On est avec Kevin Boulogne, l’entraîneur principal du Sporting Club Albigeois, après une victoire qui a l’air de vous laisser un petit goût amer du côté d’Albi ?
Oui, bien sûr, apparemment, il faut toujours chercher du positif mais non, on a gagné, ça, c’est le positif mais on ne peut pas se contenter de ça, clairement pas. Rennes a vendu chèrement sa peau mais je pense qu’aujourd’hui, c’est plutôt nous qui nous sommes rendus le match compliqué, on n’a pas réussi à enchaîner les temps de jeu, on a fait des mauvais choix, on n’a pas été sereins, on a rendu beaucoup de ballons et en touches et en mêlées, ce qui ne nous ressemble pas. En 1ère mi-temps, on était un peu sur courant alternatif, touches et mêlées irréprochables mais derrière, beaucoup de ballons tombés et ça a été l’inverse en 2e période où on n’arrive plus à prendre un ballon et où on n’arrive plus à mettre notre rythme. C’est clairement un match très, très décevant donc on garde la victoire mais par contre, on va bosser sur le reste.
Comment est-ce que tu analyses cet effondrement que vous avez vécu en seconde période car vous vous êtes totalement effondrés, notamment sur la fin ?
Je pense qu’il y a beaucoup de frustration car les joueurs ont essayé de produire en début de 2e mi-temps mais ils n’ont pas réussi à concrétiser donc ils n’ont pas été payés. Ensuite, je crois aussi que toutes les munitions qu’on a perdues ne nous permettent pas non plus de nous remettre dans l’avancée ni de nous remettre en confiance. Dès qu’ils essayaient de trouver des failles, ils avaient du mal, on perd tous les ballons derrière, on ne peut pas en trouver et sans ballon, on ne peut pas attaquer ni marquer. Rennes a été très pragmatique, nous, on s’est mis à la faute facilement, je crois qu’on a 15 pénalités contre nous ce soir alors que, généralement, on tourne autour de 10 ce qui est notre point assez positif de la saison donc aujourd’hui, on est sorti du cadre sur beaucoup de choses. Dans une saison, il y a toujours un match assez décevant, compliqué, toujours un match qui ne se passe jamais comme on veut et généralement, ces matchs, on les perd donc ce soir, comme je l’ai dit, on va rester dans le positif à savoir qu’on a gagné, en étant pas très bon voire pas bon, on gagne ce match. On est un groupe jeune, il faut être patient mais quand on aura notre rythme de croisière, j’attends de voir ce que ça va donner.
On sait que vous êtes une équipe joueuse. C’était la première fois que vous jouiez sous des conditions météo pluvieuses, est-ce que ceci peut expliquer cela ?
Jouer oui mais, encore une fois, il y a jouer et surjouer. On ne peut pas relancer 80 ballons sur 80 minutes, ce n’est pas possible, au bout d’un moment, il faut savoir gérer les temps forts et les temps faibles, c’est comme ça que les matchs se gèrent et encore plus en hiver. Le ballon était un peu humide et glissant pour commencer mais bon, il y avait quand même de bonnes conditions pour jouer mais le plus dur est là, avec la jeunesse que l’on a. Il ne faut pas se cacher derrière ça toute l’année mais c’est surtout qu’on n’a pas su gérer quand on a voulu accélérer ou quand on a voulu ralentir, quand on voulait imprégner notre rythme et quand on a voulu le faire, je pense qu’on n’a pas eu les munitions pour le faire. Tout était un peu à l’envers.
Sur le rugby, on parle de mettre en éveil et là, avec les scories et les approximations qu’il y a eues ce soir, il n’y avait pas mieux pour mettre en éveil pour aller à Nice ?
Pour mettre en éveil, oui mais clairement, Nice est un peu l’ogre de la poule avec Narbonne, on ne va pas se le cacher. A aujourd’hui, ça reste un bloc positif quand même car on fait un bonus défensif à Narbonne qui était premier à l’époque, on fait deux victoires, quel que soit le contenu même si, bien sûr, il y a toujours à redire et à travailler, moi le premier mais ça reste deux victoires et un point de bonus. Là, on va à Nice clairement pour se tester et se jauger, on ne lâchera pas le match mais en fait, on n’a rien à y perdre donc on n’a pas de pression et il y aura une semaine de repos derrière. Là où il y aura la pression et ce qui est important pour nous, ce sont les deux réceptions avant Noël avec les venues de Périgueux et de Bourgoin.
Si on suit tes propos, vous allez à Nice, en Côte d’Azur, sans pression mais avec de l’ambition, comme d’habitude.
Oui, c’est notre maître mot mais de l’ambition, ça veut tout et rien dire. Ambition, ça ne veut pas dire qu’on va aller gagner à Nice, je pense qu’on est assez humble cette année pour garder les pieds sur terre car déjà, personne ne nous voyait là à l’heure où je vous parle donc aujourd’hui, on prend tout ce qui se présente de positif, même les matchs comme ça si c’est gagné parce-que ça nous permet de travailler dans le confort. Oui, on a de l’ambition car si on y va en victimes, on va en prendre 50 et ça ne ressemble pas aux valeurs de ce groupe, ce soir, même si tout était loin d’être parfait, on a quand même vu des joueurs qui s’envoient, qui ne trichent pas et qui essayent de rattraper les coups ce qui est notre marque de fabrique. On ira donc à Nice avec de l’ambition mais surtout l’ambition de continuer à montrer nos valeurs, de continuer à mouiller le maillot et de voir ce qu’il se passe ensuite.
Tout n’était pas parfait mais pour 24 heures au moins, vous êtes leaders ce qui fait quand même du bien ?
Le week-end dernier, ça a déjà duré 24 heures (sourire). Comme je l’ai dit, on ne regarde pas forcément le classement car la vérité d’aujourd’hui n’est pas obligatoirement celle de demain, par contre, si on fait ça à chaque fois sur une nuit, c’est qu’on n’est pas loin, en haut du tableau et c’est clairement la cerise sur le gâteau pour nous. On a basé le groupe cette saison sur les valeurs, le respect, l’ambition, le don de soi, en fait, sur un réel projet cette année même dans le jeu donc on ne va pas se mentir, ça ne va pas tomber du jour au lendemain. J’aimerai que les gens voient 60 points aboutis avec des action de folie mais avant de pouvoir produire du jeu et de se trouver, il faut le mettre en place et ça prend du temps.
Propos recueillis par Loïc Colombié
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