On peut dire que Bergerac Perigord FC aura fini l’année 2021 de la meilleure des manières. Les pensionnaires de National 2 se sont offerts l’un des plus beaux exploits de ces 32èmes de finale de Coupe de France en venant à bout du FC Metz, pensionnaire de Ligue 1, l’élite du foot Français. Pour le natif de Tarbes, et capitaine du BPFC, Damien Fachan, cet exploit restera longtemps gravé dans sa mémoire, exploit qu’il savoure pendant cette trêve de Noël.


Victoire au bout du bout contre le FC Metz ce week-end en Coupe de France. Même à froid quelques jours après le match, j’imagine que l’euphorie doit encore être au beau fixe pour vous !
Oui franchement. Ce qui est bien c’est qu’on peut en profiter comme on est en vacances et qu’on n’a pas de matchs. Là on est sur un nuage et on peut en profiter. C’est vraiment un truc incroyable. Même moi, j’avais sous-estimé la portée de la chose. Mais c’est vrai que battre une Ligue 1 ça parle à tout le monde. On m’envoie beaucoup de messages, beaucoup d’appels. C’est top. Moi j’avais déjà eu la chance d’en jouer en Coupe de France mais il y avait moins de divisions d’écarts. J’étais en National donc il n’y avait que deux niveau d’écart. Affronter une L1 avec autant de différence de niveau c’est la première fois. Franchement, c’est quelque chose d’énorme avec le groupe qu’on a cette année. Se donner la chance de vivre des moments comme ça, c’est formidable. Déjà c’est top, alors quand vous avez un bon groupe avec lequel ça passe super bien, c’est encore mieux.
D’autant que cette rencontre a du être assez tendue psychologiquement. Pour l’emporter aux tirs aux buts, les minutes ont du être longues ! Comment vous êtes-vous préparé pour ce match
On a essayé de ne pas changer notre façon de jouer. Le coach n’a rien changé par rapport à d’habitude. On a juste adapté deux-trois petits trucs à l’adversaire, mais comme on fait tous les week-ends en championnat N2. Là avec les vidéos parce que c’était beaucoup plus net que d’habitude. Mais après nous n’avons rien changé dans la préparation. Le match en soi, nous avons du nous adapter. On a beaucoup moins touché le ballon qu’on n’a l’habitude de le toucher en N2. Ils nous ont fait beaucoup courir et circuler. On a perdu beaucoup d’énergie et on a répété les efforts. Je pense que c’est ce qui nous a permis de tenir et d’espérer jusqu’au bout. Après c’est vrai que jusqu’à maintenant, les prolongations qui n’existent plus c’était plutôt un inconvénient, aujourd’hui, ça se transforme en avantage. On a plus, entre guillemets, que 90 minutes à tenir pour avoir une chance sur deux avec les penaltys de se qualifier. Donc on a su jouer sur ça. C’était un match, où il n’y a eu beaucoup d’occasions, tant pour eux que pour nous. On savait que la moindre erreur allait se payer cash. Devant, ils avaient des joueurs à fort potentiel donc il ne fallait pas faire d’erreur, et répéter les efforts pendant 90 minutes.

Ce succès a notamment été salué par le peuple Tarbais dont vous êtes originaire. Je pense notamment au message adressé sur ses réseaux par le club de Juillan. J’imagine que depuis ce week-end, les messages ont du affluer des bords des Pyrénées ?
Franchement autant de messages, je n’en avais jamais reçus. On avait fait de belles épopées en Coupe de France. La Coupe de France, quoi qu’il arrive, ça parle plus aux gens que le championnat. Une année, on jouait un match pour la montée en Ligue 2, j’étais avec mon frère à Dunkerque. C’était un derby. Cette année-là,, c’est vrai qu’on avait reçu pas mal de messages car les mecs s’étaient pris au jeu de la montée. Mais la Coupe de France, c’est différent. Ça parle à tout le monde et ça a une portée que je ne pouvais pas estimer. Depuis trois jours, j’ai pris le temps de répondre à chacun parce que c’est tellement gentil de leur part. C’est un plaisir d’échanger avec eux parce qu’ils ont tous vu le match à la télé. Quand je vais sur les réseaux, je vois Juillan. C’étaient des adversaires quand je jouais là-bas moi ! Voir que cette équipe a eu une petite attention pour moi, ça me fait franchement plaisir. Je suis à Tarbes actuellement, je croise des amis, des gens qui m’en parlent. En plus il y a La Nouvelle République des Pyrénées qui en a parlé hier, donc ça a remis un peu le truc dedans après la Une de l’Equipe lundi. C’est vraiment un truc de fou. Comme je disais au début, on a le temps de redescendre parce qu’on n’a pas de match ce week-end. Donc on peut vraiment en profiter entre amis donc c’est top.
Maintenant, place aux 16èmes de finale, vous allez affronter Créteil, une équipe de National. Bien évidemment chaque match a sa vérité, mais affronter une équipe un niveau au-dessus de vous, après Metz, ça doit vous mettre quelques étoiles dans les yeux. Vous devez vous dire que les huitièmes sont atteignables, davantage que si vous aviez affronté le PSG par exemple !
Oui, le PSG c’est sûr que c’était autre chose. On en parle mais pendant le match, vous ne touchez pas un crayon et vous en prenez quatre à la fin. Ce n’est pas trop drôle non plus. Mais oui on était dans l’euphorie quand on a regardé le tirage. On espérait prendre encore une Ligue 1 ou une Ligue 2. On vient de battre une Ligue 1 donc je ne vais pas vous dire qu’on n’a aucune chance de passer. Mais on sera quand même outsider et non favoris. C’est quand même un niveau au-dessus. Il y a une différence de niveau entre le National et le N2. Ça sera une étape à passer. Mais c’est sûr que quand vous battez Metz, vous n’avez pas envie de vous faire sortir par Créteil. Les gens nous suivent, nous en avons conscience. Ça va être dur. Ça sera une préparation spéciale parce que le match, c’est le 2 janvier. Quand on y est en Coupe de France, on n’a pas envie de sortir. Tout ce qu’on vit là, les émotions, les échanges qu’on a eu avec les gens de Bergerac, avec nos amis, c’est indescriptible. Je n’arrive pas à raconter ce que j’ai vécu. On a envie que ça dure. C’est Créteil, on fera en sorte que ça dure pour une étape supplémentaire pour écrire encore l’histoire du club.

Sachant que le match contre Créteil s’annonce assez ardu. Créteil, c’est une équipe en manque de points, en manque de confiance en championnat et on sait que souvent des petites épopées en Coupe peuvent être la bouée de sauvetage pour réussir à remettre le pied à l’étriller…
Exactement. Pour nous la Coupe de France était importante pour se construire une série positive en fait. Notre série d’invincibilité, les matchs de Coupe de France sont inclus dedans que ça soit une R2 ou une R1. Il y a des différences de niveau, mais ce n’est jamais facile de passer. On a respecter tout le monde parce qu’on sait que le foot ça va tellement vite. Dès que vous ne respectez pas l’adversaire, vous le payez cash. Avec le groupe qu’on a cette année, on a la chance d’avoir la tête sur les épaules et ça nous permet d’en arriver là. Créteil va venir ici pour passer aussi ! Il n’y a pas de priorité au championnat, on va mettre la Coupe un peu de côté. Ça n’existe plus à ce niveau. Eux ils vont jouer à fond, nous aussi. On est à 90 minutes d’un huitième de finale donc il n’y aura pas de cadeaux.
Vous évoquez le fait d’avoir la tête sur les épaules, cette série d’invincibilité. Là, on peut dire que vous passez la trêve hivernale au chaud avec un 16ème de finale de Coupe de France à venir et en tant que leader de votre poule D de National 2. Est-ce que vous êtes raccords avec vos objectifs avec le niveau supérieur en 2022 ou pour l’instant vous prenez les matchs comme ils viennent sans vous prendre la tête ?
Nous à la base, avec les épisodes covid, le club avait pas mal morflé. L’objectif était de se remettre d’aplomb, de faire une saison pour se relancer. Le club jouait la montée depuis des années. Cette année, la force des choses a fait que le club a vu son budget à la baisse. Il y a eu beaucoup de changements au sein du club. On n’était pas forcément partis sur ça. Ils ont recruté plus localement. Ce sont 24-25 mecs qui se sont rencontrés. Ça a collé direct. Avec le coach, ça a matché direct avec tous les joueurs. C’est quelque chose à nous avec un état d’esprit qui nous correspond. On est tous du grand Sud Ouest. Ils ont recruté plus localement. On partage tous quelque chose à nous et ça a fait que ça a pris. On est premiers en championnat, on a la meilleure défense, la meilleure attaque, en Coupe de France, on a pris zéro but de la compétition. Je n’ai pas les stats si c’est déjà arrivé jusqu’en 16èmes. En fait on vit un truc de fou c’est presque démesuré. Nous on n’a pas du tout envie que ça s’arrête. On est des compétiteurs. Quand vous êtes premiers, ou en Coupe de France, vous avez envie d’y rester. On ne calcule pas. On sait que physiquement, à un moment-donné, on va pêcher un peu, c’est obligé. Mais franchement avec ce qu’on vit comme émotions, vous n’avez pas le temps de réfléchir.
Propos recueillis par N.Portillo



