Rencontre du côté de l’Essonne et du stade Ladoumègue avec Benjamin Prier, l’un des tauliers du vestiaire de Massy qui verra son aventure chez les bleus et noir se conclure au terme de cette saison. Le 1/2 de mêlée expérimenté des franciliens (33 ans) va donc clore une page et chercher un nouveau de challenge hors d’île de France après 12 saisons sous la tunique du RCME, ponctuées d’un titre de champion de France de Nationale en 2022 et de 3 montées en Pro D2. Celui qui entraîne aussi Orsay en Fédérale 2 nous a parlé de ses souvenirs Massicois, mais aussi de l’actuelle saison, sans oublier son avenir. Focus sur un des visages emblématiques du RC Massy, qui verra les prochains mois lui ouvrir de nouveaux horizons et une nouvelle vie.
Comme je le disais en introduction, tu es un véritable taulier du vestiaire. Avec 12 saisons sous les couleurs massicoises, on a l’impression que ce club te colle à la peau ?
C’est ça, j’y suis arrivé la première année de Pro D2 et ensuite, je n’en suis jamais parti, c’est donc ma 12e saison sous les couleurs bleu et noir.
Cette saison est une saison assez compliquée après une descente de Pro D2. Tu as connu la montée avec l’épopée en Nationale, la saison compliquée pour se maintenir en Pro D2 et un ré-embrayage en Nationale qui a peut-être moins simple que vous pouviez l’imaginer ?
C’est toujours difficile quand tu montes, que tu joues la Pro D2 avec pas mal de recrues, que tu ne te maintiens pas et que, du coup, il y a pas mal de joueurs qui partent. Tu reconstruis à chaque fois en Nationale et en Nationale, maintenant, les autres équipes sont de grosses écuries et, par conséquent, ça a été très difficile à démarrer. On a peiné sur les premiers matchs et ça nous a mis un peu dedans pour la suite de la saison, je n’ai pas envie de dire que c’est une saison perdue mais on n’en est pas loin. On a toujours un minime espoir de qualif mais à mon avis, il ne faut pas se voiler la face, on n’a plus notre destin entre les mains.
On se souvient qu’il y a 4 ans, lors de la première année de Nationale, vous étiez là-aussi mal classés pendant l’hiver puis vous aviez fait une folle remontada ?
C’est vrai. J’ai envie de dire qu’on est capables du pire comme du meilleur donc moi, tant qu’il reste des matchs et que ce n’est pas fini, j’y croirai toujours.
On peut aussi dire que depuis 2024, un peu à l’image de Bourg-en-Bresse, vous avez une belle dynamique ?
Oui, à un moment donné, on joue sans pression, on se lâche un peu plus. Parfois, ce sont vraiment des faits de jeu qui ne sont pas en notre faveur cette année, un peu de malchance et une petite spirale mais on s’accroche.
Tu nous parles du dernier match de Massy, celui contre Bourg-en-Bresse qui a connu un scénario assez haletant ?
C’est ça (rires). Je crois qu’il y a 22-3 avant la mi-temps avec heureusement un essai de pénalité qui nous met à 22-10 sinon, la 1ère mi-temps n’a pas été terrible. En 2e période, on revient dans le match, on repasse devant, on se fait peur à la fin mais on l’emporte 27-22 donc voilà, comme à l’image du match contre Bourg, on est capable du pire comme du meilleur.
Est-ce que vous avez discuté ensemble avec les gars de Bourg à la fin du match car vous avez sûrement dû parler de vos saisons qui sont assez similaires. Vous êtes quasiment collés et identiques ?
J’en connais 2 ou 3 et eux aussi ont mal démarré, ils ont changé le staff et en 2024, je pense qu’ils jouent un peu plus et qu’ils se posent moins de questions. Comme pour nous, ça fait du bien de gagner un peu des rencontres et ils sont capables aussi de faire de belles perfs comme d’aller gagner à Suresnes ou autres.
Tu imagines l’une de ces deux équipes, Massy ou Bourg, essayer d’accrocher au bout du bout du suspense une place dans le Top 6 et arriver à faire la remontada du siècle ?
J’aimerai bien (rires). Ce serait cool, c’est ça le sport et le rugby.
On parle du prochain match face au Stade Niçois. C’est le leader, c’est le rouleau compresseur et ils sont un peu dans la position où était Massy il y a deux saisons de cela ?
Tout à fait. C’est ce qui se fait de mieux à l’instant T en Nationale de par leurs résultats et leur classement donc on est très contents de pouvoir jouer cette rencontre Massy contre les leaders.
Quel va être l’état d’esprit ? Jouer les dernières cartouches pour essayer de rêver ?
Oui, c’est ça, ne pas se poser de question, prendre du plaisir et puis s’envoyer à 100%.
On va revenir sur ton aventure à Massy car on sait de source sûre, et tu nous l’as confirmé, qu’elle allait s’arrêter à la fin de la saison. Pour toi, ça va être une page qui va se tourner et qui sera assez forte émotionnellement ?
Absolument, au bout de 12 ans, la page se termine au mois de Juin même si ce n’est pas de mon fait, c’est le club qui ne veut pas me reconduire par rapport au niveau budgétaire. C’est très difficile pour moi d’arrêter à Massy, je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait donc oui, ça sera très difficile de devoir terminer comme ça.
Tu es qualifié de joueur francilien. Est-ce que tu serais prêt à sortir de ta zone de confort pour ta nouvelle aventure à savoir quitter l’Ile-de-France ?
A vrai dire, je ne m’étais jamais trop posé la question mais là, maintenant, je n’ai pas trop le choix donc oui. Je pense que je peux encore jouer à un niveau quand même correct qu’est la Nationale donc pourquoi pas ?
On va aussi parler de ta seconde vie dans le rugby puisque tu es entraîneur des 3/4 à Orsay. Qu’est-ce que tu peux dire sur ce club et de ce poste d’entraîneur des 3/4 qui est peut-être une décompression ?
Quand j’ai joué à Massy dès la première Pro D2, j’ai toujours entraîné les jeunes puisque j’ai fait mon cursus STAPS. J’ai entraîné les U14 pendant 9 ans, on a fait champions de France avec la génération 2005, quand on était en Nationale il y a 2 ans, j’entraînais les Gaudermen et on a fait vice-champions de France avec la génération 2007. J’avais arrêté d’entraîner l’année dernière en Pro D2 car c’était un peu dur avec les matchs le vendredi et cette année, on m’a proposé d’entraîner les 3/4 en seniors à Orsay, du coup, j’ai dit » pourquoi pas » car je n’avais entraîné que les jeunes à Massy et que ça me faisait du bien de voir autre chose. Depuis le mois d’Août, ça a vraiment été ça, une réelle bouffée d’oxygène d’aller dans un autre club, dans un monde amateur où les gens sont contents d’être là ensemble. J’y ai pris énormément de plaisir.
A 33 ans, est-ce qu’on commence déjà à penser à l’avenir et est-ce que le coaching, à niveau pro, semi-amateur ou semi-pro, est quelque chose qui t’intéresse ?
Ah oui, c’est une passion pour moi, le rugby, le rugby ! J’ai passé mes diplômes, le DE et autres, et là, une première expérience en tant qu’entraîneur 3/4 seniors en Fédérale 2 donc oui, j’y prends plaisir et je me vois bien continuer à faire ça dans les années futures. C’est un peu la transition.
Le jour où tu vas arrêter, est-ce que tu penses que tu auras besoin d’une année sabbatique pour couper du rugby ou est-ce que tu es prêt à continuer et à replonger de suite avec le côté coaching ?
Je ne sais pas, ce sont les questions que je me pose actuellement. Est-ce que je pourrais arrêter une année ? Je ne sais pas mais je pense que j’aurais toujours besoin de ne pas être trop, trop loin du terrain.
Quel est actuellement ton plus beau souvenir avec Massy ?
Il y en a quand même pas mal. Il y a eu trois montées, ce qui est toujours incroyable, le titre de champion de France et quand même, sur les 5 ans en Pro D2, il y a aussi l’année où on s’est maintenu. C’est un peu tout sinon, je ne serai jamais resté autant d’années.
2024 sera vraiment pour toi une année particulière puisque ce sera la fin de ton aventure à Massy mais aussi le début d’une nouvelle car tu vas devenir papa ?
Exactement, nous allons avoir notre petit enfant au mois d’Août donc on est très content. C’est une nouvelle vie qui va arriver devant nous.
On te remercie et on te souhaite une magnifique fin de saison avec Massy avec, pourquoi pas, une belle surprise au bout
Merci et à bientôt.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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