Figure majeure du cyclisme occitan du milieu des années 80 à la fin des années 2010, l’homme fort de l’US Montauban durant un demi siècle, nous a quittés à 85 ans. Le président montalbanais laissera l’image d’un bâtisseur, passionné, ingénieux, parfois malicieux mais jamais dans la demie mesure. Sa disparition laissera un grand vide dans le monde du cyclisme occitan, et son empreinte de dirigeant sera indélébile.
De l’ASPTT Montauban à l’US Montauban.
Max Carcy avait commencé sa carrière de dirigeant au sein de l’ASPTT Montauban, rien de plus normal pour un employé de La Poste. C’est alors un club de haut-niveau avec des garçons comme Patrick Sarniguet, Michel Conan, Michel Duffour. Au milieu des années 80, il intègre l’US Montauban et ses célèbres couleurs vert et noir.
Le cyclisme en Midi-Pyrénées est à la croisée des chemins après la disparition de Claude Gourmanel, alors président du puissant CV Montastruc. Une place est à prendre au milieu des écuries nationales, comme le CSM Persan, l’ASPPT Paris, le VC Vaulx en Velin, CVC Wasquehal, et bien sûr l’ACBB.
Max Carcy voit l’opportunité de reprendre le leadership du cyclisme régional face aux écuries de UV Lourdes, GSC Blagnac, l’entente Auch-Lectoure, le VRC Albi . Il saute sur l’occasion pour engager les ex-coureurs à la tunique bleu et blanche haut-garonnaise.
Denis Pelizzari, Serge Poloni, Philippe Brossais, Philippe Bocquier, les frères Mercadié et bien sûr l’homme fort du cyclisme national Daniel Amardeilh, double Champion de France poseront les fondations du futur avenir sportif de l’US Montauban.
Un organisateur de courses.
A la fin des années 80 marque un tournant pour Max Carcy et l’US Montauban. Il se fait connaître en créateur, fondateur et organisateur de nombreuses courses cyclistes sur route et cyclo-cross dans la région montalbanaise. Il anime la piste de Sapiac avec l’organisation de divers championnats régionaux. Il crée la classique Toulouse-Montauban, ou encore Cahors- Loubejac.
Son chef d’oeuvre est le célèbre Tour du Tarn-et-Garonne organisé dès 1987 avec son apogée, lorsque l’UCI accorde le label de course Open Internationale 2.6 avec la participation d’équipes professionnelles comme Agritubel, Big Mat Auber 93, Team Bridgestone, ou le Team Eddy Merckx. Au fil du temps l’épreuve passe de 3 jours à 6 jours de course, avec un budget inférieur à 50 000 €. Des plaines de la Lomagne, aux plateaux du Quercy blanc et noir, aux Gorges de l’Aveyron, l’épreuve s’accordera quelques incartades dans le Tarn pour des arrivées ou départ d’étapes. L’édition 2002 qui restera dans les annales par son appellation « exotique » selon La Dépêche du Midi avec le Tour du Tarn et Garonne et Grand Prix de la Banane de Guadeloupe.
En effet, pour boucler son budget Max Carcy savait vendre son épreuve au-delà de sa zone d’influence. La dernière édition se fera en 2011 avec la victoire de Fabien Fraissignes sous les couleurs du GSC Blagnac, et qui deviendra le leader de l’US Montauban en 2017.
On compte à son palmarès des coureurs comme l’ex-pro Marcel Kaikinger, ou les futurs professionnels Christophe Bassons, Cédric Coutouly, Walter Bénéteau, Laurent Roux.
Un président-manager.
Certains le surnomme dans le milieu le « Jean de Gribaldy du Sud-Ouest » en référence au vicomte bisontin qui montait des équipes professionnelles avec des bouts de chandelles. Max Carcy a fait de l’ US Montauban, un des clubs les plus prestigieux de l’Hexagone.
Il construit une équipe de coureurs qui connaît son heure de gloire en 1997. Cette année- là, le club de la cité d’Ingres remporte la Coupe de France D1… alors qu’il est encore en deuxième division. Puis En 1999, Laurent Estadieu remporte le Tour de Finistère dans sa dernière version amateur, avant de passer professionnel chez AG2R Prévoyance.
L’équipe voit passer les meilleurs coureurs régionaux. Mais outre les expérimentés coureurs du milieu des années 80, Max Carcy sent l’avenir et attire dans ses filets la jeunesse florissante du cyclisme de Midi Pyrénées, avec les David Escudé, Thomas Davy, Laurent Jalabert, Laurent Roux, Christophe Rineiro, Eric Frutoso, Laurent Estadieu, Olivier Asmaker, Jean Luc Delpech, Christophe Lanxade ou Stéphane Reimherr.
Il sait aussi s’entourer de coureurs étrangers à forte valeur ajoutée comme Igor Pavlov, Grezgorz Kwiatkowski, Mickaêl Szkolnik, Christopher Jenner, ou encore Alexandre Botcharov qui en 1999 glanera 20 victoires dans la saison.
Mais Max Carcy a aussi permis à certains ex-pro de continuer à briller, voire de relancer leur carrière. Didier Virvaleix, Eddy Lembo, Carl Naîbo, Julien Mazet, Mickaël Larpe y seront accueillis avec bienveillance. Des anciens délaissés du monde pro, passée par la « maison vert et noir » dans leur jeunesse comme Mathieu Perget, Stéphane Barthe, Laurent Estadieu ou Olivier Asmaker reviendront trouver refuge dans le cocon de l’US Montauban et ainsi préparer leur reconversion.
En 2013, David Lappartient, alors président de la FFC remettait à Max Carcy la médaille d’Or de la Fédération pour l’ensemble de son œuvre dans le cyclisme. A 82 ans, lâché par la municipalité, l’US Montauban et Max Carcy seront remerciés. Le Montauban Cyclisme Formation 82 verra le jour en 2018.
Une immense figure du cyclisme s’en va, laissant l’image d’un homme passionné, visionnaire et bâtisseur. La rédaction du magsports présente ses sincères condoléances à la famille, aux dirigeants, bénévoles qui ont accompagné la réussite du club de la préfecture Tarn-et-Garonnaise.
Le Borgne.
Article en partenariat avec :
Le #MagSport 