Nous sommes aller faire un tour sur la Côte Basque avec le Saint-Jean de Luz Olympique et l’un de ses co-présidents, Éric Bonachera pour un point d’étape lors de cette saison 2021-2022 de fédérale 1. Profitant vendredi dernier d’un week-end de relâche forcé pour cause sanitaire, l’un des 3 hommes fort du SJLO en a profité pour évoquer l’ensemble de l’actualité de club. De la rivalité avec les autres clubs basques de la Poule 4 (Nafarroa, Anglet et Mauléon), en passant par les objectifs sportifs ou la situation financière, sans oublier le contexte actuel et ses conséquences, Éric Bonachera nous dit tout. Le Co-President de Corsaires Luziens nous dresse le portrait d’un club qui ambitionne monter en Nationale 2, mais qui compte bien garder son adn et ses valeurs un brin anticonformiste face aux écuries tendant un peu plus vers le professionnalisme. Rencontre avec un club atypique mais qui veut grandir san perdre son âme.

Pour cette nouvelle saison de Fédérale, et ce dernier opus ancienne version, Saint-Jean de Luz est tombé dans une poule très locale avec des derbys en veux-tu en voilà. J’imagine que ça doit te réjouir après deux ans de disette quasiment sans compétition ?
C’est clair ! On est absolument ravi de la poule puisqu’entre Nafarroa, Anglet, Tyrosse, Oloron par exemple, ce sont des clubs pas très lointains et quand Mauléon vient à Saint-Jean de Luz avec ses supporters, c’est vraiment un plaisir et c’est une magnifique fête. Quand Anglet vient à Saint-Jean de Luz ou quand nous, nous allons à Anglet, ça fait déplacer du monde et c’est sympa.
On sait qu’il y a toujours derby et derby. Dans la hiérarchie des derbys, quel est le plus piquant, le plus pimenté, le plus bankable ?
Nafarroa est un vrai derby mais c’est la côte contre l’intérieur et l’histoire des deux clubs fait qu’on ne s’est pas croisé tant que ça. On a un derby qui est devenu naturel aujourd’hui, c’est Anglet car c’est avant tout un derby de proximité avec des joueurs et des dirigeants qui se connaissent des deux côtés et une même envie de réussir au niveau de la Fédérale 1. Je pense que c’est le derby qui ramène vraiment le plus d’histoires, on va le dire comme ça (rires).

Et au milieu de tout ça, où se situe le derby avec nos amis souletins de Mauléon ?
C’est un peu bizarre car eux nous disent que ce n’est pas un vrai derby, c’est leur entraîneur qui nous avait dit ça, pour eux, le vrai derby, c’est Oloron et ça peut être Nafarroa. C’est vrai que nous n’avons pas d’histoire commune au niveau du rugby mais pour nous, aller à Mauléon avec le truculent et super président Queheille, on le considère comme un derby dans tous les cas.
On va parler de ce début de saison pour Saint-Jean de Luz qui a un peu la forme de montagnes russes ?
C’est exactement ça. A la fin de la phase aller, on n’est pas si mal que ça niveau classement néanmoins, on a bêtement perdu des points alors qu’on était sur de bonnes dynamiques. De manière assez incompréhensible, on a fait un non-match à Oloron, par exemple, on a aussi perdu, anormalement je dirais, contre Lannemezan chez nous. On finit également mal à Nafarroa car, sans minimiser la performance des cousins de l’intérieur, on perd un match qu’on ne doit jamais perdre. On a un peu d’inconstance peut-être due au renouvellement de l’équipe, à un manque de cadre « âgés » dans l’équipe, on est peut-être un peu trop jeune aujourd’hui et on n’arrive pas à tenir certains résultats. On travaille dessus et on espère qu’on va remettre la gomme pour redémarrer du mieux possible.

On va revenir un peu en arrière, sur la saison 2018 / 2019, la dernière qui se soit tenue en intégralité. Qu’est-ce qui a changé à Saint-Jean de Luz entre cette saison-là et la saison 2021 / 2022 ?
Ce qui a changé, c’est bien évidemment le Covid qui nous a arrêtés au niveau rugby et nous a fait perdre quelques cadres de l’équipe qui ont soit arrêté par rapport à leur âge ou ont soit changé de trajectoire professionnelle en profitant du Covid pour se remettre en question professionnellement. On a perdu Paul Sajous, que Tarbes a récupéré, un remarquable 2e / 3e ligne, Pierre Paillard, 2e ligne, des gens comme ça qui sont rentrés chez eux pour refaire une carrière professionnelle et une vie personnelle et aujourd’hui, ils nous manquent. On les a bien sûr remplacés car nul n’est irremplaçable mais on a dû reconstruire, entre l’âge, le Covid et la formation qui donne plus des arrières que des gros devant, on est toujours à la recherche de ça. Ensuite, le club en lui-même est sain, on a quand même perdu quelques partenaires mais aussi quelques bénévoles car quand quelqu’un trouve d’autres occupations que le rugby, on a du mal à le faire revenir, pareil pour les spectateurs pour les faire revenir au rugby. Malheureusement, vu ce qui se passe de nouveau avec le Covid, ça nous fait réfléchir.
Malgré tout cela, on a vu que pour être à la relance, et la relance des 22, vous connaissez ça à Saint-Jean de Luz, vous avez fait un nouveau projet de club ?
Oui, exactement. On a profité de la non-activité rugby pour tous se remettre en question, on a réfléchi avec des gens extérieurs au club, des gens qui ne connaissaient même pas le club ni le rugby. On s’est réuni un jour et on a vraiment bûché pour essayer de sortir un projet de club qui s’appelle Igogurekin en basque, ce qui signifie » ensemble vers le haut « . C’est un projet de club qui nous tient à cœur pour nous aussi réussir à faire une pyramide correcte à savoir une formation locale la plus étayée possible donc on va renforcer le club et embaucher du monde pour miser à fond sur la formation car c’est le seul moyen que l’on a pour continuer à exister. On n’aura jamais l’argent pour concurrencer nos adversaires les plus riches ni pour attirer des joueurs donc, autant les former nous. S’ils sont meilleurs que nos gars qui jouent en Fédérale, ils iront vers le professionnalisme, ça ne nous dérange pas et ça sera une fierté pour nous, mais on essaye de former pour tout le bassin de la Nivelle. Au niveau des jeunes, on est en entente avec les 6 clubs du coin, ça va de Hendaye à Ascain en passant par Ciboure, Saint-Pée sur Nivelle, Urrugne donc on travaille sur la jeunesse. On va continuer à bouger, on s’est financé une salle de musculation, on va essayer d’étayer pour être éventuellement à la hauteur de la Nationale 2 si on y arrive.

Donc » ensemble vers le haut « , c’est » ensemble vers la Nationale 2 » ?
On peut dire ça, c’est l’ambition du club mais, à aujourd’hui, sans viser le professionnalisme au-dessus. C’est très clair parce qu’on n’a ni les moyens financiers, ni l’âme, ni les moyens pour vraiment monter en professionnel pur sachant que la Fédération nous a bien expliqué qu’en Nationale 2, on pourrait continuer à fonctionner comme on fonctionne aujourd’hui.
Il y a deux ans, quand tu as refusé avec tes co-présidents et l’ensemble du club de monter en Nationale et quand tu vois un club comme Blagnac, à moitié semi-pro à moitié pluriactif, ça ne te donne pas de regret ?
Non, absolument pas. Effectivement, ils sont dans le même état d’esprit que nous, il n’y a aucun souci, sauf qu’ils ont un bassin économique, ils n’ont pas la plage mais ils ont un bassin économique qui leur permet d’avancer d’une autre manière mais nous, on ne peut pas. On ne peut pas et on l’a bien compris depuis longtemps donc, à part récupérer un partenaire qui nous aide à monter d’un cran, on est un peu coincé. Mais il faut avoir de l’ambition et c’est pour ça qu’on vise la Nationale 2, on n’allait pas dire aux joueurs qu’on restait encore en Fédérale 1, c’était reculer d’une division sans jouer. Donc, on a envie d’y aller et on espère y arriver.

En parlant de Nationale 2, tu es dans la poule 4 qui est la plus homogène de Fédérale 1. Malgré, comme on le disait, de résultats en dents de scie ou en forme de montagnes russes, il suffit d’une série de 2 / 3 matchs pour être dans les clous et réussir à se qualifier directement en Nationale 2 sans passer par les barrages ?
Complètement, c’est l’objectif. Je crois qu’on est 3e et 4e au britannique, il faut se remettre en piste et gommer les 2 ou 3 mauvais résultats. C’est le manque de constance qui nous plie un petit peu pour l’instant, on va y remédier et essayer de finir dans les 4 premiers.
Malheureusement pour toi et pour tes gars, 2022 n’a pas commencé sous les meilleurs auspices puisque vous n’avez pas pu jouer le week-end dernier pour cause de Covid et dans ton club et dans celui de Bagnères-de-Bigorre. Comment est-ce qu’on arrive à se débrouiller à Saint-Jean de Luz malgré ce contexte pesant de Covid et les carcans qui l’entourent ?
C’est le seul petit reproche que je pourrais faire à l’organisation de la Fédé. C’est facile à dire mais je pense qu’on aurait peut-être pu prévoir un démarrage en Janvier » covidé » au vu de la vague qui arrivait. Entre Noël et le jour de l’An, il y a eu des entraînements, il y a eu du ludique, on a continué à se voir mais quand j’ai vu Saint-Jean de Luz gavé de monde entre Noël et le Réveillon, et il y a quand même eu quelques fêtes, j’étais sûr qu’on aurait du mal à présenter une équipe. Lundi, à l’entraînement, il y a 5 / 6 gars qui ont joué le jeu, qui étaient cas contacts et qui ne sont pas venus mais malheureusement, après l’entraînement, il y en a un qui a senti que ça n’allait pas et en 3 jours, on a eu 10 covidés. Ça tombe de tous les côtés donc on fait comme on peut avec les moyens du bord, j’ai maintenant une gentille copine, à qui je passe un petit bonjour, qui travaille dans une pharmacie et à qui j’ai acheté 100 tests. On est dans la débrouille mais c’est dur, il faut être sérieux donc on teste les joueurs, on a coupé les entraînements et on les a repris un petit peu la semaine dernière avec tous les gars qui sont testés pour ne pas contaminer les copains. Mais il y a vraiment un petit peu d’usure et c’est compliqué, je ne suis pas étonné qu’il y ai eu pas mal de matchs reportés le week-end dernier car je ne vois pas comment ce Covid ne peut se transmettre que sur la Côte Basque.

Pour continuer dans ce contexte sanitaire, il est quand même impératif voire impérieux qu’une saison se termine enfin en Fédérale car une 3e saison qui ne se finirait pas causerait des dégâts et aurait des conséquences quasiment irrémédiables ?
Oui, complètement, j’en suis persuadé et c’est pour ça que ça ne m’aurait pas déplu de décaler le mois de Janvier pour être sûr d’aller au bout et qu’il n’y ait pas un déséquilibre. On a reporté Bagnères et du coup, eux ont déjà deux matchs à caser donc je ne voudrai pas qu’il y ait de déséquilibre et qu’on termine la saison en queue de poisson avec des règles de trois qui ne reflètent pas la vérité du terrain. J’espère qu’on va aller au bout, il le faut effectivement en premier pour les joueurs qui s’entraînent, qui font des efforts et qui essaient de se maintenir, pour les spectateurs, pour l’ensemble du club mais aussi pour les partenaires qui nous aident et ne nous ont pas lâché. Après deux saisons tronquées, il n’y a qu’un partenaire qui nous a lâché, la ville de Saint-Jean est toujours avec nous, il faut qu’on continue et ça serait en effet bien que la saison aille au bout et qu’on arrive à avoir quelques résultats.
On va aussi parler des nouvelles règles qu’il y a en vigueur depuis cette saison, que ce soit en Top 14 jusqu’au rugby amateur, entre autres celles du 50 / 22. Ce sont des règles qui favorisent les équipes qui vont à l’offensive et donc des règles qui vont bien à Saint-Jean de Luz, une équipe qui aime bien jouer ?
Je crois que j’ai vu trois 50 / 22 depuis le début (rires). Pour l’instant, il n’y en a pas beaucoup à notre niveau et même au niveau supérieur, il n’y en a pas tant que ça sur un match. Nous aussi, on s’attendait à de gros changements spectaculaires mais pour l’instant, il n’y en a pas et même les renvois sous les poteaux, il n’y en a pas tant que ça non plus. Je ne sais pas, peut-être que je me trompe mais moi, je n’en ai pas vu beaucoup.

Je te rassure, c’est pareil en Nationale, on s’exclame quand il y en a un car ce n’est pas tous les quatre matins
C’est exactement ça, ça ne change pas grand-chose (rires).
On va revenir sur le présent et le futur proche. Une fois que le Covid se sera échappé pour aller vers d’autres territoires, quelles seront les ambitions et le projet de marche pour les deux prochains blocs ?
Il faut qu’on se remette en piste pour essayer de terminer dans les 4 premiers donc on se donne les moyens et on motive tout le monde pour ça. Si on n’y arrive pas, il faudra quand même se qualifier car les 5es et 6es auront des opportunités et que c’est quand même bien de jouer des phases finales de manière générale. Tout va bien, on a quelques pannes de temps en temps donc on va rallumer le moteur pour que l’allumage ne soit pas défaillant de temps en temps.

L’avantage, si on peut dire, de ne pas avoir joué ce match le week-end dernier, c’est qu’il sera peut-être replacé à une période où il n’y aura pas de jauge mais surtout des buvettes et des festivités car sans ces deux choses, le rugby est bien triste et morne ?
C’est le côté positif de ce report en Mars. Aujourd’hui, et je n’ai pas peur de le dire, c’est un peu scandaleux d’interdire la buvette dans une enceinte sportive alors que si tu fais 3 km et que tu vas sur la place du village, il y a des terrasses bondées. Ce n’est pas normal, c’est notre seule finance, la seule manière de rentrer de l’argent et effectivement, en jouant Bagnères un peu plus tard, on aura quand même des recettes et pas que des dépenses. Il est sûr que ce mois de Janvier va coûter aux clubs s’il n’y a pas les buvettes.
Tu as un petit mot pour tes supporters et ce peuple basque qui vit, qui respire rugby et qui, à Saint-Jean de Luz, vit pour le SJLO ?
Continuez à venir ou revenez au stade, supportez-nous et montrez qu’on est fier de jouer sous nos couleurs du Saint-Jean de Luz Olympique. Et n’oublie pas qu’au Saint-Jean de Luz Olympique, qui s’y frotte s’y pique.
Propos recueillis par Loïc Colombié

Je pense que le contenu du discours est vraiment le résumé du rugby amateur voyons du beau rugby et le club ainsi que la ville on parlera du rugby pratiqué à st jean de luz amitiés sportives
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