Le trois-quart aile du Stade Dijonnais, Julien Caramel, est devenu au gré des saisons une des armes offensives bourguignonnes aussi redoutable que virevoltante. Passé par Colomiers où il a côtoyé la Pro D2, puis par Narbonne celui qui a été formé en terre millavoise, a trouvé à Dijon, la stabilité et la confiance adéquate, pour exprimer pleinement son potentiel. Ses crochet et son centre de gravité à raz du sol, faisant fureur en Nationale, Julien Caramel s’épanouit dans cette division à la croisée des chemins professionnels et semi Pro. Après une défaite à domicile face à Albi et une belle victoire à Soyaux Angoulême, l’enfant de millau et ses coéquipiers, espèrent, laver leur honneur face à une équipe de Bourgoin, qui les avait étrillée la saison passée dans leur antre de Bourillot.

Pour toi cette saison au Stade Dijonnais va avoir une saveur particulière. Ça fait quasiment deux ans que tu es arrivé, mais tu n’as connu le stade qu’en mode covid. Avec cette saison qui repart. Ce public, cette ferveur et ce rugby passion, ça doit te ravir.
Oui, ça fait plaisir de retrouver le public. Quand je suis arrivé, il y avait déjà pas mal de monde puis ça a duré jusqu’au match contre Bonne. Là, ça fait un an que ça dure où il n’y a pas trop trop de gens. Nous avons retrouvé le public à Nice sur le dernier match officiel. Là, ça fait plaisir de retrouver du monde.
On va revenir sur ton parcours au Stade Dijonnais. Tu fais une première année où le Stade était en Fédérale 1 pour essayer d’accrocher les play-offs. L’année dernière, où ça a été un peu plus compliqué collectivement mais on a senti que tu commençais vraiment à t’imposer dans l’effectif Dijonnais. Cette troisième saison, pour toi ça peut être la saison de la consécration.
Ben écoute, moi je suis là pour jouer. Ça c’est sur, comme n’importe quel compétiteur. À moi de faire les meilleurs matchs possible et à m’imposer dans l’effectif.
On va revenir aussi sur ta formation. Tu es le fils d’un grand ouvreur et entraîneur du SO Millau. Tu as commencé dans ce club. Ce rugby Aveyronnais, tu l’as transporté avec toi un peu en Bourgogne ?
Ben oui, je suis toujours fier d’où je viens. J’en parle toujours. Surtout qu’il y a des anciens Aveyronnais comme Hugo Alarcon, Hugo Alonzo ou Victor. Ils sont passés par Rodez donc c’est drôle de voir des Aveyronnais. On est un peu partout au final.
Pas qu’à Paris, même en Bourgogne.
C’est ça.

Après tes premiers pas sur tes terres natales en Aveyron. Tu es parti d’exporter dans l’Hérault. Qu’est-ce que tu en retire de ce passage au pôle espoir ?
Le pôle espoir, je n’y suis rentré que la deuxième année à Béziers. J’ai commencé d’abord avec la section sportive du lycée Jean Mermoz de Montpellier tout en jouant au club de Montpellier. C’étaient les premières années où on faisait un peu plus d’entraînements tous les jours. C’est le début de la vie en mode rugby. J’en retiens de très bons souvenirs. Montpellier c’était vraiment un très bon passage.
Après, tu as basculé en Pro D2 dans le centre de formation de Colomiers. A Colomiers tu as fais des débuts tout feu, tout flamme. Qu’est-ce qui s’est passé après ?
Ça va vite. Au début je ne pensais pas jouer si vite. Au final j’ai débuté la saison titulaire en Pro D2 alors que j’arrivais sur la pointe des pieds. J’ai fais quelques matchs, le premier bloc puis après une petite blessure. J’ai eu du mal à revenir. J’ai commencé les premiers matchs titulaires car il y avait quelques blessés à l’aile. A la fin du premier bloc, ils sont allés chercher des joker médicaux. C’est comme ça, j’ai eu du mal à revenir sur ma première année avec Bernard Goutta. Ma deuxième année, Bernard Goutta est parti à Clermont. Nous avons changé d’entraîneur et j’ai moins joué. C’est comme ça.
Ce que tu en retiens de ce passage en Pro D2 c’est sûrement l’exigence, la science du détail ?
Oui c’est ça, c’est le monde pro. C’était le début du vrai rugby, du rugby pro.

Après, tu as basculé avec Narbonne. Un passage éclair, maintenant que tu les vois en Pro D2, tu n’as pas des regrets de ne pas être resté dans l’aventure ?
Non c’est comme ça. Il faut assumer ses choix. Narbonne, c’était une ville où on sentait que ça transpiré le rugby. C’est toujours plaisant de les voir évoluer au niveau où ils étaient avant.
Un regard sur leurs débuts en Pro D2. C’est compliqué. On voit que malgré que la Nationale soit un championnat plus homogène que la Fédérale 1, le fossé est encore très grand entre Pro D2 et Nationale.
Oui, on voit qu’ils ont du mal depuis le début de l’année. Après, je pense qu’ils vont quand mêem réussir à redresser la barre. Sur les deux premiers matchs, c’était très compliqué mais je suis sûr qu’au fil des matchs, ça sera de mieux en mieux. Même si ça sera très difficile. Je ne l’espère pas pour eux mais ils risquent de jouer le maintien. Je suis sûr qu’ils vont redresser la barre.
Quand tu es parti de Narbonne. Quelles ont été les sources de motivation de ton choix pour aller en Bourgogne ?
J’avais un très bon copain à Dijon qui était Lucas Marijon qui était bien à Dijon. Il s’y plaisait beaucoup. Renaud Gourdon m’a fait un bon discours et voilà. A Narbonne, il me restait une année de contrat et c’était un peu le flou avec la présidence, on ne savait pas qui allait être président. Du coup, j’ai préféré le choix de la sécurité. Vu que j’ai eu une proposition de Dijon, j’ai préféré y aller.
Quel regard tu avais de Dijon quand tu les voyais de l’extérieur ? Comment tu percevais ce club à l’époque ?
Tout le monde nous disait que c’était une équipe très joueuse qui jouait les premiers rôles de la Fédérale 1. C’est ça qui m’a plu. Je suis plutôt un joueur qui aime le jeu de trois-quart.
Maintenant que tu es à l’intérieur du groupe depuis quasiment trois ans. Comment tu le perçois le Stade Dijonnais ?
Ça nous colle toujours un peu à la peau cette image d’équipe qui déplace le ballon. On a quand même un bon paquet d’avants. C’est cohérent par rapport à ce que je pensais avant.
On va revenir sur le début de saison du Stade Dijonnais. Une désillusion à domicile face à Albi, vous auriez aimé offrir une victoire à vos supporters qui retrouvaient Bourrillot. Puis une victoire face à Soyaux, une équipe qui descend de Pro D2 qui est affichée comme favorite pour la remontée. Vous êtes allés faire un exploit en terre Charentaise. Comment avez-vous switché de cette désillusion contre Albi pour arriver à ce superbe résultat contre Soyaux ?
On s’était dit qu’on ne devait pas décevoir à la maison. Nous avons finalement commencé en étant décevants même si au niveau du match et du contenu, nous avons quand même mis les ingrédients. Il y a eu quelques faits de matchs et quelques petites fautes qui font qu’on a pris des points très vite. Nous avons vite perdu le match. A l’inverse, à Angoulême, quelques fautes nous ont souri et le match a basculé dans l’autre sens. Ce qui fait que nous avons gagné. C’est un exploit c’est sur, mais ça ne fait que rattraper les points que nous avons perdu contre Albi. Maintenant à nous de confirmer contre Bourgoin et de faire un match plein.
On dit souvent que pour faire un bon groupe, il faut une bonne cohésion de présaison mais qu’il faut surtout un match test, un match fédérateur qui scelle un peu le lien du groupe. Tu penses que ce match à Soyaux, ça peut être ce match fédérateur qui lance une histoire ?
Je l’espère en tout cas.
Quels ont été les mots du coach après cette victoire ? On sait qu’il était très déçu après Albi. Là il devait avoir pas mal de positif et de côté enjoué.
Oui nous étions tous très contents. Après comme j’ai dis, nous devons très vite basculer sur Bourgoin car au final si nous restons dans cet état d’esprit où tout est beau, il vaut mieux basculer très vite et passer sur Bourgoin. Il faut faire le match le mieux possible ce week-end.
Bourgoin c’est un peu la bête noire moderne du Stade Dijonnais.
Avant, je n’étais pas là, mais l’an dernier c’est vrai que c’était sûrement le pire match de l’année. Ils nous ont vraiment fait mal. Nous avons pris plus de 40 points à domicile. A nous de rectifier ça et d’avoir un peu d’honneur pour gommer un peu le match de l’an dernier.
Paradoxalement, c’est un peu l’inverse de l’année dernière. L’an dernier Bourgoin arrivait à Dijon avec un pic de confiance, vous vous aviez un peu la tête dans le seau. Là c’est un peu l’inverse sur le contexte du match.
Oui mais on ne peut pas se fier à ça. C’est vrai que Bourgoin a perdu ses deux premiers matchs. Mais ça reste Bourgoin.
Le président Verney a annoncé dans la presse qu’il ambitionnait les six premières places. Les play-offs, pour toi c’est un véritable leitmotiv qui te permet de te transcender ?
De toute façon, on travaille tous pour ça. Si on joue dans un club de Nationale c’est pour essayer de le faire monter le plus haut possible. Après, il faut rester cohérent. Oui ça serait vraiment top qu’on soit dans les six premiers.
On va finir cette interview avec une question décalée. Un de tes coéquipiers nous a donné quelques tuyaux. Est-ce que c’est vrai que tu fais un régime alimentaire très dissocié à base de pizzas au chorizo ?
Ouais j’adore la pizza au chorizo.
On a dit aussi que tu était un « ptit gone» ?
Oui c’est bien vrai (rires)
Propos recueillis par Loïc Colombié
