Le manager du Rouen Normandie Rugby, Jérôme Dunay nous a livré ses impressions sur la victoire bonifiée (47-17) à domicile face aux promus Langonnais ce vendredi lors de la 6eme journée de Nationale. Menés (9-10) à la mi temps, sanctionnés d’un carton rouge au cœur de demi heure de jeu, les lions normands ont su se réorganiser autour des fondamentaux pour effectuer un second acte salvateur leur permettant d’occuper dorénavant la place de dauphin de la division. Le coach du RNR a surtout évoqué les valeurs de leurs adversaires girondins, qui ont un brin remis les pendules à l’heure du côté de Diochon et permis une petite introspection collective des joueurs normands.
Une question que l’on se posait en commentant : est-ce que les murs n’ont pas un peu tremblé à la mi-temps ?
On peut dire qu’effectivement, la voix a un peu porté (sourire). Il faut souligner le match plein d’enthousiasme de Langon, on a vu qu’ils avaient une équipe très, très jeune et franchement, c’est de bon augure pour leur avenir car ils nous ont posé plus que des problèmes. Peut-être que le match aurait été différent si, sur nos premières occasions, on avait été capable de scorer mais ils n’ont rien lâché, pour un groupe qui a fait le déplacement le jour même, on sait aussi ce que ça veut dire et ça a certainement dû également peser en 2e mi-temps, avec la profondeur de banc et le fait qu’on ait tout un trajet à digérer. Franchement, j’ai vu un groupe qui nous a posé d’énormes problèmes et ça nous a aussi remis les pieds sur terre sur la réalité du rugby, jouer à la baballe, c’est bien mais remettre les choses dans l’axe, c’est important car pour s’en sortir, il fallait vraiment que l’on mette le rugby simple et direct. C’est aussi ce qui fait le charme de ce sport, à un moment donné, il faut arrêter de jouer à la baballe, ça reste un sport d’affrontement et on s’est un peu trompé de stratégie en 1ère mi-temps. Ils nous ont donné une très, très belle leçon et, franchement, félicitations à Langon pour sa prestation.
Aujourd’hui, il y a des certitudes qui ont été trouvées dans cette seconde période ?
Des certitudes au rugby, c’est quand même compliqué (sourire). On a des réponses mais j’espère surtout que ça sera une vraie leçon car c’est ce qu’on s’était dit avant le match, de ne pas prendre l’adversaire de haut, de rester dans un jeu assez direct et assez simple, d’être capable d’occuper le terrain et on ne l’a pas fait donc on s’est menti à nous-mêmes. La certitude que l’on a maintenant, c’est qu’il faut respecter tout le monde dans ce championnat de Nationale, on voit qu’on est à l’abri de rien, nous comme les autres, et il faudra que l’on sache que si on a des ambitions, notamment à domicile, on doit prendre les matchs dans le bon sens et par le bon bout, ça, c’est vraiment très important.
Pourquoi avoir choisi tactiquement de démarrer directement au large alors que vous avez des avants qui sont puissants et qui auraient pu installer le jeu avant de vouloir faire de grandes envolées ?
Ce n’était pas du tout l’objectif. Ce n’était ni la stratégie ni la consigne, on s’est perdu et ça fait partie des choses que l’on a recadrées très fortement à la mi-temps. Ça nous permet de voir aussi qu’on a beau travailler des choses, à un moment donné, il faut rester concentré pour qu’elles soient appliquées. Je pense qu’avant tout, ce n’est pas un problème stratégique mais un problème de suffisance donc il faut que l’on reste à notre place et que l’on reste respectueux des équipes que l’on rencontre.
Avec cette victoire bonifiée, vous envoyez quand même un message aux autres teams de la Nationale ?
Les autres, c’est bien mais on va déjà s’envoyer un message à nous, un message important, c’est qu’on est un groupe. Il y a des joueurs qui revenaient depuis longtemps, comme Ewan Clément qui n’avait pas pu faire un match depuis le début de la saison, on a le jeune Ernest Eudier, qui est un Normand formé ici et qui avait tous ses soutiens ce soir qui marque l’essai du bonus, pour nous c’est important mais pour lui aussi, c’était sa 2e feuille de match, il était rentré quelques minutes à Narbonne. On a un groupe, il faudra que l’on travaille là-dessus, c’est vraiment important et on le sait, on a aussi une charnière qui a changé et ce sont des éléments importants concernant l’avenir. Quant à avoir des certitudes, non, on n’en est pas là aujourd’hui.
Quel est l’objectif pour la suite du bloc ?
On a un calendrier quand même intéressant puisqu’on joue encore à domicile contre Tarbes, une équipe dont on a vu qu’elle était très équipée athlétiquement donc il faudra se méfier. De toute façon, comme on l’a dit, chaque fois qu’une équipe pense que ça va être facile sur ce championnat, elle se met dans le dur. Je pense d’ailleurs que ça ne correspond pas qu’à notre championnat, quand on pense que ça va être facile au rugby, qu’on peut déplacer le ballon avant de chercher à avancer, on se met souvent en difficulté.
L’humilité est le maître mot ?
Oui, ce serait bien qu’on n’oublie pas ça et qu’on ne l’oublie pas dans le temps car là, on s’en sort bien malgré tout mais ça ne sera peut-être pas toujours le cas. Il y avait des conditions pour faire du jeu donc c’était favorable mais si on s’était retrouvé avec une météo très, très défavorable ainsi qu’avec une équipe un peu plus disciplinée, car je pense que si cette équipe avait évité de se retrouver aussi régulièrement avec un carton jaune, les débats auraient peut-être aussi été très différents. La discipline a aussi été un élément important.
Merci et félicitations
Bonne suite à Langon, on suit leur parcours avec émerveillement, c’est une équipe qui est quand même capable d’avoir deux montées successives. Franchement, ils ont prouvé qu’ils avaient un vrai réservoir et que c’était une équipe qui avait toute sa place dans ce championnat.
Propos recueillis par Loïc Colombié
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