#Rugby – Nationale / Carcassonne s’offre une crise.

Samedi dernier, devant nos caméras, l’US Carcassonne a très certainement perdu plus qu’un match (32-24) face aux promus girondins et s’est offert une crise dont l’avenir nous dictera le dénouement. En effet, le club de la préfecture audoise a décidé de se séparer du duo d’entraîneurs Aué/Escribano, qui les avait amenés en 1/2 finale d’accession la saison passée, alors que ces derniers occupaient la 5eme place de Nationale au bout de 11 journées. Un choix qui peut paraître étonnant vu de l’extérieur et qui une fois de plus rapproche inéluctablement l’ovalie des mœurs du ballon rond.

Alors que la rumeur bruissait en début de semaine, le conseil d’administration de la SASP USC a décidé mardi, de se séparer de son manager (Jean Marc Aué) et de son coach des avants (Éric Escribano). Le premier l’a appris en voiture d’un succinct coup de téléphone mettant fin à 3 ans et demi de collaboration tandis que le second fut averti à la sortie d’une séance d’entraînement avec les «gros ».

Une méthodologie certes pas parfaite, mais surtout l’émanation aux yeux de tous d’une crise en pays cathare malgré une 5eme place à première vue pas détonnante et dans les clous des objectifs initiaux des Carcassonnais. Mais au delà de cela, ce choix démontre la précarité grandissante du poste d’entraîneur dans le rugby où, à l’instar de la ligue 1, un coach peut au tiers du championnat voir sa mission échoir malgré des résultats d’apparences probantes et en dépit d’un passif honorable (1/2 finale d’accession).

Après Yannick Vignette à Salles (Nationale 2) qui, malgré une sixième place qualificative au bout de 7 journées et une saison antérieure historique (premiers nationaux) s’est vu remercier, ou encore Philippe Caloni qui a disparu des radars à la suite de la première victoire des promus marcquois face à … Carcassonne, voilà que l’UCS s’insère dans le mood rugbystique du moment.

Certes, certains évoqueront un probable lien rompu avec les joueurs, quand d’autres stigmatiseront un choix des dirigeants audois, bien que la vérité soit à coup sûr bien plus complexe et alambiquée. Mais Carcassonne avait-il le luxe de s’offrir une crise en plein milieu de son opération remontée en Pro D2 et à dix jours d’un classic’Aude qui va revêtir un contexte bien particulier ? Seul l’avenir et l’étalon des résultats saura le dire, mais il est irréfutable qu’à l’instant T, la décision de l’ état major audois laisse un brin pantois.

Du côté des Langonnais, bourreaux d’un soir des Audois et déclencheur de cette révolution de palais, le manager du club girondin (8eme), Christophe Hamacek, avait tout d’abord une pensée émue pour ses confrères Aué et Escribano : « C’est regrettable pour les hommes et les entraîneurs que sont Éric Escribano et Jean Marc Aué, car il y a beaucoup d’équipes qui sont défaites à Langon et il y en aura sûrement d’autres. » Et de rajouter : «Pour l’avoir vécu, ce sont des moments très violents et douloureux qui touchent au plus profond tout entraîneur qui le vit .»

Quant à la méthodologie et la temporalité, le Sorcier béarnais de Comberlin, a un point de vue comme à l’accoutumée tranché : « Quand un club va mal ou qu’il ne colle pas totalement avec les objectifs ou les attentes, le problème est plus complexe qu’un duo d’entraîneurs et bien plus global, surtout qu’on n’en est pas à la moitié du championnat, ça me paraît très voire trop précipité. »

Et pour conclure, Christophe Hamacek, qui a bien senti samedi du fait que les Audois ne soient pas restés à la réception d’après-match, qu’une défaite à Langon était un crime de lèse majesté dans la cité médiévale, de nous glisser un sentiment plus personnel : «Merci à tout ces présidents de nationale qui nous donnent un levier de motivation énorme en nous prenant encore et toujours pour des tout petit ou en se moquant de notre terrain «Hybride moitié terre – moitié mer… . Que je sache on a gagné notre place en Nationale sur le terrain, en quoi est-ce honteux de perdre à Langon? »

Du côté des dirigeants audois, le choix de l’électrochoc automnal en se séparant de Jean Marc Aué et Éric Escribano sera-t-il salutaire? La réponse devrait vite tomber d’ici Noël, car avec la réception de Narbonne (3eme) et un déplacement à Albi (6eme) entrecoupé d’un voyage à Suresnes (7eme) en guise d’amuse gueule avant le réveillon, on aura rapidement idée de la capacité des jaunes et noirs à digérer cette crise auto décrétée. Affaire à suivre…