Le nouveau manager du SC Albi nous a accordé un entretien en amont du match face à Bourgoin (J1) pour nous livrer les axes de cette saison 2025/2026 en Nationale.

On est parti pour une nouvelle aventure et une nouvelle saison avec un groupe qui a un noyau dur, un nouveau staff et sûrement une nouvelle empreinte qui va vouloir être marquée cette saison 2025 / 2026 ?
Un nouveau staff, oui, je pense que tout le monde l’a vu (sourire) mais aussi un nouveau groupe. On a quand même pas mal de recrues avec un axe du club qui a complètement changé basé sur la formation mais également sur de l’ambition, on ne va pas se mentir donc on va essayer d’apporter quelque chose aujourd’hui mais on ne va pas refaire tout ce qui a été fait. Il y a des choses qui ont été gardées, d’autres que les joueurs ont souhaité voir évoluées et c’est à nous, staff, de répondre présent et surtout d’essayer d’apporter un peu nos valeurs de l’époque d’Albi. Je le dis tout le temps, il ne faut pas s’attarder sur le passé mais il ne faut pas non plus l’oublier car il y a pas mal de clubs, dont Albi fait partie, où il y a quand même une sacrée histoire de rugby et une sacrée histoire d’hommes. Il faut donc toujours se baser sur les choses positives mais aussi savoir évoluer avec de nouvelles générations.

On va mettre un peu les pieds dans le plat : Xavier Péméja était annoncé à Albi comme manager mais il a été annoncé ce matin en tant que directeur sportif à Nevers. Comment prend-on ce retournement de situation à Albi ?
Je vais être très transparent comme pendant toute la saison, à la base du projet, lorsqu’on l’a lancé avec Flo et Théo, Xavier n’était pas dedans Ca a vraiment été une grosse plus-value pour nous, et surtout pour le club, lorsqu’on a eu l’opportunité de faire venir Xavier, je ne cache pas que j’ai eu un très, très bon échange avec lui et que j’aurais été content à 120% qu’il nous rejoigne mais au départ du projet, on ne tremblait de se lancer dans ce projet avec le staff, je ne tremblais pas d’avoir les missions qui sont les miennes aujourd’hui et ce n’est pas aujourd’hui que tout va être remis en cause, surtout pas car je pense qu’on a fait un bon mois et demi de préparation et qu’à ce jour, on a vraiment de vraies certitudes, il est sûr que ça aurait été un plus mais aujourd’hui, en tout cas, on a avancé sans lui et on continue, il faut respecter son choix, je sais que c’est un mec vraiment entier, je l’ai eu au téléphone plusieurs fois même lorsqu’il a pris cette décision et je crois qu’aujourd’hui, il vaut mieux qu’il ait eu l’honnêteté de prendre cette décision car il n’aurait pas été à 100%, il l’a dit lui-même et connaissant son caractère, ce n’est pas un tricheur. Il a donc préféré aujourd’hui nous laisser avancer même si on ne sait pas de quoi demain sera fait.

Quel bilan est-ce que tu tires de la préparation ainsi que de la défaite à Périgueux et de la victoire contre Carcassonne ?
Une très, très bonne préparation, on ne va pas être langue de bois, on est vraiment très content de ce mois et demi, que ce soit sur le terrain ou en-dehors. Si l’on parle de résultats purs et durs, les mecs ont aussi fait un gros match contre Périgueux, on prend trois essais en contre à zéro passe, on ne va pas non plus se mentir, ils y sont malheureusement mais si on les enlève, on a été très bons en termes de points d’attaque et très en place en défense. On a gommé ces petites scories qui nous ont fait mal contre Périgueux contre Carcassonne où on a vu que, même s’ils n’étaient pas au complet puisqu’il leur manquait soi-disant une dizaine de joueurs, 70% des joueurs qu’on avait en face joueront en Pro D2. Comme on l’a dit en échangeant avec les joueurs, on va savourer chaque victoire, et j’espère qu’il y en aura, et savoir encaisser chaque défaite tout en sachant rebondir dessus parce qu’il y a toujours matière à apprendre et à progresser.

Tu as parlé de continuité mais également d’évolution. Est-ce qu’on peut en savoir un peu plus ?
L’évolution, et ça a été le premier point de bilan, c’est d’équilibrer vie perso et vie pro, je pense que c’est pareil dans tous les métiers et que quand on est bien à la maison, on est bien dans son entreprise et, on ne va pas se mentir, c’est pareil pour nous et pour les joueurs car au moindre problème qu’ils ont, ça se voit sur le terrain. On a donc essayé d’équilibrer ça, ce qui est notre première marque de fabrique et la deuxième, c’est qu’on s’est clairement basé sur le jeu, on prône un jeu de mouvements, de déplacements du ballon et d’évitements mais si on veut produire ça, ça demande beaucoup plus d’efforts. La 3e marque de fabrique sera donc d’aller chercher tous les joueurs sur leurs valeurs, leurs exigences et leurs dons de soi car, comme je l’ai dit, ça a toujours été les valeurs du club d’Albi donc aujourd’hui, on va cultiver ça et remettre l’église au milieu du village.

Lorsque tu étais joueur, tu étais un joueur d’initiative qui aimait parfois sortir des cadres pour prendre des initiatives. Est-ce que c’est quelque chose que tu essayes de transmettre à tes joueurs ?
Je pense qu’ils ne me contrediront pas mais on va déjà commencer par avants / 3/4. C’est un travail avec le staff car personne n’a une philosophie complète, on échange en permanence et on leur a déjà donné quelques billes en leur disant que si le jeu s’y prête, il faut le faire que l’on soit à 5 mètres de la ligne, à 20 mètres, à 50 mètres. En fait, le rugby n’est pas écrit, on peut faire des projets, on peut leur donner les grandes lignes mais sur le terrain, ce sont leurs ressentis et leurs initiatives. On s’attend aussi à ce que le jour où ça ne marche pas, on se fasse tirer dessus, on est prêt à encaisser, il n’y a pas de problème mais on gardera quand même une ligne de conduite car le jour où ça marche, les joueurs seront les premiers à se faire applaudir et on sera fiers pour eux.

Est-ce que tu as vu des failles dans cette équipe de Bourgoin ?
On en a vu, Théo a fait un gros boulot là-dessus sur le montage vidéo tout comme je pense qu’ils en ont vu chez nous. C’est le rôle du staff d’apporter des billes aux joueurs donc oui, ils ont des failles mais ils ont aussi de gros points forts tout comme nous, nous avons aussi des points forts et des failles. Maintenant, on verra quel point fort prend l’avantage sur l’autre et quelle faille va faire beaucoup plus de mal à une équipe plutôt qu’à l’autre (rires).

Est-ce mieux de commencer à l’extérieur ou à domicile par rapport à la pression ?
Il y a du bon et du mauvais dans chaque situation, il n’y a jamais de solution parfaite sinon on ferait tous la même chose. Je pense que si on commençait à domicile, il y aurait clairement plus de pression sur les épaules des joueurs et même sur celles du staff car ce serait la première à domicile et qu’on voudrait bien faire et parfois, à vouloir faire trop et bien, on se perd un peu. Il y aurait donc cette pression là mais aussi une pression positive parce qu’on aurait un public derrière nous, peut-être qu’on se trompe mais avec le staff et les joueurs, on sent qu’il y a un engouement qui s’est créé depuis un mois où l’on voit vraiment beaucoup de monde venir nous voir, que ce soit en bord de terrain ou en match comme contre Carcassonne. On n’espère donc qu’on ne se trompe pas mais c’est quelque chose que l’on ressent et c’est la même chose à l’extérieur. A l’extérieur, il y a la pointe négative, on connaît le public de Rajon qui influence un peu l’arbitre, on connaît les valeurs berjalliennes de combat et de solidarité devant un public qui va savoir les transcender mais le point positif est qu’on est sûr de nos forces et qu’on ne doute pas. Aujourd’hui, clairement, on a des certitudes et les joueurs le savent, on ne doutera pas et on ira plein d’ambition là-bas, en plus, on n’a rien à perdre donc c’est une pression en moins qui est positive. Les deux situations étaient différentes mais les deux situations sont bonnes et mauvaises, de toute façon, dans un championnat, il y a 13 matchs à domicile et 13 matchs à l’extérieur et il faudra tous les jouer.

Simeon Soenen est parti faire le Seven avec Montauban, est-ce qu’il va faire les 3 dates ?
Non, ça sera en pourparlers avec l’entraîneur avec qui ça se passe clairement très bien. On l’a lâché avec le staff car c’était aussi important de l’économiser, il n’a fait qu’une mi-temps contre Carcassonne pour lui laisser également l’opportunité de jouer à 7 ce qui lui a fait du bien à lui. Là, on va le récupérer car on en a besoin, on a quand même la priorité du club donc si les résultats et l’effectif le permettent, on ne se refuse rien avec le staff pour pouvoir répondre favorablement à sa demande mais par contre, si on a besoin de lui à Albi, ça sera la priorité en sachant qu’on a quand même un groupe de qualité et de quantité. On a vraiment de bons joueurs, surtout des joueurs ciblés, on a un groupe qui vit très bien, on a des valeurs et des signaux qui ne mentent pas, il faudra bien sûr les résultats pour appuyer tout ça car on sait que les victoires permettent d’avancer encore plus en confiance. Aujourd’hui, clairement, on voit qu’on a un groupe qui a passé un cap et qui vit tous les jours bien ensemble, ce sera aux joueurs de confirmer mais ça, c’est déjà une fierté après le mois et demi. Ça a été du gros boulot et ça, c’est un point positif, très positif.

Qui seront le ou les capitaines de cette saison ?
On n’en a pas encore parlé, on a parlé de leaders, même s’il y a match samedi, on n’est pas dans l’urgence, on ne fera jamais les choses dans l’urgence. Comme on le disait, on a donc plutôt parlé de rôles et de leaders, il y aura bien sûr un capitaine le week-end sur les feuilles de match car c’est important et qu’il en faut un mais hormis parler 2 ou 3 fois à l’arbitre et se faire remballer pour repartir, ça n’a pas forcément d’impact. Nous, ce qui nous importe, c’est justement l’effet groupe et on a missionné des leaders pour la saison qui sont basés et construits avec le staff et eux-mêmes en participation qui sont garants de tenir l’équipe sur et en-dehors du terrain. On ne va pas se créer des leaders.

Pour résumer, c’est plus un pool de leaders qu’un capitaine et des prétendants ?
Exactement, c’est un pool de leaders où chacun a un rôle à jouer, chacun va apporter sa pierre à l’édifice et c’est comme ça qu’on va faire avancer le groupe. Si on ne s’appuie que sur un joueur, le jour où il n’est plus là ou qu’il est blessé, c’est un château de cartes qui s’écroule donc là, ce n’est pas le cas, on va plus souder l’équipe sur un collectif que sur des individualités.
Est-ce qu’on peut du coup s’attendre à un capitanat tournant ?
Il y aura une hiérarchie dans les capitaines mais c’est plus une hiérarchie papier pour rassurer les joueurs, pour qu’ils sachent que le jour où tel joueur est sur la compo, c’est lui le premier et que s’il n’est pas là, c’est l’autre qui prend le relais. Ça permet de ne pas se poser de question et de savoir si ce sont eux ou pas le week-end mais derrière ce rôle, le plus important, ce sera la semaine et le vestiaire où ce ou ces leaders devront répondre présents. Dans le rugby, on sait très bien que si les leaders ne sont pas bons ou qu’ils ont failli, ça ne marche jamais, jamais.
Ça, ça se passe plutôt pendant le match ou à l’entraînement ?
A l’entraînement aussi. C’est notre relais avec le staff, lorsque les mecs ne font pas le nécessaire ou ne sont pas à 100% parce qu’ils sont un peu en dilettantes, ils sont garants et ce sont eux-mêmes qui le font. C’est là qu’on voit justement également l’ambition et le câblage des joueurs du groupe et depuis la pré-saison, ils le font naturellement, il y a où 2 ou 3 fois où ce sont eux qui ont pris les choses en main et c’est ça qui montre la force et le caractère d’un groupe. Aujourd’hui, on l’a encore une fois.

Qui sont ces leaders ?
Ils sont plusieurs puisqu’ils sont 7. On n’a pas de secret donc on ne va pas les cacher, devant, on a Antoine Soave qui était le capitaine la saison dernière, Robin Dione, Matteo Coustalat et Guilhem Calmon et en 3/4, on a Gilen Queheille, Théo Vidal et Victor Pisano. Cette liste est remise en question tous les mois et en fonction, on adapte ou on garde mais, comme on leur a dit, ce n’est pas une sanction, c’est juste que certains sont plus à l’aise avec ces missions que d’autres. Si ça répond favorablement, pourquoi changer des choses qui marchent mais si ça ne répond pas favorablement, on fera un point avec le joueur et s’il préfère de lui-même s’écarter de ce rôle, on pourra en mettre d’autres. Comme je l’ai dit, tout au long de la saison, on ne se refusera jamais rien.

En tant que staff, sur quel aspect aurez-vous un œil attentif par rapport à la production de votre équipe ?
L’état d’esprit car, sincèrement, ça sera le révélateur de la saison car on ne peut rien construire sans un état d’esprit irréprochable. Si on veut faire une grosse saison, quel que soit la technique ou les avants ou les 3/4, si on n’a pas un état d’esprit irréprochable où on fait don de soi, car ça reste du sport de contact, des blessures et d’autres choses, il faut que les joueurs soient prêts à se livrer à 100% pour le bien du collectif. S’ils font ça, ça sera la meilleure marge de travail pour pouvoir avancer mais si on n’a pas ça, clairement, on ne marchera pas et on n’avancera pas.

Est-ce que le recrutement est bouclé ou est-ce qu’on peut encore avoir de petites surprises ?
A aujourd’hui, sauf volte-face, c’est fini, je ne te cache pas que j’aurais bien aimé un ou deux joueurs de plus à certains postes mais non, il est bouclé à ce jour. Il faut aussi faire avec les contraintes du financier, ce qui est totalement acceptable et logique, d’autres clubs ont voulu s’emballer et on voit le résultat aujourd’hui. On préfère avoir une ligne directrice du club et pouvoir avancer sereinement plutôt que d’être gourmand et se retrouver, sans méchanceté aucune, la clé sous la porte comme certains clubs.

Si ce n’est pas indiscret quels sont les uns ou deux postes que tu aurais aimé avoir en plus ?
C’est surtout en termes de quantité sur les 3/4 car si on se retrouve avec un ou deux blessés, on va avoir du mal à faire deux oppositions de ligne. C’est juste ça, ce n’est pas sur la qualité sur laquelle, à ce jour et à tous les postes, on n’a clairement pas à rougir avec le staff car en termes de profondeur et, comme je le disais, les voyants sont pour l’instant au vert mais on sait que l’hiver et les blessures arriveront et c’est peut-être en termes de profondeur que l’on pêchera un petit peu, je ne l’espère pas mais on a déjà fait un bilan là-dessus avec le staff et on s’y prépare. Il devrait normalement y avoir encore un castrais mais on n’a pas encore le poste ni le joueur, on parlait d’un 10 mais il a fait double croisé sur un genou soit 10 mois au lieu de 6 donc on ne l’aura pas de la saison, lui était prévu dès le départ mais on ne l’aura jamais, Castres souhaite nous donner sur un ou deux postes mais on ne sait pas encore lesquels. On lance le partenariat avec le CO qui est vraiment une plus-value pour nous, on voit que cette année, il y a beaucoup de choses qui s’alignent correctement de haut en bas et ça, c’est véritablement un plus mais il faut aussi que ça soit fait de façon intelligente pour pouvoir donner du temps de jeu à ces joueurs-là. Si on a déjà du monde à ce poste-là, il faut qu’on le fasse intelligemment pour pouvoir répondre au bon de commande et à aujourd’hui, on est bien.

Comment se passe concrètement la collaboration entre le ou les clubs prêteurs ?
Très bien à ce jour, ce sont Pierre Roussel et Matthias Rolland qui communiquent sur les bons de commande et sur le partenariat. Nous, ça nous va très bien, on est formateur et, comme on l’a dit, la formation est le projet du club et concernant les joueurs, vous savez, c’est un peu destins liés entre tout le monde. L’objectif d’un joueur du CO qui vient chez nous est un objectif individuel qui est de repartir au CO en Top 14 donc il vient se former et c’est très bien mais s’il veut toucher cet objectif du bout du doigt, il passe forcément par une grosse saison avec nous. S’il n’est pas invité chez nous aujourd’hui en Nationale, c’est qu’il ne pourra pas être invité en Top 14 donc, par effet ricochet, je pense qu’on pourra aussi gagner en plus-value chez nous, dans notre équipe, d’avoir ces joueurs qui vont pouvoir faire une grosse saison et matcher avec nous. Tous les Castrais qui sont là avec nous, et le groupe le dira en premier avant moi, ne sont sincèrement pas des Castrais, ils sont albigeois et ils sont avec nous, on leur a dit. Il faut bien sûr qu’ils aient leurs objectifs mais nous, on sera les plus heureux de les faire progresser et d’avoir des cas Meka, qu’ils percent en Top 14 sera une fierté pour le staff ainsi que pour les joueurs et on sera les premiers à aller les voir. Ils apportent la pierre à l’édifice avec nous, ils repartent en Top 14 et on aura d’autres joueurs pour continuer à nous faire grandir en sachant qu’on a quand même un groupe et une ossature de chez nous qui sont très positifs et que c’est juste une plus-value.

Quel va être le mot d’ordre pour aller à Bourgoin ?
Ce sera de ne pas renier nos certitudes et nos valeurs et on fera le bilan après le match. Ne pas renier nos valeurs sera le plus important.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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