
Après 6 ans d’attente, la citadelle de Rouen est tombée ?
Oui mais le défi était de taille et les joueurs ont répondu présents. Ça fait plaisir d’avoir cette victoire à Rouen car même si on n’en avait pas conscience, qu’on disait que c’était une autre histoire, d’autres hommes et qu’on n’avait aucun contentieux avec Rouen particulièrement, c’est vrai qu’on a reçu beaucoup de messages après le match de beaucoup de gens à qui ça tenait à cœur et qui ont été contents de l’état d’esprit et surtout de la victoire à Rouen ce week-end.

Pour le groupe, c’est la première à l’extérieur de la saison et ça représente forcément quelque chose ?
Bien sûr. On l’avait dit avant le match, Bourgoin était le premier match de la saison à l’extérieur d’où on a ramené un point de bonus défensif en étant même un petit peu frustré au niveau du contenu, à Niort, on est complètement passé à côté en termes de jeu mais surtout en termes d’état d’esprit, ce qui nous importait réellement et on avait répondu présent à domicile contre Chambéry avec un gros match où les joueurs avaient mis un gros cœur. Avant le match à Rouen, on avait posé la question aux joueurs de savoir quelle serait leur ambition sur l’année, quelle serait la faculté de l’équipe de voyager et on leur avait dit » ce soir, on aura une réponse pour savoir si on est une équipe qui aura de l’ambition tout le temps ou si on est juste une bonne petite équipe qui va jouer les matchs importants à domicile et s’exporter dans l’état d’esprit dont on aura besoin « .

Outre cette faculté à voyager, il y a cette capacité d’enchaîner deux grosses prestations. Est-ce que tu penses que c’est quelque chose d’important, notamment dans un début de saison ?
Oui mais il faut voir comment les prestations sont faites et celle de Rouen a été réalisée parce-que les joueurs ont mis un cœur énorme dans tout ce qu’ils ont fait, dans le combat, dans l’état d’esprit et dans le don de soi. Ça, ce sont les ingrédients lorsque tu veux exister, que ce soit à domicile ou à l’extérieur et pour pouvoir exister et pour pouvoir faire une grosse saison car si on dit avoir de l’ambition et qu’on arrive sans avoir ces ingrédients, tu en prendras 50 tous les week-ends, même à domicile. Notre gros attendu était là-dessus et les joueurs ont répondu présents et ce qui nous fait plaisir à nous, staff, c’est que depuis deux week-ends, on monte le curseur en termes d’état d’esprit, de combat et de don de soi. C’est surtout ça qui est important, on peut travailler sur ça mais si on l’enlève, on ne peut pas le travailler, on ne peut pas le construire car ça ne s’achète pas.

Est-ce qu’on peut monter encore plus haut et est-ce que tu attends qu’ils montent encore plus haut ?
Je réponds pour le staff mais on en veut bien sûr toujours plus. Ce n’est pas qu’on pose la question mais ce sont les joueurs qui vont répondre tous les week-ends sur le terrain, c’est à eux de décider s’ils ont envie d’aller encore plus haut, encore plus loin et d’être encore plus forts. Nous, on les encadre la semaine mais comme tous les entraîneurs disent, on ne peut pas jouer à leur place et c’est la réalité donc oui, aujourd’hui, ils ont monté le curseur, ils sont de plus en plus engagés et exigeants et maintenant, ce sont eux qui vont décider tous les week-ends de la physionomie du match.

Comment est-ce qu’on explique ce turn-over, qu’on mouille le maillot mais qu’un week-end sur l’autre, on ne se retrouve pas forcément sur la feuille de match ?
Une équipe, c’est un effectif, un groupe, on fait un sport collectif donc on est un groupe là où sur le terrain individuel, chacun a un autre sport. Aujourd’hui, notre job à nous est de tirer le meilleur de tout le monde et que l’équipe en elle-même réponde du mieux possible chaque week-end car si les joueurs n’adhèrent pas à ça, on ne fait pas une saison avec 15 joueurs. On sait les blessures, on sait la longueur de la saison donc ce n’est pas le but, le but est de mettre des joueurs qui adhèrent à ce projet et qui vont chercher des résultats tous les week-ends pour le bien du groupe. Il vaut mieux un bon joueur câblé pour le groupe qu’une individualité nocive et aujourd’hui, on a clairement un groupe câblé ce qui veut dire que peu importe qui l’on met, ils acceptent les décisions et ils les acceptent encore du plus du fait qu’elles sont validées par les joueurs sur le terrain. C’est donc beaucoup plus facile d’intégrer ou de sortir des joueurs, si on prend des exemples très concrets, on nous dit à chaque fois qu’un joueur fait un très bon match » pourquoi vous le sortez ? « . Et bien, parce qu’il a fait un très bon match, ça peut justement se justifier en lui disant qu’on veut peut-être le garder pour de la stratégie sur un autre match ou autres. Quand un joueur fait un mauvais match, premièrement, il a déjà une sanction et il le sait lui-même, deuxièmement, si on le sort, il a encore double lame donc en fait, à quel moment on le sort ? C’est toujours compliqué, il n’y a pas de bonne solution, c’est juste de faire en sorte que les joueurs pensent au groupe avant de penser à eux-mêmes.

Est-ce que vous anticipez parfois les compos voire une à deux semaines à l’avance ? Si oui, est-ce que le match de Rouen vous a amené un peu de flou dans le sens où il y en a qui ont signé de très bonnes performances en ayant moins joué et bousculent un petit peu vos plans établis ?
On marche par bloc, on a une planification par bloc qui est ensuite faite par réaction. Notre stratégie par bloc est d’avoir une équipe à 100% sur le terrain mais on ne maîtrise pas les blessures le week-end ce qui nous fait changer notre fusil d’épaule, on ne maîtrise pas non plus les performances et les contre-performances sachant qu’on peut aussi changer notre fusil d’épaule mais on part sur une logique de base, comme on vous l’a dit, pour mettre la meilleure équipe compétitive par rapport à l’adversaire. On s’adapte également un peu sur les équipes, il y a des équipes qui sont beaucoup plus denses, d’autres qui sont plus joueuses, d’autres encore qui occupent plus au pied donc il faut aussi que l’on ait une équipe capable de s’adapter à toutes les formes d’équipes en face. On a bien sûr une planification mais, en fait, cette dernière est toujours régulée chaque semaine en fonction de tous ces facteurs.

Ça fait trois mois jour pour jour que tu t’es lancé dans cette aventure de staff. Quel bilan est-ce que vous dressez de votre rôle d’entraîneur, d’entraîneur principal ? Est-ce qu’il y a eu des moments un peu plus durs que ce que vous pensiez ou d’autres un peu plus simples que ce que vous anticipiez ?
Il y a eu des moments compliqués, on le sait, et même le match de Chambéry, pas compliqués pour la saison en elle-même mais parce-que c’était le début de saison et qu’on voulait rendre une belle copie avec les joueurs. La meilleure des solutions, et on ne va pas se mentir, est de poser directement la question aux joueurs car nous, le staff, on vit très bien avec eux et ça se passe très bien, on s’adapte toujours sur tout au quotidien et eux aussi. Je pense qu’aujourd’hui, il y a clairement une osmose entre tout le monde, il y a également un projet club qui se met en place et auquel joueurs et staff adhèrent tous, il y a vraiment une culture qui s’est instaurée depuis trois mois. La fierté est surtout là car quand on parlait de projet club, il est en place et il est lancé, lorsqu’on parlait de formation, je pense qu’on n’a pas à nous contredire sur les compos qu’on fait. On parlait également d’unité club et aujourd’hui, avec les jeunes, les espoirs, les équipes de l’association, il y a des joueurs qui leur ont envoyé des vidéos pour les encourager pour leur saison et ça, c’est une culture qu’il faut avoir et notre plus grande fierté depuis trois mois est que je pense que les joueurs et le groupe se sont imprégnés de cette culture et c’est ça qu’il va falloir garder.

Dans ce match de Rouen, vous avez mis l’accent sur l’état d’esprit mais contre Chambéry, on avait remarqué l’importance de la mêlée sur cette rencontre. Est-ce qu’il y a des choses sur le plan technique et le plan rugby qui vous ont intéressées car il n’y a pas que le côté psychologique ?
Il y a bien sûr le contenu, on l’a répété les semaines précédentes sur les conférences. Chaque week-end, ce groupe a réussi à gommer certains points négatifs, à s’améliorer et, comme je l’avais dit, c’est un groupe qui s’imprègne justement beaucoup de ça et qui est demandeur. On avait des points forts sur les autres matchs, des points faibles qu’on a améliorés, on a vu sur Chambéry qu’ils étaient montés en puissance et c’est sur ces points-là qu’on les attendait. A Rouen, il y a encore eu des points forts et des points faibles sur lesquels on va encore travailler mais comme je l’ai dit, le but est que l’on vive une aventure humaine cette année tous ensemble et cette aventure humaine est bien partie dans l’investissement. On le répète beaucoup mais ce sont nos valeurs à nous, staff, et des valeurs que, je pense, le groupe a clairement repris avec nous et si on veut travailler et avancer, il faut qu’on ait les bons ingrédients car si on en prend 50 tous les week-ends, on ne peut pas travailler ni dans la sérénité, ni avec le groupe, ni avec le staff. Aujourd’hui, le groupe répond présent sur ça et ça nous permet chaque week-end d’évoluer, le groupe évolue chaque week-end sur les points positifs comme sur les points négatifs et c’est à la fin de la saison qu’on fera le point sur notre championnat. Concernant la formation, on avait également dit qu’on repartait avec des jeunes, qu’on refaisait un projet avec des jeunes, une philosophie de jeu et ça n’est pas tombé du ciel, on l’avait dit et on voit aussi que ça avance quand ils l’ont décidé mais que ça avance plus vite que prévu.

Où en est-on de l’infirmerie ?
On a quelques bobos de Rouen mais pour l’instant, franchement, on n’a pas encore de casse ou vraiment de grosse casse, on continue à le dire chaque lundi et j’espère que ça continuera le plus longtemps possible. Pour l’instant, on a des retours de joueurs cette semaine donc on verra pour ce week-end, des joueurs comme Jacomme, Aviragnet, Beltran, ce sont des joueurs que l’on va rentrer. Est-ce qu’ils seront encore justes ou pas ? A voir mais c’est sûr qu’on rentre pas mal de joueurs. On a deux ou trois pépins mais vraiment rien de grave, sincèrement, on n’a pas de grosse blessure où on peut dire aujourd’hui » lui, c’est sûr, il ne pourra pas jouer « .

Qu’en est-il de Baptiste Couchinave ?
Il est sur la phase de reprise, il a déjà attaqué la semaine dernière avec nous. Là, il n’est pas loin d’être à 100% donc on verra cette semaine, il peut postuler dès maintenant ou on verra la semaine prochaine si on attend encore un peu. Comme je l’ai dit, on rentre beaucoup de joueurs ces temps-ci donc c’est plutôt du positif et sur les résultats et sur l’infirmerie qui n’est pas trop chargée depuis le début de la saison.

Est-ce que le congé paternité au talon se prolonge ou on lui dit » tu arrêtes de pouponner et tu viens pousser vendredi » ?
Je vais être très honnête, il n’y aura pas de congé paternité, pas parce-que le staff l’impose mais parce-que le joueur lui-même a dit qu’il n’en voulait pas. Il veut rester avec le groupe et rester dans cette dynamique, par contre, pour être très transparent, on a échangé avec lui pour qu’au mois de Décembre, on lui octroie quelques jours supplémentaires pour pouvoir lui permettre de voir sa fille mais aussi de la présenter à sa famille. C’est un choix qu’il a fait lui-même, un choix fort donc, encore une fois, je pense que ça nous montre que le groupe est câblé et qu’on est en train de créer quelque chose d’assez particulier, d’assez costaud et consistant.

FF : A l’image du groupe, à l’image de ses 3 compères au talon. Oui, à l’image du groupe.

Quelle est la ligne directrice pour affronter Suresnes dans ce 3e match au Stadium ?
Encore une fois, et ce sera notre fil rouge cette année, le mot d’ordre sera l’état d’esprit. Il n’y a que ça qui peut faire un gros match chaque week-end, gagner ou pas, il n’y a que ça qui pourra répondre présent. Au-delà du résultat, on attend les joueurs sur ça, c’est notre base, notre fondation et il ne faut pas que la fondation s’effrite, elle doit être présente tous les week-ends avec l’état d’esprit, tous les week-ends, qu’on aille à l’extérieur ou à domicile et c’est par rapport à ça que l’on peut se permettre de nourrir des ambitions. Le premier mot d’ordre sera donc » état d’esprit » et en fonction de ça, je pense qu’on peut faire une belle chose contre Suresnes si les joueurs l’ont décidé.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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