Alors qu’il vient de clôturer un quinquennat à la tête du SC Albi entamant au passage sa 6eme saison à la tête des jaunes et noirs, Alain Roumegoux nous a reçu la semaine dernière dans son bureau pour faire un point de passage et dresser les perspectives d’avenir. Du bilan de son mandat, en passant par son avenir personnel, sans oublier les objectifs sportifs ou encore l’état financier du club tarnais, le président de la SASP Sporting Club Albigeois s’est livré sans ambage dans cet entretien grand format. Le club de la cité épiscopale est a un carrefour de son histoire moderne face à des adversaires se structurant à vitesse grand V, c’est pour cela que le natif de graulhet nous a exposé les axes de progression du SCA des années 2020. Rencontre avec un président qui venait dans un rôle de pompiers intérimaire en Juin 2017 et qui cherche dorénavant à élargir la sphère d’influence du club de la cité épiscopale.

Albi est en Nationale depuis trois saisons et à la course à la remontée en Pro D2 depuis 6 ans. Quels vont être les objectifs pour cette nouvelle saison ?
On garde toujours les mêmes objectifs même si, cette année, on est bien sûr à nouveau dans une année de transition. On avait changé de staff l’année dernière avec des joueurs emblématiques qui sont allés au niveau supérieur et cette année est un peu unique car on était sur l’ancien groupe donc, comme on dit, il y a eu un grand chamboulement et on a changé 50% de l’équipe. Donc, on est dans le renouveau et la transition mais l’objectif est toujours bien sûr de remonter à l’échelon supérieur. On l’espère à court terme, sinon on le fera à moyen terme, mais c’est toujours l’objectif. J’ai pris la présidence à l’époque où tout allait mal, j’ai peut-être fait de l’intérim qui a duré et je trouve qu’il dure longtemps donc j’espère qu’on va y arriver un jour.

Si on regarde dans le rétro, on a l’impression que le carrefour loupé est cette demi-finale contre Rouen, il y a bientôt 4 ans de cela où le Sporting est passé à un cheveu de monter en Pro D2. Derrière, il y a eu l’année Covid qui vous aurait peut-être permis de rester une année de plus et de vous installer en Pro D2. Ça a quand même été un grand carrefour sportif du club voire même financier ?
Je dirai même la première année où on est descendu. On avait un nouveau staff à l’époque qui nous a permis de rebondir mais si on avait eu deux ou trois mois de plus, on aurait eu notre chance même la première année car on avait quand même une très bonne équipe à l’époque. Après, l’épisode des saisons, comme tu viens de le dire, ne dépendait pas que de nous et puis, sur les deux dernières saisons, il nous a à chaque fois manqué une mi-temps pour réussir, il ne manquait pas grand-chose. Aujourd’hui, l’objectif est de finir dans les 6 premiers comme chaque saison et après, on verra en seconde partie du championnat.

Objectif six premiers mais aussi 6e budget de Nationale, c’est cohérent. Quand vous êtes descendus de Pro D2, vous étiez dans le trio de tête mais aujourd’hui, petit à petit, sans avoir le budget qui baisse, on voit que la concurrence s’arme financièrement ?
Ça veut dire une chose, que cette poule Nationale, qui a été décidée par les clubs et la Fédération a permis de monter le niveau. Il n’y a plus les irrégularités comme dans le passé où il y avait de très gros matchs et d’autres un peu plus en dilettante tandis que là, ça n’est que du très haut niveau à tous les matchs donc, si le niveau monte, les budgets augmentent. Nous, nous avons un modèle économique que l’on connaît, on est constant puisque c’est la 6e saison où on a à peu près le même budget. En Albigeois, sans aide des droits TV et sans aide comme ils ont à la Ligue, on est obligé de se débrouiller mais on est constant. On évolue, on est constant et ça nous permet quand même d’être équilibré ce qui était le premier objectif quand j’ai repris la présidence.

Quels sont les leviers pour essayer de tenter d’augmenter ce budget ? Sortir du corps économique albigeois qui n’est pas extensible puisque, comme dans toutes les villes, il y a une limite pour aller chercher de nouvelles ressources ?
On a actuellement le club affaires qui est l’un des plus importants de la région avec quand même 300 partenaires donc on l’a vraiment développé. Il est vrai que c’est un nombre important de partenaires, on en a quelques gros mais il nous manquerait peut-être de grands mécènes comme ont certains clubs pour passer à l’échelon supérieur. C’est difficile car le rugby est implanté partout dans le Tarn et on ne peut pas trop aller au-delà du grand Albigeois, il y a Graulhet, Castres, tous les clubs sont pourvus et ils ont leurs partenaires. La zone de chalandise est un peu plus restreinte bien qu’avec notre club affaires, on arrive à faire venir des entreprises plus éloignées, même de Toulouse. Je dirais que c’est notre poumon économique mais il n’y a pas que ça, il y a bien sûr les supporters qui viennent aux matchs mais le poumon économique du club est ce club affaires qui se développe d’année en année avec plus de 300 partenaires à ce jour.

En parlant de la dynamique de stade, on voit que vous êtes dans une grande réflexion, Mathieu Bonello nous en parlait en conférence de presse, pour essayer de redynamiser la vie tout autour d’un match de rugby. En effet, aujourd’hui, un match de rugby se consomme avant, pendant et après le match et donc, une réflexion est en cours ?
Sur l’animation au niveau des matchs, il y a déjà l’Association qui a monté un petit chapiteau pour tout ce qui est frites, merguez et autres. Il y a toujours bien sûr le Comité d’Animations qui fait la Bodega et on a aussi mis en place ce qu’on appelle la Bodega des joueurs pour l’après-match, animée par l’un de nos partenaires et ça prend forme. Le spectacle est bien sûr le match mais on essaye de développer autour pour amener de l’animation et ça s’est très bien passé sur les deux premiers matchs qu’on a fait à domicile.

Quand on voit que Bourgoin à quasiment 6 000 personnes depuis le début de saison, Narbonne qui arrive à faire venir 3 à 4 000 personnes, à la limite plus qu’en Pro D2, il y a peut-être des choses à aller piocher chez les futurs adversaires ?
Oui, peut-être, après, on l’a vu, le public albigeois suit l’équipe dans les grands moments et les matchs importants mais ils nous suivent. On l’a vu l’année dernière sur les phases finales, on avait vraiment du monde et il faut que ça reprenne. Il faut aussi que les partenaires se mettent en place, on fait des repas VIP où on est peu nombreux en début de saison et puis, en milieu de saison, ça augmente donc je sais que ça va évoluer.

On va aussi parler des clubs autour, on a vu qu’il a un partenariat maintenant avec Graulhet. C’est également bien qu’Albi arrive à fédérer avec des clubs qui sont au-dessus et/ou au-dessous ?
L’Association, dirigée par Jérôme Assié et avec Kevin Boulogne, qui y travaille, s’était associée avec beaucoup de clubs, tous les clubs environnants. Pour Graulhet, c’est un peu différent, on a parlé de faire un match amical chaque année durant l’été pour diverses raisons, moi, j’ai une histoire avec Graulhet que vous connaissez et des liens avec eux. C’est de l’amitié entre nous et du partenariat pour jouer les uns contre les autres.

Et puis, un Graulhet fort peut aider Albi ?
Bien sûr. Je suis content qu’ils soient en Nationale 2, je suis fier d’eux et ça me rappelle de bons souvenirs. Ça fait monter le niveau, on fait des échanges parce qu’on peut leur donner des joueurs et eux nous en donner comme on peut le faire avec Castres ou d’autres.

Dans les clubs à forte dynamique, entre autres Bourgoin qui, pour l’instant, fait partie des clubs qui marchent bien en Nationale, on a vu qu’ils avaient intégré des anciens, de grandes légendes dans le club à des postes clé. Est-ce que ça peut aussi être un levier pour le Sporting Club Albigeois pour redonner de la fraîcheur comme, par exemple, Pascal Papé à Bourgoin qui est revenu amener sa science ?
Disons que, dans l’histoire du club, on n’a pas de grands noms comme ça qui sont partis et qui reviennent, on avait des noms mais qui sont partis et qui sont ailleurs. C’est d’ailleurs le problème du rugby professionnel à ce jour, les joueurs jouent dans un club, ils finissent leur carrière quelque part et souvent, ils restent dans la région où ils sont, c’est l’évolution du rugby. Il est sûr qu’on est preneur d’anciens joueurs mais c’est quand même difficile de les faire venir, c’est le rugby professionnel.

Il y a Julien Raynaud qui, en tant qu’ancien joueur, est un peu une boussole ?
Oui et il y a aussi Yogane . Ce sont des joueurs emblématiques d’Albi qui suivent et soutiennent le club, tous les deux sont même partenaires, ils sont dans le club. On en a donc quand même quelques-uns mais c’est vrai que, si on en avait un peu plus, ça serait encore mieux.

Un petit bilan sur ces 4 premiers matchs ? On va dire que la rencontre contre Narbonne a un peu levé la chape de plomb qu’il y avait sur le Stadium ?
On va dire qu’il y avait un peu de frustration depuis le début de la saison du fait des défaites qu’on aurait pu, et même dû, gagner. Le premier match à domicile n’a pas été très facile donc on était un peu inquiet mais ce match contre Narbonne a redynamisé le club et l’équipe car Narbonne est quand même un club emblématique et a une très bonne équipe. Franchement, je tiens à féliciter l’ensemble du staff et de l’équipe car on a eu un super match avec un super score et ça va redonner le moral pour la suite. Je compte sur eux pour continuer dans ce sens et gagner des matchs.

En parlant du staff, on sait que le binôme dirigeants / staff est un véritable pack. Comment est-ce que vous, les dirigeants, fonctionnez avec le staff, que ce soit Jean-Jacques Veyrac, Jean-Pierre Faure ou vous-même ?
Tout d’abord, il faut savoir que je suis le président mais je ne m’implique que dans ce que m’autorise le Conseil d’Administration. Je ne suis qu’un simple actionnaire, le club ne m’appartient pas et donc, c’est le Conseil d’Administration qui décide et moi, je le fais appliquer. Ensuite, on est bien sûr un groupe restreint en relation avec l’équipe et avec la direction administrative. On travaille main dans la main, on se réunit régulièrement, chaque semaine, pour faire le point sportif, administratif et financier avec toutes les parties. On travaille en osmose, en confiance, c’est très important, on travaille main dans la main et je suis donc très heureux de travailler avec le staff et toutes les personnes administratives. Tout se passe bien.

Il y a un sujet qui défraye la chronique dans le monde des supporters, les transferts. On entend parler d’un 10, d’un centre, d’un 2e ligne et on sait que la période régulière des transferts s’est finie le 30 Septembre mais, en Nationale, il y a la possibilité d’avoir 4 joueurs supplémentaires. Est-ce qu’on peut espérer et imaginer voir de nouvelles têtes arriver dans le groupe jaune et noir ?
La cible et l’urgence à ce jour sont plutôt dans les lignes arrières, c’est officiel, ils cherchent un N°10 et un N°12, ce sont les priorités, je crois qu’il a mis le 2e ligne au second plan. C’est aussi lié au budget, c’est assez difficile à trouver car sur le marché français, on n’en trouve plus, tout le monde recherche ces postes. La date du 30 Septembre est un peu faussée car aujourd’hui, comme tu l’as dit, on peut recruter 4 joueurs dans la saison donc ça permet à des clubs comme nous d’aller chercher d’autres joueurs dans la saison. On a l’équipe qui est faite, il faut tripler les postes et notamment sur ces deux postes-là sinon, on a l’équipe au complet.

Alain Roumegoux vous attaquez une 6e année de mandat à la tête du SCA. Comme vous l’avez dit, quand vous avez repris le club, c’était un peu le bazar et il n’y avait pas grand-monde qui levait la main. A la base, ça devait être un intérim mais c’est un intérim qui dure donc combien de temps l’intérim Alain Roumegoux va t’il durer ? Etes-vous à la recherche d’un successeur ou est-ce que vous continuez pour l’instant à pousser derrière la mêlée jaune et noire ?
C’est vrai que j’étais venu pour faire du court terme et, au départ, pour sauver le club, la chose a été faite tout comme équilibrer les comptes ainsi que donner des directives au niveau sportif. On y est, je suis élu par le Conseil d’Administration, je prends année après année et là, je me suis engagé pour l’année et on verra à la fin de celle-ci. Mais je ne suis là que de passage donc, s’il y a des gens qui sont intéressés pour s’investir dans le club, on les recevra, on pourra travailler avec eux et moi, je suis ouvert à toute discussion. Je suis là pour l’année et on verra en cours de saison.

Vous avez fait un quinquennat donc pourquoi pas un septennat ?
Je n’avais pas compté comme ça mais peut-être, pourquoi pas (rires) ?
Propos recueillis par Loïc Colombié

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