On va faire un tour du côté de la capitale des Flandres, à Lille, plus précisément à Marcq-en-Barœul, en amont de la 9e journée de Nationale où les Chtimis se déplacent à Albi. Pour nous parler de ce match et du début de saison des Marcquois, Joachim Beaumont nous a accordé un entretien. Après avoir connu les faillites de Lille (2016), Strasbourg (2018) et enfin de Hyeres Carqueiranne (2024), celui qui a passé 6 saisons dans le Var avant de revenir en terre nordiste nous a aussi évoqué son parcours émaillé de désillusion mais aussi d’aventures humaines comme il espère que cela sera le cas avec les promus marcquois qui découvrent cette saison l’antichambre de la Pro D2.

Pour toi, cette saison est une année qui sonne un peu le retour aux terres natales car tu as commencé le rugby à Lille et qu’après quasiment 10 ans de pérégrinations, te voilà de retour en terres nordistes ?
C’est ça, c’est un peu un retour aux sources qui a été un peu accéléré par le dépôt de bilan de mon ancien club de Hyères-Carqueiranne La Crau mais c’était dans mes projets et quelque chose qui me tenait à cœur de revenir dans ma région et c’est chose faite.

Ça a quand même été compliqué pour vous, pour tous les joueurs de Hyères-Carqueiranne La Crau car vous avez été libérés très, très tard et pour se retourner et retrouver un club qui n ‘ait pas fini son recrutement ou qui n’ait pas le budget qui soit clos, a dû être difficile ?
Franchement, oui, ça a été très compliqué. Moi, je fais partie des quelques-uns qui ont eu la chance de pouvoir rebondir dans un club compétitif parce-que je suis originaire d’ici et que, du coup, la prise de contact a été beaucoup plus simple. En plus, le hasard faisant bien les choses, le club de Marcq-en-Barœul n’avait pas encore bouclé son recrutement, il leur manquait un centre et un 3e ligne donc toutes les étoiles étaient alignées et j’ai pris ça un peu comme un signe.

On peut aussi dire que tu as pris un copain dans tes bagages avec Eli Serra Miglietti ?
Eli n’est pas arrivé de suite mais en tant que » joker médical » car il y avait un gros doute sur un pilier gauche de Marcq qui enchaînait les blessures et dont on n’était pas sûr qu’il puisse reprendre le rugby. Au final, sachant qu’une saison de Nationale est très longue et qu’il faut au minimum 3 à 4 piliers à droite et 3 à 4 piliers à gauche, l’OMR a voulu se renforcer en prenant du coup Eli qui était dispo en plus d’être un très bon joueur.

Ce qu’il s’est passé à Hyères-Carqueiranne La Crau, le fait que vous avez de très beaux résultats sportifs toute l’année dernière, on rappelle que vous n’étiez pas loin de vous qualifier à quelques journées de la fin, ces problèmes financiers qui étaient là depuis le début de la saison suivis des espérances avec deux projets de reprise qui se sont avérés non constructifs, j’imagine que ça a dû te laisser des traces en tant que joueur, surtout que tu avais déjà vécu ça à Strasbourg et à Lille, il y a quelques années en arrière ?
Il y avait malheureusement des signaux que j’avais, c’est vrai, vécu par le passé. On a eu une saison qui a été très compliquée car avant même la reprise de la saison, notre président nous a annoncé qu’il quittait le club et du coup, forcément, ça a fait une petite cascade. Les sponsors qui étaient là depuis des années ont commencé à mettre un petit peu moins, les amis du président, qui étaient des gros sponsors, se sont soit retirés soit ont aussi mis moins et ça a été un peu les dominos. On a fini la saison sans être payés pendant plusieurs mois et, au final, malgré les petits espoirs que l’on a eus sur la venue de différentes personnes, ça s’est un peu fini comme on le sentait, malheureusement par un dépôt de bilan.

Qu’est-ce qui vous a fait le plus mal : vivre la saison aux forceps ou les vrais faux espoirs des deux projets de reprise qui ne se sont jamais fait concrètement ?
Je pense que le plus dur est d’avoir tenu toute la saison ensemble dans des conditions un peu compliquées parce qu’on nous vendait » du rêve » et se rendre compte au moment où on l’impression de sortir la tête que finalement, c’est encore pire. C’est ça le plus dur, on avait un bel effectif, on avait tous re-signé sur la parole de nouveaux présidents qui nous vendaient de belles choses et, du coup, on s’était remis à croire au club et au futur et le plus dur a été qu’on nous l’enlève comme ça, du jour au lendemain.

Pour toi, ça doit quand même être très spécial personnellement car tu as connu ça à Lille puis à Strasbourg et à Hyères-Carqueiranne La Crau et comme dans le titre du film, tu as dû te dire » qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour toujours tomber sur un club comme ça » ?
Je vais essayer de me dire que je n’ai pas un chat noir qui me suit mais c’est vrai que c’est assez incompréhensible. Je ne l’explique pas car les différents clubs que j’ai faits ne se ressemblaient pas forcément mais malgré tout, la finalité a été la même pour les trois. J’espère en tous cas que Hyères-Carqueiranne La Crau était la dernière fois.

On te le souhaite car on sent dans tes propos que tu as toujours la flamme, malgré tout ce que tu as vécu, tu as gardé la flamme du rugby professionnel ?
J’aime ce sport. J’ai commencé à y jouer quand j’avais 7 ans, je n’ai jamais arrêté, j’ai fait des rencontres extraordinaires avec ça, j’ai vécu des moments que je n’oublierai jamais et j’ai toujours été compétiteur dans l’âme donc tant que mon corps me le permet, j’aime toujours autant jouer à ce sport, que ce soit sous le soleil de Hyères-Carqueiranne La Crau ou sous la pluie de Lille.

On va reparler du sportif et de ton arrivée à Marcq-en-Barœul dans un club promu et qui joue le maintien, quelque chose que tu sais faire puisque tu l’as très bien fait l’année dernière et celle d’avant avec Hyères-Carqueiranne La Crau ?
C’est ça. J’arrive dans un club qui, sur les premiers matchs, m’a un peu fait penser à nos débuts avec le RCHCC en Nationale où on perd certains matchs de pas grand-chose sur des fautes un peu bêtes, des fautes un peu de débutants. Il y a donc quelques similitudes et ensuite, j’ai été habitué avec Hyères-Carqueiranne La Crau à jouer des matchs pour le maintien, des saisons accrochées où il fallait se battre jusqu’au bout. Ce sera la même chose ici, à Marcq-en-Barœul mais, comme tu l’as dit, c’est quelque chose auquel je suis habitué et qui ne m’a jamais dérangé.

Dans les matchs qui doivent vous laisser des regrets, il y a celui à Bourg-en-Bresse où un choix tactique est peut-être discutable et aurait pu vous laisser envisager autre chose qu’un bonus défensif ?
En effet, à Bourg-en-Bresse, on a une balle de match jusqu’à la dernière minute et à ce moment-là, c’est moi qui décide de prendre la mêlée parce qu’on est en plus sur ce secteur, on avait été plutôt dominant. Finalement, le choix n’a pas été le bon puisqu’on n’arrive pas à marquer derrière, on aurait sûrement dû choisir la touche, on ne refera pas le match parce qu’il est passé mais il est sûr que cette rencontre fait un peu partie des regrets même si, malgré tout, ça a été une sorte de petit déclic. Suite à ce match, c’est là que l’on fait notre première victoire de la saison et c’est vrai que déjà à Bourg-en-Bresse, on avait senti qu’on était malmené pendant un moment, on a réussi à relever la tête et au final, on est tout proche de gagner ce match à la fin.

Contre Carcassonne et Suresnes, à la maison, vous avez fait preuve d’orgueil et même de courage pour aller vous chercher vos deux premières victoires. Vous y êtes allés avec les tripes ?
Que ce soit Carcassonne ou Suresnes, ça a été des matchs qu’on aurait pu perdre jusqu’à la dernière minute, des gros matchs, de gros combats. On a fait preuve de caractère et de solidarité, il faut dire qu’à Lille, il y a quand même énormément de supporters derrière nous et c’est vrai que sur les dernières minutes, quand ça devient dur de se relever et dur de courir, entendre tout le monde qui pousse donne quand même un supplément d’énergie qui, au final, nous permet de gagner.

Maintenant, 3e bloc, déplacement à Albi, un match contre une équipe qui joue le haut du tableau mais vous venez sûrement avec des ambitions puisque du côté de Marcq-en-Barœul, vous êtes obligés d’aller faire des coups à l’extérieur si vous voulez rattraper les points perdus à domicile ?
C’est ça mais, de toute façon, vu notre situation, tous les matchs sont importants et on va avoir besoin de récupérer des points à chaque rencontre. On a quand même la chance d’avoir un effectif assez fourni donc on va jouer à 100% le match d’Albi comme on jouera à 100% le match qui suit et ça, jusqu’à la fin de la saison tout en utilisant notre effectif, en tous cas une grosse partie de notre effectif.

Tu nous parles de cette équipe d’Albi ? Qu’est-ce que vous craignez et redouter le plus de sa part et comment est-ce que tu juges leur début de saison ?
Albi a toujours été une équipe très solide sur les fondamentaux, avec un gros pack, forte en mêlée, forte en touche et ça n’a pas changé. C’est toujours le cas sauf qu’en plus de ça, ils ont ajouté du jeu, ça ne jouait pas forcément beaucoup ces dernières années mais là, ça a changé donc je ne peux pas vraiment cibler une chose qu’on craint puisque c’est une équipe complète à tous les niveaux. Ça va être à nous de faire un gros match à l’extérieur, on va s’appuyer sur notre défense et essayer de faire le maximum là-bas.

On revient sur Marcq-en-Barœul et sur le microcosme lillois. Tu es parti de Lille après que ces derniers aient » fondu les plombs » comme on dit dans le jargon, tu reviens quasiment une dizaine d’années après à Marcq-en-Barœul dans un club qui est frère jumeau, cousin du club de Lille. J’imagine que tu as dû retrouver un club métamorphosé et qui a beaucoup changé depuis ?
Oui. Je trouvais déjà les infrastructures vraiment canons à l’époque mais là, elles ont complètement changé et complètement évolué dans le bon sens, on a un stade qui est vraiment magnifique, qui est très bien géré par la Mairie et qui met à disposition tout ce qu’il faut pour pouvoir s’épanouir. A côté de ça, moi, je suis ici de la région et c’est vrai que là, c’est déjà un vrai plaisir que d’avoir ma famille à chaque match à domicile, ça m’avait manqué ces 10 dernières années de n’avoir personne de ma famille et là, je les revois à chaque match ce qui est quelque chose de très important. Je revois aussi forcément des têtes, des supporters du LMR de l’époque, je recroise des gens que je n’avais plus vus depuis 10 ans et c’est vrai que c’est top.

On te souhaite une belle saison du côté de l’OMR, on espère que tu as enterré le chat noir bien profond, que tu passes une belle année et que tu te régales sur les terrains de Nationale
Merci beaucoup.

Propos recueillis par Loïc Colombié

Article en partenariat avec



























Excellent reportage c’est vraiment sympa de voir des joueurs revenir au source.
Que la saison soit belle…
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