(By Le Rugbynistère)
- Loïc Colombié
- Publié le 03 janvier 2019 à 20:00 – Mis à jour le 04 janvier 2019 à 10:37

Suite du Fédérale 1 Circus. Crédit photo : Flickr tiffany terrySujet sensible qui convient d’être abordé, la santé des joueurs est-elle en danger dans une division où les disparités entre les formations sont très fortes ?
L’arbitrage et l’intégrité physique des joueurs ne peuvent être dissociés, tant l’homme au sifflet est le premier protecteur du joueur. L’arbitre, par sa pédagogie, sa hauteur nécessaire tout en étant au cœur du match, permet souvent de protéger les joueurs d’autrui, voire d’eux-mêmes. Mais il doit aussi servir une instance et ses règlements, qu’il ne peut parfois mettre en corrélation face au différentiel qui peut exister entre deux équipes de Fédérale 1. Beaucoup, depuis le début du championnat, crient au loup d’un drame imminent et de la folie des instances dans son rôle de protection des joueurs.
Le vieux sorcier gersois, Henry Broncan est de ceux-là. Au mois d’octobre 2018, il déclarait dans une radio locale albigeoise : « c‘est un championnat très dangereux. J’avais entendu l’interview du Président d’Oloron. Je suis d’accord avec lui ». L’ancien coach d’Albi de faire référence à la saillie du président béarnais en octobre 2018 sur Radio Albiges : «» .closevolume_off
Ça fait partie de la réalité du moment, de l’incohérence du rugby français : opposer des équipes comme ça (pros et amateurs) c’est dangereux. Le monde du rugby est un peu fou, on a joué contre des joueurs qu’on a l’habitude de voir à la télé. Je souhaite au SCA, à Arnaud Méla et la maire d’Albi de remonter vite, sinon, ils auront des maux de tête.
Des propos amplifiés par le coach d’Oloron, à l’issue de ce match déséquilibré : « avec cette fédérale 1, des équipes de notre valeur vont prendre des branlées, c’est dommage pour l’intégrité physique de nos garçons. On revient avec des blessés importants et des KO ». La sonnette d’alarme est tirée du coté amateur. Mais du côté des pros, à l’instar du 2ème-ligne Russlan Boukerou, on se méfie des « coquins » voulant s’offrir le scalp d’un ancien pensionnaire de Pro D2 et ou de Top 14.
Pédagogie arbitrale
Les deux récents drames (Louis Fajfrowski et Nicolas Chauvin) se sont produits dans des matchs, ou certains spécialistes préciseront que ça « tape plus fort ». Mais le jour où un tel drame adviendra dans ce championnat si populaire et à la porté des foules, la base ne commencera-t-elle pas à renier son sport ? Les mères mettront leurs vetos, les pères fermeront les yeux dans les rucks, et les enfants ne viendront plus le mercredi après-midi ! Car pour que ce sport reste un beau combat, ou chacun va au bout de soi-même, les instances ne doivent pas se laisser happer par le culte du spectaculaire télégénique, au risque de devenir des jeux du cirque.
Si tout le monde aime ce sport et ce défi physique, opposer des joueurs intermittents du rugby à des professionnels préparés comme des mécaniques de précision est comme une pièce jetée en l’air. Jusqu’où iront les résistances des chairs et des os ? Voir William Whetton, le 3ème-ligne centre albigeois, s’arrêtant net devant un joueur de Nafarroa, voyant qu’il allait le briser, n’est sûrement pas la meilleure promotion du rugby.
Alors oui, les arbitres ont peut-être fait – sûrement inconsciemment ! – un brin de social lors des affrontements trop disproportionnés. « Bientôt, on pourra plus regarder quelqu’un dans les yeux sans prendre un carton », confiait le président tarnais (Alain Roumegoux) après la rencontre face à Anglet. Mais un bon juge n’est-il pas celui qui sait rendre la loi humaine au-delà de ses rigidités ? Pour être raccord avec les attentes élevées envers les grosses écuries « Pro » de fédérale 1, certaines se sont même attachées les services (comme consultant) d’arbitres de PRO D2. N’est-ce pas là la juste contribution des « Big Teams », afin d’éviter qu’un week-end de printemps, on porte tous un brassard noir ? La question reste posée, mais le temps est compté…. le futur de ce noble sport en dépend !