En amont de la 3e journée de Nationale 2 entre Graulhet et Mâcon, on va à la découverte de l’un des joueurs clés saône-et-loirien, Ioan Debrach.
Graulhet va Macon une rencontre à suivre des 14h50 sur Le #MagSport en direct radio

Tu es un demi d’ouverture qui a vu quand même pas mal de pays. Quand on suit ton parcours, tu as fait pas mal de clubs et à 35 ans, tu as un CV bien plein ?
Le rugby m’a fait voyager un petit peu à travers la France pour aujourd’hui entamer ma 3e saison consécutive à Mâcon et quand même la 7e en tout à l’ASM.

On va parler de tes débuts. Tu es né à Brive et tu as commencé le rugby en senior en pro à La Rochelle, en Pro D2, ce qui était un début tonitruant ?
Je suis allé à La Rochelle pour le centre de formation à 18 ans donc j’ai monté les classes petit à petit avant de fouler minute par minute le niveau senior, entraîné à l’époque par Serge Milhas. Ça ne va pas me rajeunir mais j’ai fait les premiers matchs en 9 avec Gérald Merceron à l’ouverture.

Une légende du rugby français quand même ?
Carrément, un mec en or. Il devait avoir à peu près l’âge que j’ai aujourd’hui, à savoir 35 ans, et il s’y filait comme un gamin de 18.

Après cette aventure à Deflandre, dans un club à part, La Rochelle, tu es parti à Périgueux et à Niort, deux équipes qui évoluent maintenant en Nationale 2. Il y a du travail qui a été fait entre le Périgueux et le Niort que tu as connu en Fédérale 1 il y a maintenant une décennie. Ce sont deux clubs qui sont maintenant restructurés en club pro pour Périgueux et qui tend à évoluer vers le professionnalisme pour Niort ?
Périgueux était déjà assez bien structuré, on avait perdu à l’époque en quart de finale contre Carca qui montait en Pro D2 et qui s’y est maintenu depuis. Le club a connu quelques déboires financiers mais là, ça a l’air de se structurer correctement. Pour Niort, c’est vrai que c’était un peu compliqué quand j’y suis allé mais ça fait maintenant des années qu’ils jouent le haut de tableau de Fédérale 1, qu’ils touchent aux phases finales pour maintenant atteindre la Nationale 2. Je ne les ai pas rejoués depuis mais je pense que ça doit être un club assez compliqué à jouer. Je suis content pour les dirigeants qui avaient fait du boulot et qui voient ces deux clubs évoluer de la bonne manière.

Après ces deux épisodes, tu es parti à Saint-Junien, un club qui est connu pour aimer un peu » le rugby chocolat » ?
J’ai passé une super année à Saint-Ju entraîné par Guillaume Lafont. Il avait recruté d’anciens brivistes et monté une équipe où on n’était pas trop gaillard donc pas trop chocolat. On essayait de jouer différemment et on a passé une super saison, à deux doigts de se qualifier donc c’est un très bon souvenir.

Pour terminer ta parenthèse dans l’Ouest, avant que ta carrière ne bascule dans l’Est de la France, tu es parti à Saint-Nazaire, un club qui est monté très vite et dont on connaît la fin un peu cataclysmique ?
Quand je suis arrivé, c’était Éric Catinot qui entraînait et qui nous avait vendu le projet avec Denis Liébaut comme président. On a aussi fait deux belles saisons, on perd en quart de finale contre Romans à l’époque sur un problème de licence, un joueur qui travaillait et qui jouait avait une mauvaise couleur de licence. Je n’étais pas dans les petits papiers mais ça nous avait valu une défaite sur tapis blanc. On s’était vraiment bien amusé mais après, je pense que financièrement, sur l’année d’après où j’étais parti à Mâcon, j’avais appris qu’ils étaient montés en Nationale et ça m’étonnait quand même au vu de la structure du club. Ça n’a pas duré longtemps car je crois qu’en Septembre à peine, ils avaient liquidé le club donc c’est dommage de voir trop haut, de vouloir grandir trop vite et de se retrouver avec un club qui repart de zéro.

On va maintenant parler de ta première ère mâconnaise. Qu’est-ce qui, à l’époque, t’avait poussé à relever le défi de Mâcon ?
J’ai rencontré ma conjointe au centre de rééducation à Capbreton, quand je jouais à Saint-Naz. Elle est athlète de haut niveau en snowboard cross, elle habitait à Val-Thorens et Val-Thorens / Saint-Nazaire, ce n’est pas la porte à côté donc j’avais cherché à me rapprocher un petit peu de Val-Thorens. Du coup, on s’est installé à Lyon et Mâcon m’a ouvert ses portes où on y a fait des saisons plutôt sympas. Voilà pourquoi je me suis retrouvé à Mâcon.

A ce moment-là, tu ferraillais sur les terrains avec un certain Guillaume Aguilar qui est devenu ton coach lors de ta seconde ère mâconnaise ?
Exactement et qui coache Nîmes aujourd’hui. Avec Aguil, on a fait 4 belles saisons et quand je suis parti à Bourg, il m’avait dit » t’inquiète, un jour, je t’entraînerai « . Il n’a pas eu tort et, du coup, on fait les deux dernières saisons qui, pour moi, manquaient un peu d’aboutissement puisqu’on perd justement contre Nîmes l’année dernière en 8e. Il y a eu un goût d’inachevé.

En parlant de Guillaume Aguilar, il est venu vous faire un petit clin d’œil le week-end dernier ?
On ne va peut-être pas revenir sur cet épisode encore trop frais (rires). Je plaisante mais oui, ils sont venus nous taper à la maison la semaine dernière 19-23. On est une équipe en construction puisqu’on a changé de manager mais aussi pas mal de joueurs et on voit sur le terrain qu’on manque un petit peu de repères collectifs mais on a un super état d’esprit et on travaille bien la semaine. Je pense qu’il nous faut encore quelques temps pour que les choses se mettent en place et que l’on propose un rugby qui va tendre vers quelque chose de vraiment sympa. Deux mois, c’est court pour se préparer à affronter des équipes comme Nîmes qui ont fait une belle saison l’année dernière, qui n’ont pas eu beaucoup de turn-over au niveau de l’effectif. On voit de suite qu’ils se connaissent et que les repères sont là donc, du coup, ça n’est pas évident mais c’est encourageant, il y a de bonnes choses. On a un match ce week-end à Graulhet et il va falloir que l’on essaye de venir chercher des points, ça ne va pas être facile mais il faut absolument qu’on prenne des points dimanche.

On va parler de tes deux saisons à Bourg-en-Bresse avec une première année en Pro D2 et la seconde qui est un peu la saison de la frustration de tout le sport français puisqu’est tombé sur les museaux le Covid et ce grand confinement ?
C’est ça. Ça a été une belle expérience en Pro D2 avec Bourg, un club qui a des valeurs, qui est beaucoup sur l’humain. Je suis arrivé dans un groupe qui avait connu une montée en Pro D2 sur la pointe des pieds car j’arrivais dans un groupe qui était très soudé mais l’année s’est super bien passée. On descend malheureusement à la dernière journée, ça se joue sur un point avec Aurillac sur une saison un petit peu étonnante puisqu’on descend avec 60 points au classement, ce qui n’était jamais arrivé. En tous cas, c’est une super expérience et après, comme tu l’as indiqué, il y a eu ce Covid qui vient te mettre à mal sur deux saisons et quand tu as 33 ans, les saisons sont quand même assez chères. C’est vrai que c’est frustrant de ne pas connaître la fin de saison avec Bourg, de stopper, d’être un peu calfeutré chez soi mais c’était compliqué pour tout le monde. Aujourd’hui, on a la chance que le Covid nous laisse tranquille, que l’on puisse enchaîner les matchs et ça fait quand même du bien.

Qu’est-ce qui t’a amené à revenir à Mâcon ?
Guillaume m’avait appelé en début de saison, il savait que j’arrivais en fin de contrat et Bourg-en-Bresse ne me proposait pas de prolongation. J’avais de toute façon une très bonne expérience à Mâcon, je m’entends très bien avec le président, les dirigeants et les bénévoles, on a quand même une structure qui est vraiment familiale et chouette. Ensuite, avec le fait que Bourg ne m’ait pas proposé de contrat, il n’y avait pas trop d’options non plus, je n’ai pas cherché ailleurs mais Mâcon m’a reproposé quelque chose et du coup, j’ai resigné.

Entre le Mâcon de ta première expérience et celui d’aujourd’hui, il y a quand même eu une montée en puissance financière et sportive ?
Financière et sportive, oui, il y a des ambitions mais on est quand même en reconstruction. Les ambitions sont là mais il ne faut pas brûler les étapes car quand tu as 15 recrues et un nouveau manager, il faut que la mayonnaise prenne, on ne repart pas de zéro mais pas loin. Il y a forcément eu du changement et, par exemple, par rapport à ma première expérience ici, je crois qu’il y a cette année 2 ou 3 joueurs avec qui j’avais déjà joué donc il y a quand même eu un gros renouvellement d’effectif. Les partenaires et le président travaillent pour structurer le club, on a donc des ambitions mais il faut aussi que l’on reste à notre place car il faut que ça se construise.

Est-ce qu’on sent déjà la patte Julien Véniat dans cette nouvelle équipe mâconnaise ?
Oui, bien sûr. Julien sait ce qu’il veut, il a une vision du rugby très propre à lui et il nous fait travailler dans son sens. Il a fait un recrutement qui, pour moi, est pas mal car il a vraiment ramené des valeurs que j’apprécie beaucoup dans le groupe. Du coup, on sent que le groupe vit bien et ça se ressent vraiment sur le terrain, il y a beaucoup de plaisir pendant les matchs ce qui est important. Après, il faut que l’on évolue ensemble sur le terrain la semaine et le week-end pour, typiquement, aller chercher des matchs comme celui de la semaine dernière et arriver à un peu faire la différence rugbystiquement mais ça, je pense que ça va venir.

J’imagine que vous avez analysé cette équipe de Graulhet sous toutes les coutures. Elle a produit pas mal de jeu sur les deux premiers matchs mais elle n’a pas été récompensée ?
C’est ça, je pense que c’est une équipe dangereuse si je peux l’analyser ainsi parce que c’est une équipe qui joue de partout et, forcément, une équipe qui joue crée des brèches, avance et met à mal les défenses. Du coup, il va falloir être vigilant, on est prévenu et j’espère qu’on répondra présent, on a eu un dernier entraînement vendredi après-midi avant de prendre le bus samedi et de faire ce long voyage dans le sud. On est prévenu, on sait que ça joue beaucoup, que ça peut marquer de beaux essais donc il va falloir être vigilant, patient et essayer de contrer ces attaques avec Boulogne qui est un très bon joueur donc il y a des atouts.

On peut parler de duel de vieux guerriers entre Debrach et Boulogne ?
De vieux, oui, de guerriers, je ne sais pas (rires). Il y aura un beau duel mais je ne peux pas te dire encore si je commence ce week-end donc, est-ce que le duel aura lieu ? Je ne peux pas te l’affirmer. Mais je serai content d’évoluer en face de lui car ça a été un sacré joueur et on voit aujourd’hui qu’il a de sacrés restes donc c’est toujours cool de jouer des joueurs de ce niveau. Il a encore une qualité technique qui est vraiment très propre.
Graulhet est un vieux bastion du rugby français des années 70 et 80 avec un ADN qui reste et un public un peu bouillant. Est-ce que ça fait aussi partie des données du match ?
Bien sûr ! Tu sais que, quand tu voyages comme ça, le public influence un peu l’arbitre aussi et puis, ça fait partie du rugby. On va être en terre hostile, on va se faire chambrer mais ça fait partie du jeu, il faut arriver à passer outre, arriver à imposer notre jeu et jouer à notre rythme. Ça, ça va être la clé du match.
On va finir avec la question décalée. Le week-end dernier, on était à Dijon avec, Simon Veyrac, un ancien coéquipier d’une de vos nouvelles recrues, Damien Nevers qui nous a donné une info ou une intox, on va voir. Il paraîtrait que Damien Nevers est arrivé avec un sponsor à Mâcon, les saucissons Cochonou, est-ce que tu confirmes ou non ?
Confirmé à 100%.
Propos recueillis par Loïc Colombié

Article en partenariat avec :