Après une saison 2022-2023 noire où le Stade Dijonnais a vu son président et son manager démissionner, ainsi que le club bourguignon être relégué en fédérale 1, voilà que l’horizon s’éclaircit pour les rugbymens de la capitale des ducs. En effet grâce au refus des tarnais de Mazamet d’accéder à la Nationale 2, les dijonnais viennent d’être repêchés et vont pouvoir tenter dans cet automne 2023 de centenaire du club de réenclencher une dynamique positive. Le nouveau timonier du secteur sportif stadiste, Lionel Grand, nous a accordé un entretien grand format en nous déclinant sa feuille de route. L’humilité et le retour aux vertus Bourguignonnes seront un des principaux cadres de cette saison pour l’entraîneur principal des locataires du Stade Bourillot. Avec un changement de sociologie (passage à la pluri activité), un budget largement abaissé (de 2,2 millions à 1,2 milllions) les ex pensionnaires de Nationale ne font plus offices d’épouvantail de la division et espèrent pouvoir se préparer dans l’ombre, pour tout d’abord jouer le maintien. Rencontre avec un technicien stéphanois dont le passage en terre chambérienne fut fondateur qui compte marquer de son empreinte le club côte d’Orien, en faisant évoluer les mentalités et en modifiant le paradigme des rouges et bleus.
Retrouvez en fin d’article le tableau des transferts 2023 du stade Dijonnais .

Tu es arrivé l’an dernier comme entraîneur des arrières du Stade Dijonnais, une saison qui a été compliquée à vivre et même, j’imagine, à digérer avec une descente. Il y a cependant eu une lueur d’espoir au début de l’été avec ce repêchage en Nationale 2 qui gomme un peu ce faux-pas de Dijon ?
Ça a effectivement été une saison vraiment dure et compliquée dans un championnat extrêmement homogène et dur. La descente sportive, de mon analyse, n’était malheureusement pas forcément imméritée, c’est comme ça, on devait descendre. Il y a 2 / 3 semaines, avec le refus de Mazamet de monter, il y a eu ce repêchage en Nationale qui n’avait pas forcément été anticipé ni prévu et même si on avait ça dans un petit coin de la tête, ce n’est pas obligatoirement quelque chose qui avait été pensé concrètement. La Fédération nous l’a proposé et on a accepté.

Selon toi, qu’est-ce qu’il a manqué l’année dernière pour se maintenir ?
Je pense qu’il manquait à la fois peu de choses et beaucoup de choses. Peu de choses où je pense que l’on était une équipe capable de bien jouer au rugby et de bien défendre, on avait pas mal d’arguments, on a été capables de battre tout le monde à domicile, on a gagné à Vienne et je pense vraiment qu’on était capables de battre tout le monde mais, au contraire, il nous a manqué beaucoup, beaucoup de choses dans la continuité des performances. Ca a sûrement été sur la dimension mentale, la capacité à se faire mal, l’efficacité offensive mais également clairement sur le jeu d’avants, on a concédé beaucoup d’essais sur ballons portés ce qui a fait qu’on était un peu trop instables. On a malheureusement payé cette instabilité et là où tous les autres ont réussi à prendre des points, un point de bonus à l’extérieur par ci par là, on a souvent été incapables de le faire et on a payé tout ça très cher en fin de saison.

Tu étais l’année dernière dans le staff de l’ancien manager, Thomas Koehler, qui a démissionné en fin de saison. J’imagine que tu seras un peu dans la continuité de ce qu’il a fait mais tout en mettant ta touche et ton empreinte. Quelles seront la touche et l’empreinte Lionel Grand ?
Je m’appuie un peu sur mes sensibilités mais également ce par quoi je suis passé, mon vécu à Saint-Etienne et à Chambéry. J’ai été » éduqué » d’une certaine manière et c’est ce que j’ai envie d’amener aux joueurs mais d’abord, il y a énormément d’humilité dans tout ce qu’on a à faire, énormément d’intransigeance, de travail et autres. C’est d’abord passer par ça et d’abord avoir des bonhommes sur qui s’appuyer en termes de valeurs, d’humilité et de travail. Les projets de jeu vont forcément évoluer, offensivement, défensivement mais je pense que c’est d’abord une question d’état d’esprit que j’ai envie d’amener au groupe voire au club en général car sans ça, on n’y arrivera pas. Il faut que l’on arrive à être efficaces, organisés et durs, on peut le décliner de tout un tas de manières mais c’est d’abord là-dessus. C’est ce rugby-là qui doit nous permettre de mieux performer la saison prochaine que la saison dernière et, en tous cas, c’est ce rugby-là qui est incontournable en Nationale 2 pour performer sur le long terme.

Comment s’est vécue cette intersaison où vous étiez en Fédérale 1 au début et donc un recrutement axé sur la Fédérale 1 et maintenant avec un recrutement axé sur la Nationale 2 ?
Il faut être clair, on avait clairement évité de penser à la Nationale 2. Dès le lendemain de la défaite à Mâcon, on a travaillé pied au plancher pour la Fédérale 1 à la fois sur le groupe de joueurs que l’on avait et sur le recrutement. Il y a eu tout un tas de données, notamment économiques, qui étaient importantes à gérer. Il fallait être capables de remettre les choses à plat et ne pas mettre le club en danger financièrement, ce qui a été mon premier enjeu. Il a d’abord fallu trouver les joueurs que l’on voulait fidéliser, les jeunes joueurs espoirs, les joueurs emblématiques du club, c’était ma première priorité tout en recrutant en parallèle. On ne s’est pas posé de question par rapport à la Nationale 2, on a vraiment recruté 95% du groupe sur un projet de Fédérale 1 et depuis le repêchage en Nationale 2, il n’y a que deux joueurs qui se sont raccrochés et il n’y en aura pas d’autres. Donc, finalement, on ne s’est pas posé 50 questions, on n’a jamais vendu à un joueur un possible repêchage en Nationale 2, soit le joueur venait pour de la Fédérale 1 soit il ne venait pas. On n’a jamais voulu travailler sur plusieurs plans mais le faire sur un seul plan.

Vous changez aussi de modèle sociologique. Pendant 6 ans, Dijon a été un club entièrement pro, ou quasi entièrement pro, tandis que là, vous basculez sur de la pluriactivité ?
Exactement et, je le redis, le premier enjeu était de remettre les pieds sur terre au niveau financier comme mixte sur notre modèle. On passe donc d’une trentaine de joueurs sous contrats pros exclusifs à 5 joueurs et 13 contrats pluriactifs plus de jeunes joueurs. C’est évidemment une diminution importante de la masse salariale mais un modèle complètement différent d’entraînements, de travail ainsi que du type de joueurs qui vont composer ce groupe-là.

On a aussi vu un recrutement qui est très, très jeune ?
Il y a beaucoup de jeunes joueurs à nous qu’il était hyper important de fidéliser, je trouve qu’on n’en parle pas assez de partout mais il était hyper important de les fidéliser à Dijon et ce, même sur un projet de Fédérale 1 qui s’est transformé en Nationale 2. Il fallait aussi continuer de fidéliser nos joueurs un petit peu cadres qui ont plusieurs années d’expérience à Dijon, ils sont quasiment une dizaine entre les Liabot, Caramel, Bécasseau et autres, je ne vais pas tous les citer mais c’était hyper important pour nous. Ensuite, dans le recrutement, on voulait avoir un mix entre des joueurs confirmés de Nationale 2 voire même de Nationale, puisqu’on a recruté un petit peu en Nationale, et effectivement pas mal de jeunes joueurs qui sortaient d’espoir et qui, je l’espère, ont pas mal de choses à prouver et à démontrer avec aussi une marge de progression importante. On a donc essayé de faire un petit peu un mix comme ça, on sait aussi pertinemment qu’on va avoir une marge jeune, on aurait aimé avoir 2 ou 3 cadres supplémentaires mais on n’ a malheureusement pas pu. A nous de faire travailler tous ces jeunes joueurs pour être capables de performer, on sait que ça ne sera pas facile de combiner tout ça mais c’est comme ça. Il faudra faire avec et à nous de travailler en conséquence.

Le staff a aussi évolué. Certes, le taulier Tom Paterson reste à tes côtés mais il y a également Pierre Auboeuf qui monte des espoirs à tes côtés en équipe première. C’est l’ascension d’un pur produit du cru ?
Avec le départ de Thomas Koehler, il y avait forcément un besoin pour entraîner devant. D’une, Pierre connaît déjà parfaitement le club en étant l’entraîneur des espoirs depuis quelques années mais aussi l’environnement puisqu’il est responsable du Pôle Espoir depuis 6 ou 7 ans. Le Pôle Espoir de Dijon sort quand même beaucoup de très bons joueurs qui alimentent les clubs pros, les équipes de France jeunes et autres. Il connaît donc tout l’environnement bourguignon et tout ça s’est fait très naturellement.

Quand tu es arrivé l’année dernière, vous descendiez de Nationale avec l’un des plus gros budgets de Nationale 2 (environs 2,2 millions) et des ambitions de play-off. Cette année, vous êtes repêchés avec un budget qui sera entre 1M2 et 1M4. Quels seront vos objectifs ? D’abord le maintien et on voit après ?
Clairement, cette étiquette me va très bien et je pense que c’est celle qui nous correspond. Je persiste à dire à tout le monde que le Stade Dijonnais est malheureusement devenu un club de Fédérale 1 avec une équipe de Fédérale 1 et un staff de Fédérale 1 qui a été repêché en Nationale 2. Ce n’est pas juste de l’humilité ou de la langue de bois ce que je dis là mais c’est notre réalité économique et autre. On a un challenge à relever qui est énorme, on en est tous pleinement conscients, on n’a pas notre place en Nationale 2 et Mazamet y avait davantage sa place que nous. Je ne sais pas si c’est un cadeau mais en tous cas, on a pris ce challenge-là pour le relever. Allons chercher ce qu’il y a à chercher, prouvons déjà que l’on peut rivaliser et matcher contre ces équipes de Nationale 2 et gagnons des matchs. On espère se maintenir, chose que l’on n’a pas réussi à faire la saison dernière dans un tout autre contexte économique et sportif.

On peut compter cette année sur un Dijon avec un très gros ADN bourguignon ?
En tous cas, c’est une intransigeance que le staff aura, c’est clair. Je pense que la Nationale 2 a peut-être été mal appréhendée l’année dernière par le club, le groupe et le staff dont je faisais partie. Je fais donc aussi pleinement partie de cet échec-là, je ne me dédouane aucunement, au contraire. La Nationale 2 a sans doute été mal appréhendée sur ce que c’était et sur ce qu’elle demandait, on sait maintenant dans quoi on met les pieds. Gagner en Nationale 2 de façon régulière et réussir à s’y maintenir passera par un gros, gros ADN est clair et évident pour nous, notre rugby devra d’abord se construire à travers ça pour pouvoir prétendre rivaliser avec tout le monde.

On va faire un petit clin d’œil à l’un de tes derniers clubs, et club de cœur, Chambéry. Quel regard portes-tu sur ce club et sur son avenir ?
J’ai beaucoup d’amis et de potes à Chambéry, j’étais encore en train de passer un week-end là-bas il y a un mois de ça. C’est le club que je regarde en premier, il y a certains joueurs avec qui je suis encore en contact, un club qui est franchement génial et où j’ai passé des années fantastiques. Même si la fin ne se termine en général malheureusement jamais très, très bien, c’est comme ça mais c’est un club qui évolue, qui avance et se structure, qui s’est professionnalisé au fil des années. Il va mettre les pieds dans un stade qui est magnifique, un projet qui existe depuis 7 / 8 ans et maintenant, ça y est, ils vont avoir ce stade que le club et la ville méritent dans une Nationale qui est extrêmement dure, extrêmement compliquée et extrêmement homogène. J’espère qu’ils vont continuer à franchir ces étapes au niveau structurel et sportif et je serai extrêmement content de les voir taper à la porte de la Pro D2. C’est en tous cas tout le mal que je leur souhaite.

Merci et on te souhaite une belle saison avec le Stade Dijonnais
Merci beaucoup.

Le tableau des Transferts du Stade Dijonnais 2023
Arrivées
– Matthis HOOREMAN – Pilier espoir – Bourg-en-Bresse
– Lupumlo MGUCA – Pilier – Beaune
– Evan SURENA – Pilier espoir – Montauban
– Juan Carlos SANCHEZ – Talonneur espoir – Nevers
– Luyulo DAPULA – 3e ligne – Meyzieu
– Adrien CHABRIOL – 3e ligne – Bédarrides-Châteauneuf du Pape
– Tanguy LE VEN – 3e ligne espoir – Nevers
– Pierre-Alexis MAGNE – 3e ligne – Beaune
– Baptiste PRCANOVIC – 3e ligne espoir – Stade Français
– Tristan BOUZAT – ½ de mêlée espoir – Perpignan
– Corentin FOUBET – ½ de mêlée – Beaune
– Adriaan VAN DER BANK – ½ d’ouverture – Eagles SWD (AFS)
– Eloi O’SHAUGHNESSY – Centre espoir – Loughborough University (ANG)
– Lucas PEREZ – Arrière espoir – Oyonnax
– Audric GITENAIT – Arrière espoir – Carcassonne
– Clément BESSIÈRE – Arrière espoir – Nevers

Départs
– Manzon ACHARD – Pilier espoir – Rennes
– Julien BEAUFILS – Pilier – Nice
– Yannick CHAUMONT – Pilier – Montceau
– Bornwell GWINJI – Pilier – Inconnue
– Lewys JONES – Pilier espoir – Marcq-en-Barœul
– Armand GROBLER – 2e ligne – Cognac
– Côme CACCIA – 3e ligne – Aubenas
– Otilo KAFOTAMAKI – 3e ligne – Marcq-en-Barœul
– Yohann KEHLHOFFNER – 3e ligne – Inconnue
– Khaya MAJOLA – 3e ligne – Inconnue
– Adhrami MZE – 3e ligne – Fleurance
– Simon VEYRAC – 3e ligne – Blagnac
– Thomas LACROIX – ½ de mêlée – Suresnes
– Bernard REGGIARDO – ½ de mêlée – Blagnac
– Eliott BALE – ½ d’ouverture – Inconnue
– Mathéo BORCHARDT – ½ d’ouverture espoir – Beaune
– Quentin LALARME – ½ d’ouverture – Rennes
– Anthony BOULOGNE-BARRINGTON – Ailier espoir – Inconnue
– Simon HARTMANN – Ailier – Albi
– Clément BOISSERIE – Centre espoir – Saint-Jean de Luz
– Harlon KLAASEN – Centre – Niort
– Martin FELIX – Arrière – Nîmes
– Alexandre ODINGA – Arrière – Marmande

Propos recueillis par Loïc Colombié

Article en partenariat avec























