#SportStory / Henri Sitek : Cycliste, accordéoniste et pompiste…


Gérant, avec son épouse Pierrette, de la station service Esso avenue Albert Thomas, Henri Sitek était une figure de l’albigeois, du cyclisme et de la musique.
Surnommé le « Tonton Flingueur » par le cycliste  béarnais Robert Cazala,  sa carrière fut jalonnée de victoires,  mais aussi d’une malchance sans pareil.
Retour sur une carrière amateur de 1947 à 1952 puis  professionnelle de 1953 à 1960 dans l’équipe BP cycles Mercier et enfin en tant qu’ indépendant au sein de l’Union Cycliste Albigeoise de 1962 à 1965.
Il est né polonais en 1929 puis naturalisé français en 1940, il commence sa carrière en région parisienne au CC Chellois, très rapide au sprint aussi bien sur piste que sur route,  il est sélectionné  pour participer aux JO d’Helsinki en tant que remplaçant de l’épreuve sur route en 1952.
En 1951, il connaîtra une anecdote croustillante qui fait à la fois la magie et  la tragédie du cyclisme d’après guerre. Nous rapportons les propos de  son ancien équipier René Fournier du Vélo Club de Barsac en Gironde : 
« A  Varèse dans le mondial sur route des amateurs, Henri se retrouve dans l’échappée de huit coureurs qui vont se disputer le titre. Sa vélocité naturelle l’autorise à envisager une place sur le podium. Hélas, une histoire incroyable de nos jours va lui arriver. A l’entame du dernier tour Henri crève à l’arrière, à l’époque le changement de roue est interdit, il faut changer le boyau à la main. La réparation effectuée dos tourné à sa machine, terminée, il se retourne pour remonter sa roue et là…. stupeur le reste du vélo a disparu on lui a volé, pendant qu’il s’afférait à réparer. La monture ne sera jamais retrouvée l’obligeant à abandonner la rage au ventre. Voilà comment s’acheva la course au titre mondial de notre valeureux Henri Sitek. » 
En 1953, il passe professionnel sous les couleurs de l’équipe BP Mercier , il dispute sa première course professionnelle le Grand Prix Claudel à Pont Hébert, et gagne au sprint devant…. Jacques Anquetil… Il croit sa carrière lancée…. Son rêve est de participer à Paris Roubaix… Antonin Magne son directeur sportif lui demande de battre à nouveau Anquetil sur ses terres au Grand Prix de  Rouen afin de valider le sésame pour rouler sur les pavés,  il n’y parvient pas et il  ne participera pas à l’enfer du Nord. 
Cruelle désillusion… !!!!
En 1954,  il prend le départ de Paris Roubaix, il est dans l’échappée de 12 coureurs et nourrit des ambitions légitimes pour la victoire finale au sprint sur le vélodrome… Mais à 32 km de l’arrivée son leader le Belge Raymond Impanis tombe. Antonin Magne lui ordonne d’attendre son leader, il fait le « job » d’équipier, roule sans compter, il  ramène Impanis à l’avant de la course… à  5 km de l’arrivée,  à la sortie d’un virage, vent dans le dos,  Raymond Impanis place une  attaque…  Bobet, Bartali, Coppi se regardent en chiens de faïence,   Henri Sitek s’étonne du manque de réactivité des stars de l’époque et en bon soldat reste dans les roues pour protéger son leader… Il ronge son frein !
A l’arrivée, Antonin Magne félicitera Henri Sitek, pour la besogne, la réponse fût cinglante « Aujourd’hui, vous m’avez fait perdre Paris-Roubaix »… 
Henri Sitek affirmera bien plus tard que Raymond Impanis venait d’ouvrir son magasin de cycles Mercier en Belgique, et qu’il lui fallait l’aider à lancer ses affaires outre-Quiévrain….
En 1955, il participe à son premier Tour de France qu’il terminera à la 66 ème place, et en 1956 dès la première étape Reims Lille, remportée par André Darrigade, dès le départ il coince sa roue avant dans un rail, il tombe , se blesse à un genoux et terminera hors délais, le verdict des commissaires de course est sans appel, il est éliminé.
Sa fin de carrière en tant qu’indépendant (statut de coureur entre les professionnels et les amateurs) au sein de l’Union Cycliste Albigeoise (le cyclisme albigeois se partageait en deux avec le Vélo Racing Club Albigeois)  lui a permis de courir le cachet pour préparer son après carrière… Il gardera toute sa vie un pied dans le peloton, car Henri Sitek avait toujours le sourire, avide de plaisanteries, facétieux, et amuseur du peloton,  il jouait de l’accordéon lors des rassemblements d’anciens coureurs du Tour, il animait les agapes et les soirées d’après course.
Il est mort à la tête d’un palmarès cycliste élogieux composé de 130 victoires (amateurs et professionnelles, route et piste confondues) et dans un total anonymat,le 24 décembre 2011, oublié de tous,  juste trois lignes dans un avis de décès dans le journal local…
crédit photo DDM) Pierrette  avec les albums souvenirs de son champion de mari, Henri Sitek.

HenrSITEK en bref
né le 11 juillet 1929 à Krzyworzeka (Pologne)
décédé le 24 décembre 2011 à Albi

naturalisé Français le 16 janvier 1940

1948 – amateur 

1er à Mouroux, 1er à Crégy

1949 – amateur
3ème à Bondy

1950 – amateur
6ème de Paris-Montereau

1951 – amateur
1er de Paris-Noisy sur Oise
1er du G.P de l’APSAP
2ème à Montataire
2ème du Circuit de l’Ile-de-France
3ème de Paris-Arras
3ème de Paris-Montereau
3ème du G.P de Montrouge
5ème de Paris-Cayeux sur Mer
Abandon au Championnat du Monde

1952 – amateur
1er de Paris-Chartres
5ème du Critérium du Printemps
6ème de Paris-Evreux

1953 – MERCIER-F.PÉLISSIER
1er du Circuit de la Vallée d’Ossau
1er à Oloron-Sainte Marie
1er à Pont-Hébert
2ème du Critérium de Barsac
8ème de Paris-Bourges
16ème du Critérium du Dauphiné Libéré
32ème de Paris-Tours
38ème du Critérium National
42ème du Het Volk
43ème du Tour de l’Ouest
Participe au Tour du Sud-Est
– 6ème de la 5ème étape

1954 – MERCIER-M.ARCHAMBAUD
3ème à Bordeaux
4ème du Tour de Picardie
– 4ème de la 2ème étape
– 6ème de la 1ère étape
6ème de la Polymultipliée
19ème de Paris-Tours
26ème du Critérium National
75ème de Paris-Roubaix
Abandon au Critérium du Dauphiné Libéré (7ème étape)

1955 – MERCIER-HUTCHINSON
1er à Pompadour
3ème du Circuit du Mont-Blanc
3ème à Aurillac
3ème du Critérium de Quillan
6ème des Boucles de la Seine
7ème du G.P de Nice
14ème du Critérium National
18ème du Championnat de France
28ème de Paris-Limoges
68ème du Tour de France
– 6ème de la 19ème étape
68ème de Paris-Tours

1956 – MERCIER-BP-HUTCHINSON
2ème à Vergt
4ème à Pompadour
5ème à Cénon
10ème de la Polymultipliée
10ème de Paris-Limoges
24ème de Paris-Tours
72ème du Critérium National
Abandon au Tour de France (hors délais 1ère étape)

1957 – MERCIER-HUTCHINSON
3ème à Pleurtuit
3ème du Critérium de Barsac
5ème à Langem
10ème de Paris-Camembert
10ème du Championnat de France de demi-fond
11ème des 6 jours de Paris avec Michel Maître-Renaud et Marcel Bareth
86ème de Paris-Tours
Forfait pour le Critérium National

1958 – MERCIER-HUTCHINSON
5ème du Championnat de France de demi-fond
Abandon au Critérium National

1959 – MERCIER-HUTCHINSON
2ème à Royan
7ème du Championnat de France de demi-fond

1960 – MERCIER-HUTCHINSON

1961 – coureur indépendant au VC Barsac

1962- 1963 – 1964- 1965 coureur indépendant à l’Union Cycliste Albigeoise.

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