Pour le manager des lainiers,alors qu’il entame sa 3eme saison à la Chevalière, il est l’heure de dresser un bilan de cette première moitié de saison en Fédérale 1. L’ex seconde ligne du SC Albi, de Carcassonne ou encore Narbonne, nous a dressé son analyse sans concession mais avec toujours la pointe d’humour qui le caractérise. Auteur d’un début de championnat « diesel » le Sporting Club Mazamétain et Philippe Guicherd ont finit la phase aller tambours battants. Enchaînant deux victoires consécutives avant la trêve dont une de prestige face aux voisins graulhetois, le SCM et son policeman de coach, sans faire hurler les sirènes durant l’intersaison, se retrouve a l’aube des phases retours : en position (6eme) de barragistes pour l’accession en Nationale 2. Après avoir observé cette poule 3 de fédérale 1, le coach mazametain malgré la déception du niveau de jeu global, s’enthousiasme du côté ouvert de la course au qualification. Loin de claironner sa volonté d’accéder à la Nationale 2 naissante la saison prochaine, le SC Mazamet à l’image de son technicien, s’évite toutes déclarations tapageuses dans la presse, pour mieux surgir dans le Monney-time en outsider/finisher. Entretien avec un coach lucide sur la situation actuelle mais pas dépourvu d’ambition. « La guiche » à l’image de son physique de bûcheron canadien et de ses valeurs telluriques, préfère rentrer du bois (des points) avant l’hiver pour comme l’aurait dit Jean de La Fontaine : ne pas se trouver fort dépourvu quand la bise fut venue.

Il y a dû y avoir un moment émotionnellement fort pour toi, celui de jouter contre Graulhet et ton ami Jean-Christophe Bacca, le co-entraîneur du SCG ?
Je ne sais pas si c’était la joute qui faisait que ce soit intéressant mais surtout de retrouver Jean-Christophe ainsi que Kevin en pleine forme sur le terrain. Ce sont des moments qui font que le rugby est intéressant, qu’on s’accroche, qu’on ne veut justement pas raccrocher les crampons, qu’on reste sur le terrain et qu’en tant qu’entraîneur, on a le plaisir de retrouver des amis et de jouer contre eux. En plus, quand on gagne, c’est encore mieux (rires).
Avec deux clubs, Mazamet et Graulhet, qui sont rivaux mais qui se ressemblent beaucoup ?
Il est certain que sur la formation, les bases, les difficultés et les points forts, nous sommes similaires, sur les valeurs aussi. On est un peu sur le fil du rasoir avec les victoires, les défaites et des groupes qui sont un peu dépendants de leurs joueurs cadres et forcément des jeux un peu similaires. Graulhet a pris l’avantage en début de saison au classement car ils ont beaucoup plus scoré que nous mais on va essayer de se rattraper sur cette 2e partie de saison.

Pour continuer sur ce derby, il y avait aussi quelque chose qui était fabuleux des échos qu’on en a eus, c’est l’ambiance qu’il y avait à La Chevalière, une vraie ambiance de derby. Ce n’est pas encore la période des merguez mais ça sentait bon les joutes d’antan ?
C’était intéressant. Il y a eu un gros repas supporters, les Graulhetois et les Mazamétains ont bien répondu, le temps a été clément pendant le match, ni avant ni après car il y a eu une pluie énorme. Mais c’est clair que ça rappelait un peu les derbys de l’époque, sans les tartines et les marrons sur le terrain car maintenant, le rugby est engagé mais il n’y a pas d’échanges de marrons de saison. Les joueurs, aussi bien les Mazamétains que les Graulhetois, ont su rendre hommage à leurs supporters et faire une bonne partie et encourager tout le monde à les suivre en 2e partie de saison.
En plus, pour bien clôturer cette fin de première partie de saison, vous avez enchaîné avec une 2e victoire d’affilée. On peut dire que c’est la période de l’embellie pour Mazamet ?
C’est la période où on rentre du bois avant l’hiver. On arrive sur l’hiver donc on avait besoin de scorer et de valider le boulot qui avait été fait depuis Nîmes sans scorer et là, c’était important pour nous d’enchaîner sur une 2e victoire à Graulhet et de confirmer le score de Castelsarrasin mais aussi de travailler sur la bonne dynamique et de montrer à tout le monde que le classement était dur pour nous et qu’il fallait enclencher des points pour être sur la première partie de tableau, synonyme de qualification pour les phases finales.

Pour parler de ce début de saison qui a été un peu dur pour vous, vous étiez un peu comme Lavaur avec, à chaque fois, la pièce qui retombait du mauvais côté. On le voyait dans les classements et les stats que nous avons au #MagSport, jusqu’à une certaine époque, Mazamet était l’équipe qui avait le plus de bonus défensifs ?
C’est ça mais je pense qu’il n’y a jamais de hasard. Il faut se mettre dans de bonnes conditions. Le match contre Nîmes que l’on perd à la 80e minute sur une pénalité, on pourrait dire que c’est un coup du sort mais non, ça n’en est pas un. C’était une sortie du camp mal gérée par nous alors qu’on doit jouer chez eux, une deuxième mi-temps où on subit un peu et où on joue petits bras alors qu’il fallait continuer à imposer notre jeu. Oui, il y a des coups du sort mais c’est comme tout, je pense qu’il faut provoquer les choses mais aussi donner à l’arbitre le sentiment de nous arbitrer correctement. On ne lâche rien, oui, ça se joue parfois sur un rebond mais je pense que plus on tente de choses, plus on est entreprenant et conquérant et moins il y a de la place pour la chance.
Tu nous parles de Nîmes et, maintenant que tu as vu toutes les équipes, j’imagine que c’est l’une de celles qui, pour toi, fait partie des cadors de cette poule 3 de Fédérale 1. Tu as d’autres équipes qui t’ont un peu impressionné ?
Honnêtement, même Nîmes ne m’a pas impressionné, même si les scores qu’ils ont font que. Je suis mal placé pour dire ça mais cette poule est équilibrée, je trouve son niveau technique vachement bas même s’il ne faut pas le dire parce-que ce n’est pas correct. C’est un jeu un peu restrictif avec pas beaucoup de mouvements ni de temps de jeu, souvent des séquences de jeu de moins d’une minute avec des pénalités et des joueurs qui, actuellement, sont en capacité de franchir et de faire la différence dans chaque club On voit que chaque club ou que chaque équipe sont dépendants d’un ou deux joueurs, je pense à Saint-Sulpice par exemple. Moi, je suis un peu déçu par rapport au niveau technique mais c’est comme ça et même Nîmes ne m’a pas impressionné. Pour l’instant, Nîmes et Pamiers sont largement au-dessus mais je pense que des équipes comme Castelsarrasin ou même Valence d’Agen produisent du jeu. C’est intéressant, je crois que tout le monde peut gagner partout mais aussi que tout le monde peut perdre chez tout le monde donc c’est un peu l’équilibre de cette poule mais pour moi, il n’y a pas de gros.

Ça te change de la poule des grands voyages d’il y a deux ans où tu tombais contre Bourgoin, Bourg-en-Bresse, Aubenas et compagnie ?
Je pense que c’est là où on s’est un peu planté avec le staff en début de saison. On investit avec beaucoup de vitesse d’exécution, des cellules de joueurs, pas beaucoup de joueurs consommés et des phases de combat très rapides. On a voulu essayer d’axer notre début de saison et notre jeu sur des phases comme ça mais on s’est rendu compte que le niveau n’était pas ça. Les équipes mettaient beaucoup d’engagement, ralentissaient les sorties de balles et qu’on consommait beaucoup de joueurs. On a eu du mal à s’adapter à ce jeu-là, non pas restrictif mais avec d’autres valeurs et beaucoup moins de vitesse et de temps de jeu donc il a fallu du temps. On a réajusté, les joueurs l’ont fait aussi et finalement, maintenant, on arrive à tirer notre épingle du jeu et à enchaîner les victoires avec un jeu pas moins réduit mais plus combattant.
Il y a deux ans, tu appelais ta poule celle des grands voyages et cette année, on peut l’appeler celle des retrouvailles puisque tu as retrouvé Kevin Boulogne et Jean-Christophe Bacca lors du derby contre Graulhet. Tu as aussi retrouvé un certain Vincent Clément sur les bords de terrain à Castanet, Vincent Clément qui était le capitaine de l’équipe de la magnifique épopée en Top 14 que tu as fait avec le Sporting Club Albigeois. J’imagine que là-aussi, ça a été un grand plaisir de recroiser » coach Vince » ?
Vincent, c’est la famille même si on n’a pas attendu le match contre Castanet pour se revoir. Avec cette bande, on se revoit régulièrement, on fait des repas deux ou trois fois par an avec Pagès, Yogan et toute la clique, tous les mecs avec qui on a vécu cette super aventure. C’est vrai que le retrouver sur le terrain, être face à lui, ça fait plaisir mais comme avec Jean-Christophe ou Kevin, le rugby passe largement après le plaisir de les rencontrer et de les voir.

Toi qui as quelques années d’expérience de plus en tant que coach que Vincent, vous vous êtes échangé quelques conseils ?
Non, pas du tout, déjà que, quand on jouait ensemble, on ne parlait jamais rugby (rires) ! On n’est pas là-dedans, on parle de tout, des amis, de la famille mais on ne parle pas rugby. Ce n’est pas le but du plaisir quand on se revoit.
On va reparler de Mazamet. Il y a une possibilité pour vous d’aller accrocher des barrages ou une accession en Nationale 2 : est-ce un objectif ou simplement quelque chose que vous avez dans un coin de la tête ?
Ce n’est pas quelque chose dans un coin de la tête. Dès le début de saison, j’ai fait le deal avec les joueurs et moi, je voulais être dans les 6 premiers, voire les 4 premiers. Au départ, vu l’équipe et le recrutement que l’on avait, on voulait être dans les 4 premiers mais le début de saison nous donne tort car on ne rentre pas dans les 4 pour le moment. On travaille sur nous-mêmes, on travaille match après match à engranger des points, à gratter des bonus défensifs ou offensifs par ci, par là. On est à +1 au brita bonus, je pense qu’il faut monter entre +5 et +7 pour vraiment exister dans ce haut de tableau. On va tout faire pour y arriver et on comptera les points à la fin mais je pense qu’il faut absolument que le club soit en Nationale 2 l’année prochaine parce-que c’est un objectif sportif très intéressant. Même s’il n’y a pas de descente sur le papier, jouer en Fédérale 1 l’année prochaine, ce serait un échec, pour les joueurs comme pour moi.

En cas de barrage, si vous êtes entre la 5e et la 8e place, vous brasseriez avec la poule 2, celle de la vallée du Rhône. Ça te rappellera ton enfance, toi le Rhônalpin de naissance ?
J’ai commencé à Sérignan avec cette poule. On la connaît par cœur mais on n’en est pas là, on se posera les questions à ce moment-là et on réfléchira à l’adversaire quand on y sera. Pour l’instant, on va profiter des vacances, des victoires qu’on a enchaînées et de notre classement et puis, on va vite basculer sur le déplacement à Castanet puis sur la réception de Saint-Sulpice sur Lèze. Je pense qu’on y verra plus clair fin Janvier sur l’objectif et sur les envies que les joueurs ont d’exister dans cette poule ou pas.
Pour synthétiser ton propos et finir cette interview, malgré un démarrage diesel, tu as quand même l’air d’être un entraîneur satisfait de la fin de cette première partie de saison ?
Oui, je ne peux être que satisfait ! Moi, je regarde devant, tout comme Luc, Damien et Romain. On est un staff qui a confiance en ses joueurs et en ce qu’ils produisent, je pense que les joueurs ont montré qu’ils avaient confiance en nous donc c’est le principal. Après, on va se donner à 200% et s’inscrire à fond dans le projet puis on fera les comptes mais c’est vrai que cette fin de saison, ces matchs et ces victoires enchaînés valident le boulot, chose qu’il faut toujours faire. Quand on valide le boulot mais qu’on est sur des points de bonus défensifs ou qu’on perd, c’est compliqué donc, c’était important de valider par des victoires. Là, les joueurs ont su aller accrocher de belles victoires, ils ont su s’accorder de belles vacances mais ils savent très bien et ont conscience du niveau qu’ils peuvent avoir. Ils savent aussi très bien qu’il y a des jours où on peut passer à travers donc il faut rester concentrés, respecter tous les adversaires et en travaillant petit à petit, en faisant à la Guy Roux à l’auxerroise, match après match, on verra au printemps quel adversaire on pourra rencontrer.
Merci et on te souhaite à toi et au Sporting Mazamétain de bonnes vacances
Merci à toi et de bonnes vacances à mes amis Graulhétois et Castanetois, même si je ne sais pas si ça se dit comme ça (rires). Mais surtout à Jean-Christophe, Kevin et à Vincent.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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