#Rugby – Nationale / Kevin Courties (Rennes) : «Avancer et construire en gardant une certaine identité bretonne.»

Focus sur l’un des nouveaux accédants à la Nationale, qui a gagné à la sueur du front, et de haute lutte son billet face Périgueux le favori des bookmakers. Le Rennes Etudiants Club, en 4 ans a gravit autant de division pour rejoindre l’antichambre de la Pro D2, la saison prochaine. Alors qu’ils vont jouter ce dimanche face aux varois de Hyères-Carqueiranne, les bretons vont tenter de transformer cette saison historique en apothéose en ramenant en Ille et Vilaine le bouclier de champion de France. Le manager du REC, Kevin Courties nous a donc accordé un entretien grand format pour nous narrer cette épopée sportive, nous dépeindre l’âme de ce club et surtout nous parler des challenges qui attendent les rennais.

 

Crédit photo Rennes Sport

 

Pour Rennes, cette montée en Nationale est une épopée humaine, sportive et sûrement historique ? 

 

Ah oui, pour être historique, c’est historique ! Jamais le club n’a connu ce niveau-là et humainement, c’est fabuleux car les gars ont été toute la saison d’une solidarité exemplaire et d’un travail remarquable. Même quand ça a été un petit peu plus compliqué, parce qu’on a eu des passages un peu plus difficiles, ils ont gardé un cap collectivement et pour moi, l’aventure est super et marquante. 

Comme tu le disais, votre saison n’a quand même pas été un long fleuve tranquille car il y a des moments où vous vous êtes fait peur, entre autres en fin de saison régulière. Il y a eu aussi de beaux morceaux sur votre chemin, on pense notamment à Fleurance qui avait fini 1er de la poule 4, à Saint-Jean de Luz et bien sûr à Périgueux ? 

 

On a eu des passages moins bien ou des résultats moins positifs qu’attendus car j’ai fait des choix qui se sont avérés parfois payants avec la victoire mais où tu laissais un bonus ici ou là ou où tu ne te mettais pas dans les meilleures conditions. J’ai aussi pu voir de jeunes joueurs s’aguerrir et aujourd’hui, ils font pleinement partie de l’aventure phases finales et c’est une réussite là-dessus mais c’est vrai qu’on a eu un peu chaud aux fesses. En fin de saison, quand il y a la défaite à Limoges avec le bonus défensif, on est quand même dans le vestiaire à calculer avec les péréquations si on était qualifié ou pas et on l’était. On avait à cœur de bien finir à la maison contre Niort mais on a un petit peu serré les fesses et du coup, ça nous a amené à jouer Fleurance qui était un premier de poule. Après, on s’est dit  » phases finales, nouveau championnat et allons-y de bon cœur, jouons sans regret, mettons du sens à notre travail et faisons en sorte que ça nous sourit  » et c’est le cas. 

Il y a moins de 3 ans de cela, en Octobre 2019, on avait pour la première fois le Rennes Etudiant Club à notre micro, vous veniez juste de monter de Fédérale 2. Deux ans et demi plus tard, vous êtes deux divisions au-dessus en Nationale 1, que de chemin parcouru quand même ? 

 

C’est un long et beau chemin mais c’est un chemin qui a aussi été remodelé. Quelque part, on est peut-être monté que d’un seul niveau car on rejoint une antichambre de la LNR et un championnat de Nationale 1 qui est passionnant et que moi, je trouve top. A mon sens, on n’a pas monté 3 ou 4 niveaux mais un ou deux mais ce sont des histoires de décisions fédérales, ça ne nous appartient pas.  C’est vrai qu’il y a vraiment eu du travail de fait par plein de gens au club et si on a réussi à vivre tous ces événements-là, c’est bien parce qu’on a été hyper bien entouré et que beaucoup de gens ont oeuvré chez nos dirigeants, nos bénévoles, chez les anciennes personnes avec qui le projet sportif a été animé. Je parle de récompense pour eux et j’espère qu’ils le prennent ainsi car on y pense souvent. 

On a aussi l’impression que depuis la Fédérale 2, vous avez réussi à garder un ADN. On dit souvent que pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient et à Rennes, on a mis cet adage en pratique ? 

 

On essaye toujours de partir de ce constat-là, d’où on vient. On a tout à créer et tout à construire et on essaye de le faire sans trop s’oublier même si, forcément, les choses évoluent au club et que l’ADN évolue un petit peu au fil des années mais on essaye tant que possible de garder ce qui rassemblait les gens à l’époque. On essaye de maintenir une certaine philosophie de jeu et de feu mais aussi de faire de notre mieux pour maintenir un état d’esprit car si on cherche à faire comme les autres ou à être d’autres, c’est impossible que ça marche. 

Il vous reste quelques joueurs  » trait d’union  » entre la Fédérale 2 et la Nationale ? 

 

J’ai même des joueurs qui ont connu la Fédérale 3 qui jouaient encore le week-end dernier, des joueurs qui ont connu la Fédérale 3 B et qui étaient titulaires. 

 

Ça, c’est quand même gage aussi d’un amour du maillot ? 

 

Ah oui, j’ai quelques gars qui sont au club depuis bien longtemps, notre capitaine a commencé le rugby ici à 19 ans dans ce qu’on appelait à l’époque le Challenge d’Armorique. Ce n’est même pas la peine d’essayer de chercher, c’était une compétition bretonne pour essayer de favoriser le développement des nouveaux clubs et, à cette époque, l’équipe 3 de Rennes jouait dans ce championnat-là, c’est là qu’il a commencé et aujourd’hui, il est capitaine et titulaire tous les week-ends. J’ai des jeunes qui sont issus de la formation, mon arrière a connu la F3 B ici et donc la montée en F2, celle en F1 et celle en Nationale. Le week-end dernier, j’avais encore un gars sur le banc qui a commencé en moins de 11 ans ici et qui maintenant, à l’aube de ces 20 / 21 ans est toujours en pleine progression, en plein développement et fait partie intégrante du collectif. J’ai plein d’exemples et c’est ça aussi qui nous permet de continuer d’avancer et de construire en gardant une certaine identité.

Quels sont maintenant les chantiers qui t’attendent, toi et tes dirigeants, pour cette accession en Nationale et pour arriver fin prêts dans cette division ? 

 

Ils sont nombreux (rires). On doit finir de réaliser le recrutement pour se permettre d’être compétitif dans ce championnat donc on a encore quelques dossiers à finaliser et on travaille dessus. Le club met un coup d’accélérateur sur sa structuration administrative, il avait anticipé auprès de la ville une amélioration des infrastructures et la ville a su se montrer réceptive et c’est agréable de se sentir soutenu par sa municipalité. On allait, et on avait déjà, amorcer un bon travail de formation chez nos jeunes, je ne pourrais pas évaluer la qualité compétitive mais je peux évaluer la qualité d’investissement car il y a beaucoup de gens qui s’y passionnent et on a la capacité d’être autonomes dans tous nos collectifs. On a un centre d’entraînement qui bosse et qui fournit vraiment des joueurs espoirs à profit, on a une équipe espoir qui travaille toujours dans un aspect de formation avec bien entendu un esprit de compétition mais qui n’oublie pas non plus que leur réussite est d’apporter des joueurs en équipe première. Ça, c’est quelque chose qui a été amorcé depuis un an et demi / deux ans et donc, on a un petit peu moins de taf là-dessus, on a juste à continuer à l’entretenir car ça, c’est de l’énergie. 

On est bien d’accord que, maintenant que vous êtes en Nationale, l’objectif n’est pas d’y faire un petit tour et de s’en aller mais vraiment de s’y inscrire durablement ? 

 

Il faudra y rester, on n’a pas travaillé comme ça pour rien donc on va tout faire pour se maintenir. C’est une vraie bataille et puis, on va découvrir un championnat  » sec  » sans croisements de poules ou autres, c’est un nouveau monde et on va se donner deux à trois ans de travail pour s’installer à ce niveau-là et commencer à repartir dans un nouveau projet. 

Est-ce que tu peux nous parler de ce double access-match en Nationale face à Périgueux ? 

 

C’était du très bon rugby, j’ai trouvé que c’était du très beau rugby dans l’adversité. Ça n’a pas été du très beau rugby dans la production car je crois que, quand deux équipes sont en capacité de se neutraliser, c’est difficile. Prétendre qu’on réussit à imposer son jeu en phases finales, il n’y a que les très grandes équipes à arriver à faire ça et je ne pense pas que l’on soit une très grande équipe. Par contre, dans l’adversité, j’ai vu deux clubs qui s’y sont filés avec leurs armes, fort, il n’y a pas de très grand écart au niveau des résultats mais il y a eu une belle débauche d’énergie. On a un match aller qui démarre plutôt bien pour nous, on fait une très bonne entame avec, je crois, 13 points d’inscrits assez rapidement et Périgueux réussit un petit peu à remettre la main sur le ballon et donc nous, on est un peu sous pression. C’est une équipe qui est très efficace dans les zones de marques, ils ont pu trouver tout de suite, ils sont aussi très efficaces dans les contres et ils l’ont prouvé également. En 2e mi-temps, on a un jeu d’occupation qui est un petit peu de meilleure qualité que le leur ce qui nous permet de les garder à distance et même de nous proposer des situations d’essais. On a un ballon pour basculer avec 21 points d’écart, j’aurai bien sauté les deux pieds dedans pour l’avoir mais ça aurait été dur par rapport à la production des Périgourdins. Ils ont cet essai en fin de match qui nous amène à un écart de +9 qui est juste par rapport à la partie. Sur le match retour, ils font un début de rencontre où ils nous étouffent avec beaucoup de pression et d’intensité, on a peu d’espaces à utiliser. On arrive à tenir une petite séquence dans nos 40 mètres, on fait une bêtise et on prend trois points, on retient une séquence un peu plus tard où là, on arrive à les mettre sous pression et à inscrire trois points pour nous mettre à 6-3. Après, il y a ce fait de jeu avec une échauffourée et je regrette tellement que ce centre, Couturier, ait ce geste-là tellement il a été bon sur le match aller. Ce n’est pas l’image du bonhomme, peut-être qu’un excès d’engouement ou autre, je ne sais pas fait qu’il a un mauvais geste et c’est dur, dur pour le joueur et dur pour l’équipe. On est resté très en vigilance car ils avaient quand même eu un mois de préparation physique intense pour pouvoir être prêts sur ce jour-là donc on s’est dit que même à 14, il y avait encore danger. Et puis, on sort bien du vestiaire, on arrive à vite mettre Périgueux sous pression, on score une fois sur une situation pas facile à gérer pour l’arrière car s’il ne sauve pas la touche, il y a un 50 / 22 assez dangereux. En sauvant la touche, ça nous sourit car le ballon revient bien, on marque un essai opportuniste et après, le travail d’analyse vidéo que les joueurs avaient mené durant la semaine permet de mettre un petit coup  » de malice  » sur une touche. On arrive à scorer en 10 minutes avec deux essais et derrière, c’est l’énergie en défense (rires). Il y a eu un super état d’esprit sur les deux matchs, avant, pendant, après, deux vrais week-end de phases finales, c’était chouette. 

On ne va pas se le cacher, les bookmakers avaient donné Périgueux favori mais vous avez renversé les pronostics. Maintenant, pour la finale et pour ramener un bouclier en Bretagne, il y a le rouleau-compresseur de la Fédérale 1 qui s’annonce, Hyères-Carqueiranne La Crau. Un nouveau défi ? 

 

C’est le 3e premier qu’on se coltine, c’est usant (rires). Là-aussi, on s’attend à une équipe très en place, beaucoup de joueurs avec beaucoup d’expérience à qui on ne l’a fait pas à l’envers et ça va être un réel défi. Les joueurs avaient à cœur d’arriver sur ce match-là, il nous reste encore un col hors-catégorie à gravir et j’espère qu’il nous en reste dans les pattes pour voir contrer cette équipe parce qu’il va falloir être très bon et très généreux et jouer sans regret. C’est une équipe qui a fait une saison tellement pleine que les bookmakers vont mettre une grosse côte, c’est peut-être le moment de laisser 10 balles sur Rennes, on ne sait jamais (rires). Mais en tous cas, c’est un défi colossal qui nous attend. 

On peut dire que, depuis quelques semaines, vous avez piqué les lumières et les projecteurs au Stade Rennais ? 

 

(rires). On est quand même dans deux mondes différents, mes camarades du foot font aussi une saison fabuleuse et j’ai le sentiment que le sport rennais a fait une super saison donc continuons à surfer là-dessus. Mais oui, on est content d’être un petit peu mis en lumière dans la ville, dans la presse et que l’on parle un petit peu de nous, c’est forcément valorisant. Après, on n’a pas de complexe d’infériorité, on aime bien travailler dans l’ombre, ça nous permet de faire les choses plus sereinement. 

 

On vous félicite encore pour cette accession en Nationale et on vous retrouvera très prochainement pour voir le REC porter haut les couleurs de la Bretagne

Merci beaucoup

 

Propos recueillis par Loïc Colombié

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