#Rugby – Nationale / Jean Marc Aué (Carcassonne) : «L’objectif sera d’aller en Pro D2, je l’affiche sans aucune prétention, c’est un objectif sportif, je suis ambitieux!»

Tour d’horizon des clubs de Nationale avec l’US Carcassonne et son manager Jean-Marc Aué.

Avant de se projeter sur la prochaine saison, on va mettre un coup d’oeil dans le rétro et sur la fin de saison dernière, une fin de saison qui a été haletante et au bout du suspens dans un duel entre Audois face à Narbonne, cette demi-finale qui a fait couler beaucoup d’encre et qui a été serrée. Est-ce que du côté de Carcassonne, on a évacué cette demi-finale et cette déception de ne pas remonter en Pro D2 ?

Oui, bien sûr qu’on est passé à autre chose aujourd’hui mais je t’avouerai que les quelques jours après la demi-finale ont été difficiles à encaisser et à accepter, surtout une non-décision arbitrale mais surtout aussi l’objectif de monter qui s’en allait suite à cette défaite à Narbonne. Ca a donc été compliqué mais dans notre métier, il faut passer outre et voir de l’avant, bien sûr qu’aujourd’hui, c’est un mauvais souvenir mais qui, même s’il n’est pas totalement oublié, je suis complètement passé à autre chose. Je suis passé à la saison qui arrive et surtout à un nouvel objectif.

Malgré le dénouement qui a été malheureux pour vous, ça a été un summum d’émotions pour vous. Est-ce que ça a participé à la reconstruction de ce groupe qui est un groupe revanchard qui veut remonter en Pro D2 ?

Aussi car, comme on le dit souvent, il n’y a pas que les bons moments ou les victoires qui conduisent à former un groupe et à le faire vivre. Cette défaite a aussi donné ce goût amer à certains et les joueurs, pour en avoir parlé avec certains, je pense notamment à mon capitaine Romain Manchia qui devait signer à Béziers qui, après maintes discussions avec lui, m’a dit » je vais rester parce-que j’ai l’impression que le boulot n’est pas terminé « . J’ai également eu cette impression-là avec d’autres joueurs, on avait l’impression qu’il fallait que l’on continue ensemble, c’était prévu pour moi parce-que j’étais sous contrat et pour d’autres joueurs, de par la relation que j’ai avec eux et cette saison qui a été bien sur un aspect humain, ont fait que l’on a conservé 80% de l’équipe pour la saison qui arrive.

On se souvient que l’on t’avait eu à notre micro à la même période l’année dernière, il y avait eu un été un peu mouvementé après la descente et l’objectif était d’abord d’être dans les 6 puis ensuite, comme tu nous le disais, c’était » on verra si on peut aller plus haut » à savoir la remontée en Pro D2. Cette année, l’objectif est clair et net et c’est la remontée en Pro D2 ?

Oui, c’est complètement l’inverse, c’est à dire que la première donnée qui est inversée, c’est que c’était 80% de l’effectif qui était parti l’année dernière tandis qu’aujourd’hui, c’est 80% de l’effectif qui est resté. Ca, c’est une très bonne chose, c’est aussi signe d’une bonne saison, d’une bonne vie de groupe et sûrement d’un travail fourni entre le staff et les joueurs qui se passe bien, ce qui est top. L’objectif d’aujourd’hui est bien sûr d’aller voir plus haut mais le premier des objectifs, en tous cas pour moi sur un plan sportif, sera de terminer dans les 2 pour essayer de faire une demi-finale à la maison. Je crois qu’aujourd’hui, faire une demi-finale à la maison crée un étage et ça sera donc l’objectif de départ. Après, bien sûr, quand tu es en demi et que tu la joues à la maison, les objectifs sont naturellement d’aller voir ailleurs, évidemment.

A quelques heures du début des premiers matchs de pré-saison et des premiers matchs amicaux, quelles sont pour toi les forces en présence cette année en Nationale pour la montée ?

Nous, en tous cas, on a rééqulibré notre objectif où l’on était costaud devant mais un peu moins équilibré derrière. On a fait un recrutement un peu plus basé sur des 3/4, axé sur de la vitesse mais aussi sur un peu de jeunesse, c’est un équilibre avec quelques anciens qui sont restés, je pense notamment à Puletua, 3/4 centre, qui est un joueur leader chez nous. Autre avantage, c’est que grâce à cet effectif-là, on ne part pas de zéro donc moi, j’ai l’impression aujourd’hui que mon équipe est plus équilibrée et qu’elle a aussi gagné en expérience du fait de s’être adapté l’année dernière en Nationale, car cela faisait 12 ans qu’on était en Pro D2. On a donc gagné du temps par rapport à tout ça et ensuite, pour parler des autres équipes, on a bien vu que les équipes s’étaient équipées et que certains clubs ont fait un gros recrutement; je pense à Bourgoin qui, l’année dernière, n’a sûrement pas fait la saison qu’il rêvait et qui fait un beau recrutement aujourd’hui.

Tu nous parles de ces arrivants, de ces nouveaux joueurs, à Carcassonne ?

Comme je te le disais, on a beaucoup recruté derrière, on a pris 2 / 3 joueurs supplémentaires devant et derrière, on a quasiment recruté à toutes les lignes. Le seul poste aujourd’hui qui n’est pas encore validé est celui d’ouvreur, il me manque encore un joueur à recruter puisqu’on a gardé Gabin Michet de l’année dernière et que j’ai aussi recruté un joueur 10 / 15, Nils Chalies, qui arrive des espoirs du Racing mais il me faut un joueur un peu plus confirmé à ce poste pour mettre de la concurrence. Il y a beaucoup de joueurs sur les ailes, j ‘ai aussi récupéré un 3/4 centre de Blagnac, un demi de mêlée de Bourgoin qui avait aussi joué en Pro D2 donc l’équilibre est bon. J’avais une forte envie de récupérer des joueurs avec beaucoup de vitesse car c’est ce qu’il me manquait et les joueurs qui sont arrivés ont été choisis par rapport à ce critère.

Le dernier poste qui reste à pourvoir ou à compléter est celui d’ouvreur ?

Oui. Le recrutement est quasi terminé mis à part ce poste-là donc, après de vives transactions avec les uns et les autres, on est en recherche. Il y a eu beaucoup de discussions avec 3 / 4 joueurs et notamment un joueur en particulier, ça a échoué et aujourd’hui, il faut que l’on arrive rapidement à trouver le joueur qui manque.

On a l’impression qu’en Nationale, le marché des ouvreurs est un marché très compliqué et très complexe ?

Oui car, par définition, les très bons ne jouent pas dans notre niveau. Il y a ensuite le problème que peuvent avoir les clubs de Top 14 et de Pro D2 sur les JIFFS, nous, on a des problèmes de licence B et C et aujourd’hui, très peu de demis d’ouverture sur le marché sont français car ils sont souvent en Top 14 ou en Pro D2. On doit nous aussi faire attention à ces licences et, en plus de ça, le poste est devenu difficile car souvent, ce sont des joueurs qui sont leaders, qui sont importants dans le système de jeu et, du coup, les profils sont de plus en plus rares.

Dans une semaine, vous allez jouer face au Sporting Club Albigeois, un match amical qui sera un avant-goût de la première journée ?

C’est le hasard du calendrier qui a fait que. On avait prévu un match avec Mathieu Bonello, déjà par rapport aux relations que l’on a, la proximité pour ne pas qu’on ait ni l’un ni l’autre de gros trajets à faire pour un match amical. Ca c’était donc prévu comme ça avant que le calendrier ne sorte et le hasard voudra que oui, on recevra Albi une 2e fois en 15 jours, il est certain que si on l’avait su avant, on n’aurait sûrement pas fait ce match-là ou, en tous cas, pas à cette période mais on l’a maintenu. C’est bien de faire un match mais je pense que Mathieu comme moi aurions préféré se jouer un peu plus tard que sur la première journée, c’est vrai.

Du coup, partant de ce constat-là, que ce soit toi ou Mathieu Bonello, vous allez devoir avancer un petit peu masqués sur ce match amical pour ne pas tout dévoiler à l’adversaire ?

Bien sûr, c’est compliqué parce qu’on va se rejouer sur le premier match de championnat où la stratégie sera complètement différente et l’objectif également par rapport à un match amical. Malgré tout, les matchs amicaux servent aussi à mettre en place ce que l’on veut mettre réellement donc ça sera un petit peu au chat et à la souris, un peu masqué et un peu démasqué et en même temps, ça sera un match un peu particulier à moins qu’avec Mathieu, mais ça, c’est pour la boutade, on ne décide de faire une grosse bagarre générale et que le match s’arrête au bout de 5 minutes mais ça n’est pas prévu (rires).

On va parler de l’actualité. Il y a de fortes chances que la Nationale reprenne à 13 puisque Hyères-Carqueiranne La Crau est plus proche de ne pas s’engager en Nationale que de s’y engager. Qu’est-ce que ça t’évoque ?

C’est déjà malheureux pour le club et je pense aux joueurs et aux familles qui vont en pâtir et qui vont être pénalisés car aujourd’hui, au mois d’Août, les mecs qui n’auront pas de contrat de travail vont être plus qu’atteints. La 2e chose, c’est que ça me conforte de ce que je pense de ce niveau à savoir que c’est un niveau qui doit être complètement professionnel et qu’aujourd’hui, si tu n’as pas les assises financières, structurelles et humaines solides, c’est difficile d’être dans cette division. Je le vois pour avoir entraîné en Pro D2, on a le même fonctionnement que cette division mais avec des éléments financiers qui sont moindres puisqu’il n’y a pas de droits TV, par contre, on a les mêmes contraintes. Aujourd’hui, je le dis haut et fort, cette Nationale doit être complètement professionnelle et ceux qui ne veulent pas être professionnels, ou les clubs ou les joueurs, doivent aller jouer en Fédérale et point barre. Aujourd’hui, il y a deux rugbys, il y a un rugby amateur qui est un rugby que l’on connaît tous et qui est l’essentiel de notre rugby français et après, il y a une élite et l’élite est professionnelle. Je crois qu’aujourd’hui, la Nationale doit être dans l’élite et doit être professionnelle.

Malgré cela, le haut du panier de la Nationale se comporte bien lorsqu’il monte en Pro D2. On a vu que Valence-Romans et Dax s’étaient maintenus avec brio, Nice va avancer en Pro D2 avec ambitions et vos voisins narbonnais ont tenu le choc face à Montauban dans l’access-match ?

Exactement et ça conforte mes propos, les équipes qui montent de Nationale en Pro D2 ne sont pas spécialement en danger, au contraire souvent d’une équipe de Pro D2 qui monte en Top 14. Aujourd’hui, je crois donc qu’il faut préparer les 6 ou 7 clubs qui ont envie de jouer le haut de tableau en Nationale et, à mon sens, les préparer plus tôt à savoir qu’à mon sens, je serai pour que le premier de la phase classique monte directement ce qui permettrait de recruter plus tôt que d’attendre le mois de Juin et qu’il y ait un access-match pour privilégier les clubs à se préparer à une montée. A ce jour, on voit que les clubs qui montent ne sont pas en danger donc ça prouve aussi que le niveau de Nationale, en tous cas les clubs de haut de tableau, sont prêts. Et puis, il ne faut pas croire mais tout le monde dit » c’est difficile de monter » alors que non, ce n’est pas difficile car quand tu as des objectifs de monter, tu sais que derrière, tu vas récupérer une manne financière de la part des droits TV et qu’en plus de ça, tu as des partenaires supplémentaires qui viennent s’engager, tu as des événements plus nombreux autour des matchs car tu as des affiches plus alléchantes. Donc selon moi, la montée en Pro D2 n’est que positive mais par contre, ce que les gens ne disent pas, c’est que rester longuement en Nationale lorsque tu as des objectifs de montée, ça pénalise un club et ça l’amène plutôt vers une descente ou une stabilité en Nationale ce qui, pour moi, est plutôt un frein et un côté négatif.

Le plus dur, et vous l’avez vécu la saison dernière, c’est plutôt d’amortir le choc d’une descente de Pro D2 à Nationale ?

Exactement et je l’ai vécu, la descente a été un traumatisme. Ca peut paraître choquant pour certains qui disent » ce n’est pas grave, tu t’en relèves « , bien sûr et la preuve, on s’en est relevé et on est allé en demi-finale l’année d’après mais à quel prix ? Sur les structures, sur l’humain, sur le travail que tu dois fournir, sur des pertes financières, c’est dur. Moi, j’ai trouvé que la saison que l’on a faite était exceptionnelle car, finalement, on était à deux doigts d’être en finale et à un match d’une montée alors que j’ai passé 5 mois dans une merde pas possible et j’ai passé deux mois d’été où je ne savais même pas tous les jours si j’allais avoir 3 sous pour recruter 3 joueurs et je peux te dire qu’autour des tables lors des premières réunions, on ‘était pas très nombreux contrairement au jour où on s’est qualifié en demi-finale et où les rapaces sont venus un petit peu manger.

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On va finir avec le mot d’ordre de cette saison 2024 / 2025 du côté de Carcassonne ?

Le mot d’ordre, c’est déjà de faire mieux que l’année dernière c’est à dire de gagner une demi-finale, puisqu’on l’a perdue, et si on gagne en demi, ça veut dire qu’on est en finale (rires). Une finale, elle est faite pour être gagnée et ça veut dire que l’objectif sera d’aller en Pro D2. Moi, je l’affiche sans aucune prétention, ce n’est pas de la prétention, c’est un objectif sportif, je suis ambitieux, je suis un manager ambitieux et si je n’y arrive pas, c’est peut-être que j’aurai manqué des choses mais le sport n’est pas non plus une science exacte. Maintenant, il est sûr que moi, j’ai envie que le club remonte et j’ai envie d’être le manager qui fasse monter cette équipe parce qu’elle le mérite.