On va du côté du centre Tarn, dans la capitale du cuir, chez les Mégissiers avec Vincent Clément et Fred Manca, les deux coachs du Sporting Club Graulhetois qui, à l’aube de leur 9e match avec l’équipe de Nationale 2, vont nous faire un bilan de 3 mois où les rouges et noirs ont réussi à s’extirper avec brio de la zone rouge. À l’image de deux personnages, ce duo d’ex albigeois en terre Graulhetoise nous a accordé un entretien en toute franchise et avec la spontanéité qui les caractérise nous évoquer la réflexion sur leur avenir au SCG.
Au bout de 9 rencontres, on peut dire que la mayonnaise a bien pris autour de votre projet au Sporting Club Graulhetois ?
Fred Manca : Oui, on peut dire que, pour l’instant, on est dans les objectifs qu’on s’était fixés à savoir sortir au plus vite de cette zone de relégation. On a su le faire à domicile mais on a été moins performant à l’extérieur donc il faut régler ça au plus vite.
Est-ce qu’au bout de 9 matchs, tu pensais arriver aussi vite à prendre de l’air avec la zone de relégation ?
Vincent Clément : Disons que c’est plutôt une conséquence du travail qui a été entrepris, ça a payé au niveau comptable. Ce qui est intéressant, c’est qu’on voit quand même l’équipe transformée avec une capacité à maîtriser son jeu, à marque de beaux essais et à produire des choses vraiment très intéressantes donc tant sur le plan comptable que sur le plan du jeu, il y a des choses qui ont bien pris et qui sont satisfaisantes. On va dire que les résultats sont un peu une conséquence de tout ce travail.
Dans votre projet, il y a du jeu, il y a la manière mais il y a aussi l’âme. Cette âme, on peut dire qu’on l’a vu face à Marmande car ce n’est pas un match qui a été maîtrisé de bout en bout, vous avez même été dans le dur pendant 60 minutes mais vous avez réussi à vous dépêtrer de toutes les embûches pour, à la fin, arriver à remporter cette victoire ?
Vincent Clément : C’est vrai que contre Marmande, on maîtrisait moins que les autres rencontres, et notamment les deux dernières où on avait vu une très, très grosse progression, mais c’est par contre quand même un peu contre le cours du jeu que Marmande s’est retrouvé devant car c’est nous qui étions à l’initiative. On sentait l’équipe un peu fatiguée et un peu dans le dur pour aller au bout de ses intentions mais, globalement, si on ne maîtrisait pas la rencontre, c’était plus par cette impression de ne pas aller au bout des choses et par cette fatigue qui ne permettait pas de vraiment breaker. Sinon, on n’a pas non plus eu plus peur que de raison sur ce match-là et c’est vrai qu’ensuite, l’équipe a bien renversé la situation mais le sentiment de maîtrise n’était quand même pas si éloigné que ça.
Cette capacité à renverser les matchs est un bon levier que tu as pour montrer aux gars que, quand ils sont soudés et serrés, ils sont capables de faire de belles choses ?
Fred Manca : C’est ça, c’est une situation qu’on n’avait pas encore vécue, on n’avait pas eu à renverser le cours d’un match et c’était intéressant. C’était sûrement moins bien dans le jeu mais c’était bien dans le calme et la sérénité ainsi que la pression qu’on a su renverser pour aller les mettre à la faute, marquer et reprendre l’avantage. Ça, c’est vraiment intéressant pour la suite du championnat car on aborde maintenant 6 matchs avec de l’enjeu pour tout le monde et tous les matchs vont se jouer au money-time donc c’était bien de vivre une expérience comme ça positivement sur le dernier match.
S’il y a un match qui vous laisse des regrets à tous les deux, on peut dire que c’est le déplacement à Salles ?
Fred Manca : Oui, franchement, celui-là laisse beaucoup de regrets parce qu’il y a eu beaucoup d’énergie, que les gars ont bien joué et qu’on n’a pas été récompensé, c’est tout. C’est toujours plus compliqué à l’extérieur, quelqu’un de très connu et pas seulement dans le rugby disait » je ne perds pas, j’apprends » et on a appris. Dans des matchs comme ça, il faut être plus loin au score pour ne pas se laisser remonter, on a sûrement aussi manqué quelques opportunités qui auraient pu nous permettre de prendre le large et de ne pas être rejoint.
Quels sont les mots que l’on pose à ses gars lorsqu’on n’est pas récompensé comme ça a été le cas à Salles ?
Vincent Clément : Il faut repartir sur le match d’après et c’est ce qu’on a fait. Il faut simplement essayer d’évacuer un peu cette grosse, grosse frustration et ce résultat dont on avait un petit peu l’impression qu’il nous avait été enlevé puis repartir sur le travail et un nouvel objectif. C’est simplement ça, il n’y a pas de secret ni de recette magique, il faut évacuer avec le prochain match qui vient et ne pas trop rester dans la frustration, on est peu aller dans l’analyse sur ce match, on savait qu’on avait fait de bonnes choses et qu’on n’avait pas été payé à la mesure de ce qu’on y avait mis. Le constat a été vite fait et pour nous, la meilleure façon de guérir était de nous projeter sur le match d’après.
Un mot sur cette équipe d’Auch que vous allez rencontrer ce week-end ?
Fred Manca : Ils ne sont pas seconds par hasard. Ils sont solides sur les fondamentaux et ensuite, c’est du défi avec des 3/4 qui savent prendre la main et finir les occasions donc il va d’abord falloir bien défendre, également les priver de ballons ce qui sera important pour espérer un résultat à Auch. C’est une équipe complète, une belle équipe donc c’est un gros challenge pour nous et tant mieux, on se déplace d’abord chez eux et on les recevra en fin de bloc et à nous d’être à la hauteur.
Vincent Clément : Je pense qu’Auch est invaincu à domicile ou presque puisqu’ils ont perdu le premier match contre Salles mais depuis, ils sont invaincus. C’est aussi une équipe qui a une identité auscitaine avec un gros paquet d’avants, des fondamentaux bien maîtrisés comme le disait Fred, un ballon qui reste sur la ligne de front, du défi physique. C’est une identité qui, je pense, ne bouge pas au fil des ans, qui ne nous surprend pas mais dont on sait qu’il faudra vraiment être au maximum de nos possibilités pour pouvoir faire quelque chose là-bas.
Maintenant que Graulhet a pris une petite marge avec la zone de relégation, est-ce qu’on commence à envisager autre chose du côté de Pélissou et à rêver d’un peu plus beau ?
Fred Manca : Non, pas pour l’instant. Le but est de se maintenir, c’est l’objectif que l’on avait à la base à savoir maintenir le club mais si tu le maintiens le plus tôt possible, tu peux ensuite regarder autre chose. Au vu du calendrier, je pense qu’on a de quoi le faire assez rapidement, à nous de faire ce qu’il faut et après on regardera autre chose mais pour l’instant, on n’est pas maintenu donc tant que ça ne sera pas fait, on ne parlera que de ça.
Vincent Clément : Même chose que Fred, notre mission et notre objectif principal sont de maintenir le club et tant qu’ils ne sont pas remplis, c’est difficile de basculer sur d’autres objectifs. C’est ça qui occupe vraiment toute notre énergie en ce moment.
Ce match reporté d’Auch qui se jouera en termes de match aller mais après le match retour puisqu’il avait été reporté au mois d’Octobre vous donne une cartouche en plus que nombre d’équipes. Est-ce que c’est un match qui, dans 3 semaines, peut vous permettre de faire basculer l’équipe dans autre chose ?
Fred Manca : Ce que tu dis n’est pas tout à fait vrai car les gars derrière nous ont aussi un match en retard. Quand on parle de notre objectif de maintien, il faut voir que les types derrière nous ont aussi un match de retard donc ça revient au même. Il faudra faire le job contre Auch à la maison et si on peut le faire dès ce week-end là-bas, ça sera mieux.
Deux albigeois à Graulhet, on n’était pas sûr au début que la greffe prenne mais on a quand même l’impression que vous êtes très, très bien dans ce club et dans ce projet et que vous avez maintenant été adoptés comme de vrais graulhetois ?
Vincent Clément : C’est vrai, c’est un club qui, je pense, a un projet qui nous ressemble, qui nous parle et qui fait écho à nos valeurs. C’est donc un honneur de le servir et de mettre nos compétences ainsi que notre énergie au service de ce club-là.
Fred Manca : Pareil pour moi. Déjà, on s’y sent bien parce qu’on a été super bien accueilli et puis, on est tous à fond derrière l’objectif donc, forcément, ça rend les choses faciles et tu as raison quand tu dis qu’on s’y sent bien. Il faut donc faire en sorte que ça dure.
Quand on s’y sent bien et qu’on est sur la bonne voie pour remplir la mission, est-ce qu’on commence à vouloir se projeter sur l’année suivante ?
Fred Manca : On y réfléchit forcément mais, comme on te l’a dit, notre principale mission était de sauver le club. Après, il y a tellement de réflexions personnelles, familiales autour de la décision que l’on va prendre qu’on se laisse encore un petit peu de temps mais on ne va pas te mentir et faire comme si on n’y pensait pas. C’est un ensemble de réflexions qu’il faut mener, on a des vies professionnelles et familiales à côté donc on va réfléchir à tout et on va faire en sorte de prendre la bonne décision.
On vous souhaite de prendre longtemps du plaisir à Graulhet
Merci.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
Le #MagSport 