Avant la rencontre face à Niort (défaite 37-17) lors de la 3eme journée de Nationale, l’entraîneur principal du SC Albi nous a accordé un entretien . L’occasion pour lui de mettre l’accent sur la qualité humaine de ce groupe jaune et noir qui enchaîne une sixième saison consécutive en Nationale.
Niort une équipe nouvelle sur qui vous n’avez pas de visu ?
On ne peut pas se baser sur la saison dernière car, honnêtement, le niveau de la Nationale 2 est quand même plus faible, même si ça reste un gros niveau, c’est un cran en-dessous de la Nationale. L’opposition n’est pas la même, Niort a vraiment survolé la catégorie et le championnat parce qu’ils dominaient toutes les collisions et qu’ils roulaient sur tout le monde et aujourd’hui, en Nationale, leur plus gros défi sera là. Ça sera d’essayer de refaire les mêmes performances mais ils auront plus de mal face à de grosses écuries, je ne parle pas forcément d’Albi, car dans ce championnat, il y aura des équipes qui vont les contrer et c’est là qu’ils devront s’adapter.
Vendredi soir, en 1ère mi-temps, on a vu une équipe qui voulait jouer tous les ballons. Comment est-ce qu’on arrive à faire comprendre qu’il faut justement trouver cet équilibre entre l’occupation et la possession sans forcément s’exposer car la pression défensive que vous a mis Massy vous a mis plusieurs fois en difficulté ?
C’est tout à fait ça et je l’ai dit après le match. On se voit un peu comme la 1ère mi-temps de Bourgoin, on relance beaucoup, on tente même un peu trop mais, comme on l’a dit, c’est de la jeunesse, la philosophie de jeu a complètement changé et il faut aussi être patient. Il faut apprendre, on est là pour bosser avec eux mais il vaut mieux avoir une équipe très joueuse et leur mettre le frein à main plutôt qu’une équipe clairement restrictive et les pousser à jouer. Aujourd’hui, on sait que ça n’a pas été parfait, les joueurs le savent aussi par contre, ils savent qu’ils ont quand même fait un très gros match et qu’ils sont allés maîtriser ce match jusqu’à la dernière donc on a une bonne base de travail. Malgré deux matchs de championnat et un mois et demi de pré-saison, on a quand même de grosses certitudes et on va avancer là-dessus, on va travailler dessus avec les joueurs parce qu’ils en ont envie et nous aussi.
Du coup, qu’est-ce qu’on se dit sur ce match et sur la suite le lundi matin lorsqu’on arrive à la Guitardié, staff et joueurs ?
Déjà, on se dit qu’on a gagné. C’est quand même plus important d’arriver le lundi matin avec le groupe après avoir gagné car ce n’est pas du tout le même tempérament pour travailler, je dis pour travailler mais c’est plutôt pour prendre du plaisir car je pense qu’on en prend tous. Ça nous donne justement de l’eau au moulin pour travailler, pour avancer, pour gommer les erreurs et pour essayer avec ce groupe de faire de l’excellence. Comme on leur a toujours dit, ce sont eux la clé du projet, ce sont eux sur le terrain et nous, on est là pour apporter une plus-value en termes de stratégie, de compétence et de ce genre de choses. Je pense que les joueurs sont assez exigeants avec eux-mêmes pour ne pas qu’on ait à leur rabâcher chaque fois ce qu’il faut faire car ils savent où ils veulent aller.
Il y a des observateurs qui ont trouvé qu’Albi manquait un peu de densité physique. Qu’est-ce que tu leur réponds ?
Bien sûr qu’on a un manque de densité, c’est une réalité, on ne va pas se mentir mais comme je l’ai dit, tout est également relatif à la philosophie de jeu. A partir du moment où, dans notre ADN, on veut avoir de grosses valeurs, avoir du jeu, du jeu épuré, ce genre de contenu, on ne peut pas se permettre d’avoir des joueurs à 150 kilos. C’est pour cela que l’on s’adapte sur nos forces mais aussi sur nos faiblesses et qu’on travaille dessus, chaque équipe a des points forts et des points faibles, on voit que ce ne sont pas forcément les plus denses qui gagnent tout le temps tout comme ils en gagnent et inversement, ce ne sont pas toujours les plus joueuses qui gagnent tout le temps même s’ils en gagnent aussi. Aujourd’hui, on se concentre sur nous, on manque un peu de densité mais qui est largement comblé par la qualité des mecs en termes d’état d’esprit, de déplacements et d’intelligence de jeu.
On a vu des résultats très, très serrés dans tous les matchs ce week-end. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Que c’est un championnat très homogène et qu’aujourd’hui, si on regarde le championnat, il n’y a pas de petites équipes qui montent de Nationale 2 ou autres. On voit Périgueux qui bat Nice à la maison contre l’ultra favori de cette saison, on voit Rennes qui bat Bourgoin, Niort qui a gagné chez lui le week-end dernier donc même les promus gagnent et tout le monde peut accrocher tout le monde. Ca va maintenant être le détail, l’état d’esprit, la pression, tout ce genre d’éléments qu’il va falloir maîtriser.
Tu disais vendredi soir » gagner, c’est bien, mais gagner sans spectacle … » mais qu’est-ce qu’on met derrière le mot spectacle car une mêlée qui avance, une prise à deux mains en touche, un groupé pénétrant qui va derrière la ligne, c’est du spectacle ?
J’ai dit » spectacle » dans le sens où on ne va pas restreindre le jeu et faire des pick and go tout le match car ce n’est ni notre philosophie ni notre ADN. Par contre, le spectacle ne passe pas forcément par des balles à l’aile mais aussi par des actions construites, par un ballon porté bien amené, par une sortie de mêlée bien jouée. Nous, on parle plus d’un jeu ouvert et d’un jeu avec des joueurs qui prennent des initiatives plutôt qu’un jeu restreint. Le spectacle, en fait et comme on le disait, c’est de ne pas restreindre notre jeu, ça ne veut pas dire qu’on va faire du » rugby hourra » car ce n’est pas non plus le programme mais c’est surtout de ne pas renier les ambitions de l’équipe, les initiatives, le jeu et quand il faudra faire des ballons portés, on ira sur les ballons portés tout comme quand il faudra être âpres en défense et occuper, on ira occuper. On n’a pas peur là-dedans et on a clairement une équipe qui est solide dans tous ces domaines, c’est juste qu’à aujourd’hui, et c’est ce que je disais après le match, c’est que même si le public est exigeant et que les gens attendent mieux, on ne va pas faire des pick and go tout le match, ça ne sera pas notre marque de fabrique et je dirai même que le week-end dernier, on a fait un peu trop de ballons portés à mon goût. Qu’ils soient efficaces ou non n’a rien à voir, c’est qu’aujourd’hui, il faut de l’alternance dans la stratégie de jeu entre porter et demander aux avants sur certains ballons portés avant de faire l’effort sur une mêlée par exemple, un secteur où ils ont bien répondu présents en 2e mi-temps comme le disait Guillem et sur d’autres ballons déviés, c’est aux 3/4 de mettre la main sur le ballon pour pouvoir imprégner du rythme. C’est ça notre style de jeu mais ce n’est pas faire du spectacle pour faire du spectacle, un match se construit et se prépare.
Concernant le positionnement de Thibault Olender en 15, qu’est-ce qui vous a motivé à faire ce choix et quelles qualités mais aussi quels défauts lui trouvez-vous à ce poste-là ?
On a des qualités de joueurs derrière qui sont très, très intéressantes, depuis le début de l’année, on leur dit qu’il n’y a pas de numéro dans le dos et ça, c’est une certitude, il n’y a qu’un maillot. Aujourd’hui, avec les qualités qu’ils ont comme joueurs qu’ils ont, ils peuvent très bien jouer en 10 ou en 15, ce sont des qualités similaires, un 12 peut jouer en 13, un ailier peut jouer à l’arrière. On voit la qualité des joueurs que l’on a, et même dans d’autres équipes et pour moi, c’est en fait juste développer le panel d’un joueur et le former à d’autres postes mais parce qu’il a les qualités pour. Ce n’est pas juste pour boucher un trou et rendre service à l’équipe, c’est parce-que le joueur va nous apporter une plus-value et quel que soit le poste où il va jouer, il sait qu’il a la confiance du staff et il va apporter une plus-value à l’équipe, c’est surtout ça. A ce jour, on a vraiment des joueurs câblés devant et câblés derrière, ils sont tous susceptibles de jouer à beaucoup de postes et ils savent qu’ils ont les facultés pour le faire, c’est le plus important.
Un petit point infirmerie : est-ce qu’il y a eu des bobos vendredi ou est-ce que la situation est au beau fixe ?
Non, aucun bobo à aujourd’hui, situation au beau fixe car on n’a pas eu de pètes ce week-end ce qui est un très bon point.
Est-ce que certains vont rentrer, on pense notamment à Baptise Couchinave ?
Oui, on va en rentrer quelques-uns. Simeon Soenen n’est pas loin de la reprise, on attend encore le feu vert, peut-être cette semaine ou pas mais ça sent bon et à part ça, les autres blessés sont des blessés de courte durée. Ils devraient rentrer sur les prochaines semaines, on n’a pas de grosse blessure.
Cette victoire un peu dans l’adversité à domicile, car ça a été dur et que vous avez été un peu secoués jusqu’au bout, est-ce que tu as senti qu’elle a resserré le groupe ?
Non, elle n’a pas resserré le groupe parce-que le groupe était déjà resserré avant. Je le dis réellement, depuis l’intersaison, on a vraiment un groupe qui est humain, câblé, il n’y a pas de clan et c’est une réalité.
On peut peut-être alors parler de déclic ?
Je pense que c’est une continuité. Ça montre encore le caractère qu’ils ont depuis le début de la saison et on voit qu’ils ne lâchent rien, ils n’ont rien lâché à Bourgoin pour aller chercher le point de bonus, là, ils n’ont rien lâché pour construire le match, prendre l’avantage et l’avoir en fin de match. Comme je l’ai dit après le match, autant les qualités de joueurs, ça peut s’acheter, autant le caractère, ça ne s’achète pas et aujourd’hui, on est un groupe de caractère donc on peut se baser et travailler là-dessus et même si tout n’est pas parfait, on sait qu’on a des joueurs capables de le faire et qui vont eux-mêmes se mettre la barre haute pour aller chercher quelque chose de bien parce qu’ils vivent bien entre eux.
Propos recueillis par Loïc Colombié
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