Retrouvez en intégralité la conférence de presse du manager du Sporting Club Albigeois, Mathieu Bonello, en amont de la 1/2 finale Aller d’accession en Pro D2 face à Valence Romans Drome Rugby

Te voilà pour la 2e fois d’affilée en demi-finale d’accession en Pro D2 avec des certitudes après le match contre Bourg-en-Bresse mais aussi des choses à pointer ?
On regarde forcément les matchs et on les analyse pour s’améliorer. L’essentiel était de remporter ce match à la maison, on l’a fait et ça nous permet d’être en demi, c’est une étape, c’est bien, on est revenu à l’endroit où on était il y a un an mais ça ne donne pas plus que ça.

Est-ce qu’attaquer ces phases finales par un match difficile et très relevé n’est finalement pas la meilleure entrée en matière dans ces matchs couperets ?
Il est sûr que l’intensité était présente. Ce sont des matchs de haut niveau et, encore une fois, je trouve que le niveau a augmenté, ça n’a pas été un match facile avec une équipe de Bourg difficile à manœuvrer et on est donc très content du résultat.

Est-ce que le rythme lors de la première période de la demi-finale sera important du fait que Valence-Romans n’a pas joué depuis deux semaines ?
Je ne sais pas car, cette année, je me regarde moi et moi seul. Je ne peux pas le dire, on n’a jamais eu la chance d’être en demi-finale direct donc je ne sais pas ce que ça fait. Nous, on est passé par un match donc on verra.

Est-ce que tu as travaillé le timing cette semaine ? Après Bourg, tu disais » j’ai trouvé qu’on allait lentement quand il fallait aller vite et inversement, on a manqué de timing » donc est-ce sur quoi tu axes la préparation ?
Pas que mais oui, j’ai trouvé que, par moments, on n’avait pas joué comme il fallait. Encore une fois, il y avait un adversaire en face qui nous a posé des problèmes, on a eu des problèmes de timing et j’ai espoir que ça s’améliore dans les deux semaines qui vont arriver.

Pour toi, est-ce que c’est le match où ça a tapé le plus fort depuis le début de la saison ?
Non, je trouve que ça tape fort dans tous les matchs contre les gros. Ça a fait partie des 4 / 5 gros matchs qu’il y a eu cette année dans l’intensité.

Il y a eu beaucoup de casse côté Bourg-en-Bresse. Est-ce que les gars s’en sont sortis indemnes côté Albi ?
Il y a des petits bobos mais comme sur tous les matchs. On a peut-être eu un peu la chance d’être préservés de la casse mais, sortis du match, on a eu quelques petits bobos et on verra dans les jours qui arrivent.

Tu parlais de Valence-Romans comme de l’ogre de cette Nationale. Est-ce que tu penses que c’est l’équipe la plus complète de ce championnat ?
C’est l’équipe qui est en forme, une grosse équipe. Elle a annoncé haut et fort son ambition de monter, elle fait des choses très bien, ils ont été devant nous au championnat donc c’est vraiment une très, très belle équipe, voire une grosse équipe, et on sait le morceau qu’il va y avoir. On est très content de la saison qu’on est en train de faire et, encore une fois, une demi-finale, c’est exceptionnel même si on l’a joué l’année dernière. Je me rappelle d’il y a 10 mois, quand je vous ai vus, le but de cette année était la construction ainsi que la patience et aujourd’hui, on a fini 3es de la phase régulière, tu es monté d’une place, tu es toujours demi-finaliste comme l’année dernière donc la saison est positive quoi qu’il se passe. On sait où est notre place et on va sûrement jouer la plus grosse équipe de la poule.

Il y a du changement mais aussi du mieux comme tu le soulignes puisque vous êtes 3es au classement contre 4es l’année dernière. Est-ce que tu sens ce groupe peut-être plus prêt que l’année dernière ou créé différemment ?
Il a déjà été mis en place différemment, il est aussi plus jeune et forcément, ce groupe s’est construit différemment. Ils ont construit l’année les uns avec les autres et ils ne se sont pas appuyés sur un passé donc ça a aussi permis de se mettre parfois » à nu » pour apprendre à se connaître les uns les autres et ça a évidemment amené de la solidarité dans l’équipe. Aujourd’hui, quoi qu’il se passe samedi ou samedi prochain, je suis très fier de l’année que l’on fait, très fiers des joueurs, de ce qu’ils font, ils s’amusent, ils s’éclatent et c’est le plus important. Je pense que ce qui est différent, c’est que les joueurs ont un peu plus d’insouciance.

Après le match, le mot qui revenait chez toi ou chez les joueurs était surprenant » ce groupe est surprenant « . Pourquoi est-ce que vous vous qualifiez de surprenant ?
Il est surprenant car je pense que, sur le papier, on n’est pas les meilleurs, loin de là et qu’il y a beaucoup d’équipes devant nous, toujours sur le papier et quand on prend individuellement les effectifs. On voit qu’on bataille en haut du tableau donc il est surprenant car on voit qu’il a toujours des ressources, il arrive parfois à se sortir de situations délicates ou sur un fait de jeu et c’est preuve que ce groupe est particulier. Il est surprenant mais aussi différent des autres que j’ai pu coacher par le passé, en tous cas, c’est une aventure commune avec un staff, des joueurs, des dirigeants, un public, un club entier et c’est important.

D’après ce que tu dis depuis plusieurs semaines, c’est plutôt lié à l’état d’esprit ?
Oui mais l’état d’esprit est aussi lié aux performances, c’est à dire que si tu as l’état d’esprit mais que tu ne gagnes pas les matchs, en trois semaines, il n’y en a plus. Le baromètre, c’est de gagner des matchs mais l’un et l’autre sont liés à savoir que, forcément, si tu as l’esprit et que ça gagne, ça te crée de la confiance dans ton rugby et quand tu as ça, l’état d’esprit augmente car gagner donne des ondes positives. Je ne peux pas dire que c’est l’un puis l’autre, c’est ensemble que c’est monter cette année même si, bien sûr, la base s’est formée avec l’esprit avant notre rugby, c’est certain. Quand on est entraîneur, on sait tous que ça prend du temps de mettre en place du rugby, je ne dis pas que l’esprit n’en prend pas mais notre choix a été d’abord ça et après le rugby.

On le sent aussi plus frais. Il y a un an, vous n’étiez pas frits mais les 40 dernières minutes contre Massy étaient les 40 de trop, la dynamique de la fin de championnat n’était pas la même mais là, on a l’impression que tu as tout inversé. On l’a vu sur la dynamique contre Bourg où c’est vous qui l’aviez, on sent ce groupe frais et sur la pente ascendante ?
Je pense que c’est déjà beaucoup lié au turn-over qu’il y a eu tout au long de l’année. Malgré les blessures des uns et des autres, on n’a finalement pas eu peur d’incorporer pas mal de joueurs puis il y en a d’autres qui se sont blessés à la fin donc ça les a un peu laissés au repos et en fait, cette émulation a aussi permis de dire aux mecs, même sur des matchs importants, » je peux y être « , pas » je n’y serai pas » mais » je peux y être « . C’est complètement différent car ça veut dire que ce n’est plus la crainte de ne pas y être mais c’était se dire » putain, j’ai la place d’y être « . Ça, ça a aussi rafraîchi cet esprit, ça a permis que la dynamique soit bonne et en fait, la dynamique qui a été construite tout au long de l’année, elle a été faite par des séries de victoires et forcément, ça nous a mis dans cette position un peu plus » légère » que la saison dernière. On a fait une dynamique hyper importante l’année dernière car je crois qu’on avait gagné 7 ou 8 matchs de rang mais on savait que si on ne faisait pas cette dynamique-là, on était loin alors que cette année, comme on est tout le temps dans les premières places depuis le début, on n’est pas là pour rattraper des points mais pour avancer. Ça, c’est vrai que ça se sent, je suis d’accord.

La spécificité qui vous attend à partir de ce week-end est que vous allez faire deux matchs contre la même équipe en une semaine. J’imagine que dans votre préparation avec Alex, vous êtes obligés d’avoir cette vision à moyen terme ?
Les confrontations aller / retour sont très, très dures car ce n’est pas 80 minutes. Tu sais que tu pars pour 160 minutes minimum et j’ai envie de dire que ça ne se jouera pas à l’aller ou au retour mais à l’aller et au retour. Ce n’est pas plus l’un que l’autre, ce sera un global donc forcément, on est obligé de réfléchir à la globalité des deux matchs mais je suis adepte de prendre le match qui arrive.

Sur la composition que tu as fait le week-end dernier, tu as toi aussi été surprenant. Charly Trussardi à l’aile, c’est maintenant assez récurrent mais c’est l’une de tes innovations, tu as beaucoup utilisé Pierre Roussel en 3e ligne et là, tu le mets 2e ligne, Théo Vidal à la mêlée, James Tedder qui est arrivé depuis trois semaines, tu as un peu renversé la table et les codes ?
C’est certain mais je pense que c’est aussi l’une des façons dont on fonctionne avec Alex sur le management et sur ce qu’on est capable de faire. Ça aussi ça a amené de la fraîcheur à l’équipe et je pense que quand tu es trop, trop installé ou que tu as une » expérience « , ça t’endort un peu et aujourd’hui, en re-bougeant les lignes en tant qu’entraîneur, tous les joueurs se sentent concernés et se disant » putain, il faut que je m’accroche pour y être « . C’est hyper important et les changements qu’on a fait dans l’année sur les postes des uns et des autres nous ont donné raison dans le sens où, déjà, les joueurs se sont éclatés dans ces changements-là. Quand tu es bon et que tu performes, pourquoi ne pas les remettre en match de barrage ou en 1/4 de finale, selon comment on veut l’appeler.

Ce qu’on constate par contre sur ces matchs couperets, et sans faire d’individualisme, c’est qu’on voit que les cadres et les leaders sont les premiers à sortir la tête de l’eau et à tirer le groupe. Quand ça allait un peu moins bien au timing, ce sont eux qui ont remis la marche en avant ?
Bien sûr et c’est hyper important d’avoir des leaders dans une équipe. Ce sont les relais avec les coaches, des gens qui ont de l’expérience, de la maîtrise, qui ont vécu plein de moments comme ça dans leurs carrières donc plus tu en vis, plus c’est facile et plus tu l’abordes tranquillement et aujourd’hui, il est sûr que certains passent devant mais l’équipe a besoin de tout et de tout le monde. Chacun a son rôle donc il y a aussi des rôles de leaders, c’est leur rôle de passer devant mais, en tous cas, l’amalgame entre les leaders et les autres joueurs marche plutôt bien. Par contre, encore une fois, il n’y a pas chez nous en interne d’énormes statuts, voire même pas du tout, car le collectif est au-dessus de tout et c’est ce qui est important même si tu es leader.

Quels sont les enseignements que tu as tirés par rapport à la dernière confrontation face au VRDR ?
Les enseignements, c’est qu’on n’a pas été invités sur le match. Par rapport aux deux confrontations, les scores plaident en leur faveur, on a affaire aujourd’hui à un gros morceau et on n’a pas du tout existé au retour. Il faut être honnête, ils ont été plus forts que nous et bravo à eux car on n’a pas existé.

Est-ce que ça te plait d’être outsider ?
Que ça me plaise ou que ça ne me plaise, être outsider là, c’est juste sur les chiffres et le contenu. Si j’annonçais tout fort aujourd’hui qu’on était les favoris, tout le monde me prendrait pour un fou donc on est juste transparent sur la situation, ils sont devant, ils ont fini devant nous, ils nous ont plus maîtrisé que nous on l’a fait sur les deux matchs. On aura deux matchs à jouer contre une très, très grosse équipe sinon la plus grosse équipe mais, encore une fois, est-ce qu’en demi-finale, tu vas jouer un adversaire facile ? A ce niveau-là de la compétition, je ne le pense pas.

Est-ce que le fait que tu viennes nous voir seul est aussi une volonté de faire glisser la pression et que tes joueurs soient dans une bulle et préservés ?
Oui, bien sûr. Les joueurs sont assez sollicités en-dehors, on est une ville de rugby et il faut qu’ils se cantonnent au jeu, au plaisir de vivre des moments comme ça. C’est plus à moi de prendre ces échanges-là pour leur permettre d’être totalement dans le rugby et pas dans autre chose.

C’est le dernier match au Stadium et il faut que ce soit une véritable communion pour, là-aussi, donner une dynamique populaire à cette équipe ?
Evidemment. Je le dis et le redis, le Stadium a été exceptionnel samedi, ça fait longtemps que je ne l’avais pas vu comme ça, même l’année dernière en demi-finale contre Massy et c’est certain que ça nous transcende. Ce week-end sera un week-end » normal » donc j’ai espoir que pas beaucoup d’Albigeois ne partent en week-end et rejoignent les travées du Stadium. En tous cas, on compte sur eux, on a besoin d’eux pour être ensemble, pour faire la fête et être une unique force, c’est important. Je trouve que les Albigeois ont répondu présents, je leur demande de faire encore des efforts pour venir au stade, je sais que tout le monde est fana de rugby dans la ville et je leur demande vraiment de nous aider parce qu’on aura besoin de tout. Peu importe le résultat qu’il y aura samedi, il restera quand même un match aussi mais ce qui serait bien, ce serait de vraiment arriver à faire une belle fête générale et tous ensemble, peu importe le résultat.

Est-ce que le côté arbitrage est le même quand on est sur des phases finales sur des matchs couperets par rapport au reste de la saison ? Est-ce que vous avez trouvé des différences ?
Non, déjà, tu es arbitré par des arbitres de plus haut niveau qui ont l’habitude donc l’arbitrage est forcément un peu différent. On a aussi des contacts avec l’arbitrage avant les matchs qui nous préconise certaines choses mais il est sûr que c’est plus clair. J’ai envie de dire que ça tergiverse un peu moins et ils ont l’habitude de ces matchs-là donc c’est aussi à nous de nous adapter à un nouvel arbitrage. Encore une fois, il fait partie du jeu et ça va aussi jouer dans le résultat d’aborder cette partie discipline avec beaucoup de concentration car on sait très bien que ça peut basculer là-dessus.

On a vu samedi soir qu’il y avait quand même beaucoup moins de tolérance qu’en phases régulières de Nationale. Ça a finalement été un mal pour un bien car on a très rapidement senti les joueurs se dire » il ne faut pas dépasser d’un centimètre » ?
C’est ça, la particularité est qu’il n’y a pas de place pour l’à peu près, ça coupe et ça tranche et si tu n’es pas dans les clous … Il est sûr que ça permet aussi de nettoyer le jeu.

Est-ce que tu as un axe spécial discipline pour les phases finales ?
On a de temps en temps un arbitre qui vient mais sinon, pas plus que les autres fois.

Selon toi, qu’est-ce qu’une demi-finale réussie à domicile ?
C’est déjà de ne pas avoir de regret à la fin à la 80e, quand tu n’as pas de regret, s’ils sont plus forts, ils sont plus forts et pas quand tu joues les matchs et que tu es déçu à la fin parce-que tu te dis » il y avait la place « . Je veux qu’on rentre là-dedans pour faire un bon match de rugby, les joueurs et le staff se sont gagné cette place et c’est maintenant à nous de vivre l’événement avec beaucoup de plaisir et d’enthousiasme, c’est ça qui est le plus important.

Est-ce que ce n’est finalement pas le leitmotiv pour les deux prochaines échéances ? Tu disais la semaine dernière en parlant de Massy qu’avec le recul, vous aviez tout fait donc ça passe ou ça ne passe pas ?
J’ai trouvé que l’année avait été construite de belle façon et ce qui me plaît dans ce groupe, avec l’insouciance qu’il a, c’est de le prendre en se disant » j’ai tout donné, j’ai fait le maxi et on verra « . Je ne veux pas que les joueurs ou qui que ce soit aient des regrets, même dans le staff.

Pas d’intervenant consultant prépa mental ?
Non, on sait très bien que la préparation mentale est hyper importante dans ce rugby actuel mais en Nationale, le staff n’est pas assez élargi. Je suis preneur si jamais (rires).

Lucas Guillaume disait après le match » on va récupérer et se resserrer « . Où est-ce qu’on en est de ce côté-là ?
On récupère pour l’instant (rires).

Le mot d’ordre ?
Plaisir et vraiment profiter de l’évènement, passer de bons moments, aimer ces moments-là. Tu t’entraînes toute la saison pour faire ça et jouer des matchs comme ça et, quoi qu’il arrive, je serai fier des mecs et de l’année que l’on a fait, maintenant, c’est juste ne pas avoir de regret.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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