#Rugby – Fed1 / M.Queille (Trelissac) : «C’est un match qui est attendu par beaucoup de personnes en Dordogne!»

Nous sommes allés faire un tour dans le Périgord car comme à l’image de Châteaurenard et de Bédarrides, dans le Périgord, il y a un un joli derby qui est attendu par tout un territoire. Ce match entre Trélissac et Périgueux premier du genre est un carrefour entre un SAT qui cherche un second souffle après une décennie de faste sportif et un CAPD en quête de recouvrer les lustres d’antan . Matthieu Queille le nouveau manager du SA Trelissac nous dresse le contexte .


Quasiment d’entrée de jeu, on commence par un derby dans cette poule 1 de Fédérale 1 qui est la poule des grands voyages, qui va du Nord jusqu’au Périgord. Pour tous les supporters et pour tous ceux qui ont été en manque de rugby, ce derby entre Trélissac et Périgueux est un joli cadeau de Noël avant l’heure ? 
C’est vrai que c’est un match qui est attendu par beaucoup de personnes en Dordogne. Entre Périgueux et Trélissac, nos deux stades sont éloignés de 6 km donc, c’est assez inédit et pour autant, jamais ces deux clubs ne se sont rencontrés. Donc, c’est une page de l’histoire de ces deux clubs qui va s’écrire. 
Ce derby est quand même très paradoxal parce-que Trélissac squatte le haut du tableau de Fédérale 1 depuis trois ou quatre saisons avec comme point d’orgue, la finale du Jean-Prat en 2018. Périgueux remonte de Fédérale 2 mais quand on écoute un peu dans l’oreillette et autour du Périgord, beaucoup mettent la pancarte de favori à ce club. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ? 
Il y a plusieurs raisons à ça. Il faut savoir qu’à Trélissac, nous sommes une ville de 7 500 habitants, Périgueux, c’est  plus de 30 000, c’est vraiment la préfecture du département. Nous avons des fonctionnements qui sont complètement différents, eux sont partis de loin, ils arrivent de Fédérale 3, ils ont pris le temps de se structurer et de préparer ces montées. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, nous, nous sommes toujours sur un fonctionnement  » amateur  » et eux, de leur côté, ont certainement des ambitions autres comme la Nationale et peut-être plus un jour, je leur souhaite. Aujourd’hui, Périgueux est un club qui s’entraîne beaucoup plus que nous et qui a beaucoup plus de moyens et de structures mais le sport peut parfois permettre de créer des exploits et c’est aussi cela que tout le monde attend un petit peu. 
On le sait, ce côté  » irréductible village gaulois  » à Trélissac vous plaît, vous êtes les banlieusards ruraux de Périgueux. Aller chatouiller un peu la préfecture est un levier qui doit vous plaire ? 
Oui mais c’est un statut que tout le monde aimerait un petit peu avoir. Nous, nous sommes vraiment outsiders, les joueurs n’ont aucune pression mais c’est vrai que Trélissac qui se déplace à Périgueux, c’est un petit peu comme si Anglet venait jouer à Bayonne. 

C’est quelque chose que tu vas vivre pour la première fois, ainsi que le club, en tant qu’entraîneur. Est-ce que tu sens une tension monter dans le village, une pression, des discussions qui sont exacerbées et tournées sur ça ? 
Il n’y a pas de rivalité à proprement parlé entre les deux clubs mais ça fait à peu près une dizaine d’années que tout le monde attend ce derby. Donc, on sent forcément quelque chose monter, il y a la ville de Périgueux  qui fait beaucoup d’animations main dans la main avec le club de Périgueux depuis Mercredi. Ca vit dans le centre-ville et ça, même les joueurs qui sont extérieurs dans les deux camps le voient et le sentent. Même s’ils ont cette forme de détachement, je sais qu’ils en prennent conscience, pour beaucoup d’entre eux, il y a de la famille qui vient même de loin. Oui, il y a quelque chose, on ne peut pas dire que ce match sera comme les autres. 

On avait entendu un  » serpent de mer  » monter dans les échos médiatiques, lorsque la Nationale a fait son apparition et que Trélissac était invité. Vous aviez refusé cette invitation mais certains parlaient de fusion ou d’association entre Trélissac et Périgueux. Ce derby entre les deux clubs est peut-être une première marche pour avoir une fusion, à moyen terme, et un grand club de l’agglomération ? 
C’est difficile pour moi de m’exprimer sur ce sujet, je pense que c’est plus aux présidents de se rapprocher s’ils en ont envie. Je pense aussi que Périgueux a tout à fait les moyens d’y arriver seul. Donc, pourquoi pas ? Ca s’est déjà fait sur les jeunes mais il faut aussi savoir qu’il y a des supporters trélissacois qui sont fiers de leurs couleurs et qui sont prêts à suivre leur club même si c’est en honneur. Ils ne veulent pas perdre leurs couleurs donc il y a un équilibre à trouver mais ce qui est sûr, c’est que Trélissac peut y arriver tout seul et si le club est amené un jour à descendre, en Fédérale 2 ou 3, je sais que ça ne posera pas de problème particulier à beaucoup de supporters. 
On va également parler de ton cas personnel, tu as repris cette équipe de Trélissac durant l’inter-saison. Pour reprendre une équipe, c’est quand même une inter-saison assez particulière. Comment as-tu plongé dans le grand bain en revenant au club dans une inter-saison qui était quasiment hors du temps ? 
C’est vrai qu’avec le Covid, ça a été une saison très particulière. On a du beaucoup échanger par visio ou par téléphone avec les joueurs donc, c’est vrai que sans se voir, c’est toujours compliqué. Nous avons eu énormément de départs donc, il a fallu beaucoup recruter avec finalement très peu. Nous avons quand même réussi à construire une équipe mais tout le monde est conscient que nous allons faire avec nos moyens et devoir être patients pour être le plus efficaces possibles parce-que nous avons du reprendre début Août. Nous n’avons pas pu reprendre plus tôt, ll y avait trop de joueurs qui déménageaient, nous avons 17 entraînements pour préparer un match avec des très, très jeunes. On y croit parce-que nous avons une équipe de qualité mais il n’y a pas de secret dans le rugby, il faut forcément travailler, rien ne vient d’un claquement de doigts. On essaiera d’être prêt le plus vite possible mais voilà la situation actuelle. 
Il y a eu un passage de témoin entre Sylvain André et toi à la tête du sportif à Trélissac. Est-ce que tu es en contact avec lui et est-ce qu’il y a vraiment un trait d’union qui est fait pour continuer cette dynamique ? 
En fait, Sylvain est un joueur avec qui j’avais joué à Trélissac et la première personne que j’ai appelé, ça a été lui pour lui dire. Nous avons échangé en tant qu’amis mais aussi à la fois en tant qu’ex et futur entraîneur, c’était un peu rigolo mais ça s’est très bien passé. Je ne pense pas que ce soit quelqu’un avec qui je sois amené à m’engueuler donc, c’est une transition qui s’est faite simplement et il n’y a pas eu de souci. 
Et puis, dans un club qui met les valeurs et les vertus familiales très haut, c’est quand même important qu’il y ait de la continuité ? 
Oui, sur le principe, c’est sûr. Nous arrivons un petit peu sur la pointe des pieds et nous allons essayer de faire du mieux possible mais la continuité sera forcément difficile puisque nous avons une nouvelle présidence, un nouveau staff et de nouveaux joueurs. En fait, nous repartons d’une feuille blanche. 
Je parlais plutôt de continuité dans l’état d’esprit et l’ADN trélissacois
Chacun pense ce qu’il veut mais quand on est entraîneur, il faut que l’on s’imprègne un petit peu de l’histoire et de l’identité d’un club. Après, nous avons tous nos sensibilités, il faut que l’on modifie un petit peu les gênes de cette équipe mais il faut aussi savoir se servir de ce qui s’est un petit peu fait par le passé, s’imprégner du territoire et aussi savoir ce que les gens attendent lorsqu’ils viennent au stade. Ca, c’est important et c’est un amalgame à faire entre tout ça et nous allons essayer d’y arriver. 
A Trélissac, vous avez eu la chance de pouvoir commencer en temps et en heure, pas de cas de Covid pour le moment et on vous souhaite que ça continue comme ça. Vous avez eu un premier match face à Rennes, une équipe de Rennes qui est très ambitieuse et qui est un peu venue vous châtier à la maison. Tu peux nous faire un peu le debrief de cette rencontre ? 
On rentre bien dans le match, on mène 7-0. Par contre, on voit rapidement que, sur leurs possessions, ils sont très vite très dangereux en faisant très peu de passes, ils nous dominent physiquement mais, tant bien que mal, on tourne à 16-13 à la mi-temps, on est toujours dans le match. On est peut-être à 150%, on arrive aux vestiaires, ça fume et on est tout rouge mais on est dans le match et on peut espérer prendre des points dans cette rencontre. On est pas mal sanctionné en mêlée, ça nous coûte un carton jaune et malheureusement, on en prend un 2e quasiment sur le même moment. Et là, à 13, c’est vrai que deux essais coup sur coup viennent nous mettre un gros coup sur la tête donc, plus de défensif possible et derrière, je crois qu’ils viennent en mettre un de plus. Le score est lourd mais c’est peut-être aussi mérité pour eux, c’est une belle équipe qui, je crois et j’espère, jouera le haut de tableau. 
C’est peut-être un service que vous a rendu Rennes de vous piquer au vif avant le derby. Il n’y a rien de mieux pour motiver les foules ? 
C’est vrai qu’on va forcément beaucoup se servir de ce match, il y a eu des matches amicaux mais celui-là nous met face à la réalité et peut-être que, plus que de bosser sur l’adversaire, nous avons eu un gros boulot à faire sur nous-mêmes. 
Quelle va être la clé de ce derby face à Périgueux ? 
Si je la savais, je ne la donnerai pas (rires). Je ne sais pas quelles seront les conditions météo mais on sait que la conquête sera très importante, l’occupation, la défense, tout ce qui, dans les matches couperets, permet de dominer un adversaire. 

Propos recueillis par Loïc Colombié

https://hearthis.at/radio.albiges/magsport-18-septembre-2020/

Retrouvez l’intégralité de l’itw de Matthieu Queille lors de l’émission « Le #MagSport – RadioAlbiges  » du 18 Septembre 2020

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