Après la victoire contre Rennes, on t’a quand même senti assez chafouin. Est-ce qu’à froid, c’est redescendu ?
Bien sûr que c’est redescendu. A chaud, et comme on a échangé sur ça aujourd’hui avec les joueurs, c’est plus de la déception de voir une bonne première mi-temps avec des actions qu’on ne concrétise pas même si elles sont réalisables et une deuxième mi-temps qui ne nous ressemble pas, où on a perdu un peu le fil du match, où on a commencé à bafouiller notre rugby et un peu à marcher ce qui n’est clairement pas les valeurs de ce groupe. J’étais un peu en colère par rapport à ça, sans forcément parler de bonus car ce sont les gens qui en parlent à notre place mais on voulait faire une bonne prestation et la 1ère mi-temps était quand même aboutie même si on ne facture pas toutes les actions que l’on a, par contre, c’est la deuxième qui laisse un goût amer. Je pense aussi que les joueurs s’étaient donné le droit à ce que certaines équipes ciblent un peu moins le match chez nous et là, on voit qu’on envoie peut-être un message à d’autres équipes en leur disant que, s’ils sont gourmands, ils ont peut-être quelque chose à prendre.
On arrive à la fin du 3e bloc et quasiment à la mi-championnat donc est-ce qu’il n’y a pas un peu d’usure physique ou mentale ?
De l’usure, peut-être mais en fait, l’usure ne doit pas exister car elle apparaît en fonction de ce que les joueurs ou même le staff ont envie de laisser paraître. Si on est des compétiteurs, si on est ambitieux, si on a envie de vivre une très belle saison ensemble comme c’est le cas depuis le début, on se doit d’être toujours dans la remise en question, dans le goût de l’effort, avancer tous ensemble. On ne peut pas se permettre de se reposer sur nos lauriers donc il y a peut-être de l’usure mais si c’est le cas, c’est qu’on n’a pas fait le taf la semaine avant le match et qu’il y avait peut-être d’autres leviers qu’on n’a pas activé ou bien que les joueurs étaient un peu suffisants. Ça reste quand même un très beau match, je pense que les gens sont de plus en plus gourmands, ils voient de plus en plus de jeu, je pense aussi qu’ils voient des actions abouties et que ça les frustre comme nous qu’elles ne soient pas abouties. Je crois qu’encore aujourd’hui, si on voit notre classement et les performances des joueurs, on ne nous mettait pas du tout ici donc c’est quand même une fierté même s’il y a encore du travail et même si on va continuer à bosser ensemble pour être encore plein d’ambitions sur le reste de la saison.
Avec cette seconde mi-temps, est-ce que ce n’est justement pas le bon moment pour se dire » attention, on va à Nice, il va falloir réagir » ? Est-ce qu’en fait, ce n’est pas un mal pour un bien ?
Que ce soit à Nice ou ailleurs, c’est pareil et tu as raison de dire que c’est le bon moment. Pourquoi ? Parce qu’on est quand même dans des résultats très positifs ce qui veut dire qu’on peut se permettre de travailler, de se dire les choses sereinement, de construire, de développer sans qu’il y ait de quiproquo. On sait très bien, comme dans beaucoup de clubs de rugby ou même dans d’autres sports, que quand il y a défaites, les choses sont plus mal perçues, plus mal interprétées et que c’est source de conflits mais aujourd’hui, avec les joueurs, on a passé une très bonne matinée, on s’est retrouvé au bureau autour d’un petit-déjeuner, on a fait un très bon repas ensemble et en étant très transparent, ce sont les joueurs qui ont eux-mêmes pris le retour de match parce-que ce sont de très bons mecs et qu’ils savent très bien ce qu’ils ont fait de bien ou pas. Ça a été une très, très bonne journée positive aujourd’hui et c’est le meilleur moment pour justement nous permettre, j’espère, de réenclencher la marche en avant positivement.
Votre prédécesseur aurait dit » Albi se déplace chez l’ogre de la poule » mais factuellement, lorsqu’on regarde le classement, c’est Albi qui est second et Nice qui est 5e ?
Oui, si on ne regarde que le classement et que le papier, on peut se dire ça mais si on regarde la réalité des faits, Nice reste encore l’ogre de la poule avec Narbonne. Ils ont quand même un recrutement triple XL, tout le monde le sait, je pense qu’ils sont aussi en train de prendre la mesure de la Nationale où je ne crois pas qu’ils s’attendaient à autant d’opposition sur certaines rencontres. Je pense que c’est une équipe qui joue à son rythme et qui, quand ils se seront trouvés et qu’ils auront le rythme de la Nationale, sera une équipe très, très dure à jouer. Bien sûr qu’on va chez un gros, gros de la poule, on y va sans pression particulière, toujours avec de l’ambition comme je l’ai toujours dit depuis le début mais ce n’est pas de l’ambition que de dire » on va gagner, faire un coup » ou autre chose, c’est l’ambition de montrer une bonne image et les valeurs de ce groupe, tout simplement.
Vous y allez sans pression, par contre, vous allez jouer contre une équipe qui a la pression car deux sorties à 0 point, une victoire non bonifiée contre Marcq-en-Barœul, une équipe qui joue le maintien. Ce sont donc eux qui seront au pied du mur samedi donc est-ce que ce n’est pas justement le bon moment pour y aller ?
Le bon moment, je ne sais pas, je pourrais te répondre lundi prochain à la conférence si c’était le bon moment ou pas. Ce que je sais, c’est qu’ils ont annoncé leur objectif et leur ambition et le plus dur pour eux, ce n’est pas d’être premiers toute la saison parce qu’à la fin, ils auront quand même les matchs de phases finales à faire. Je pense que leur objectif à eux est de monter donc que ce soit dans les 6 qualifiés ou qu’ils soient premiers mais qu’ils passent par les phases finales, je pense que si c’est surtout une équipe qui grandit au fur et à mesure des matchs, ce sont les phases finales qui seront primordiales. C’est le genre d’équipe qui, à mon avis, sait répondre à ce genre de match-là donc ils ont certes la pression dans l’image mais je pense que dans le contenu, ils savent très bien qu’ils ont une équipe au-dessus de la moyenne pour ce niveau et qu’ils vont tout faire pour surtout rester dans les 6 pour ensuite porter le coup d’épée de Damoclès.
Est-ce que vous allez rentrer du monde par rapport aux indisponibles des semaines précédentes ?
Comme on l’avait dit la semaine dernière, Lucas Pindor postule à 100% cette semaine, il n’a pas de gêne. Esteban Talalua est toujours indisponible, en phase de réathlétisation et on ne prend pas de risque. On prend beaucoup de temps avec pas mal de joueurs car la richesse de notre groupe fait qu’on a un confort à savoir que les joueurs qui jouent ont vraiment le niveau et respectent le maillot. Au-delà de ça, ça nous laisse le temps de ne pas faire revenir les blessés trop vite et de les laisser se remettre pendant 2 à 3 mois, ce qui arrive assez souvent.
Les joueurs qu’on a vu vendredi soir étaient eux-mêmes très déçus et exigeants envers eux. Est-ce que la pression était un peu retombée lundi matin pour repartir en disant » 11 matchs, 8 victoires, 3 défaites, on aurait signé des deux mains au mois d’Août ?
Bien sûr qu’on aurait directement signé sur ces résultats au mois d’Août mais pour nous, et je parle du staff, on est là pour protéger le groupe et anticiper ce qu’il peut se passer. Pour ce week-end, si on fait chou blanc à Nice et qu’on ne ramène rien du tout, on peut se retrouver 5es ou 6es au break ce qui veut dire que les gens 2es et 3es vont nous voir 5es / 6es. Avec l’appétit que les joueurs ont en ce moment, les gens en ont pris l’habitude donc, à tout moment et je ne le cache pas, ce sont peut-être les premières personnes qui vont critiquer la même équipe qu’ils ont félicitée il y a deux semaines. Notre rôle de staff avec les joueurs se trouve là à savoir qu’on prend les matchs les uns après les autres, qu’on respecte le maillot et le projet, qu’on s’envoie sur le terrain et le reste qui en découle, ce n’est que dû au travail des joueurs sur le terrain. Quel que soit le résultat ce week-end et le week-end d’après, il faut toujours que l’on avance comme ça mais qu’on soit aussi prêt à encaisser le reste car si on a certes de l’appétit, il faut aussi se contenter de ce qu’on a. Ça reste une victoire, ça reste encore en haut du classement, tout peut aller très vite dans cette Nationale, on voit que les 6 premières places se jouent à 1, 2 ou 3 points donc aujourd’hui, on va avancer » cachés « , on va prendre les week-ends les uns après les autres, on va rester tous ensemble solidaires jusqu’au bout et comme on dit, c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens.
Propos recueillis par Loïc Colombié
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