Le nouveau vice pdt en charge du secteur sportif et ex capitaine du SCA nous a livré sa vision du projet de club albigeois lors de la conférence de presse du 11 juin dernier.
L’accent est donc la formation, il y a vraiment la volonté de travailler dessus ?
Il y a une volonté qui, d’après moi est la bonne et c’est le tournant qu’a pris le club qui, à mon sens, est essentiel sur deux sujets. Le premier, c’est ce qu’on a souhaité avec Pierre et plus largement avec le conseil d’administration, a été de partir du postulat qu’on ne voulait plus de ce qu’on a pu appeler à l’époque « un super manager » qui arrive, qui impose son projet sportif et qui, on le sait malheureusement, est amené à partir et derrière, c’est la politique de la terre brûlée. Ça, on n’en veut plus donc, dans ce nouveau projet, il y aura une commission de direction sportive qui sera menée par Pierre et à laquelle je participerai ainsi que le responsable sportif de l’Asso. Elle tracera le projet sportif du club et ce dernier sera de dire très clairement qu’on a une volonté qu’il y ait des joueurs qui émergent de notre centre de formation et, plus largement, de notre école de rugby mais ça ne se fait pas comme ça, ça se bosse et c’est sur du long terme. On le veut pour plusieurs raisons et la première dont vous vous doutez, est qu’il y aussi des enjeux financièrement à travailler comme ça mais, au-delà de ça, ça va plus loin car on pense que le territoire est assez riche en jeunes joueurs compétents pour pouvoir prétendre à jouer dans un niveau qu’est la Nationale et, pourquoi pas, au-delà. La seule chose, c’est que ça va prendre du temps car ça n’a jamais été fait jusqu’à présent, tout a été balayé au gré des changements de personnes, on sait qu’un manager est de passage mais il faut que l’institution et le club restent présents tout au long des diverses transitions. Le premier élément central est donc de dire qu’il va y avoir sur le plan sportif une collaboration très importante entre l’équipe professionnelle et l’Association, chose qui n’a jamais été faite, je ne vous cache pas qu’on a déjà beaucoup bossé sur le sujet avec Pierre et c’est un sujet de longue haleine qui va prendre du temps. Par rapport au deuxième élément, et comme vous devez vous en apercevoir, on a déjà réorienté l’été dernier sur notre recrutement justement axé sur beaucoup plus de joueurs à potentiel qu’on soit en capacité d’accompagner. Si demain, ce jeune joueur explose et qu’il doit aller à Castres ou à Toulouse, ça sera tant mieux et on sera content mais, à l’heure actuelle, notre modèle est de faire développer et émerger ces jeunes talents et on pense qu’il y a encore capacité sur le territoire ou même un peu plus largement ailleurs à faire émerger ces joueurs de talent. Ce sont donc les deux axes principaux mais pour tout ça, il faut des gens qui aient de la compétence pour les accompagner et en compétences, je trouve que c’est la symbiose de ce qu’on a souhaité. Quand on voit la composition du staff de notre équipe première avec des jeunes entraîneurs, si j’ose dire, qui ont porté le maillot d’Albi et qui ont de la compétence et de l’énergie à revendre tout ça agrémenté par un manager qui, lui, n’a plus rien à prouver sur sa capacité à faire grandir les hommes, clairement, cela fait plusieurs mois que Pierre et moi sommes en contact avec Xavier Péméja et il s’intègre absolument à 200% dans ce projet-là. Il était important pour nous de considérer ses attentes ainsi que sa capacité à s’intégrer dans ce projet-là et c’est quelqu’un qui est à 200% à fond derrière ce dernier. Il considère tout simplement ce que nous, nous considérons, à savoir que le manager n’est là que de passage et il va donc être dans l’accompagnement pour « la croissance » du club. Ça symbolise un peu tous ces éléments ce qui veut clairement dire que vous risquez de voir de jeunes joueurs performants tous les week-ends à Albi, forcément alimentés par quelques joueurs d’expérience qui seront là dans l’accompagnement mais c’est ce qu’on souhaite voir sportivement, l’objectif final étant de voir si on est en capacité d’avoir dans 3 / 4 ans des cadets, des juniors et des espoirs qui intègrent au fil de l’eau l’équipe première.
Quel est l’ambition sportive pour le SCA ?
L’ambition, c’est déjà d’être performant le week-end et je pense que si tu es en capacité d’être performant tous les week-ends, tu ne seras pas loin de la vérité à la fin de la saison. Ce qu’il y a de certain, et parce-que ça n’aurait aucun sens au vu de notre statut actuel, c’est qu’on n’affichera pas haut et fort la Pro D2 mais par contre, je pense qu’on peut affirmer qu’on sera ambitieux, ambitieux comme on l’a été sur la fin de saison. Si je ne dis pas de bêtises, 6 victoires sur 7 matchs, je mets de côté le barrage à Carcassonne où, finalement, on perd quand même face à l’équipe qui va assister à la Pro D2 l’année prochaine donc je pense que déjà en interne, l’équipe a des ressources, de vraies ressources en qualité et en compétences sur le groupe. Ils vont être agrémentés par un panel de joueurs qui ont déjà signé et sont recrutés ainsi que par d’autres qui sont en cours, il y a aussi bien sûr la re-signature des éléments du groupe que l’on souhaitait conserver donc tout ça pour dire que je pense qu’Albi aura fier allure l’année prochaine avec, en plus de ça, un projet de jeu ambitieux qui sera mené par Kevin, Théo, Flo et Christophe Lafond pour l’intervention en mêlée et tout ça, bien sûr, sous la houlette de Xavier Péméja. Objectivement, si vous m’aviez demandé lorsqu’on a été missionné pour la nomination de ce staff, j’aurai tout donné et signé les yeux fermés pour avoir ce staff-là donc je suis très, très heureux et très, content d’avoir été en capacité d’obtenir ce staff-là car, à mon sens, je considère que compte tenu des circonstances, c’est ce qu’on pouvait avoir de mieux pour le club à l’heure actuelle.
Où en est-on des prêts avec Castres ?
Plus globalement, dans le projet que j’ai évoqué, ça passera aussi forcément par le prêt de joueurs à haut potentiel. Pourquoi ? Parce-que ces équipes-là, tu as cité Castres mais il y en a d’autres, considèrent que le championnat espoirs n’est pas forcément en capacité de faire évoluer et de développer leurs jeunes joueurs. Ils considèrent aussi, tout comme moi, qu’on a à ce jour un centre d’entraînement très performant avec un socle du centre d’entraînement, qu’on nous a livré il y a maintenant un peu près un an, très performant et je considère qu’on a aussi la capacité humaine, que ce soit sur la partie encadrement ou staffs donc je pense que ce sont des signaux positifs qui sont envoyés aux clubs du territoire et plus largement pour leur dire qu’on met en place tous les moyens pour amener leurs potentiels jeunes joueurs à performer. On va donc effectivement tâcher de continuer ce qui a été mis en place sur le prêt de jeunes joueurs et je pense que c’est favorable pour tout le monde. Et on sera content qu’un Meka reparte à Castres, c’est la vérité car, à un moment, il faut être conscient de ces enjeux-là à savoir que si des joueurs de ce type nous sont prêtés, il faut être conscient que s’ils performent avec nous, ils repartent demain, je considère que c’est gagnant / gagnant et ça leur ait rendu.
Comment avez-vous construit le staff ?
Lorsqu’on a été missionné par le conseil d’administration pour construire ce staff, on a eu un cahier des charges autour de 3 éléments principaux : en premier, forcément la compétence, forcément, en deuxième, et ce qui était logique aussi, l’aspect financier et les contraintes qui peuvent émaner du budget et du club d’Albi et en troisième, la capacité de ce profil à rentrer dans une décision collégiale de projet de club. Ça a été une chose pas forcément évidente car, bien souvent, lorsqu’on parle de compétences, il peut y avoir de l’égo et de la difficulté à s’intégrer dans un projet un peu plus large et il y avait aussi le fait qu’il y avait évidemment une enveloppe financière en face de ça. Ça été donc été les 3 caractéristiques principales : 1, la compétence, 2, l’aspect financier et 3, la capacité à vouloir faire partie du projet et à intégrer ce projet-là et en partant de là, on a forcément rencontré pas mal de monde mais avec Pierre, on était quand même assez clair sur ce qu’on voulait et plus le chemin avançait, plus on faisait notre tamis petit à petit et il en est ressorti le staff que vous savez. Très clairement, Xavier Péméja est arrivé un peu plus tardivement même si ça faisait longtemps qu’on était sur le dossier, on a d’ailleurs eu un peu de chance que ça n’ait pas bruité (sourire). Il y avait aussi des enjeux contractuels pour lui à Nevers, des enjeux que je respecte totalement sur le souhait que lui avait émis que ça ne se sache pas et ne s’ébruite pas jusqu’à tardivement mais clairement, c’était pour nous l’élément parfait et manquant dans le staff qu’on aurait idéalisé. Il y a de l’expérience, de la compétence terrain à tous niveaux dans ce staff et je considère qu’il fallait un facteur chance qu’on a eu à ce moment-là (rires). Je crois que ça fait partie du sport de haut niveau, si tu n’as pas le facteur chance à un moment donné, ça ne passe pas et là, je pense qu’on l’a eu. Je ne vais pas vous parler de tous les épisodes ni de tous les entretiens qu’on a eus avec Pierre, on a rencontré beaucoup de gens, tous plus intéressants les uns que les autres, on a à chaque fois présenter ces staffs ou ces personnes au conseil d’administration et ça a été très débattu mais, à chaque fois, ça a été fait en bonne intelligence et avec à chaque fois une décision collégiale qui en est ressortie. C’est important car nous, nous étions là pour proposer et avec nos modestes compétences, on a tenté d’établir en fonction du cahier des charges des propositions qui nous semblaient les plus pertinentes au conseil d’administration, ce qui nous semblait logique dans ce genre d’étapes, pour en arriver là donc c’est pas mal.
On a entendu parler de réduction de la masse salariale. Qu’en est-il exactement ?
Ça fait partie de l’optimisation mais, personnellement, j’entends peu de clubs parler d’augmentation de la masse salariale. Quelque soit les niveaux, j’ai plus de bruits de couloirs qui disent que ça sert un peu partout et c’est quand même un peu le sens que doit prendre ce rugby professionnel qui, on ne va pas se mentir, s’est un peu emballé ces dernières années. On va donc pleinement dans ce sens-là et, encore une fois, je suis persuadé qu’on peut avoir de la compétence et de l’ambition tout en ayant une masse salariale un peu moins lourde et un peu moins imposante ainsi qu’un budget maîtrisé. Si on a fait nous cette analyse-là, je crois que beaucoup d’autres clubs sont en train de faire la même et peut-être même avec un peu plus de retard que nous.
Comment allez-vous essayer de continuer à faire monter l’adhésion albigeoise ?
On n’est pas naïfs et on va tout faire pour être en capacité de faire revenir les gens au Stadium. Ça va forcément passer par un jeu plutôt plaisant, par des opérations qui seront menées d’un point de vue marketing et événementiel pour essayer de donner, car je ne veux pas dire redonner, vie et sens au Stadium qui n’est quand même pas une enceinte évidente à faire vivre. Dans tous les modèles qu’on voit, le Stadium n’est pas une enceinte évidente car il y a la piste donc ce n’est pas si évident que ça à faire vivre et il faut qu’on en ait conscience mais, en tous cas, on va tout mettre en œuvre pour le faire. Je le répète, on n’est pas naïfs, c’est le sport de haut niveau et c’est le résultat qui, malheureusement, prime sur le sujet donc pour nous, c’est s’exonérer au maximum du pur résultat et être en capacité de faire venir les gens parce qu’ils ont envie de passer un bon moment. Passer un bon moment, ça veut peut-être dire manger une saucisse / frites entre potes, la dernière fois, j’ai vu des gamins un peu plus âgés que mon fils qui étaient présents au Stadium et ils ne regardaient pas le match mais ils étaient là, ils étaient en bordure de stade, ils jouaient entre copains et pour moi, c’est un premier sujet, ça fait partie de se dire que tous les vendredis, les gamins vont venir au bord du terrain et si on accroche 10 de ces gamins-là, ça sera gagné. Encore une fois, c’est un travail de longue haleine et on va bosser dans ce sens mais ça n’est pas évident pour toutes les contraintes que l’on a évoquées précédemment, par contre, on a cette volonté-là. Avec Pierre et le conseil d’administration, on a aussi la volonté de faire participer et de beaucoup intégrer les anciens qui ont porté ce maillot pour qu’ils nous accompagnent aussi, que ce soit à petite ou à grande échelle mais qu’ils nous accompagnent sur la poursuite de l’aventure donc qu’ils reviennent régulièrement au Stadium comme ça a été fait et qu’ils aient la possibilité de revenir quand ils le veulent. Ça fera partie des actions qu’on essaiera de mener tout au long de la saison et que les gens prennent du plaisir à venir en tribunes rencontrer d’autres personnes, prendre un bon temps autour du match de manière à renvoyer tout le positif que ce club est en capacité de renvoyer quand ça fonctionne.
Que peux-tu nous dire sur le Jean-Pierre Faure président ?
Je pense quand même qu’il faut prendre la mesure de ce poste de président. Je suis très heureux que Jean-Pierre ait accepté ce poste-là mais très franchement, quand on l’analyse, et vous êtes bien placés pour connaître les contraintes liées à ce poste de président, il ne faut pas croire que c’est tous les jours faciles. En tous cas, je ne connais pas beaucoup de profils souhaitant ardemment prendre cette place-là donc c’est tout à fait à son honneur de vouloir la prendre avec tout ce qu’il va amener en termes de passion et de compétences. Je le remercie très sincèrement car, et je le redis, contrairement à ce que des gens veulent faire croire, ce poste-là ne fait pas rêver tant de monde que ça, qu’on soit bien d’accord. C’est un poste très vaste, très large, très difficile et je suis content, on est content au sein du conseil, que Jean-Pierre ait accepté cette mission. C’est important de le souligner car lorsque j’écoute ou que je lis certains commentaires, les gens ont peut-être une méconnaissance des dossiers et, du coup, ils ne connaissent pas trop les enjeux liés à ce poste-là ni toute sa difficulté ainsi que tout ce que ça peut représenter.
Parmi les joueurs cités pour la saison prochaine, il y a quand même beaucoup de jeunes issus du centre de formation ?
C’est la volonté du club de les faire évoluer et de leur donner un premier pas mais ça sera à eux de se gagner le maillot, c’est toujours pareil. En tous cas, dans leur process de formation, c’est de les faire évoluer comme on l’entend et c’est la volonté du club donc, objectivement, il y en aura chaque année 3 ou 4 qui seront intégrés.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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