On finit notre focus sur le derby occitan de la 4eme journée de Nationale entre Albi et Narbonne, ce samedi 18h au Stadium Municipal d’Albi, avec Sylvain Abadie, le pilier du RCN.

C’est pour toi une 4e année en terre narbonnaise. A part le Top 14, on pourra dire que tu auras quasiment tout connu avec Narbonne : la Fédérale 1, la Nationale et la Pro D2 ?
Exactement. Quand je suis arrivé à Narbonne pour ma 1ère année, la période était un peu compliquée à cause du Covid avec une saison arrêtée qu’on n’a pas pu terminer. La seconde saison a aussi été un peu entachée par le Covid mais c’est la saison où l’on monte donc j’ai envie de dire que cette saison s’est plutôt bien passée. Ensuite, il y a une montée en Pro D2 où je pense qu’on n’était pas prêt à 100% pour la Pro D2, tout simplement. On a mal attaqué le championnat, on a couru après les points dès la première journée et après, c’est un peu compliqué et il y a eu une spirale négative dont on n’est pas arrivé à sortir. On a enchaîné les défaites mais, malgré ça, tout le monde est resté focus sur l’objectif qui était le maintien, ce qu’on n’est pas arrivé à faire. Ça arrive dans une carrière de rugbyman, il faut savoir ne pas reproduire les mêmes erreurs et apprendre de ces dernières.

On va revenir sur la saison 2020 / 2021, celle de la montée. Vous avez avancé un petit peu masqué, vous n’étiez pas l’équipe qui était la plus attendue au tournant mais à la fin, vous allez chercher cette montée en Pro D2. Pour toi mais aussi collectivement et pour le club, c’est quand même un moment fort des années modernes ?
Tout à fait, on a attaqué le championnat complètement en-dedans, on a perdu des matchs contre des promus et c’était compliqué. On a eu un second confinement juste avant Noël d’un mois et je pense qu’on s’est vraiment servi de ce confinement pour que tout le monde se remette un peu en question. Je pense que ça nous a fait du bien car on a attaqué le premier match à Tarbes sous la neige et la pluie et on avait gagné là-bas. Ça a fait du bien à tout le monde et après, on s’est mis à enchaîner les matchs gagnés et il me semble bien qu’on est resté invaincu à la maison jusqu’à la fin de la saison. De là s’en est suivie la montée.

Et ce match commando contre Nice ?
C’était un match très tendu. On fait un bon match, ce n’était pas le meilleur match à voir, il n’y avait pas de grandes envolées mais le résultat était au bout donc c’est le principal.

On va maintenant parler de cette intersaison où, même si tu n’es à Narbonne que depuis 4 ans, tu es maintenant devenu un cadre du groupe puisque pas mal de personnes sont parties du club. Et puis, à 32 ans, tu commences à avoir un peu de bouteille ?
Cadre, je ne sais pas, honnêtement, je ne me considère pas comme un cadre malgré mon âge. J’applique et je fais ce qu’on me demande et oui, peut-être que j’essaye d’apporter ce que je peux apporter au groupe. J’apporte mon expérience mais je reste à ma place.

Quel a été l’état d’esprit à la reprise car j’imagine que ça a quand même été un grand chamboulement ? Une nouvelle page s’écrivait avec un nouveau président, vous aviez le même coach mais un effectif complètement renouvelé
Plutôt bon, je pense qu’on a vraiment évacué pendant les vacances cette saison compliquée de Pro D2. On a vraiment rattaqué avec l’envie de faire mieux, d’apprendre de nos erreurs et je pense que le groupe entier a pris conscience de ça.

L’avantage d’avoir fait monter des espoirs est que la greffe a pris facilement puisque ces espoirs s’entraînaient avec vous depuis longtemps ?
Bien sûr. Ils s’entraînaient déjà avec nous l’année dernière en Pro D2 donc pour tout ce qui est codification de jeu et autres, c’était déjà acté par ces jeunes-là. Du coup, on a aussi été en avance par rapport à tout ça au niveau de la préparation.

Ce début de saison est quand même plutôt bien réussi avec deux victoires pour une défaite à Bourgoin même s’il y avait peut-être autre chose à aller chercher sur ce match-là ?
Oui, défaite à Bourgoin mais il y avait la manière donc, même si on ne peut pas se contenter du résultat, on est quand même sorti du match la tête haute. J’ai envie de dire que c’est bien car on a encore une marge de progression donc à nous de travailler encore. On va à Albi ce week-end et on sait comment ils sont, très agressifs et très compliqués à jouer donc il va falloir les respecter. Il va falloir que l’on construise le match petit à petit pendant 80 minutes et si tout se passe bien, j’espère qu’il y aura la victoire au bout.

Ces matchs entre Narbonne et Albi sont quand même toujours très particuliers. Il y a le côté un peu derby occitan mais aussi joute entre anciens bastions de l’ovalie ?
Peut-être mais, honnêtement, je ne sais pas. Quand j’étais à Auch et que je jouais Albi, j’ai ce souvenir de matchs très tendus et avec Narbonne, c’est un peu pareil aussi mais maintenant, plus ça va, plus je trouve que les derbys sont de moins en moins vraiment des derbys. Dans chaque groupe, plus ça va et moins il y a de joueurs vraiment du cru donc je pense que, par rapport aux groupes, les derbys se perdent un peu. Pour tout ce qui est spectateurs, bien sûr que ça reste un derby et que c’est tendu mais je pense qu’il ne faut pas se mettre de pression par rapport à ça et jouer notre jeu.

Pour aller dans ton sens et pour fixer le contexte, vous avez un bloc plutôt réussi et vous arrivez à Albi sans pression, s’il y a un résultat, ça n’est que du bonus. Par contre, du côté d’Albi, ils sont un peu dos au mur avec deux défaites à l’extérieur et ils sont obligés de se rattraper à domicile ?
On est peut-être dans un contexte où oui, ils sont obligés de se rattraper à domicile. Ils se sont fait huer par leur public donc ils vont être un peu tendus, nous, comme toute équipe qui se déplace, on se déplace dans l’optique de gagner. Il faut tout simplement y mettre la forme et ça passera par le combat.

Comment est-ce que tu juges cette équipe d’Albi 2022 / 2023 ?
Honnêtement, je pense que c’est une équipe qui s’est encore renforcée cette année, qui joue le haut de tableau tous les ans et que ça va être la même chose cette année. Franchement, je les vois dans le Top 6.

En parlant de Top 6, on ne va pas se mentir, y aller est vraiment l’objectif de Narbonne cette année ?
Exactement, l’objectif est le Top 6. Pour l’instant, on prend les matchs les uns après les autres, on ne pense pas forcément à ça, si on ne gagne pas de matchs, l’objectif du Top 6 ne sera pas atteint donc il faut être focus sur les matchs les uns après les autres. On verra après ce qu’il en sort, tout simplement.

Un petit coup d’œil dans le rétro, Auch, Massy, deux clubs qui sont en train de remonter dans les strates qu’ils avaient connues. Massy a retrouvé la Pro D2, Auch est monté en Nationale 2 et, petit à petit, remonte tous les échelons qu’ils avaient dégringolés. Quels sont tes souvenirs avec ces deux clubs et que penses-tu de leur histoire moderne ?
Personnellement, je garde une très, très bonne expérience de Massy, c’est un club qui a vraiment, vraiment des valeurs, j’ai retrouvé les mêmes qu’on avait à Auch. Je suis content pour eux qu’ils soient remontés en Pro D2 et je leur souhaite vraiment de se maintenir et de faire une belle saison. Concernant Auch, c’est mon club de cœur donc je ne peux en dire que du bien. Ils ont fait 4 montées en 4 ans, ils ont été champions de France de Fédérale 2, ils ont fait une belle remontée en 4 ans et sont en Nationale 2 cette année. Ils ont gagné leurs deux premiers matchs donc je pense qu’ils sont toujours sur cette euphorie de 4 montées en 4 ans. Ça continue et c’est bien pour eux, je suis content et que ça dure, tout simplement.

Si on suit ton raisonnement, tu attends les Auscitains à bras ouverts en Nationale ?
Ah, ça serait chouette oui ! Ce serait la suite logique car ils travaillent dur et ce serait forcément la suite logique des choses mais il faut voir. Ils ont une saison en Nationale 2 à faire et ils verront ce qu’il en sera à la fin de cette saison.

Pour boucler la boucle, est-ce qu’on peut t’imaginer finir ta carrière à Auch ?
Honnêtement, je ne me pose pas la question. Je suis bien à Narbonne, j’y ai tout mon plaisir, je ne ferme pas les portes mais je ne me pose pas la question. Pour l’instant, je suis à Narbonne donc je suis à Narbonne.

Comme d’habitude, on va finir avec la question décalée : vu la période que tu as passé à Massy, tu as eu la chance de connaître Andrew Chauveau jeune ?
Oui, je l’ai connu quand j’étais à Auch.
Est-ce qu’il était déjà aussi sérieux ?
Oui, il était toujours très sérieux, jamais un mot de travers (rires).
Propos recueillis par Loïc Colombié
