Le co président du Sporting Club Graulhetois, Guy Laporte, nous a accordé un entretien pour faire un premier bilan de cette saison 2021/2022 en fédérale1. Reversé dans une poule 3 au fort accent méridional, les mégissiers font un début de saison canon et peuvent espérer ramener la ferveur et le doux goût printanier des playoffs au stade Noël Pelissou. Dans le centre Tarn, cet ancien bastion de l’ovalie anté professionnalisme se met à rêver d’accrocher le virage du semi pro via la Nationale 2. Mais l’ex ouvreur du XV de France quelques heures avant la victoire bonifiée de ce week-end à Castanet, a tenu à prôner un discours emplit d’humilité et de lucidité : le SCG va devoir se structurer financièrement pour accéder aux ambitions des joueurs rouges et noirs. Amenés par leur recrue Kevin Boulogne, les gars de la capitale du cuir, réenchantent la passion locale autour d’un club qui a fait trembler le rugby français des années 80.

Guy Laporte, comme vous avez habitude à le dire, cette saison vos joueurs ont pris le goût du sucre, de la victoire et le Sporting Club Graulhétois fait un très bon début de saison dans cette Fédérale 1 dernière version à l’ancienne.
Le sucre c’est pour ceux qui sont habitués, nous c’est le miel (rires) avec un goût particulier. Il ne faut pas s’emballer non plus. On a gagné à l’extérieur, mais on a perdu aussi à domiciles contre de bonnes équipes j’ose croire. Mais enfin, on a déjà trois victoires (Itw réalisé avant la victoire à Castanet) , c’est un record si on se réfère aux années précédentes. Les oppositions aussi étaient moindres. Là grâce à nos recrues, aux gars qui sont restés, on réussit à vaincre. Nous avons notamment eu deux belles victoires à l’extérieur. Mais, on produit des phases de jeu intéressantes parce que bon, il faut qu’il y ait un peu de plaisir aussi. Quand on peut gagner avec de jolies actions à se mettre dans les yeux, c’est déjà bien.
On a vu que depuis deux saisons, il y a quand même un recrutement ambitieux à l’échelle de Graulhet qui est fait, entre autres par le réseau de Jean-Christophe Bacca.
On essaye de recruter malin. Si tu te réfère à Kévin (Boulogne), c’est un peu la cerise sur le gâteau, on n’y croyait pas parce que comme il travaille sur Albi. S’il n’y avait pas eu le changement de coach, je crois qu’il ne serait pas venu. Là avec un nouvel entraîneur, il ne rentrait pas dans ses plans. Il voulait continuer à jouer et pour lui Graulhet c’était selon moi la bonne chose. Un bon niveau sans être très dur physiquement comme peut l’être la division au-dessus. Avec de bons joueurs. On a un autre Albigeois, Nabaro, qui nous fait de belles prestations. Un autre Fidjien qui vient de Pro D2. C’est bien avec des gars qui ont aussi des ambitions pour jouer au-dessus. On peut concurrencer pas mal d’équipes. C’est ce qui nous importe. Pour nous, il ne faut pas cacher notre joie, mais comme je dis, rien n’est fait. On est quatrième, on peut être huitième, mais je n’espère pas dixième.

Pour vous l’ancien ouvreur du SCG et l’ancien ouvreur du XV de France, il y a un petit côté filiation avec Kévin Boulogne qui est un peu un des facteurs X du Sporting Club Graulhétois ?
Difficile de faire des comparaisons. Ce n’est plus la même période. Mais Kévin est un de ces joueurs, je l’avais remarqué quand il jouait à Albi, qui créé de l’animation. C’est ce qui manque. C’est sûr qu’il faut une certaine attitude, un certain talent. Kévin aime le jeu, des fois, ça le desserre un petit peu parce qu’il va dans l’excès. Mais le positif est largement supérieur et il nous fait voir de belles actions mais il est aussi secondé par les deux Fidjiens qui évidemment ont un sens du jeu et l’envie de jouer et de prendre du plaisir. Il nous en procure. Je le dis quand on le voit. On n’en avait pas vu depuis un certain temps. Après, il y a le jeu au pied. On l’a ou on ne l’a pas, et on sait qu’il est doué pour ça
Les nouvelles règles en vigueur dans le rugby Français, entre autres la règle du 50-22. C’est quelque chose qui doit vous causer à vous Guy. A l’époque, vous vous seriez régalés avec ça !
Oui mais attention, il y a toujours un côté pernicieux parce que, même si on veut exagérer parce que les défenses se préparent quand même, elles reculent, c’est d’ailleurs un peu le but : faire reculer les ailiers pour qu’on puisse avoir une bande de jeu libre sur l’extérieur. C’est un peu ça. C’est pour ça que ce n’est pas toujours évident. Peut-être quand le ballon sera plus glissant et ira plus vite… Mais c’est vrai que c’est tentant pour ceux qui ont un bon jeu au pied.

On va parler aussi des ambitions du SCG. Quels sont les objectifs ? Tout d’abord le maintien ou invariablement du côté de Graulhet, on a de l’ambition et on vise les play-offs et peut-être la Nationale 2 ?
C’est plus simple parce que le maintien, personne ne descend. Il va y avoir la création de la Nationale 2. La Fédérale qui s’appellera première division, c’est fini la Fédérale. Elle vit ses derniers mois. Ça va être abondé par beaucoup de clubs de l’actuelle Fédérale 2 donc on va descendre d’une division ceux qui vont jouer en cinquième division sera l’ancienne Fédérale 1 parce qu’il y aura deux poules de Nationale 2.
Donc l’ambition pour Graulhet de monter en Nationale 2.
Non, tu sais moi je suis pragmatique. Je regarde les matchs. Aujourd’hui nous sommes quatrièmes. C’est vrai qu’on pourrait être au-dessus et être premiers de poule. Mais enfin, il y a un classement, nos résultats et aussi le contenu de nos matchs. Moi je dis qu’on n’est pas encore arrivé à exploiter tout le potentiel. Il y a des fautes qui sont faites. Ça sera après aux entraîneurs, avec les joueurs à trouver davantage de justesse, de précision, de variété aussi dans les différentes combinaisons pour que l’on puisse s’exprimer et que les joueurs puissent faire la différence. Donc on est encore à un stade où je veux dire qu’on ne se promène pas sur le terrain.

On peut envisager quand même revoir des play-offs à Pélissou, ça mettrait du baume au cœur à ce public Graulhétois.
Mais si jamais on arrive à combler ce retard, ces lacunes et ces manques, on peut rivaliser avec tout le monde. Mais déjà on n’est pas loin de rivaliser avec les meilleurs. Ça, c’est une grosse satisfaction. Après, que sera l’avenir ? Je les vois les autres, même s’ils ont loupé des départs St Sulpice et Mazamet, Valence d’Agen ou Lavaur ne seront pas facile à tordre. Il ne faut pas rêver. Chacun essaye de voir à un moment-donné ce qui ne marche pas et se remobiliser. C’est une poule compacte attention. Et les blessures c’est ça qui est un argument important. On ne peut pas se permettre, comme je suppose la plupart des clubs, à part deux ou trois, à moins d’avoir des profondeurs de bancs énorme, ça te fait souvent la différence. On ne peut pas avoir trois ou quatre joueurs par poste, ce n’est pas possible.
En cas de belle épopée sportive, si au bout Graulhet accrochait le ticket en Nationale 2. Financièrement, vous arriveriez à assumer ça ?
Oui mais tout à fait. Mais les joueurs ont ça en point de mire, mais restons lucide. Si jamais les partenaires n’augmentent pas la participation, il ne va pas y avoir grand monde comme président qui va se lancer dans l’aventure.

Il va vous falloir prendre la sacoche de président-commercial Guy du coup ?
Mais non parce que ça va être national. C’est vite calculé. C’est partir la veille si on va à Macon, à Rennes, je ne sais pas où. Il faudra trouver d’autres solutions mais ça on n’y est pas encore.
Guy on va vous poser juste une petite question bonus. Un regard sur le XV de France qui va entamer la dernière ligne droite vers la Coupe du Monde 2023 en France ?
Et bien cette Equipe de France dispose d’un effectif assez large puisqu’on s’est permis cet été de partir sans les titulaires pratiquement. Il va y avoir de belles confrontations. Le rugby Français, ce qu’il montre en championnat, nous permet d’espérer parce que c’est une année où il n’y a pas de Coupe du Monde donc il y a beaucoup d’équipes qui sont à la recherche d’un fond de jeu, de titulaires. C’est une occasion. Je crois qu’on n’est pas mal avancé. On peut avoir de belles surprises.

Et une petite préférence pour le nouveau capitaine ? (Itw réalisé avant la nomination d’Anthoine Dupont)
Pas du tout. Aucune préférence. Il y en avait un c’était Ollivon, il est pas mal. Ils vont choisir. Je ne mettrais pas Dupont pour le moment parce que c’est un capitaine de jeu, c’est déjà beaucoup. Alors est-ce que ce n’est pas une charge. Pour certains c’est une charge. On en a tellement besoin comme joueur. Aujourd’hui, il y a assez de capitaines de jeu, sans que le capitaine sur la feuille de match soit d’une importance capitale. Je ne pense pas que cela soit primordial. Le seul qui soit un peu emblématique, c’est Dupont, c’est sur il est emblématique au niveau mondial. Après, c’est quand même toute un ensemble, une batterie de joueurs guerriers. On a une bonne génération. Il y a de quoi prendre du plaisir. A mon avis, le capitanat pour la tournée ce n’est pas le choix prioritaire.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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