En amont du 1/4 de finale de Fédérale 1, entre le RC Nimois et le RC Savoie Rumilly le pilier gauche et pilier droit polyvalent, ex-joueur du Sporting Club Albigeois, Benoit Sevestre nous a fixé les enjeux et le contexte du match retour entre les premiers de la poule 3 et les seconds de la poule 2. Après une victoire 19-16 dans de Grangettes en furies au match aller , les hauts savoyards vont défier les gardois dans leur antre surchauffée (3500 personnes attendues) et poursuivre leur marathon printanier qui s’apparente à une aventure humaine et sportive de haut vol . Rencontre ave l’originaire de Gujan Mestras, un première ligne pyrénéen qui vit carrefour de carrière au pieds des alpes .

Avec Rumilly, vous avez vécu une belle aventure humaine cette saison, une aventure qui peut encore durer quelques semaines si vous faîtes un nouvel exploit ce soir face à Nîmes ?
Tout à fait mais on a affaire à une grosse équipe de Nîmes. Il n’y a aucune individualité, c’est le même profil d’équipe que nous c’est à dire une grosse bande de copains avec 15 joueurs du même niveau. Du coup, ils nous ont posé pas mal de problèmes à 14 contre 15 sur le match aller car, comme je te l’ai dit, ce sont des copains comme nous, la même équipe. Ça va être compliqué là-bas mais il est sûr et certain qu’on ne va pas y aller pour faire un voyage de fin d’année.

Au mois de Janvier, quand vous étiez un peu à la traîne au classement et qu’il y avait plein de matchs reportés, c’était loin d’être acquis de faire une aussi belle fin de saison et de finir second ?
C’est certain. On visait les 8 premières places pour être sûr de faire un barrage et d’accéder à la Nationale 2. Il y a eu un peu de renouveau dans le staff, on a changé l’entraîneur des avants avec Max Mermoz, l’entraîneur des espoirs, qui a repris. Il a apporté énormément d’humain, comme on avait pu en parler par le passé, il est très, très humain et, du coup, ça a vraiment bien matché avec les joueurs. On a fait un marathon puisqu’on a eu deux matchs reportés Covid qui ont eu lieu en Mars et Avril ce qui nous a fait 9 matchs d’affilée.

Plus un nouveau marathon qui s’est lancé puisque vous en êtes à votre 4e match d’affilée après une semaine de coupure. Ça doit piquer et être un peu compliqué physiquement ?
On a fait 9 matchs d’affilée pour finir le championnat, une semaine de coupure et on a attaqué avec le 8e aller / retour contre Marmande suivi du 1/4 de finale aller et le retour ce soir à 18h30 contre Nîmes. On en chie un peu physiquement mais ce sont les phases finales, tout le monde a envie de les jouer et tu te surpasses toujours. On a énormément de taf mais on est une bande de copains et tous les mecs qui rentrent ont les crocs et envie de bien faire pour les copains qui sont blessés.

On va dire que la double confrontation face à Marmande vous a mis un peu de carburant dans le moteur car vous avez vu que vous en aviez encore dans le coffre ?
Oui mais ça a aussi laissé des séquelles car sur les matchs aller / retour, on perd encore des joueurs. On en a perdu sur la phase régulière, on en a aussi perdu contre Marmande sur le match aller donc on bricole un peu, surtout derrière où on a de la casse. Le week-end dernier, on a encore eu de la casse devant, on perd deux joueurs cadres avec beaucoup d’autres cadres qui sont absents mais c’est comme ça, c’est l’enjeu des phases finales. Tu n’es jamais au complet, il y a toujours des blessures et des aléas donc, il faut se resserrer encore plus et les leaders qui restent font le boulot.

Parle nous de ce match aller dans un Grangette des grands soirs avec un public » on fire » la semaine dernière. Comment ce match s’est-il passé ?
Comme tu le dis, c’était » on fire « . J’ai rarement vu autant de monde dans un stade, il était blindé et en plus, les supporters de Rumilly sont hyper chaleureux, moi, j’ai été accueilli à bras ouverts. Il devait y avoir 2 000 spectateurs et c’était le feu, ça criait de partout et, justement, on parlait de la fatigue physique et du reste mais quand tu as autant de monde autour du terrain, tu n’y penses pas et tu ne peux pas les décevoir alors qu’ils sont venus pour toi.
Le match retour se joue à Nîmes, on sait que les Nîmois attendent entre 3 000 et 4 000 personnes dans leur stade Kaufmann. Là aussi, ça va être quelque chose qui marquera ta saison et ta carrière car on ne joue pas des play-off toutes les saisons ?
Il y a aussi beaucoup de monde là-bas, c’est une très bonne ambiance, c’est le sud. Ça joue un samedi soir donc il va y avoir la famille d’un peu tout le monde donc oui, ça va être blindé et ça va beaucoup les porter. A nous d’être assez forts pour pallier à ça et de se nourrir de cette énergie et de tout ce monde au bord du terrain pour pouvoir sortir un encore plus gros match et essayer de poursuivre l’aventure le plus longtemps possible.

Quand on t’entend parler, on a l’impression que cette aventure humaine et sportive en terre haute-savoyarde n’est que du bonheur ?
Oui, elle m’a beaucoup touchée. Franchement, sur ma carrière de joueur, ça a été l’une de mes plus belles saisons et je suis vraiment ravi d’avoir fait cette saison-là avec ces mecs-là et cette bande de copains. En-dehors du terrain, on s’entend vraiment vachement bien et j’ai resigné deux ans à Rumilly parce-que je m’y sens vraiment bien. Les supporters sont vraiment présents avec nous, l’entourage, présidents et coachs, qui sont très humains et les mecs avec qui tu joues sur le terrain ont envie de se saccager pour toi. Tu ne seras jamais seul.
On va parler aussi du Sporting Club Albigeois qui va jouer un match de barrage face à des Savoyards, vos voisins de Chambéry. Ça tombe bien, tu joues ce samedi à 18h30, le Sporting joue dimanche à 15h, on va pouvoir compter sur toi pour écouter les aventures de tes anciens coéquipiers ?
Oui, tout à fait. On avait joué Chambéry en match amical, on les avait pris quand ils étaient bien chauds, ils ont un gros effectif. Ils avaient fait une très grosse partie, c’était très solide derrière et devant, ce n’était pas mal non plus. Contre Albi, ça va être un beau match car le SCA est aussi une grosse écurie de la Nationale mais je ne donne même pas mon pronostic pour ce match, même si c’est à Albi.
J’imagine que tu auras quand même une grosse pensée pour tes anciens copains ?
Evidemment, c’est sûr et certain.
Ta vie va bientôt changer avec un très heureux événement. Ça va être un grand bouleversement pour le professionnel du rugby que tu es ?
Ma femme attend des jumeaux donc je vais être père d’un garçon et d’une fille fin Juin / début Juillet. Il y a plein de trucs à faire, je déménage fin Mai dans une maison pour pouvoir accueillir mes deux petits et ça n’est que de la joie. Mine de rien, ça te pousse aussi le week-end parce-que tu penses à ta vie future et c’est un épanouissement personnel qui te met dans de bonnes conditions pour jouer au rugby.
Est-ce que tu as mis une finale de Fédérale 1 sur ta liste de naissance ?
Non (rires). On va prendre les matchs l’un après l’autre car, comme je te l’ai dit, on a eu beaucoup de casse. Notre objectif était vraiment d’être en Nationale 2 et là, ce n’est que du bonus, on se régale, il faut beau, les stades sont pleins. Pour l’instant, si on arrive à passer en demi-finale, ça sera déjà magnifique.
On te remercie et on te souhaite le meilleur pour cette fin de saison et pour ta vie future
Merci
Propos recueillis par Loïc Colombié

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