On va faire un tour en Bretagne avant le déplacement du Rennes Etudiant Club en terres albigeoises lors de la J2. Pour nous parler du REC, nous sommes allés à la rencontre de son manager, Kevin Courties.
Retrouvez samedi dès 17h40, la rencontre Albi Vs Rennes en direct radio en cliquant ci dessous :

On s’était eu il y a quelques semaines de cela, à l’aube d’une finale historique pour monter en Nationale et pour décrocher un titre de Fédérale 1. Entre temps, le Rennes Etudiant Club a franchi la dernière marche, remporté le titre ce qui a dû mettre un peu de baume au cœur du club ainsi qu’une très belle dynamique ?
Oui, une belle dynamique en interne, ça a été un chouette moment, un moment historique, l’événement d’une vie. C’est un super souvenir, c’est un aboutissement et ça nous a amené à basculer sur un nouveau projet, qui est en création et en construction, et qui a démarré la semaine dernière.

Un nouveau projet avec quelque chose qui doit être un peu compliqué pour toi à savoir garder la dynamique de la montée tout en ne partant pas dans l’emphase ?
La dynamique de la montée, c’était l’année dernière. C’est plutôt la finalité de la montée car là, on est sur un autre niveau, un autre secteur, un autre environnement et un autre monde et on a été très clair avec les joueurs là-dessus, si on reste sur le passé, on ne va pas s’endormir sur nos lauriers mais on va se satisfaire de ça. Le projet a été de remettre tout le monde sous le bleu de chauffe, de certes garder la fraîcheur et la solidité du groupe de l’année dernière mais on est dans quelque chose de tellement nouveau que l’on se projette sur un nouveau chantier et sur une nouvelle mission. La saison passée et ce qui s’est passé en fin de saison étaient un aboutissement mais là, on joue tellement d’équipes plus expérimentées que nous qu’il ne faut pas que l’on s’appuie sur ce qu’on a fait l’année dernière sinon, on va passer trop de temps dans le passé et on va oublier ce qui nous attend.

Tu as des joueurs qui sont à Rennes depuis la Fédérale 2 voire même la Fédérale 3. Comment as-tu prévu de les amener à passer un nouveau cap, ce fossé qu’il y a entre la Fédérale 1 et la Nationale ?
On a la chance d’avoir une équipe travailleuse dans la volonté de s’entraîner, de progresser et de résoudre des problématiques donc c’est un confort pour nous pour favoriser leur progression. On n’a pas affaire à des joueurs finis, on a une moyenne d’âge qui, je crois, tourne autour de l’année 1996 ou même proche 97, j’ai peu de trentenaires. Ce sont donc des joueurs encore en construction et en formation parce qu’ils sont sur le tard, je n’ai que deux joueurs qui ont connu le niveau Nationale ou Pro D2 la saison passée. J’ai de jeunes joueurs qui sont passés par les centres de formation, qui ont eu des expériences en Pro D2 ou en Top 14 mais je n’ai pas de joueurs expérimentés dans ces niveaux-là. Ils sont donc toujours en apprentissage, en mise à niveau, en évolution et c’est leur énergie qui va faire qu’ils vont se mettre au niveau de la Nationale.

Qui dit jeunesse dit fougue et un brin d’insouciance. Est-ce que ça peut être l’un des leviers pour soulever des montagnes ?
Ça payera à un moment donné mais aujourd’hui, c’est un secteur qu’il faut que l’on arrive à maîtriser pour ne pas, comme contre Suresnes notamment, faire des bêtises pour offrir des séquences de jeu ou des situations de marque un peu trop évidentes à l’adversaire. La débauche d’énergie, la fraîcheur physique et la qualité technique, c’est bien mais dans le temps, il va falloir que l’on crante vite sur la maîtrise des événements, l’intelligence d’enchaînements de séquences et bien conduire notre jeu car on n’a pas la place de donner des points à l’adversaire.

1M9 de budget, seulement 13 contrats pros, vous avez la pancarte de petit poucet sur le côté financier et nombre de l’effectif. Mais c’est une pancarte qui vous convient bien car, comme on l’a vu l’année dernière, vous aimez bien surprendre tout le monde ?
Il y a un petit peu moins que ça sur le budget et on va dire qu’on est tout en bas. On ne joue pas les » petits pots « , on est conscient de nos moyens et on travaille en fonction de ces derniers. D’un point de vue autre que financier, on arrive d’un endroit encore en développement au niveau plus et on combat plus le côté contre-valeur qu’on nous vend de par certains voisins pour se donner de l’énergie que de s’accabler sur notre sort par rapport aux moyens financiers. Ils grandiront car nos dirigeants travaillent dur, parce-que le bassin économique rennais est porteur et qu’on doit nous faire en sorte d’être connu et reconnu dans notre bassin. Ça ira avec le temps, ça va demander de réussir sportivement mais par contre, on va s’atteler à montrer que le rugby existe en Bretagne depuis très longtemps et que, quoi qu’on en dise, le club a 62 ans et qu’on ne découvre pas l’activité. Comme la saison passée sur certains matchs, on ne va pas s’en cacher, on va montrer qu’on sait où on est et qu’on n’a pas besoin qu’on nous apprenne ce sport. On a besoin d’apprendre à mieux le maîtriser mais ça, c’est une histoire de jeunesse et de collectif donc c’est plutôt là-dessus qu’on va s’appuyer.

Quand on voit Massy l’année dernière, qui n’avait pas le plus gros budget mais qui fait des choses admirables entre autres par un ADN formateur, est-ce que ça ne vous donne pas des idées ?
Ça donne des idées, nous aussi on aime bien être actif sur ce vecteur de formation car je pense que c’est le rôle de toute association et de tout club d’en avoir. C’est la continuité du développement de notre pratique mais aussi du développement d’un club, d’une identité, d’un maillot, c’est important. La problématique aujourd’hui est qu’on avait déjà une formation qui était en construction la saison passée et là, avec l’accession en Nationale, on a encore plus de travail. On se met sur ce travail-là et on y met des moyens mais on n’a pas encore ce pouvoir de formation de Massy par contre, ils font partie de ces clubs qui inspirent dans cet aspect-là. J’ai vu dernièrement dans tes lignes que tu avais noté que Suresnes était aussi un club qui mettait des moyens sur la formation, c’est le cas et c’est quelque chose qui nous parle au club.

En parlant de Suresnes, c’était la première rencontre historique pour le Rennes Etudiant Club en Nationale mais, malheureusement, vous n’avez pas pu jouer dans votre pré habituel à cause de la sécheresse. Que peut-on retirer de ce premier match face à Suresnes perdu 29 à 19 ?
On peut en tirer que si on avait fait comme tous les autres et qu’on avait pu jouer dans notre stade, je pense qu’on aurait eu les ressources pour aller chercher au moins un point, ce qui n’aurait pas été volé. Aller chercher la victoire aurait été super mais la précision du jeu de Suresnes sur le match et la qualité des joueurs adverses ont fait que leur victoire n’est pas volée mais on méritait d’aller chercher un point de par ce qu’on était en capacité de donner sur un premier match de Nationale, même si notre premier match de niveau national avait quand même eu lieu l’année dernière lors de la finale. Mais je regrette d’avoir joué loin de notre stade, même si ce n’était qu’à 10 km, car on en avait besoin pour aller chercher un point qui comptera peut-être sur la fin de saison. On va continuer de bosser, on va continuer d’y aller, il y avait quasiment 50 points en tout sur le match, je pense qu’il était plaisant à voir et plaisant à jouer. Il va nous servir à grandir et c’est toujours agréable de jouer contre Suresnes car ce sont toujours des matchs ouverts, c’est top.

On va maintenant se projeter sur la seconde journée et un premier déplacement pour Rennes chez un ex-pensionnaire de Pro D2, Albi. Quel est pour toi le contexte de ce match ?
On va jouer l’une des premières équipes ultra expérimentées de ce championnat donc on va y aller la tête haute. On va y aller avec nos armes, essayer de les mettre le plus haut possible dans notre jeu, on va défendre chèrement notre peau et on va poursuivre notre réglage à court terme du moment à savoir ne pas être trop décousu. On va aussi poursuivre notre travail de long terme c’est à dire mettre notre jeu en place au fil du temps, le plus rapidement possible bien sûr mais on sait que ça prend du temps. On sait que ça va être une grosse partie et que ça sera très compliqué et on espère être en capacité de rivaliser à minima.

Vous arrivez à Albi qui est un peu une bête blessée puisqu’elle a perdu son premier. On sait donc qu’il va sûrement y avoir une grosse réaction d’orgueil à domicile pour les Albigeois ?
Ils auraient gagné le match contre Blagnac, ça n’aurait pas changé car je pense que tu as envie de réussir le premier match à la maison. Le contexte de la première journée de championnat fait que tu tombes à 4 points à Blagnac où tout le monde sait qu’il est difficile d’aller. J’ai connu le club quand j’entraînais les féminines à l’époque et ils étaient déjà tout le temps compliqués, c’est un club qui a des vertus donc c’est une défaite avec bonus def dans un presque derby même si je ne sais pas si vous, dans votre secteur, vous appelez ça un derby.

Oui, c’est un derby
Nous, il faut qu’il y ait trois heures de route pour que ça s’appelle un derby (rires). C’est une défaite qui est une étape dans leur championnat et de toute façon, on sait qu’aujourd’hui, pour leur premier match chez eux, ils vont avoir à cœur de montrer un beau visage et de confirmer leur statut de favori. Au-delà du résultat de la première journée, on sait que, de toute façon, on va se déplacer dans un contexte très difficile.

J’imagine que tu as disséqué le match entre Blagnac et Albi. Est-ce que tu as perçu des failles dans ce jeu albigeois ?
On est en train de travailler dessus. J’ai commencé à regarder hier matin car on se concentre déjà beaucoup à résoudre nos problèmes avant d’observer les problématiques des clubs adverses, on a déjà assez de boulot comme ça. On a quand même déjà commencé à regarder et sur le match de Blagnac, on voit des choses différentes par rapport à nos principes de jeu à nous, une mêlée conquérante, une touche conquérante autour de Roussel, une défense qui est bien en place, un jeu au pied qui maîtrisé ainsi que les sorties de camp. On a peut-être après des points à voir sur des bricoles mais on va surtout essayer d’adapter correctement notre jeu par rapport à ce que propose Albi. On va avant tout essayer d’être très bon chez nous avant de bosser à contrer les adversaires.
Comment juges-tu ce nouvel effectif albigeois ? Il est quand même très porté sur de l’expérience Pro D2 ?
Il est plein d’expérience, là-dessus, on ne joue pas du tout dans la même cour (rires). On a des joueurs qui ont du métier, qui maîtrisent les moments et les ballons importants, ça va être une belle confrontation de style et tant mieux car c’est aussi pour ça que l’on voulait accéder à la Nationale, c’était pour continuer de progresser et de grandir. On va jouer des gars qui vont être très efficaces sur les fondamentaux et qui ne feront pas le geste inutile ou la passe de trop, c’est certain.

On a eu jeudi en interview ton talonneur, Alexandre Fau qui nous disait » on va venir à Albi sans pression et sans complexe « . Tu corrobores ces propos ?
Qu’est-ce qui ferait qu’on aurait des complexes et de la pression ? Je te retourne la question.
Rien
Voilà (rires). On sait d’où on est, on sait d’où on part, on sait d’où on vient, on sait où on veut aller, on est conscient de tout ça donc si on commence déjà à gâcher un déplacement dans l’enthousiasme, le travail, la cohésion, l’état d’esprit, les intentions, dans tout ça, si on le gâche parce qu’on se déplace à Albi qui a un passé tellement décuplé par rapport au nôtre, on va se griller une journée sur 24 donc super ! S’il faut qu’on attende la 18e journée pour croquer la chance qu’on a d’être dans ce championnat et de côtoyer ce type de club, d’environnement, d’équipe, de joueurs, c’est dommage. Donc on va y aller pour être le plus pertinent possible, représentant notre région le plus possible et si on a une toute petite chance d’avoir quelque chose qui s’ouvre à nous, on va tout faire pour plonger dedans. Et si ça ne s’ouvre pas, on va tout faire pour que ce soit fermé le plus longtemps possible. On n’a pas de raison d’être sous pression ni de raison d’être spectateur, on a gagné notre droit d’être là.
Merci pour cette interview et rendez-vous ce soir à 18h au Stadium Municipal pour un joli Albi / Rennes
Avec plaisir
Propos recueillis par Loïc Colombié
