Le Stade Dijonnais qui était aux portes de la Pro D2 en 2019 et à son apogée après le 1/4 de finale d’accession face à Albi, vit depuis 2 saisons une longue descente aux enfers. D’une relégation sportive en Nationale 2 en 2022 puis en fédérale 1 en 2023 (repêché in fine administrativement), à la fort probable liquidation couplée à un forfait général, annoncés aux joueurs ce mardi. Comment le club bourguignon en est arrivé là?

Depuis le printemps dernier, que ce soit dans les travées du Stade Bourillot ou dans les cénacles de la FFR tout le monde savait depuis le départ du président mécène Phillipe Verney le Stade Dijonnais en péril financier. Déjà sous l’ère Verney, le club Côte d’Orien avait connu des coups de chaud financiers, notamment en 2021 et 2022 quand le club avait été placé en plan de redressement par l’ex DNACG. Mais depuis le départ de ce dernier (qui au passage avait renfloué les comptes du Stade en se délestant d’un chèque de 1,4 millions), la situation est partie à vau-l’eau dans les bureaux de Bourillot.

Avec le départ de Philippe Verney, puis de François Parry, Damien Heimbach suivi de plus récemment de celui de Julie Lorrain, Jean Claude Aufaure et Pascal Pagand, c’est toute l’épine dorsale de l’état major stadiste qui s’est délitée, laissant le club fanion du rugby en Côte d’Or aux mains du trio Alain Collardot (Président SASP) / Nicolas Ruffino (Pdt association) / Edith Florentin (Secrétaire général). Si vous y rajoutez les départs de ressources administratives non négligeables et dynamiques (Mathilde Potet DG et Sarah Grandjean chargée de com) c’est un navire dépeuplé de ses matelots et de ses capitaines qui a continué à voguer dans une tempête budgétaire.

Entre tensions en interne cristallisées par un clan (autour de la secrétaire générale Edith Florentin) voire de rancœurs ancestrales et perte de dynamique partenariale, le Stade Dijonnais s’est engouffré dans un abysse creusé, en outre par des dettes sociales colossales (URSAFF, procès en Prud’hommes) et fournisseurs non négligeables, faisant virer les comptes du club au rouge vif.

Selon nos sources , la situation nette négative au 30 juin 2024 serait d’environ 800 000 euros sur la saison précédente (SASP + Asso) sur un budget de 1,4 millions tandis que le passif global avec les arriérés s’élèverait à un montant de 1,5 millions. Certains fournisseurs ou proches du club contactés nous avouaient avoir « un certains ressentiment pour les dirigeants actuels » qui auraient laissé « la situation pourrir et devenir inextricable via des décisions solitaires et suicidaires».

Malgré des tentatives de sauvetage et des recherches des solutions «miracles » les dirigeants stadistes ont dû se résoudre, ce mardi, à annoncer aux joueurs la liquidation de la SASP et par effet de ricochet le forfait général des équipes séniors. Un crève cœur pour des joueurs qui se retrouvent avec le prisme de la saison blanche en ligne de mire et l’effondrement d’un investissement personnel se comptant en paires d’années au sein du club bourguignon pour certains.

Dans ce contexte morose, malgré une épée de Damoclès financière permanente, le secteur sportif sous la férule du duo Pierre Auboeuf / Romain Kusiolek tenait son rang et portait haut les couleurs stadiste en Nationale 2 pour l’équipe première , tandis que les Espoirs étaient encore en mai dernier vice champion de France, prouvant la qualité du travail effectué dans ce secteur.

Abasourdi d’entendre après de long mois de silence coupable, ce que tout le monde redoutait et que personne ne voulait croire, les joueurs auraient demandé aux dirigeants de pouvoir jouer une ultime rencontre ce week-end lors du derby face à Mâcon (tout un symbole) de façon à vivre un dernier moment ensemble avant que le club ne passe dans les fourches caudines, mardi prochain, du tribunal de commerce de Dijon, qui au vu des éléments actuels devrait être dans l’obligation de déclarer la liquidation du club.

Une bien triste fin pour un club qui a tutoyé le soleil et généré dans un passé proche de grandes espérances de voir un club bourguignon de haut niveau rejoindre un jour Nevers en Pro D2, et qui dorénavant ne sait pas si l’année prochaine il pourra redémarrer en fédérale (comme Blagnac) ou en régionale comme (Hyeres).

Dans tout les cas, le Stade Dijonnais va dorénavant tenter de sauver l’association (dont la dette est moindre que celle de la SASP) pour préserver l’école de rugby et le vivier de la formation dijonnaise dont la réputation d’excellence n’était plus à faire . En ,clair passé la stupeur du torpillage en règle du navire amiral, il est maintenant temps de sauver la flottille dijonnaise.

Article rédigé par Loïc Colombié

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