C’est une page qui se tourne pour Auch Foot. Sur le départ pour la Nouvelle-Calédonie pour raison professionnelle, Gilles Garcia a su fédérer son groupe durant ses années de coaching dans le club Gersois. Au sein du club rouge et blanc, coach Garcia aura tout connu : réussite, frustration, et même incompréhension lors de la descente encore amère du printemps 2020, mais surtout un groupe qui le regrettera.


Dernier mois à la tête d’Auch Foot, j’imagine que ça doit être quelque chose d’assez spécial pour toi mine de rien !
Oui exactement, tu as tout résumé. C’est très particulier. En fait, j’ai annoncé mon départs aux joueurs après le match de Graulhet. En plus ça avait été un peu laborieux pour nous pour l’emporter. Je ne me voyais pas l’annoncer le soir d’une défaite, mais on a réussit à gagner à l’arrachée 2-1. Je l’ai annoncé à la fin, et beaucoup d’émotions. Quand tu l’annonces et que tu vois des mecs avec qui tu es depuis des années qui ont les larmes aux yeux, les yeux embués. Beaucoup de paroles vraiment tops, les mecs qui te serrent dans les bras. Tu te dis, quand tu es coach tu te plains souvent, mais quand tu arrives à faire un groupe et à le fédérer un petit peu, ils te le rendent. Aujourd’hui, moi ce groupe-là, ils me le rendent tous les jours. Même si les résultats sont moyens, on ne pas se voiler la face, mais au quotidien, je prends un pied terrible.
Et justement est-ce que tu peux nous en dire sur ce départ en Nouvelle-Calédonie ?
Je suis enseignant dans un lycée professionnel ici à Auch. Ce n’était absolument pas prévu. J’ai répondu à une demande un peu tardive de la part du Ministère de l’Education Nationale. J’ai été sélectionné et ça a abouti. Sauf que les années scolaires sont décalées là-bas. Ils sont en vacances jusqu’au 15 février. Du coup je vais attaquer une nouvelle année scolaire le 15 février en Nouvelle-Calédonie. Je laisse tomber mon poste ici, j’embarque mes trois enfants et ma femme et on va vivre une nouvelle aventure.
On va faire un retour sur ton parcours à Auch où tu as un peu tout connu. La montée, la frustration de la redescente derrière où vous n’avez pas vraiment pu défendre votre place jusqu’au bout. J’imagine que tu gardes des souvenirs indélébiles de tes années à la tête d’Auch ?
Oui. Tu vois, cette frustration dont tu parles, elle est amère de la part de la Fédé. Moi je trouve que nos instances, de valider des montées et des descentes à huit matchs de la fin, je ne comprends toujours pas comment les clubs ont pu laisser faire ça franchement. Je trouve que c’est une hérésie totale. Cette frustration l’est d’autant plus que nous étions à l’aube d’un joli projet, où nous nous étions donnés les moyens, tant le club que le staff. On s’était doté d’un staff conséquent. On avait fait venir du monde, des joueurs qui adhéraient au projet. En fait tu te rends compte qu’on te fait descendre et tu perds du monde. Preuve en était qu’on avait de la qualité puisque tu as des joueurs qui partent jouer en National 2, National 3, qui sont sollicités avec des jolis fixes à la clé. On n’aurait pas perdu autant de monde si on s’était maintenus. Mais est-ce que sportivement on se serait maintenus ? On ne le saura jamais. Mais sur les cinq derniers matchs, nous étions sur trois victoires, un nul, une défaite. On se refaisait la cerise, on rentrait des blessés et ça c’est dur en fait. Te dire que la Fédé te balaye ton projet d’un revers de la main. Que tu dois tout rebâtir parce que tu perds du monde. Ça a été difficile.

Même si tu es déjà sur le départ, j’imagine que tu voudras profiter à fond de ces dernières semaines avec Auch. Comment se passe la transition avec ton successeur ?
Aujourd’hui, c’est Frédéric Cousture, qui était mon adjoint. Adjoint sur le papier, pour moi nous sommes co-entraîneurs tous les deux. En fait, c’est Fred qui va enchaîner. Comment ça se passe ? Très très bien. Moi la suite, je n’ai pas souhaité la connaître. Je trouve que c’est au club et à Fred de le faire à leur façon. Je n’ai pas voulu interférer là-dedans. Les détails, je ne les connais pas. C’est Fred qui prendra la suite. Ça se fait logiquement. J’avais prévenu logiquement mes dirigeants et mon staff avant mes joueurs. Que tout le monde soit au courant. Aujourd’hui, la quasi-totalité du staff a été sélectionné par mes soins avec Fred, donc il me paraissait important d’annoncer ça aux joueurs, aux dirigeants et au staff complet.
Et en Nouvelle-Calédonie, est ce que tu penses être intéressé par une nouvelle aventure foot au Sud du Pacifique ?
Plutôt priorité famille, et si une opportunité se présentait pourquoi pas. Mais dans un premier temps, mine de rien on y laisse du jus. On a été obligés les coachs de revoir notre copie sur beaucoup de choses avec ce covid. Mine de rien, on y a laissé des plumes quand même. Ça te fait passer beaucoup de temps et c’est toujours au détriment de ta famille. Que tu le veuilles ou non. Le coach qui me dit aujourd’hui qu’il arrive à détacher du temps pour sa famille, il faut qu’il m’explique. Ce n’est pas possible. C’est sûr qu’on prend de l’argent, on ne s’en cache pas. Mais pour autant, j’ai mes enfants, 14, 12 et 9 ans qui me demandent chaque soir d’entraînement si j’y vais ce soir et quand est-ce que ça s’arrête. Je me dis que cette parenthèse peut aussi faire du bien à ma famille pour profiter d’eux, en tout cas les premiers mois, c’est certain.

Et quels souvenirs penses-tu garder de ton coaching dans le Gers ? Je pense également à tes années à Fleurance.
C’est difficile de le résumer en un seul souvenir. Moi je suis quelqu’un qui met les valeurs humaines avant toute chose. Donc je garde en souvenir bien évidemment tous ces échanges, ces bringues. Parce que ça fait partie aussi du truc dans le Gers d’être au milieu des fêtes. Même si on n’a pas tout à fait le même rôle que quand on était joueur. Mais je trouve que c’est important de montrer aussi aux joueurs qu’on est là dans tous les moments : dans les moments difficiles et les moments de victoires. Moi, les échanges, c’est ce que je mettrais au coeur de toutes ces années de coaching avec les joueurs, avec le staff, avec les dirigeants. Quand tu arrives, tu ne connais pas tout le monde. Fleurance, c’était différent, c’était mon club de coeur. J’avais l’adhésion de tout le monde. Quand tu es entre guillemets l’enfant du pays, ça se passe toujours plus facilement. A Auch, tu arrives sur un niveau supérieur, où il faut recommencer de zéro, prouver, montrer tes valeurs. C’est normal au début, on te sonne un petit peu, on te jauge, on te juge. Et tu es toujours jugé de toute façon quand tu es coach. C’est assez difficile d’ailleurs. Ça serait un petit peu mon bémol dans le département. Après c’est peut-être le foot en général, mais je ne te dis pas qu’il faut faire l’unanimité. Ça n’existe nulle part. Mais pour autant, j’ai trouvé parfois très difficile ces critiques souvent dans le dos. Ça ne correspond pas à mes valeurs. Je me dis que c’est tellement facile et mine de rien, j’avais beau me dire de laisser tomber et passer à autre chose, ça blesse toujours. J’ai toujours été sur la remise en question, alors un dirigeant, un joueur ou autre qui vient me voir pour me dire que ce que je fais n’est pas top, je vais écouter et essayer de voir ce qu’il faut en tirer. Est-ce que c’est positif ou pas et se remettre en question. C’est un peu ma force et quand c’est par derrière, je trouve ça facile et dur. Mais quand tu as le soutien des joueurs, tu te rends compte que tu peux aller n’importe où. Dernièrement, il y a un article qui est paru sur La Dépêche, où les mecs parlent un peu de moi, et là c’est eux qui m’ont foutu les larmes aux yeux ! Là tu te dis que finalement ton passage n’est pas négatif quand tu arrives à avoir des beaux témoignages de tes joueurs. C’est juste extraordinaire pour un coach. C’est ce que je retiendrais sur la fin : ce témoignage de mes joueurs qui me fait dire que finalement je n’étais peut-être pas autant à côté de la plaque que certains le souhaitaient.
Propos recueillis par N.Portillo






