Aujourd’hui, dans notre Partie II sur «Albi vs Rouen, histoire d’une rivalité moderne », focus sur l’année 2018/2019 ayant vu l’antagonisme entre Tarnais et Seinomarins toucher à son paroxysme lors de deux chocs mémorables dans une course effrénée à la Pro D2 sur fond d’enjeux sportifs et financiers mais aussi de polémiques arbitrales. Comme à l’accoutumée, les joutes Tarno-Normandes furent ponctuées de punchlines, de péripéties et de dénouements incandescents, laissant aux acteurs de vendredi soir la lourde responsabilité de perpétuer l’histoire ( ou pas).

Acte IV : Dansons à Albi sous la pluie!
Après une saison à caracoler dans leurs poules respectives d’une fédérale 1 brassant désormais amateurs ainsi que professionnels, Albi et Rouen se retrouvent au printemps 2019 en demi finale, avec à la clé, ce coup ci, un ticket direct vers la Pro D2 au terme de la double confrontation épique qui les attend.

Les Tarnais, dans un match retour au Stadium Municipal qui reste dans les mémoires albigeoises, se sont défaits en 1/4 de finale, de bondissants dijonnais, tandis que Rouen s’est dépêtré d’accrocheurs dacquois. Voilà donc nos deux protagonistes en piste pour un remake inversé de l’exercice précédent (Match aller à Albi / Match retour à Rouen).

C’est sous un temps apocalyptique où il tombe la mer et les poissons, que le Stadium et le public jaune et noir accueillent la première partie de cette joute restée dans l’histoire. En ce 17 mai 2019, comme le dira le capitaine du RNR, Jorick Dastugue « C’est Albi qui a la flamme dans le regard. ». Les images de la sortie des vestiaires des hommes de Matthieu André et de l’entrée dans le mythique tunnel de l’antre albigeoise sont révélatrices : le SCA a l’œil du tigre.

Cela se confirme sur le pré, et dès la 15eme minute, les jaunes et noirs qui mettent la guerre aux 4 coins du terrain, concrétisent par un essai de Vincent Calas qui soulève le peuple albigeois. Une grosse débauche d’énergie permettant au SCA de rentrer aux vestiaires avec la plus petite des marges (7-6).

Le second acte sous une pluie drue que certains esprits chambreurs surnommeront de «météo normande » est du même acabit avec des Albigeois qui remportent leurs duels et le défi physique. La botte de Jeremy Russell et un essai supplémentaire de Saimoni Nabaro font gonfler le score (20-9). Même dans le choc entre les deux meilleurs ailiers de fédérale 1 (Thomas Lacelle vs Gabin Villière) c’est « Toto la fusée albigeoise » qui sur la lancée de son match XXL face à Dijon éclabousse la partie de son talent, se payant même le luxe d’attribuer un plaquage offensif d’école à un 3eme ligne adverse (non sans s’estourbir un brin à l’impact).

Un état d’esprit guerrier , un état de grâce malgré des conditions dantesques, un public galvanisé, tout réussit au Sporting en ce soir pluvieux de mai 2019. Albi remporte le premier round certes sans bonus offensif, mais les Rouennais repartent en Normandie sans le moindre point terrain. Seul ombre au tableau, un essai refusé à Paul Farret pour une suspicion d’en avant qui aurait peut-être « permis de plier le game en empochant le BO » comme nous l’avouait Romain Lalliard (entraîneur adjoint) quelques mois plus tard .

Du côté de Rouen, les mots à la hauteur de la désillusion : forts et cashs . Comme on peut l’entendre dans le documentaire «Un supplément d’âme, au cœur de l’aventure des lions ». (De Pascal Hamel et Yan Rivallan). Richard Hill, durant les minutes et jours qui suivent utilisera les mots suivant : « On a été nuls, zéro !», «Match de merde!» ou encore « On a du travail les gars!».

Du côté du capitaine occitan des Normands, Jorick Dastugue, les mots captés par le duo Hamel/Rivallan sont des plus explicites sur la pelouse détrempée du Stadium d’Albi: «On n’a plus le choix, on est au bout du bout, on est des grands garçons… On se doit de réagir, de prendre nos responsabilités, on est dans le même bateau!». Et de rajouter quelques minutes plus tard en zone mixte : «On a joué à la baballe.»

Du côté albigeois, la joie est de mise et une espérance bruisse du côté des supporters, des dirigeants et dans toute la ville. Malgré une météo arrosée, la soirée se poursuivra tard dans la nuit sous le chapiteau jouxtant le Stadium, entremêlée de discussions oscillant entre enthousiasme et appréhension du match retour.

Même le manager du SC Albi, Arnaud Méla, commençait à envisager «quelque chose de magique pour les joueurs et le club!», tandis que Benjamin Caminati, l’arrière des jaunes et noir soulignait : «On a 11 points d’avance mais il reste 80 minutes! ». Une phrase prémonitoire, mais en attendant, ce 17 mai 2019 au soir, dans la patrie de Laperouse, c’était : Singin’ in the rain!

Acte V : Tension exacerbée , accession historique et désillusion sur fond de polémique arbitrale .
C’est devant 10 819 personnes que cet ultime round va se jouer avec des airs de Ligue de Champions de foot et son odeur de soufre quand débute un match retour couperet. L’électricité est palpable au Stade Diochon et on peut humer allègrement qu’il va se passer quelque chose ce soir là en Normandie. Le Stade est comble, même le kop du club de hockey voisin est venu pousser les lions normands pour tenter d’effectuer une «Rouentada ».

Les tribunes de presse sont garnies à ras bord de médias en tout genre , la tribune officielle regorge d’officiels, d’élus et de peoples locaux tandis que le reste des travées regorgent de tout ce que Rouen peut compter comme supporters. Un vrai chaudron Normand. Seul dans un coin de stade, subsiste dans la tribune populaire une tâche jaune et noire au son des tambours, 200 albigeois ayant traversé la France pour voir leurs chouchous renouer avec la Pro D2.

Mais du côté de Rouen, les joueurs et le club savent qu’ils sont à 80 minutes d’entrer dans l’histoire en envoyant la Normandie en Pro D2. Toutes les ficelles motivationnelles sont activées en amont de ce choc du côté du RNR, entre autres de se nourrir des propos de l’adversaire, et d’une phrase de Benjamin Caminati lâchée quelques secondes après le match aller sur les antennes de l’Equipe TV, qualifiant Rouen « de club de riches ».

Une fois de plus, la semaine entre les deux matchs a eu son lot de phrases et de petites piques assassines, comme seuls les clubs rivaux peuvent s’en envoyer. La guerre des nerfs fait rage, chacun essayant d’amener l’un et l’autre à la faute. Albi s’est préparé en mode commando dans son fief du Stadium, un registre qui n’est pas pour déplaire au 1/2 de mêlée du SCA, Thibaut Bisman qui va effectuer ses derniers tours de piste en jaune et noir avant de rejoindre son Béziers natal.

Quand l’heure du dénouement sonne, ce vendredi 24 mai 2019, ce sont 30 acteurs enivrés de rage et dont l’enjeu de la partie fait monter l’adrénaline, qui rentrent dans un Stade en fusion. Les premières minutes montrent un visage rouennais totalement différent de la semaine précédente où les locaux, ce coup-, ci rivalisent dans le combat avec les Tarnais.

Malgré un carton jaune à l’encontre de Thibaut Bisman, les Albigeois maîtrisent leur capital points par une défense barbelée et la botte de Jérémy Russell qui colle au plus près de Jordan Michalet l’ouvreur du RNR, opérant un premier acte en adéquation avec la tactique mise en place par Arnaud Méla : ne pas prendre d’essai. À la mi-temps les Seinomarins mènent certes de trois points (12-9), mais se sont bel et bien les Tarnais qui disposent encore d’un pied en Pro D2 (5 à 4 aux points terrain et + 8 au goal-average).

C’est au retour des vestiaires que tout bascula à Diochon, engendrant la part de légende de ce match qui fera couler tant d’encre. Au gré de décisions arbitrales contestables parfois lunaires de Laurent Cardona, le capital albigeois se mit à fondre comme neige au soleil, pour n’advenir que d’un petit point . Kevin Boulogne, tout juste sorti de sa retraite, remet Albi devant pour deux unités au score cumulé à l’aube de l’ultime ligne droite.

À 21-12, à quelques minutes de l’épilogue de ce véritable match de boxe, l’atmosphère devint irrespirable dans la préfecture de Seine Maritime. Chaque action, chaque envolée faisant retenir son souffle au public quand l’autre partie laissait se dégager des soupirs ou des râles d’humeur. D’un hors jeu de 20 mètres aux lourdes conséquences en pénalités successives en passant par des dialogues peu à propos, l’homme en vert commence à devenir pas à pas l’épicentre du terrain, focalisant l’attention d’Albigeois sentant le « sifflet tourner ».

À 3 minutes de la fin du temps réglementaire, Matthew James sur pénalité , redonne l’avantage au goal average d’un mince point (24-12) sous les clameurs d’un public en extase. Durant de longues minutes d’arrêts de jeu interminables, les hommes d’Arnaud Méla vont venir assaillir les 40 mètres et les 22 rouennais, enchaînant les phases de pick and go en quête d’une pénalité salvatrice..

Mais Laurent Cardona, arbitre qui restera le grand acteur de ce choc, en a décidé autrement. Les Albigeois se ruent, les Rouennais résistent, plongent, s’accrochent toujours à la limite de la sanction, mais l’arbitre ne bronche pas, malgré un Arnaud Méla qui sur le bord de touche s’époumone dans un Diochon aussi silencieux que la cathédrale Notre Dame de Rouen, à galvaniser ses hommes : « Continuez, Continuez , il va vous la donner , il est obligé de vous récompenser..! »

Mais dans un ultime ruck, le coup de sifflet intervient enfin …. Pour sanctionner Albi. Les Rouennais dégagent en touche, et délivrent les 10 000 âmes qui garnissent Diochon : le Rouen Normandie Rugby accède pour un petit point au bout du suspense en Pro D2! La clameur envahit toute l’enceinte, la communion est à son comble , suivie instantanément d’un envahissement de terrain où tout un territoire exhorte sa joie. En tribune officielle, les élus, les dirigeants, les sponsors se congratulent, ils viennent enfin d’atteindre leur objectif suprême : rentrer dans le giron du rugby pro.

Jonchés ça et là sur la pelouse, les Albigeois, anéantis, terrassés, le sol se dérobant sous leurs pieds. Les Bastien Dedieu, Gaetan Bertrand, Gianni Gaillard, Jérôme Dufour, Matthieu André et consort sont tous un genoux en terre les yeux embués de tristesse et de rage. Sur le bord de touche, Lucas Vaccaro et les joueurs hors groupe retiennent Arnaud Méla au bord de l’implosion quand son homologue rouennais, Richard Hill, vient le saluer avec un brin de perfidie albione et d’ironie ponctué d’un «Sorry, good game. ».

Errant sur le terrain, Alain Roumegoux le président du SCA accompagné de son directeur général, Jean Jacques Veyrac, sont hagards, le regard dans le vide, le teint terne et la montagne de soucis et de défis qui les attend trottant dans un coin de leurs têtes. Certes, un sentiment d’injustice est perceptible dans leurs yeux, mais le prisme de l’avenir du club est aussi fort présent car les dirigeants tarnais l’avait annoncé en amont : « En cas de non montée, le devenir du rugby pro à Albi sera remis en cause… ».

Pour faire simple, c’est plus qu’une victoire ou une défaite tant pour les Normands que les Tarnais, mais un véritable carrefour sociologique qui se joue ce 24 mai 2019. Les deux clubs savent, dans l’allégresse pour les Seinomarins et dans le chagrin et la désillusion pour les Occitans, que les lendemains ne seront plus jamais pareil à l’issue d’une rencontre qui s’installera dans les annales du rugby.

La tension est montée tellement haut, le contexte arbitral a tellement été prégnant et acteur sur le scénario de cet épilogue, cette double bataille a tellement été rude à l’image d’une guerre de tranchées, les enjeux étaient tel, qu’on sent instantanément que ce match va se prolonger de longs jours au delà du pré et des 80 minutes qui le borde. En clair une 3eme mi-temps médiatique et populaire s’enclenche !

Dès le coup de sifflet final, les réseaux sociaux et le microcosme de l’ovalie montent en pression et s’offusquent de la «mascarade arbitrale » de cet happy end qui tourne au vaudeville. D’Oloron, en passant par, Graulhet, Saint Jean de Luz, ou encore Dijon, Bagnères de Bigorre et Bedarrides, les messages de soutien affluent envers des Albigeois qui, les minutes passant, se sentent de plus en plus lésés par la conduite du match de Laurent Cardona.

Alors que les joueurs du RNR enchaînent les effusions de joie collectives et les célébrations de rigueur, le joueurs du SCA eux, après de longues minutes de tension dans le couloir des vestiaires, puis de consternation dans un huis clos devenu le cercueil de leurs espérances, commencent à sentir qu’à l’extérieur, à Albi, dans leurs familles, chez leurs proches, quelque chose se passe. Les téléphones sonnent et vibrent en boucle, ce sentiment d’injustice est bel et bien réel et ressenti au delà de la sphère interne du club.

Passé le moment de sidération du côté tarnais, un sentiment «de vol » comme le déclarera Arnaud Méla émerge du côté de la délégation albigeoise. Sentiment qui s’exprimera chez les jaunes et noirs de prime abord de façon primaire, en lançant lors de la réception d’après match, la spécialité locale (des camemberts) en direction de la tablée de Laurent Cardona et du corps arbitral.

Mais une fois les réactions épidermiques évacuées, le SCA s’engouffra dans un long tunnel de tristesse en grimpant dans le bus floqué aux couleurs du club, qui tel un long corbillard direction albi fut durant les 11 heures de routes le long deuil d’un rêve en(volé).

Alors qu’une thérapie collective autour de bières, de souvenirs douloureux et d’angoisse commence dans le bus albigeois, du côté de Rouen la fête bat son plein dans les coursives du Stade Diochon, où les dirigeants ont organisé des festivités. Un peu plus tard dans la soirée, dans un établissement de nuit sur les berges de Seine, Gabin Villière (encore en tenue de match, son légendaire casque vissé sur la tête et une bouteille de champagne à la main ) accompagné de ses coéquipiers, du staff et des dirigeants, festoient à l’étage VIP jusqu´au petit matin . Deux salles, deux ambiances, deux clubs, deux destins.

Dès le lever du jour, l’essoreuse médiatique se met en marche, les coups de téléphone fusent, les punchlines sortent, les réactions affluent. La rédaction du MagSport, n’y échappe pas, et à 10h du matin, le téléphone vibre sur la table de chevet de notre hôtel rouennais, au bout du fil, Arnaud Méla la voix encore prise par l’émotion.

Le dialogue est sans ambage : « Allo Loïc, on s’est fait voler par Cardona, on s’est fait …. , on ne peut pas rester comme ça sans rien faire. Je reçois des appels de partout qui me disent que c’est un scandale, il faut qu’on fasse quelque chose, on peut pas rester là sans rien dire. Dès que vous rentrez je veux faire une interview où je vais dire le fond de ma pensée! ».

Le lendemain alors qu’il vient de remporter le titre de Champion de France de Pro D2 avec Bayonne, Romain Barthélémy dira lui aussi le fond de son âme devant les centaines de milliers de téléspectateurs de Canal + : « J’ai aussi une grosse pensée pour mes amis albigeois qui ne méritaient pas ce qui leur est arrivé… » tandis que quelques secondes plus tard, Paul Goze le président de la LNR déclarera fort maladroitement toujours au micro de la chaîne cryptée : «La montée de Rouen, ça fait partie de la stratégie de la Ligue ….. ». Une phrase sybilline qui viendra nourrir un nombre incalculable de théories du complot dans la préfecture du Tarn.

On ne le savait pas encore, mais les tours et les détours de cette rencontre hors du temps allaient durer de longues semaines, sur les réseaux sociaux où les supporters albigeois se déchaînaient mais surtout par médias interposés. Alain Roumegoux, le président du SCA, dès le lundi suivant, n’y allait pas par 4 chemins dans nos colonnes : « C’est un total scandale, j’ai revu le match dans l’avion du retour , j’ai cru devenir fou. On s’est fait voler une montée et peut-être un bouclier de champion de France. Un arbitrage comme cela, c’est une honte! Ça met deux ans de travail sportif par-terre »

Son manager (Arnaud Méla) d’enchaîner à notre micro : « « Une injustice flagrante qui vient voler mes gars, alors qu’ils avaient mis tous les ingrédients pour y arriver » Pour le coach d’origine bigourdane, qui avait annoncé partir en cas de non montée, la situation et surtout le contexte lui font réviser ses vues: « Je ne peux pas abandonner mes joueurs après un tel scandale, je veux poursuive l’aventure humaine et les amener en ProD2 comme je leur avais promis . Je vais réfléchir à tête reposée et voir si la SASP continue mais je me vois mal quitter le navire après un tel simulacre d’arbitrage «.

Les joueurs, après une journée de repos en famille, eux arrivent ce lundi 27 mai par petites grappes dans le bureau d’Arnaud Mela, Jérémy Wanin et Romain Lalliard à l’entrée du Stadium, pour débriefer à bâtons rompus des péripéties qu’ils ont vécu 72 h plus tôt . L’amoncellement de joueurs, au gré des minutes est tel, que certains s’installent sur le rebord des fenêtres, d’autres passent une tête par l’encadrement d’une porte avec en fond le replay tv de la fatidique rencontre tel un exutoire.

Au siège social du club, les réunions de crise s’enchaînent pour amortir les effets de bords financiers de ce nouvel échec aux relents amers, qui met un gros point d’interrogation sur la continuité du rugby dans la cité épiscopale. Au pays de Jaurès, on n’en est plus durant quelques jours à défendre les révoltes minières, ou la condition ouvrière comme antan mais à soutenir les insurgés jaunes et noirs de l’ovalie. C’est de cette union sacrée autour d’un moment douloureux de son histoire , que supporters, bénévoles, dirigeants, partenaires et collectivités trouveront les ressources financières, morales et humaines permettant le sauvetage d’un navire SCA ayant subit la canonnade de Normandie.

Des répliques de cette secousse sismique en albigeois viendront occuper les créneaux médiatiques, comme quand le sorcier gersois et ex entraîneur du SC Albi, Henry Broncan déclarera dans nos colonnes au sujet de cette demi-finale et de son contexte arbitral : « Une époque que je croyais révolue dans le rugby moderne.»

La sanction financière (1000 euros) des instances à l’encontre d’Albi pour, entre autres, ses « débordements fromagers », mais aussi « trouble causé dans l’enceinte sportive et voies de fait sur un officiel de match » ou la suspension de deux semaines de compétitions envers Arnaud Méla du fait d’une explication de texte musclée a Diochon avec Laurent Cardona, furent les derniers remous de ce Rouen vs Albi qui deviendra une véritable cicatrice jaune et noire avec le temps.

Une semaine après cette rencontre, Rouen devenait à nouveau champion de France de Fédérale 1 face au VRDR au terme d’une finale à rebondissements et rentrait un peu plus dans l’histoire du rugby hexagonal, tandis qu’Albi perdait le fil de son destin pour de longues années, car à l’heure où nous écrivons ces lignes, une demi décennie après, le SCA n’a toujours pas retrouvé la Pro D2.

Acte VI : Nouveaux acteurs pour réinventer une rivalité.
5 ans ont passé, de l’eau a coulé tant sous les ponts de la Seine que du Tarn, mais l’évocation du comeback, ce vendredi au Stadium (19h30), d’une joute entre les frères ennemis occitans et normands a immédiatement fait flotter un parfum particulier à cette 5 eme journée de Nationale.

Surtout chez les supporters qui oscillent entre nostalgie pour certains, rancœurs non bues pour d’autre et surtout impatience pour l’ensemble. Certes, les acteurs sont bien loin de tout ça , Arnaud Mela entraîne Brive et Richard Hill coache Floirac après être passé par Périgueux , alors que Jérémy Wanin officie à Aurillac (Pro D2) tandis que Romain Lalliard lui, est au centre de Formation d’Agen.

Du côté des joueurs du SCA, seul Vincent Calas (et à moindre mesure Arthur Castant) a connu cet épisode tandis qu’à Rouen il ne reste qu’un seul rescapé de l’accession historique. En 5 ans, Wilfrid Hounkpatin et Gabin Villière sont devenus internationaux, les 2 capitaines Matthieu André et Jorick Dastugue ont pris leur retraite sportive, tandis que la vie et le sort ont vu Thomas Lacelle et Jordan Michallet rejoindre le Panthéon du rugby.

Rouen a vogué 5 saisons durant en Pro D2 avec successivement Richard Hill, Christophe Hamacek, Nicolas Godignon ou encore Sébastien Tillous Bordes à sa tête, tandis que du côté d’Albi, Arnaud Mela a quitté le Tarn pour la Corrèze en 2021, avec comme successeur Mathieu Bonello.

Ce dernier (Mathieu Bonello) a toujours été catégorique, concernant cette partie de l’histoire du SCA : «C’est du passé, on écrit avec les joueurs une nouvelle histoire! ». L’ex coach de Massy et de Lavaur n’a pas dérogé à sa ligne directrice en conférence de presse ce lundi : « On ne refait ni un match, ni une histoire… Il faut s’appuyer sur son passé, mais l’essentiel dans le sport c’est le moment présent. Si tu regardes en arrière, tu n’avances pas !»

Du côté de son homologue Rouennais, Jérôme Dunay, on concède sans peine : « On sera en terre hostile.. ». Éric Leroy, co-président du RNR lors de l’accession historique et actuel directeur général du club normand, lui est plus tempéré : «Ça réveille des souvenirs mais pas de la rivalité. Des souvenirs heureux pour certains et malheureux pour d’autres.
Aujourd’hui, il faut ré-écrire une nouvelle histoire, la plus belle possible mais ni Albi, ni Rouen ne jouent sa saison sur ce match.
On espère tous voir un beau match de rugby. »

Du côté des joueurs, le Saint Affricain Paul Farret et le Requistanais Simon Veyrac se souviennent de cette rencontre, rappelant l’aube de leurs carrières professionnelles. Pour Paul Farret, le sentiment actuel est le suivant : «C’est une cicatrice encore ouverte même 5 ans après, c’est l’histoire d’un rêve brisé avec mon club formateur et une bande de copains.». Tandis que pour Simon Veyrac, qui joue dorénavant à Suresnes, le souvenir est toujours présent : « Ce fut un moment très dur surtout quand t’es pas forcément sur le terrain mais que t’es avec le groupe depuis le début de la saison. Vu comment le scénario du match s’est déroulé, nous avions un sentiment de dégoût envers ce sport… »

Quant à Arnaud Mela, qui coache depuis 3ans Brive (Top 14 puis Pro D2), joint ce matin, la pilule n’est toujours pas passée chez le natif de Lannemezan: « Même 5 ans après, le souvenir est amer et douloureux, c’est un sentiment d’injustice envers le SCA, le Staff et surtout les joueurs qui reste ancré profondément. Certaines émotions et images de ce que j’assimile à un «vol » restent gravées dans ma mémoire. Ce 24 mai 2019, le rugby n’est pas sorti grandi»

Du côté des supporters, Pierre* (le prénom a été transformé), qui est un invétéré du Stadium, nous livrait hier, son excitation et son sentiment sur le match de ce vendredi : « J’entends certains dire que c’est du passé mais pour nous, supporters Albigeois, c’est notre Séville 82, c’est notre France – Allemagne à nous… Une rivalité, on ne la décréte pas mais on ne peut pas l’enterrer non plus d’un claquement de doigts. Les petits (les joueurs), certes n’ont pas connu 2019, mais s’ils veulent remplir notre cœur de joie, ils savent ce qu’ils ont faire ce vendredi au Stadium… »

En clair, cette 7eme rencontre entre Albi et Rouen revêtira un nouveau cadre, la Nationale, de nouveaux acteurs écrivant une nouvelle page, mais pour certains elle revêtira une symbolique bien plus forte car les cicatrices du passé ne peuvent jamais s’effacer.
Albi VS Rouen (J5 Nationale ) vendredi à 19h30 au Stadium d’Albi à suivre en direct sur Le #MagSport.

Article rédigé par Loïc Colombié

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