en sert pas pour dire » on en est là au classement » ou quoi ou qu’est-ce, je dis qu’on fera les comptes au mois de Décembre et au mois de Mai mais je ne peux pas laisser feuille blanche et dire » c’est bon, il ne s’est rien passé « , non. Par contre, il faut l’utiliser pour se dire qu’il y a un très gros morceau qui arrive chez nous, c’est l’une des meilleures équipes de la poule si ce n’est la meilleure et il est sûr que ce sera un très gros match chez nous samedi. On parlait de la dernière action tout à l’heure, l’équipe est encore en construction par contre, à l’heure où je vous parle aujourd’hui, on pourrait parler différemment qu’après la fin du match de samedi. C’est fait, c’est derrière, il faut basculer et être hyper positif car on est sur une bonne dynamique et, pour moi, dans mon esprit, les joueurs ont remporté le match. C’est le plus important, ça veut dire qu’ils ont avancé dans notre rugby.

Quitte à avoir l’épilogue qu’il y a eu à la fin et le contexte, même si c’est plus facile de le dire maintenant le cul vissé à la chaise que sur le moment, avec la pénalité de 50m face aux poteaux, on a vu qu’ils faisaient un peu un remake du match de la saison dernière et qu’ils étaient » on fire « . Tu ne regrettes pas de ne pas l’avoir laissé tenter sa chance car il y aurait eu un renvoi d’en-but et vous récupériez la balle ?
A 50 / 52 mètres, je l’aurais laissé mais là, il était à 57 mètres et comme on était assez dominant sur les phases statiques, j’étais convaincu que mon paquet d’avants allait prendre le ballon et faire ce qu’il fallait. Bien sûr qu’on ne le sait qu’après mais ils ont fait ce qu’il fallait à savoir qu’ils ont pris le ballon en l’air, ils ont constitué un maul qu’on nous a fait écrouler, peu importe comment il a été fait, on a réussi à le reconstituer et on nous l’a à nouveau écroulé. C’est juste du pur truc, quand le mec vient à côté et plaque et que le nôtre est le dernier du ballon porté avec le ballon, il n’y a pas besoin d’être entraîneur ou joueur mais juste passionné de rugby. Donc, on avait fait ce qu’il fallait pour se mettre une pénalité plus à portée de fusil qu’à 57 mètres même s’il était en super forme et qu’il a une confiance en lui qui est énorme en ce moment, car on sait la capacité qu’a Théo à buter de loin. Mais à 57 mètres, quand tu as joué tout un match … donc non, je ne regrette pas du tout.

Jean Moulin, c’est un peu son jardin à Théo Vidal, il pourrait presque planter des bégonias dans le stade ?
Oui, c’est vrai (rires). Il a été bon et performant, il revient, il a eu un début de saison où on se cherche tous un peu et là, c’est certain qu’il revient au meilleur des moments avec une confiance retrouvée au but. En tous cas, j’ai confiance en mes buteurs car franchement, ils travaillent et je sais que le travail paye.

Tu avais dit que sur ce bloc-là, en fonction de la forme physique des joueurs, tu ferais peut-être un point pour peut-être tourner. Comment est-ce que tu vas faire à J+3 ?
J’avais surtout parlé de deux et après on voit, c’est ce qui s’est passé puisque j’ai injecté pas mal de jeunes joueurs à Suresnes, des joueurs qui le méritaient et qui le gagnent, des joueurs qui revenaient aussi de blessures. Dans les deux matchs qui vont arriver, on va aussi injecter du sang frais pour tenir le rythme, il y a des mecs qui ont fait trois matchs donc peut-être les faire reposer et leur faire jouer le prochain. On va essayer de bien planifier les deux prochaines compositions d’équipe qui vont arriver, même si je trouve qu’il est quand même intéressant de faire des blocs d’au moins 4 ou 5 matchs. En tant qu’entraîneurs, ça nous donne aussi la possibilité de quantifier le temps de jeu, on peut parfois le faire à certains postes et d’autres pas mais je suis quand même assez content de voir où on est l’effectif au bout de ce 4e match que l’on va entamer même s’il va falloir continuer un peu ce turn-over.

Justement, au niveau des blessés, où en sont tes trois épaules ?
François Fontaine va reprendre la semaine prochaine, c’est la bonne nouvelle, Gilen Queheille, ce sera soit la semaine prochaine ou milieu de semaine prochaine, il sera incertain pour le prochain match et ce sera plus long pour Tuks Vasuinubu. Aujourd’hui, ce n’est pas mal même si on a été un peu noir sur les épaules en ce début de saison mais je m’aperçois qu’il y a de la casse partout, le championnat est rude et je le trouve de plus en plus physique.

Est-ce qu’on peut dire que vous avez laissé des ressources physiques dans les 2 premiers matchs car ça tapait très fort mais que, dans celui-là, ça a été des ressources morales ?
Oui, c’est vrai, je trouve que ça a moins tapé mais tu y as laissé de l’énergie psychologique, par contre, je le répète, les joueurs ont vraiment basculé depuis mardi matin dans ce match de préparation. Moi, je suis en train mais c’est forcément un peu plus difficile pour moi puisque, quand tu es entraîneur, tu n’as pas cette possibilité de te décharger à l’entraînement, d’évacuer, de faire un gros entraînement physique pour rentrer rincé chez toi (rires). Donc, quand tu es entraîneur, tu le gardes un peu plus en toi mais je sais que c’est en train de passer et que je vais très vite être totalement focus sur le prochain match. Ça fait aussi partie de notre construction d’équipe mais il faut que tout le monde joue au niveau de la Nationale.

Même si vous êtes focus sur les performances du club, comment est-ce que tu vois ces Dacquois au-delà de la 2e place qu’ils occupent ?
C’est une belle équipe, elle est constituée de jeunes et d’expérience, ils ont ramené beaucoup de joueurs qui ont connu le haut niveau donc ça se sent. Elle n’est pas là par hasard, c’est un gros morceau qui vient avec un beau rugby mais, encore une fois, chaque match est différent. En tous cas, on va se préparer pour faire un bon match et aujourd’hui, on a encore envie de nous améliorer et de construire notre chemin mais, comme le dit souvent Alex, on ne connaît pas le chemin qu’on est en train de prendre. Finalement, on est en train de vivre nos expériences collectives, j’aurai préféré que ce ne soit que par des victoires mais, avec les joueurs, on est en train de vivre ces situations et c’est important.

Quels sont les secteurs où il faudra être vraiment vigilants vis-à-vis de cette équipe de Dax ?
Ils ont une belle ligne de 3/4 et des avants qui jouent bien avec leurs 3/4. Ils ont une belle équipe, ils sont vraiment complets et nous, il faudra que l’on soit focus avec nos forces, être déterminés à vouloir faire une belle prestation au Stadium et continuer à construire et à avancer quel que soit le résultat. On sait très bien que c’est en faisant de bons matchs qu’on avance.

Est-ce que le fait que Dax soit une belle équipe met de la pression en plus de jouer à domicile ? Comment est-ce que vous l’appréhendez ?
Non, pas du tout parce-que la Nationale est quand même faite de très, très belles équipes donc c’est dur tous les week-end que l’on soit à la maison ou à l’extérieur. On n’est pas au cœur du championnat, on n’en est même pas au milieu, on a quand même déjà reçu des gros chez nous, on va en recevoir d’autres qui vont arriver et non, ça n’est pas du tout une pression. C’est justement se confronter à ce qui se fait de mieux, ça te permet de te situer et de savoir où tu en es, je trouve que c’est une bonne chose. Il faut au contraire avoir la banane et l’envie de jouer ces équipes-là, tu joues au rugby pour rencontrer les meilleurs et pour voir où tu en es, si tu es au niveau ou pas. Si tu es au niveau, tant mieux, et si tu ne l’es pas, tu continueras à travailler pour être au niveau des meilleurs.

Mardi après-midi, on a vu que vous aviez échangé avec les minots du club, revenir un peu au rugby passion et innocent, aux débuts du rugby. Est-ce que ça vous a fait du bien pour également évacuer la frustration que vous aviez ?
Exactement. Depuis qu’on est arrivé il y a deux ans avec Alex, on essaye d’instaurer des choses avec l’Asso, on le fait petit à petit car on ne peut pas mettre tout en place. La semaine dernière, les joueurs sont allés entraîner les jeunes, cette semaine, ce sont eux qui sont venus à nous et ils ont passé la journée avec nous. Moi, je trouve ça génial, il faut que l’on ait un club qui soit convivial, il n’y a pas deux entités, il n’y a qu’un logo et deux couleurs, le jaune et le noir, les joueurs ont eu besoin, ont besoin, comme nous tous. Ça nous fait plaisir parce qu’on revient à notre rugby que l’on a découvert et c’est génial.

La première victoire à l’extérieur attendra mais là, par contre, il y a un objectif qui est de garder la piaule inviolée ?
Disons qu’à l’extérieur, la pièce ne tombe pas du bon côté ces derniers temps, on m’a toujours dit qu’il fallait persévérer dans le sport donc on va persévérer. Ici, on construit nos matchs, on essaye de monter crescendo et de faire des résultats positifs mais je crois qu’aujourd’hui, il faut vraiment aussi s’appuyer sur notre Stadium, sur nos supporters, sur tous les gens qui nous entourent, sur les jeunes pour vraiment continuer notre dynamique.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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