#Rugby – Nationale / Mathieu Bonello (Albi) : «Il y a encore des trucs que je ne comprends pas dans le rugby français!»

Le manager du Sporting Club Albigeois nous a livré une interview bilan, après une saison qui a vu les jaunes et noirs échouer à 80 minutes de la Pro D2. Face à une équipe de Massy qui a ultra dominé le championnat, l’ex coach des Essonniens ne pouvait que constaté la supériorité des futur pensionnaires de Pro D2 et louer l’ensemble de leur œuvre. Mais celui qui préside les destinées sportives du SCA depuis un an, était un brin remonté contre les instances du rugby français et a mis à l’index ce qui lui semblait être des éléments contextuels connexes à la rencontre lui étant resté en travers de la gorge. Malgré la non accession des albigeois en Pro D2, l’originaire de Gaillac était fier de ses gars et de la saison qu’il a effectués leurs côtés. Mathieu Bonello dans cet entretien grand format s’est aussi projeté sur l’avenir, sur les perspectives en terme de recrutement, sur le large turn over opèré et sur le prochain exercice étant le tome II du livre qu’écrit l’ex castrais avec le club de la cité épiscopale.

Tu nous avais dit que tu ne voulais pas que tes gars aient des regrets à l’issue de cet access match. Malgré la lourdeur du score face à Massy (40-10) , ils se sont battus comme des diables de la 1ère à la 80e minute et ça, tu ne peux pas leur enlever ?

Oui, ils s’y sont filés mais on a été dominé dans des secteurs qui nous ont mis à mal. J’ai aussi trouvé des choses bizarres sur le match mais, encore une fois, ils ont été meilleurs et il faut les féliciter. 

Dans la construction de ton groupe, ça va quand même être une étape fondatrice car vous avez pris de l’expérience?

On a pris de l’expérience. Je l’ai dit et je reste toujours dans la même lignée, quand je disais qu’on n’était pas prêt pour monter, ça s’est avéré sur le terrain. Il faut accepter le score, construire avec ça car, dans la construction, tout ne s’est pas fait en un an ou en dix mois, il faut accepter ça. 

Tout au long de la saison, tu nous as parlé de l’esprit et de l’âme. Peut-être que le symbole en est l’essai de Gilen Queheille, à l’arrache, à la fin, qui montre une réaction d’orgueil ?

L’âme, on l’a mais on a été battu par meilleur, on n’a pas existé sur le match retour.

Une fois l’adrénaline de ces play-off redescendue, une analyse à froid sur cette double confrontation face à Massy ? 

 

On a manqué notre match retour dans ce qu’on voulait faire donc il y a de la déception, pas tellement sur le résultat mais sur la prestation que l’on a fait à Massy. 

 

On a vu que vous aviez eu du mal à défendre sur les groupés pénétrants avec pas mal d’écrans. Il a peut-être manqué d’un peu d’adaptation sur cette interprétation de la règle ? 

 

Adaptation, je ne sais pas mais quand j’ai reçu toutes les recommandations dans la semaine avant le match et qu’il fallait que l’on fasse gaffe aux mecs qui passent derrière le corps arbitral, j’ai essayé de faire attention. Je pense que ça n’a pas été le cas sur la demi-finale donc je me dis qu’il y a eu deux poids deux mesures et que c’est un peu problématique. Mais s’ils les ont réussis, c’est qu’ils les ont bien faits aussi et qu’ils se sont servis de la règle donc je n’ai rien contre eux , je dis juste que la règle doit être appliquée pour tout le monde.

Avec le recul, comment est-ce que tu expliques ce non-match à Massy ? 

 

J’ai envie de dire que ce n’est pas facile de l’expliquer car il y a eu de multiples raisons. Ça peut être la fatigue, le fait d’avoir mené de 12 points, est-ce qu’on a joué le match avant, est-ce qu’il y a eu la pression de l’enjeu … il y a plein de raisons. Moi, ce qui me pose problème, c’est qu’on a été avalé dans l’enthousiasme, dans l’agressivité et l’envie. Quand tu joues au rugby, dans n’importe quel niveau et n’importe quel match, si tu es battu dans ça, tout le reste devient plus dur donc qu’on ait été dominé par moment sur le secteur de la touche, oui. Ça avait l’inverse à l’aller où on avait été dominé en mêlée tandis que là, on a été plutôt bon donc, en fait, je pense qu’il ne faut pas analyser les secteurs de jeu mais plutôt le comportement. Pourquoi en est-on arrivé à ce comportement-là sur une demi-finale retour ? Ça me pose plein de questions. 

Il est trop tôt pour l’instant ? 

 

Non, ce n’est pas trop tôt, j’essaye de tourner mon analyse pour savoir pourquoi. Parfois, les entraîneurs répondent à ces questions-là mais réellement, pourquoi est-ce qu’on a fait un non-match, je ne le sais pas aujourd’hui. 

 

Vous avez peut-être laissé pas mal de carburant lors des deux matchs sous la canicule face à Chambéry et Massy ? 

 

Il y a peut-être ce truc-là mais je n’y crois pas. Tu es à 80 minutes d’une finale, tu sais ce qui t’attend, tu vas chez l’ogre de la poule et si tu n’as pas envie de te surpasser, d’un supplément d’âme et de te bouger, tu n’auras jamais envie. Qu’on soit un peu plus fatigué avec un match de plus dans les cannes, oui bien sûr, on en était au 4e match de suite et on sait que c’est un peu la limite en Nationale. Dès que tu commences à être à 4 / 5, tu sais très bien qu’il faut faire gaffe mais sincèrement, je pense qu’ils avaient les ressources physiques pour faire ce 4e match, peut-être pas 5 mais 4 oui. Je sais aussi qu’on était en place physiquement donc ce n’est pas cette raison-là, je pense qu’on a des déficits mentalement sur ce match.

Il y a aussi eu l’indiscipline car vous faites pratiquement autant de fautes en 40 minutes que sur toute la saison ? 

 

C’est ça, quand tu prends un rouge et trois jaunes, qu’est-ce que tu veux exister derrière ? Pareil, je pense qu’on a manqué de maîtrise et je m’arrêterai là. 

 

C’est quand même dans la logique des choses que Massy monte. Ils ont été premiers de la saison régulière, ils ont été meilleurs sur l’ensemble des deux matchs donc ça reste logique ?

 

Je n’ai rien contre Massy et, au contraire, je suis très content qu’ils montent, ce n’est pas ça le problème mais surtout la prestation que l’on a faite. Depuis le premier jour où je suis arrivé, je vous ai dit que l’objectif était de construire et pas spécialement de monter à tout prix lors de cette première année parce-que je sais le boulot qu’il y a à faire. Je sais qu’on était en reconstruction, qu’il y a beaucoup, beaucoup, énormément de travail à faire et à l’intérieur de l’équipe et tout autour d’elle donc je ne vais pas vous dire aujourd’hui  » c’est dommage, on n’a pas atteint l’objectif « . L’objectif était atteint puisqu’au début, c’était les 6 premiers et qu’à la fin, on a fini 4e, après on a été en demi, on a fait une demi-finale aller / retour où le retour comptait. On est au même niveau que précédemment, le seul truc qu’il y a aujourd’hui, c’est la prestation qu’on a fait pendant 80 minutes à Massy qui m’interpelle et me dérange. C’est là où je suis déçu et pas content aujourd’hui, ce n’est pas d’être éliminé ou pas, Massy le mérite sûrement et il n’y a rien à dire sur leur victoire au retour. Peu importe ce qu’il s’est passé, les faits de jeu qu’il y a eu, je n’ai pas compris tous les faits de jeu mais en fait, on s’en fout, c’est notre prestation. Que Massy monte, ils le méritent sûrement, ils ont écrasé le championnat, c’est l’ogre de la poule, rien à dire sur ça. 

Si on fait le bilan, c’est une mauvaise conclusion car en fait, vous avez montré plus de choses sur d’autres matchs et c’est ça qui vous déçoit ? 

 

C’est la prestation de l’équipe. La conclusion, c’est le résultat et bien sûr qu’on voudrait tous aller en haut, ça fait 5 ans que le club bataille pour remonter et qu’on arrive toujours à la dernière marche où on tombe mais moi, c’est la prestation. Cette année, j’ai travaillé sur nos prestations, que l’esprit et sur ce qu’on mettait dedans à chaque match, on a construit comme ça plutôt que sur le résultat, vous en êtes les premiers témoins mais aujourd’hui, c’est la prestation qu’on a produit au match retour. Avec le match abouti qu’on a fait à l’aller, surtout en 2e mi-temps, comment est-ce que tu peux passer d’un match comme ça à une rencontre à l’opposé la semaine d’après avec un enjeu, qui n’est pas comme si tu passais sur une rencontre sans enjeu ? C’est ça qui me pose problème aujourd’hui et qui me fait dire que le premier responsable, c’est moi. Dans ce truc-là, je me dis qu’on est un staff sportif, une équipe, un club et qu’il faut qu’on se pose des questions pour savoir pourquoi on n’arrive pas à monter cette dernière marche. En étant neuf et si je raccourcis la saison, je me dis juste  » aller / retour avec un match aller où tout le monde aurait signé pour être à +12 « , certains me disent qu’on aurait pu faire mieux mais on n’a pas perdu la demi-finale sur le match aller. On ne va pas se mentir, on a perdu la demi-finale aller / retour sur le match retour et là, ce qui m’interpelle, c’est la prestation qu’on a pu faire sachant qu’on avait mis en place des choses et des stratégies mais qu’on n’a pas pu aller au bout de cette dernière puisqu’on était en déficit d’engagement. Encore une fois, je le dis, les joueurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes, le meilleur d’eux-mêmes mais par contre, tout le monde a vu qu’on avait été avalé dans l’engagement. Donc, est-ce qu’on n’en a pas mis suffisamment ? C’est ça qui me pose problème. 

Est-ce que c’est finalement le match de la saison qui te déçoit le plus ? 

 

Non, il y a eu deux ou trois autres matchs. Là où il me déçoit le plus, c’est que c’est le match où tu as le plus d’enjeu et sur ce secteur de l’enthousiasme et de l’intensité, tu ne dois pas être pris, tu peux être pris sur tout mais tu ne dois pas être pris sur çà et là, je me dis qu’on a été pris. C’est ça qui m’embête mais il y a tellement d’autres choses qui m’embêtent dans cette demi-finale, comment elle a été préparée et comment il y a encore des trucs que je ne comprends pas dans le rugby français. Je ne sais pas s’il faut se taire ou pas mais en tous cas, il y a une chose que moi je n’aime pas, c’est l’injustice.

 

Qu’est-ce que tu entends par  » comment elle a été préparée  » ? 

 

Quand tu vois qu’on est arbitré par un arbitre de Top 14, c’est génial, c’est le top mais quand tu vois la constitution de la feuille des arbitres, sur les 5 qui ont exercé, je ne parle pas du 4e qui est sur le bord avec tout le respect que j’ai, il y en a 4 d’Ile-de-France. Sur l’échauffourée qu’il y a en première mi-temps où on prend pénalité après un essai, je n’ai jamais vu autant de pénalités après un essai dans un match. Dites-moi si vous en avez déjà vu autant ? Non ! Quand il y a la première échauffourée, je dis à mes joueurs  » ce que vous faites est inacceptable, il y a essai et vous poussez le mec  » sauf que derrière, il y a un mec de chez nous qui prend un coup de pompe et c’est pour ça que mes joueurs se sont rebellés, l’arbitre de touche l’a vu. Personne n’a bronché mais on a pris pénalité parce qu’on a vu le dernier mec qui a poussé mais ce n’est pas pour ça qu’on a perdu le match, ce n’est pas une excuse. Je dis juste qu’on arrive en demi-finale de montée et que j’aimerai juste de l’impartialité, c’est simplement de ça dont j’ai besoin. Quand on voit aujourd’hui qu’on a 4 arbitres d’Ile-de-France sur 5, 2 arbitres juges de touche + 2 arbitres d’en-but d’Ile-de-France, je ne suis pas sûr que face à nous, les autres équipes aient accepté 4 mecs d’Occitanie. 

Tu aurais pu les récuser, est-ce qu’à posteriori tu regrettes de ne pas l’avoir fait ? 

 

Non, pas du tout. Les gens ont la possibilité de changer ou non, je ne l’ai pas demandé et je n’ai rien demandé, je dis juste aujourd’hui que ça m’interpelle. Mais, encore une fois, je me dis que si on avait pris 4 mecs d’Occitanie, je suis sûr qu’on nous aurait demandé des comptes. Après, je le dis et le redis, on n’a pas perdu le match sur ça, je ne m’échappe pas là-dessus, on a fait un non-match, ça, c’est la vérité par contre, je pense qu’il y a des choses qu’on aurait pu faire avec beaucoup plus de transparence. Je suis convaincu de l’intégrité de chacun des protagonistes mais aujourd’hui, j’en ai quand même ras le bol de que le résultat repose toujours sur de l’arbitrage même si, encore une fois, ce n’est pas l’arbitre qui nous a fait prendre 40 points. On a pris 40 points et on l’assume, moi le premier, mais je pense qu’il y a des choses à modifier dans l’avenir. 

Tu nous parlais de l’intensité et de l’agressivité dans le match pourtant, vous y étiez dans les 5 premières minutes ? 

 

J’ai trouvé qu’on avait un peu surjoué dans les 5 premières minutes mais on ne peut pas leur en vouloir. On remonte le ballon de 80 mètres, on est à deux doigts de marquer un essai, c’est une super action et si on le marque, peut-être que le match change. Je pense aussi que c’est aussi l’action qui nous a mis à mal car derrière, on a le ballon, on se fait un grattage et on revient de nouveau, il y a touche, on reprend pénalité puis une autre. C’est la conséquence de cette action, on n’a pas été efficace, on n’a même pas ramené trois points et derrière, ça nous a desservi. Je pense qu’on a facilement, et un peu trop facilement, baisser la tête sur ce match mais en tous cas, les garçons ont voulu faire au mieux sauf qu’on n’était sûrement pas prêt à faire un match de cette intensité-là et c’est ça qui me déçoit. 

 

Pour revenir sur la saison, tu as dit au moment des phases finales  » on n’est pas prêt pour la Pro D2, on n’est pas câblé « . Avec le recul, qu’est-ce qu’il manque à Albi pour prétendre à dire  » on joue la montée cette année  » ? 

 

Tout le monde, et vous les premiers, m’a un peu rigolé au nez quand je disais ça car on disait que je faisais un discours à la Guy Roux, pour qui j’ai beaucoup de respect et qui est un entraîneur emblématique. Je ne faisais pas un discours à la Guy Roux, c’est que notre expérience avec Alex nous disait qu’on n’avait pas tous les signaux au vert pour aller en Pro D2. Encore une fois, il y a des mecs qui sont prêts pour y aller, ils y vont mais ils redescendent de suite donc je suis modéré dans ça et je disais ça car je pense que c’est une équipe qui est en construction. Il y avait eu beaucoup de renouvellement, d’autres méthodes et je pense quand même que, dans l’ensemble de la saison, on a eu des problèmes comme, par exemple, le fait de toujours courir après un pilier. On a eu des soucis en 10 par manque de quantité, on a aussi couru derrière ça et tout ça sont des facteurs qui font que quand tu veux être câblé, tu ne peux pas passer une saison à dire  » il me manque un mec là mais pas là  » et ça, ça a été le premier point. Donc, ça m’a forcément interpellé, je me suis dit  » si tu montes demain, il faudra vraiment s’armer. Est-ce qu’on aura le potentiel de s’armer aussi vite en aussi peu de temps, deux mois d’intersaison ? « . Il y a aussi le côté structurel du club et de tous les alentours qui était compliqué mais en contrepartie de tout cela, il y avait la force de tout le monde et aujourd’hui, j’ai eu une année très riche d’enseignements. Je ne remercierai jamais assez Mme le Maire, Michel Franques, toute la Mairie, les actionnaires, les présidents, les dirigeants, les partenaires, les supporters, les bénévoles qui nous ont aidé. Quand on est arrivé avec Alex, on disait qu’on sentait une force, il y a une force démentielle à Albi mais vraiment, dans tous les gens qui essayent de nous aider et aujourd’hui, on voit des évolutions qui vont arriver. Je ne peux que remercier ces gens, ils sont fabuleux avec nous, par contre, ce qu’il manque, c’est un cadre, de ramener toutes les forces dans un même endroit et dans une même direction. 

C’est en cours ça ? 

 

En tous cas, sur cette 2e année, on va travailler dans ce sens-là car, quand tu arrives dans un club où il n’y a pas de force, c’est problématique. Là, on en a senti beaucoup de force d’entrée, on en a senti tout le long de la saison avec des gens qui nous ont soutenus avec la spécificité d’ici où le rugby est une religion. Je suis d’ici donc je vois forcément les gens qui vont plus loin dans leur analyse et qui se le permettent mais c’est top parce-que ça veut dire qu’on est le club phare. On a beaucoup de forces mais par contre, ce sont des forces qui, parfois, partent un peu dans tous les sens donc je pense qu’il faut arriver à recentrer cette énergie pour faire un projet de club dynamique et surtout, je le dis parce qu’il y aura forcément des changements de joueurs, un nouveau projet. Un nouveau projet, c’est notre venue l’année dernière avec Alex mais avec beaucoup de retenue car on est arrivé très tardivement et, aujourd’hui, c’est centraliser toutes ces forces vives pour que le SCA ne marche que d’un seul pas. C’est le plus important mais aussi le plus dur à mettre en place car tout le monde a ses intérêts à droite et à gauche mais je suis sûr qu’il y a une force pour monter un beau club ici et y arriver. Donc, on va s’y attacher et on a déjà basculé dès le coup de sifflet final. 

Ça a été une année de transition, comme tu l’avais annoncé. Il va de nouveau y avoir pas mal de départs, entre 13 et 15 donc, avec toutes les arrivées qu’il va y avoir, comment vas-tu faire pour que la mayonnaise prenne quasi d’entrée sans que l’on bascule sur une nouvelle année de transition ? 

 

Il est sûr que c’est le point négatif car plus tu changes plus il faut des mois de transition mais on a quand même bâti quelque chose de fort cette année entre les mecs sur l’esprit mais aussi sur le domaine de notre rugby par moment. On va pouvoir s’appuyer sur ça mais il va y avoir un turn-over donc il va falloir que la période d’adaptation soit la plus courte possible pour essayer de faire une belle année et de ne pas tout le temps être en transition chaque année. Je crois qu’on n’avait pas d’autres choix que de faire ça puisque je suis arrivé très tard l’année dernière et qu’on avait beaucoup, beaucoup de mecs en contrat donc, finalement, on a fait quelques changements mais pas suffisamment pour débuter un nouveau projet. Là, ça sera vraiment la première année de ce projet-là, je parle en termes de renouvellement car pour nous, le projet a commencé dès le 5 Juillet dernier et notre prise de fonction avec Alex. Ça sera peut-être plus long à mettre en place pour que l’on ait toutes les personnes qui nous aident à arriver à un objectif. 

Paradoxalement, tu as presque plus de départs cette année que l’année dernière

 

C’est normal. 

 

Oui mais si on prend la paire de centre Silafai-Lea’ana / Robinson qui était la tienne, elle s’en va. Pour Silafai, on l’a su tôt, pour Robinson, on pensait qu’il allait rester et là, il va falloir retrouver ? 

 

Pour être clair, il y a deux choses quand on construit un effectif : il y a le choix du coach qui construit son équipe et qui, quand les joueurs arrivent en fin de contrat, décide et tu aussi le choix des joueurs à savoir quand tu veux les garder mais que tu ne peux pas t’aligner sur les propositions des autres clubs, tu es à Albi donc tu te tais et tu acceptes. Et puis, tu acceptes aussi quand les joueurs ont d’autres projets, Sean Robinson ne m’a jamais caché qu’il venait pour un an mais que si on ne retrouvait pas la Pro D2, il arrêterait ce niveau-là donc on savait à quoi s’attendre dès le départ. Ce sont des cas particuliers, il y a très peu de joueurs qui sont partis parce qu’Albi ne leur plaisait pas, au contraire, c’est juste qu’ils avaient des choix de vie différents. Le 2e point qu’on prend dans la figure, c’est que pendant la période Covid, il a été renégocié l’ensemble des contrats pour les joueurs donc tous en même temps et, je ne vais pas vous faire un dessin, c’est la première fois que je voyais trois mecs sous contrat en Décembre pour l’année prochaine sur un effectif d’à peu près 30 joueurs c’est à dire 27 fin de contrats, je n’avais jamais vu ça. Ce n’est pas un reproche, c’est parce qu’il y a eu le cas du Covid et qu’ils ont renégocié les salaires de tout le monde en même temps mais après, c’est quelque chose de terrible pour un coach car tu prends un boomerang, peut-être pas dans un an mais dans deux ans. C’est ce qui est arrivé en étant à 27 donc on a commencé à prolonger dès Janvier et en fait, on est dans cette année-là. Honnêtement, avec Alex, on est aussi très content de remodeler l’équipe, d’amener du changement ainsi que cette fraîcheur, on est également dans la construction de ce que l’on vient de faire depuis un an. 

Où en êtes-vous au niveau du futur effectif ? 

 

On a aujourd’hui une dizaine de recrues, il nous reste 5 / 6 postes sur lesquels on travaille d’arrache-pied pour combler. Je veux vraiment batailler, batailler pour éviter de faire comme l’année dernière et d’encore rentrer des mecs en Novembre. Que tu en es un à rentrer, c’est moins méchant, que tu en aies 4 / 5 au mois de Juillet quand on a repris, c’est quand même plus problématique donc on essaye. Je pourrais avoir fini le recrutement mais je crois que prendre pour prendre ne sert à rien, j’essaye de prendre un niveau supérieur si je peux mais on est aussi limité par notre budget, qui est très bien mais qui commence aussi à arriver dans le ventre mou de la Nationale. Mais je crois qu’il ne faut pas se cacher derrière ça, il faut essayer de trouver des solutions, des coups à des moments sur des joueurs qui peuvent nous amener de la plus-value et c’est aussi ça qui est intéressant en tant qu’entraîneur mais aujourd’hui, il y a un sacré boulot devant nous. 

Il y a un débat à la Fédé : est-ce que la Nationale va reprendre le 10 Septembre, les équipes du bas et les pluriactifs y sont plus favorables, ou bien le 25 Août comme la Pro D2 ce qui vous permettrait de recruter plus tôt l’année d’après. J’imagine que tu es plus pour le 25 Août ? 

 

Non, je ne suis pas plus ou moins pour l’une ou l’autre. Comme on pose beaucoup de questions aux gens en Nationale pour savoir s’ils aiment ça, ça et ça, je me dis que la FFR aura la compétence pour choisir la meilleure date et je m’adapterai. 

 

Tu parlais de recrues à venir sur 5 / 6 postes. Il y en a d’importance et notamment celui de demi d’ouverture avec Benjamin Caminati qui ne sera plus là ce qui ne laisse que Théo Vidal ? 

 

C’est un poste qui est en chantier depuis quelques années, je pense que vous en êtes témoins. C’est aujourd’hui le poste où je vais passer ma plus grosse énergie, on a l’avenir avec nous à savoir Théo qui a re-signé et qui est l’avenir du club, j’en suis convaincu. Par contre, Théo n’y arrivera pas tout seul donc on va essayer de rentrer et du nombre et de la qualité parce qu’on sait très bien que les grosses équipes ont toujours un 10 de bon niveau. Après, encore une fois, on serait plus malléable en termes de budget, je vous donnerai un nom là, aujourd’hui mais il faut faire avec ça et quand tu es entraîneur de Nationale, il faut aussi accepter de batailler parce qu’il y a des budgets à tenir. Ça ne me pose pas de problème, il faut arriver à trouver la  » perle rare  » ai-je envie de dire. 

 

Ça n’a rien à voir, déjà dans le confort. En plus, on en est à 10 mois de travail avec les joueurs donc on est dans une analyse profonde car quand tu arrives au mois de Juin, en cours et même si tu avais vu des vidéos, il faut voir tout le monde et c’est compliqué. Donc, aujourd’hui, on est dans ce confort-là mais est-ce qu’on montera un meilleur effectif que cette année ? On va y travailler, on l’espère et on le souhaite mais entre les souhaits et la réalité, ça devient compliqué mais je sais une chose, c’est qu’on se bat pour monter une meilleure équipe. Si je fais le bilan, on a fait une saison magnifique et je suis très clair, on était encore devant à 80 minutes, voire à 40, pour prétendre passer ce tour donc chose exceptionnelle. Maintenant, nous, en tant que coachs, on ne se satisfera pas de ça et même si on a fait une grande année, ça ne me satisfait pas donc on va travailler dur pour s’améliorer, faire mieux et tous se remettre en question. Je le disais, c’est tout le monde ensemble que l’on réussira mais aussi que l’on évoluera et, en tous cas, on va œuvrer pour évoluer de la meilleure des façons. 

Quels seront les axes de travail pour le second livre ? Pour le premier, tu nous avais dit  » physique, défense, cohésion « 

 

Ça va être sur la partie rugby. Aujourd’hui, avec Alex, on a adapté notre style de jeu par rapport aux joueurs qu’on avait, c’était le plus important et non pas vouloir faire un rugby que l’on aime si on n’a pas des joueurs qui correspondent à ça. J’ai trouvé qu’on avait fait un style de jeu cohérent par rapport à l’effectif que l’on avait sinon, on ne serait pas arrivé à ce niveau de compétition. Maintenant, on a quand même nous des évolutions à apporter et notre recrutement va aussi nous aider à les amener donc le tome 2 sera vraiment notre rugby qu’on va faire évoluer. 

 

Tu nous parlais d’être à 40 minutes de la Pro D2. A la mi-temps, est-ce que tu sentais que vous teniez quand même le bon bout ou est-ce que tu pensais que l’histoire risquait d’être compliquée ? 

 

Non, à la mi-temps, je sentais que c’était difficile parce-que j’ai trouvé que, dès qu’on prenait des points, les joueurs baissaient la tête alors qu’il aurait fallu la lever. Mais, encore une fois, on avait fait une pas très bonne première mi-temps, on avait mieux fini au Stadium pour faire une belle deuxième donc j’avais espoir qu’avec le banc, on arrive à revenir dans la rencontre. Finalement, si tu remets un essai à 14-3, ça donne 14-10 et tu es dans les clous mais on n’a pas su et on a continué à perdre pied et à baisser d’intensité. 

Tu évoquais les outils qui vont te permettre de mieux performer. Le futur centre d’entraînement ou centre de performance, comme on peut aussi l’appeler, va vous permettre dans l’avenir de grapiller par rapport aux autres équipes ? 

 

Un centre d’entraînement était vital et essentiel. Je ne remercierai jamais assez la Mairie qui met en place un projet de club, ça n’est pas que l’équipe une, c’est un projet de club, un projet où vont se retrouver l’Association, les pros et l’ensemble du club dans cet endroit-là. C’était vital aujourd’hui car je m’aperçois que les autres clubs avancent très, très vite tandis que nous, nous sommes en retard et grâce à l’aide des uns et des autres, et surtout à la Mairie que je remercie encore, ils vont nous aider à évoluer et à avancer. Un club de sport, il faut qu’il avance, il ne peut pas stagner car si tu stagnes, tu chutes donc là, ça permet d’avancer et maintenant, il va falloir que tout le monde aide pour avancer et ne pas se satisfaire de ce qu’on a en disant  » on bosse, ça peut passer ou ne pas passer « . Il faut que on construise petit à petit, qu’on améliore, structure, professionnalise notre club pour arriver à être prêt le jour J et prêt si demain ça venait à sourire, ce à quoi on n’est pas prêt aujourd’hui dans toutes les sphères du club. 

Malgré l’accroc final, tu es quand même fier de ton groupe ? 

Oui, je suis très fier, très fier du groupe, de l’ensemble du club, des supporters qui sont venus à Massy, bravo à eux et merci d’être venus. On ne leur a pas rendu ce qu’ils nous ont donné sur ce dernier match mais on ne peut pas tout jeter à la poubelle, au contraire. On a fait 10 mois magnifiques mais il nous a peut-être manqué quelque chose. Je suis très fier de mon groupe, des joueurs et du staff mais en contrepartie, on va s’analyser car la dernière rencontre ne me satisfait pas. Mais il faut aussi avoir du recul et analyser toute une saison entière et je suis très content de ce qu’on a pu faire, de ce que les joueurs ont donné, de l’état d’esprit qu’ils ont créé ensemble. Là, ils partent en voyage ensemble et il y a de moins en moins de voyages de fin d’année dans le rugby pro, ça montre leur esprit et c’est une belle chose. Je souhaite une bonne route à ceux qui vont nous quitter soit pour arrêt soit parce qu’ils vont dans d’autres clubs soit parce qu’on a décidé de ne pas continuer ensemble, venant de moi ou venant d’eux. J’ai passé une belle année et qu’eux s’éclatent dans leur prochaine aventure.

 

Est-ce qu’Albi est attractif sur le marché des transferts ? 

 

Bien sûr, notamment sur l’objectif de toujours batailler pour les premières places et sur ça, tu concurrences déjà les autres clubs donc c’est bien. La deuxième des choses, c’est qu’Albi est attractif parce qu’il fait bon vivre à Albi, la région est quand même très sympa mais après, il y aussi le nerf de la guerre qui sont les contrats et les budgets. Ça, il faut arriver à le tenir et c’est de plus en plus difficile car il y a une hausse des salaires ainsi qu’une hausse de la concurrence et si on n’évolue pas dans ce secteur-là, ce sera de plus en plus dur pour concurrencer d’autres clubs. Mais oui, on est encore attractif. 

Quel était ton favori pour la finale entre Massy et Soyaux-Angoulême même si j’imagine que ton choix du cœur va à Massy ? 

 

Oui, le choix du cœur était pour Massy. Je suis très content pour eux et très content pour JB avec qui je m’entends très bien. Sur la rencontre, je pense que Massy a eu les armes pour la remporter.

 

Quel est le programme de l’intersaison ? 

 

Ce qui est dur, c’est qu’on doit vite avancer pour pouvoir stabiliser le groupe et finaliser les derniers recrutements. Pour les joueurs par contre, c’est vacances, j’ai décidé de leur donner 5 semaines voire même un peu plus parce qu’ils ont vraiment de couper et de se régénérer pour revenir avec du peps, de la niaque et du mental neuf. Ils avaient aussi besoin de vraiment relâcher pendant longtemps, la saison a été longue, dure et éprouvante. On aurait mérité qu’elle se finisse mieux, elle ne se termine déjà pas trop mal mais ils ont besoin de coupure. 

 

Quand allez-vous reprendre ? 

 

Mi-Juillet je pense, on ne connaît encore pas trop, trop la date définitive mais sûrement la 2e semaine de Juillet. 

Tu avais parlé de renforcer le staff, est-ce que c’est en projet ou en stand-by ? 

 

En Nationale, ça va être dur de renforcer ça. On l’aurait fait en Pro D2 car on est de plus en plus nombreux en termes de joueurs donc il faut de plus en plus d’encadrants si on veut aussi évoluer notre niveau. Ça risque d’être un peu plus compliqué en Nationale même si on va essayer d’y travailler pour monter en encadrement mais, encore une fois, on est limité dans le budget donc ça m’étonnerait qu’on densifie plus. 

 

Quelle est l’image de cette saison que tu vas retenir ? 

 

La communion qu’on a retrouvée avec le public du Stadium sur les derniers matchs. Je sais que c’est une grande blessure que le club soit descendu il y a 5 ans et qu’ils l’ont toujours en eux. Tous ces matchs où l’on n’est pas loin mais que finalement on n’y arrive pas sont une autre grande blessure pour eux et moi, je leur dis que l’aventure a commencé depuis 10 mois et que maintenant que l’on a trouvé cette dynamique au Stadium, même au cœur de l’hiver ou même quand il ne fait pas beau, je souhaite que ce Stadium reste comme ça et qu’il nous aide à arriver aux objectifs. Il ne faut pas vouloir continuer quelque chose, on continue juste depuis le 5 Juillet 2021 et ce sera notre deuxième année. Il faut donc aussi avoir de la patience mais je garderai cette communion avec le public sur les derniers matchs et l’unité que les joueurs ont eue les uns avec les autres.

Propos recueillis par Loïc Colombié

Article en partenariat avec :

Un commentaire sur “#Rugby – Nationale / Mathieu Bonello (Albi) : «Il y a encore des trucs que je ne comprends pas dans le rugby français!»

  1. ils se sont battus comme des diables de la 1ère à la 80e minute et ça, tu ne peux pas leur enlever ?
    L’âme, on l’a mais on a été battu par meilleur, on n’a pas existé sur le match retour.
    On a manqué notre match retour dans ce qu’on voulait faire donc il y a de la déception, pas tellement sur le résultat mais sur la prestation que l’on a fait à Massy.
    Avec le recul, comment est-ce que tu expliques ce non-match à Massy ?
    Moi, ce qui me pose problème, c’est qu’on a été avalé dans l’enthousiasme, dans l’agressivité et l’envie.
    je pense qu’il ne faut pas analyser les secteurs de jeu mais plutôt le comportement. Pourquoi en est-on arrivé à ce comportement-là sur une demi-finale retour ? Ça me pose plein de questions.
    pourquoi est-ce qu’on a fait un non-match, je ne le sais pas aujourd’hui.
    je pense qu’on a des déficits mentalement sur ce match.
    le seul truc qu’il y a aujourd’hui, c’est la prestation qu’on a fait pendant 80 minutes à Massy qui m’interpelle et me dérange.
    c’est la prestation qu’on a produit au match retour. Avec le match abouti qu’on a fait à l’aller, surtout en 2e mi-temps, comment est-ce que tu peux passer d’un match comme ça à une rencontre à l’opposé la semaine d’après avec un enjeu, qui n’est pas comme si tu passais sur une rencontre sans enjeu
    tout le monde a vu qu’on avait été avalé dans l’engagement. Donc, est-ce qu’on n’en a pas mis suffisamment ? C’est ça qui me pose problème.

    comment peux-tu écrire qu’ils se sont battus comme des diables , et Bonello te répéter mille fois qu’il y avait un manque d’engagement qu’il n’avait pas compris, on est rentré en sabots , eux ils étaient en crampons , et bien affûtés !!!
    l’essai que l’on marque à le fin est beau , mais remarque qu’une équipe ,Top 14, pro D2, Nationale , … qui mène largement au score et a match gagné à 10mn de la fin, termine en roue libre et encaisse trés souvent un ou deux essais ( voir le dernier match ST-la Rochelle) .
    A bientôt pour la reprise, on sera toujours là pour les jaunes et noirs !!!
    est-il possible de laisser les commentaires visibles, pour que d’autres supporters soient incités et invités à donner également leurs pointsde vues, merci Loïc et bonnes vacances à toi aussi et à ton équipe.

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