Retrouvez l’intégralité de la conférence de presse du manager du SC Albi, Mathieu Bonello à quelques heures de la réception du RC Massy lors de la 11eme journée de Nationale.
On sait que ces déplacements à Bourgoin sont toujours périlleux mais on peut dire qu’avec l’indiscipline, Albi s’est un peu mis une balle dans le pied pour aller chercher autre chose, car il y avait peut-être la place de faire autre chose ?
Il est sûr que l’indiscipline nous a coûté cher, on a joué à 13, pris 3 cartons jaunes et eux 0, avec également des fautes directes et deux essais de pénalité. Franchement, c’est difficile de gagner à l’extérieur en faisant ça mais les joueurs ont été hyper généreux, je suis hyper content d’eux et de ce qu’ils y mettent. Par contre, on était mieux et là, il va falloir regommer cette indiscipline car je trouve qu’elle nous met à mal et qu’elle ne nous permet pas de concrétiser. C’est vrai que quand tu fais un match à l’extérieur avec cette indiscipline-là, c’est difficile et on a besoin de travailler sur ce domaine-là.
On a vu des joueurs après le match qui disaient qu’ils avaient du mal à comprendre ou à percevoir l’arbitrage sur la mêlée et qu’il y avait des choses qui leur échappaient. Est-ce que tu as trouvé des clés pour expliquer ?
Oui, c’est difficile. J’essaye aussi d’échanger avec le corps arbitral pour qu’ils me donnent des infos à la fin des matchs pour que je puisse le dire aux joueurs et leur dire comment ils pourraient faire, il faut envoyer de bons observables. Je me range derrière les décisions arbitrales, ils décident mais oui, il y a quelques fois où on a été dominateur et non récompensés et, comme je le dis, il faut être dominateur tout en étant dans la règle donc je pose des questions pour qu’ils essayent de faire au mieux. En tous cas, j’ai un groupe qui est hyper à l’écoute sur ce sujet et c’est top.
Si vous-mêmes, les spécialistes, vous n’arrivez pas à tout comprendre, comment faire ?
Pour être honnête, concernant le secteur de la mêlée, et même quand tu es au milieu, tu ne sais parfois pas qui a fait la faute donc si c’est compliqué même en étant au milieu, ça l’est encore plus de l’extérieur. Les arbitres ont des observables aujourd’hui, ils restent sur celles-là, ce qui est bien d’un côté parce qu’on veut un peu « nettoyer » la mêlée à travers ces observables. Il y a cependant quand même quelque chose qui est hyper important, quand une mêlée est dominante, OK pour une fois mais quand elle est dominante à plusieurs reprises, j’aimerai qu’on reste toujours dans cette analyse de la force des équipes et je trouve que parfois, il est vrai que c’est aussi difficile pour eux d’arbitrer. Avec les observables qu’ils nous indiquent et qu’on ne respecte pas, on essaye donc de les travailler avec les joueurs pour être le plus propre possible car on n’est pas là pour donner de mauvais signaux, au contraire mais c’est vrai que parfois, quand tu es au milieu et que tu gagnes ton duel, tu es pris par ton adversaire et tu changes d’axe de poussée. On travaille donc sur ça.
20 premières minutes où il n’y a pas eu beaucoup de points mais où il y a eu beaucoup d’intensité et des temps de jeu très longs ?
C’est vrai et puis, on fait une très belle première mi-temps et on sort à 7 à 6 à 14 contre 15 (rires). Franchement, c’est terrible car je trouve qu’on a produit du jeu, on a mis des intentions, les joueurs ont été dans ce qu’on voulait faire. Ça a été très bien au niveau du jeu mais aujourd’hui, il est indéniable qu’on a payé cash cette indiscipline mais j’ai trouvé qu’on avait été bien dans ces longs temps de jeu, plus ça a été long plus on a été bien aussi donc c’est une bonne chose.
La semaine dernière, après Marcq-en-Barœul, tu nous avais dit « on va se resserrer » et on l’a vu pendant 30 minutes voire même un peu plus ?
Je dirais même pendant 40 minutes puisqu’on prend cet essai à la 39e. Oui, on s’est resserré non pas parce-que notre match en 2e mi-temps n’était pas bon la fois d’avant mais parce-que je pense qu’il faut vraiment qu’on soit sur nous, on a une jeune équipe et je pense qu’il faut vraiment qu’on travaille sur nous que sur les autres car on n’a pas de temps pour passer plus de temps que ça sur l’adversaire et ça, je le pense réellement. On a besoin de travailler, nous, et on s’est resserré dans le sens où on sait que c’est un terrain où il est hyper difficile d’aller jouer, Bourgoin n’a pas l’un des plus gros budgets de la poule pour rien, ils ont de gros joueurs et une grosse équipe, vraiment, c’est une grosse équipe, pour le reste, je ne me permettrai pas de juger les aléas des uns et des autres. En allant là-bas, on savait que ça serait un terrain hostile et c’est vrai que les joueurs se sont resserrés tout comme le staff mais c’était surtout se resserrer pour progresser, en fait, c’était ça se resserrer.
Je me demandais si ce genre de match ne faisait pas du bien mais s’il ne servait pas aussi à dire « il y avait les ingrédients mais s’il y a un secteur qui ne passe pas, c’est ça le haut niveau et vous le payez de suite » ?
C’est vrai, ton analyse est pertinente. Aujourd’hui, être généreux, investis, s’y filer, c’est la base et si tu ne l’as pas, tu es déjà mort avant de commencer mais par contre, on sait qu’à ce niveau-là de compet, avec des équipes comme on a, il y a des secteurs où tu ne peux pas passer à blanc, c’est impossible, tu peux être moyen moins mais tu ne peux pas être moins sur tous les secteurs pendant tout un match, en Nationale, ça ne passe pas. Ça, ça nous permet et ça permet aux joueurs de toucher du doigt qu’ils ont et qu’on a encore à travailler, nous les entraîneurs aussi, pour être exigeants et s’améliorer. Franchement, ils sont à l’écoute de ça, ça ne sera pas du jour au lendemain avec moins de 25 ans de moyenne d’âge et il faut accepter de passer ces temps-là d’apprentissage mais c’est vrai que ces matchs-là te permettent de dire « il faut vraiment que l’on fasse un focus sur ce secteur-là ».
Ce week-end, c’est Massy, ce qui est quand même particulier pour toi puisque c’est ton ancien club ?
Bien sûr même si ça fait maintenant 4 ans et que c’est un peu dans le rétro. J’ai toujours un respect profond pour Massy, qu’on les ait joués en phases régulières ou en phases finales, c’est un club qui m’a accueilli pendant deux ans, qui a été top, tous les gens là-bas étaient juste exceptionnels. Chaque fois que je les joue, j’ai toujours cette amitié pour eux, ce sera un match de rugby mais j’ai été tellement bien reçu que j’aurai toute ma vie une idée positive d’eux. Même si ça fait 4 ans et que le temps passe, on n’oublie pas, c’est un club également vachement intéressant pour y aller en tant que coach, ça m’a aussi permis d’évoluer et les gens que j’ai rencontré là-bas étaient juste supers. Ça fait forcément un petit truc mais il y a un match de rugby et plus le temps passe, moins je connais de personnes sur place (rires). De les rencontrer reste toujours une partie de mon histoire mais ce n’est pas moi, c’est juste l’accueil que j’ai eu et que je n’oublierai pas, je les en remercie encore.
On va parler de leur saison : ils jouaient très bien en début de championnat mais ils étaient plutôt mal payés tandis que là, on a l’impression qu’ils arrivent à revenir dans le game et à être plus pragmatiques ?
Bien sûr mais il faut du temps pour mettre les choses en place. C’est toujours une grosse équipe, ça s’est joué à peu à chaque match, je trouve que c’est une belle équipe qui met du jeu mais comme il y a tout le temps eu à Massy. C’est vrai que c’est une équipe qui est hyper intéressante avec de jeunes joueurs également, une équipe importante de notre championnat, si mes souvenirs sont bons, il y a deux ans, ils étaient encore en Pro D2, ils ont de gros joueurs sur certains postes. Franchement, ils ont un bel effectif et ça va être un gros match.
Robin Dioné était en phase de reprise la semaine dernière ?
Il l’est toujours. Paul Clergue est blessé, Sean Robinson toujours out et les autres postulent pour le match.
On en est à un tiers du championnat et Albi est toujours dans le Top 6, c’est de bon augure ?
Franchement, c’est super. On y verra bien sûr plus clair à la fin des phases aller, c’est-à-dire dans trois matchs, mais ce que font les joueurs est assez exceptionnel. On a eu 50% de changements, on a pris de jeunes joueurs tout comme des joueurs revanchards et il faut que la mayonnaise prenne, il faut être patient mais je trouve que ça a quand même pris assez rapidement. On n’a pas d’objectif chiffré plus que ça cette année, on a des objectifs de construction, bien sûr qu’on veut faire au mieux que l’on peut, on fera tout pour aller au mieux que l’on peut dans l’investissement. C’est donc bien mais comme je le dis, on verra vraiment à Noël où on est.
Quand un pilier signe à Albi, est-ce que tu le préviens en lui disant « attention, ici, la mêlée est regardée et il va falloir faire le taf » ?
Comme je vous en ai déjà parlé, la culture et l’histoire du club se sont appuyées sur la conquête donc tu ne peux pas la galvauder ni la supprimer quelque soit l’entraîneur qui sera présent à Albi dans les années à venir, la conquête est présente et personne ne comprendrait ça. Tu leur expliques un peu l’histoire mais tu as aussi les affinités du coach là où se trouve un peu son dada, c’est vrai que pour moi, ce sont des secteurs qui me tiennent à cœur car j’ai quand même joué à un poste qui m’a amené à passer de bons moments comme de moins bons. J’explique donc ça aux premières lignes comme Kevin qui a un état d’esprit irréprochable, qui bosse, qui bataille mais je fais des choix, c’est mon boulot et mon job. En tous cas, il a un état d’esprit collectif et c’est tout ce que j’aime dans le rugby, c’est important et à terme, ça paye, c’est certain. Je pense une chose, c’est que j’explique aussi qu’ils ont des priorités au poste, qu’il y a des obligations et je crois que quand tu es pilier, on peut t’analyser sur plein de facteurs de jeu mais il y en a un qui est vital à savoir que si ça passe mal en mêlée, et ce même si tu as toutes les qualités au monde, ça sera dur de faire une grande carrière. Ils savent les prérogatives et les obligations du poste ce qui les amènent aussi à très bien travailler, à se préparer et à s’améliorer.
Qu’est-ce que tu attends de tes joueurs vendredi ?
J’attends d’eux une partie vraiment aboutie mais dans le sens où je veux qu’ils prennent du plaisir comme ils ont pu en prendre sur la première mi-temps à Bourgoin. Je veux qu’ils se fassent plaisir et aussi qu’ils s’amusent sur le terrain, on est encore dans notre construction, il faut prendre les matchs les uns après les autres et on verra à la fin du mois de Décembre où on en est mais en tous cas, je suis content de mon groupe.
Jusqu’à la fin du mois de Décembre, vous jouez justement 2 mal classés coup sur coup. Est-ce que ce n’est peut-être pas le moment de voir aussi pour aller chercher quelque chose au classement ?
Non car je pense qu’à l’heure d’aujourd’hui, le classement ne veut rien dire, il y a encore ce phénomène de 13 matchs au lieu de 14. Il suffit que tu gagnes 2 matchs et que tu en perdes 2 pour être soit vite en haut soit vite en bas. Moi, je connais la constitution des équipes que l’on va jouer, des équipes qui, franchement, ont de gros effectifs donc non et je ne regarde qu’une chose, ce n’est pas qui je vais jouer mais comment évolue l’équipe, c’est ça qui est important pour moi. Par contre, je suis d’accord avec toi sur le fait qu’en Décembre / Janvier, il faudra se demander où on est, est-ce qu’on est dans le ventre moi et dans ce cas, on sera dans la construction de ce qu’on veut faire ou est-ce qu’on peut essayer d’aller batailler et accrocher, par exemple, une 6e place ?
Si vous êtes dans le Top 6 en Décembre / Janvier, on pourra peut-être dire que tu seras un temps en avance dans la construction de ton groupe ?
Bien sûr car ce n’était pas chiffré cette année. On va essayer de faire du mieux que l’on peut, on donne tout pour faire du mieux que l’on peut et c’est très clair dans notre discours, on ne se prépare pas pour faire une mauvaise saison où on s’en fout, au contraire, on est de grands compétiteurs mais il faut aussi être honnête avec notre groupe. Si on est dans ces places-là, et comme on dit, l’appétit viendra en mangeant.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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