#Rugby – Pro D2 / Martin Doan (Stade Montois) : «Un rêve d’enfant et le Graal de toucher le bout de bois!»

Le jeune albigeois Martin Doan vient de vivre un rêve éveillé durant cette saison 2021/2022 en choisissant de quitter son tarn natal et son cocon du Sporting Club Albigeois. En coupant le cordon ombilical avec les jaunes et noirs, ce 1/2 de mêlée lancé dans le grand bain par Arnaud Méla, a passé un cap en effectuant sa première saison en Top 14 sous les couleurs du MHR. Sur les bords de la Méditerranée, l’ex albigeois a foulé pour la première fois des pelouses qu’il ne voyait qu’à la télé, mais a aussi mûri à côté de grands noms de l’ovalie tout en participant a l’épopée des Montpelliérains. Après avoir joué face à la référence à son poste (Antoine Dupont), soulevé le Brennus, Martin Doan va poursuivre son apprentissage du haut niveau en découvrant la Pro D2 cette année. Prêté pour une saison au Stade Montois, c’est dans un club illustre du rugby français que l’enfant du Stadium va tenter de poursuivre son histoire personnelle avec ce sport qui lui est chevillé au corps depuis sa plus tendre enfance. Rencontre avec un joueur qui vient de toucher le graal d’une carrière avec ce titre de champion de France TOP 14, mais qui n’oublie pas d’où il vient et surtout que son cœur bat irrémédiablement en jaune et noir.

 

Credit photo MHR Officiel

 

Tu es parti d’Albi l’année dernière mais d’un été à un autre, il s’en est passé des choses, et de belles choses, pour toi ? 

 

C’est sûr que ça a été une belle transition et une belle année pour moi, j’ai connu des choses qui sont très rares et qu’on peut ne jamais connaître dans le rugby. C’est vrai que c’est un rêve d’enfant et c’est quand même génial. 

 

On va un peu lister tout ce que tu as connu en un an. Déjà, tu as signé à Montpellier, l’un des clubs phares du rugby français, tu as connu le Top 14, tu as fait un match contre Antoine Dupont qui est la référence à ton poste et le meilleur joueur du monde, tu as connu la Coupe d’Europe et le Saint-Graal du Saint-Graal, tu as touché le bout de bois, le Brennus ? 

 

C’est ça, j’ai connu une belle aventure cette année avec Montpellier. C’est vrai que j’ai eu la chance de jouer contre des joueurs de classe mondiale comme Antoine Dupont, ce qui était un rêve d’enfant et le Graal dans tout ça, c’était bien sûr de toucher le bout de bois. J’en ai discuté avec certains joueurs et certains anciens de la maison montpelliéraine qui disaient aux jeunes, et notamment moi  » Profitez de ces moments-là car ça peut être très rare dans une carrière, certains ne l’ont jamais touché donc profitez-en car ça peut ne plus jamais revenir « . C’est vrai que c’est quelque chose de mémorable.

Pour toi, ça a quand même été linéaire tout au long de la saison. Il y a eu tes premiers pas en Top 14 avec certes quelques blessures mais tu es revenu après et on a vu que ceux qui te prédisaient un peu la misère en Top 14 en ont eu pour leur argent ? 

 

C’est vrai qu’au début, on ne donnait pas cher de ma peau. Je me suis entraîné dur, j’ai eu quelques blessures durant la saison mais j’ai toujours su revenir au maximum de ma forme, j’ai donné tout ce que j’avais en moi. Aujourd’hui, j’ai achevé cette saison avec aucun regret et plutôt content de cette année, ça m’a permis de me rendre compte de certaines choses et aussi de montrer aux gens qui ne croyaient pas en moi que j’étais capable de réussir. 

Quand tu étais au Stade de France, à quelques minutes de cette finale de Top 14 face, en plus, ironie du sort à des Tarnais en l’occurrence les Castrais, quelles ont été les émotions qui t’ont envahi tout comme quand tu as touché le bout de bois ? 

 

J’étais déjà fier de pouvoir participer à cette finale en tant que 24e. Rien que de participer à l’échauffement était déjà un rêve de fou, s’échauffer devant 80 000 personnes, c’est assez incroyable, c’est quasiment le nombre d’habitants à Albi donc ça a été ma référence pendant un moment (rires). C’est vrai que c’est assez impressionnant quand on rentre dans ce stade, c’est un mur d’humains, j’avais pu le vivre cette année en allant voir France / Irlande car c’était la première fois que j’allais au Stade de France. Le Graal, c’était d’y aller pour la fin de saison et en plus, toucher le bout de bois. Quant à l’émotion, on ne réalise pas trop sur le moment, c’est quelque chose de  » waouh « , d’incroyable et puis, petit à petit, durant la soirée, on réalise qu’on a fait quelque chose d’exceptionnel en devenant champions de France. En plus, c’est la première dans l’histoire de Montpellier donc ce n’était pas rien, avec un groupe jeune et nouveau. Beaucoup de gens ne donnaient pas cher de cette équipe avec la saison qu’ils avaient passé l’année d’avant mais on a su montrer qu’on avait du caractère et qu’on était un groupe. C’est vrai que c’est une émotion qui est quand même mémorable. 

Tu as peut-être aussi dû penser à tous les éducateurs et tous les copains que tu as connu à l’école de rugby en jaune et noir ? 

 

Bien sûr, j’avais une grosse pensée pour toutes les années que j’ai pu faire à Albi, pour toutes ces personnes qui m’ont accompagné durant mon parcours au sein du Sporting Club Albigeois. J’ai beaucoup pensé à Méloche (Arnaud Méla) qui est une grande personne et qui m’a justement permis d’arriver là aujourd’hui et bien sûr à tous mes amis avec qui j’ai pu jouer. C’était une fierté pour moi et j’espère les avoir rendus fiers en soulevant ce bouclier de Brennus.

On a eu l’impression que la fête après cette victoire a été aussi longue qu’une saison entière ? 

 

Il est sûr que c’était une belle fête, on a bien profité (rires). Comme je l’ai dit, ces moments-là peuvent n’arriver qu’une fois dans une vie et comme on était une belle bande de potes, on a bien profité tous ensemble et c’est vrai que c’était quand même génial, toute la bringue était mémorable. 

 

Dans cette équipe de Montpellier, tu as dû prendre de l’expérience aux côtés de Guilhem Guirado, Fulgence Ouedraogo et de toutes ces stars mondiales qu’il y a en son sein ? 

 

Je me suis évidemment inspiré de leurs paroles toute la saison, de leur force mentale et notamment de celle de Benoît qui n’a pas été épargné par les blessures mais qui est toujours revenu et qui a fait des phases finales monstrueuses. Je me suis inspiré de tout ça, j’ai écouté ce qu’ils pouvaient m’apporter pour la suite de ma carrière. C’est vrai que ce sont des personnes qui comptent beaucoup aujourd’hui car ce sont des personnes qui ont voulu faire la passation de très belle manière et nous, de notre côté, on a voulu leur rendre et on l’a fait aussi de la plus belle des manières, notamment pour Guilhem et Fufu qui terminent leurs carrières sur un titre de champion de France et c’est quand même magnifique. 

Quand tu es parti d’Albi, on te sentait un peu feu follet et tourbillon. Aujourd’hui qu’on t’a au téléphone, tu sembles plus posé et mature, on sent que cette expérience à Montpellier t’a aussi fait évoluer dans la personne que tu es ? 

 

Oui, tout à fait. C’est vrai que quand je suis parti d’Albi, j’étais un peu foufou mais quand on arrive dans ces championnats-là, il faut être un peu plus canalisé car toute l’énergie que l’on garde sert pour les entraînements. J’ai également rencontré ma compagne qui m’a aussi beaucoup fait évoluer dans ma personne, m’a apporté un équilibre et m’a beaucoup fait évoluer dans ma vie de tous les jours. Aujourd’hui, on construit notre avenir petit à petit et c’est vrai que j’ai pris un autre chemin comparé à il y a deux ans. 

En parlant d’autres chemins, il y en a un qui t’amène dans les Landes, au Stade Montois, en Pro D2, dans un club qui est ambitieux et qui a fait une superbe saison l’année dernière. On parlait d’Antoine Dupont que tu as affronté mais là-aussi, tu vas devoir remplacer l’un des grands espoirs du rugby français en la personne de Léo Coly ? 

 

Je suis déjà très, très fier d’arriver dans cette équipe. Quand je vois la saison qu’ils ont fait l’année dernière, c’est, je l’espère pour moi, un tremplin, le but étant de prendre un maximum de temps de jeu avec eux, de prendre encore plus en maturité et de pouvoir faire part de mes qualités au sein de l’équipe mais aussi d’apprendre. Il y a de très grands joueurs dans cette équipe comme Willie Duplessis qui joue à l’ouverture et qui a une très grande expérience, James Hart en 9 qui a quand même un sacré bout de chemin derrière lui. Donc, c’est aussi prendre de l’expérience et, comme je le répète à beaucoup de monde, je ne viens pas pour remplacer Léo Coly, je viens pour apporter quelque chose de supplémentaire. Je ne me compare pas aux autres, je suis Martin Doan et je vais bosser pour apporter toutes mes qualités et le meilleur de moi au sein du club et on verra bien après comment ça se passe pour la suite. 

C’est quand même un paradoxe car tu connais le Top 14, la Fédérale et la Nationale mais tu n’avais pas encore mis un pied en Pro D2. Tu vas découvrir ce championnat qui est haletant ? 

 

C’est ça, exactement. J’aurai connu trois divisions en un an mais je pense qu’aujourd’hui, la Pro D2 est un championnat qui est tout aussi relevé que le Top 14 parce-que toutes les équipes sont mortes de faim. Il va falloir batailler tous les week-end d’autant plus qu’après la saison de Mont-de-Marsan, on va être attendu dans tous les clubs donc, c’est un joli challenge qui m’attend. 

Parle-nous un peu de l’ADN et de l’âme de ce club du Stade Montois. Qu’est-ce que tu as ressenti lors de tes premiers pas ? 

 

C’est un peu comme Albi, je m’y suis senti un peu pareil. C’est très famille, les gens autour du club sont très présents, tout le monde est très agréable, a envie de rendre service et d’aider. C’est une très belle ville, les gens sont très gentils et les joueurs de l’équipe sont extrêmement bienveillants, notamment les entraîneurs. Depuis les deux semaines où j’y suis, je m’y sens très bien et c’est très agréable. 

Il y a quelque chose qui doit te rassurer, c’est que tu vas jouer en jaune et noir et ce sont des couleurs qui te vont bien ? 

 

C’est ça, je ne voulais pas trop m’éloigner de mes couleurs de cœur et c’est vrai que c’était quand même un plus pour moi de rejouer en jaune et noir (rires). 

En parlant de jaune et noir, on va te demander ton regard sur l’Albi moderne. Qu’est-ce que tu penses d’Albi ? On t’a vu venir pour les play-off, tu as ce club dans la peau et tu le suis quand même tous les jours ? 

 

Albi est le club dans lequel j’ai évolué pendant 16 années, ça ne s’oublie pas comme ça. J’avais encore la plupart de mes amis qui jouaient au sein de ce club l’année dernière donc j’ai fait le déplacement pour venir les supporter. Aujourd’hui, Albi prend une nouvelle direction, comme l’année dernière et je soutiendrai toujours mes amis qui sont dans le club et je regarderai toujours le Sporting malgré le départ de beaucoup, beaucoup d’amis à moi donc je vais devoir suivre de plus en plus de clubs (rires). Mais je soutiendrai toujours Albi et j’espère qu’ils vont faire une belle saison. 

 

On te remercie et on te souhaite à toi une belle saison et de belles aventures aussi riches que l’année dernière en Pro D2 au Stade Montois

 

Merci beaucoup

Propos recueillis par Loïc Colombié

Article en partenariat avec :

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