Lors de la conférence de presse de rentrée, le directeur général du SC Albi s’est entretenu durant de longues minutes avec la presse pour dresser le nouveau contexte du club et l’évolution de sa situation personnelle. Jean Jacques Veyrac qui progressivement va laisser sa place à la tête de l administratif dans le club tarnais à Pierre Roussel, pour intégrer le conseil d’administration des jaunes et noirs, nous a décliné cette évolution s’operant en douceur tout en répondant aux questions d’actualité qui incombent à la période estivale.

Jean Jacques après 12 ans comme directeur général tu entames une passation, avec Pierre Roussel, comment va se passer cette transition ?
Je vais vous expliquer ma vision. Je suis DG depuis 12 ou 13 ans, j’ai aujourd’hui une vision du club à 360° et il y avait deux solutions : soit je le faisais de manière violente en disant au conseil d’administration » j’arrête à telle date et c’est comme ça » mais, au contraire, je m’entends très bien avec eux et ma vision n’était pas celle-là. J’ai accumulé plein de choses depuis plein d’années et je voulais les transmettre à quelqu’un car transmettre, c’est prévenir et garder des choses que l’on a acquises donc le plus dur était de trouver à qui le transmettre et surtout comment le transmettre. Si je fais le récap de mon poste, on va y passer une demi-heure car ça part de partout tous les jours, et Pierre peut en attester depuis qu’il est là, donc je trouvais que de le faire sur une longue durée était une bonne chose, de façon à ce qu’il voit toute la saison et ce qu’il se passe à tous les niveaux. On a commencé par le recrutement, il a été ancien joueur, il a eu un agent et aujourd’hui, il voit la vision des agents de l’autre côté (rires) où c’est plus cocasse et où ça n’a plus rien à voir. Il y a tout le côté de la DNACG, les prévisionnels, les partenaires, la boutique, la com, les réseaux sociaux, tout ce qu’il se passe au jour le jour et moi, quand je suis arrivé DG alors qu’ils avaient mis l’ancien DG dehors, on m’a parachuté comme ça, sans formation, sans rien alors que j’avais une gestion d’entreprise depuis déjà une quinzaine d’années mais ça a quand même été difficile pendant les premiers mois. Je trouvais donc que si je pouvais former quelqu’un sur le long terme, c’était une grosse plus-value pour Pierre mais surtout pour le club. Le conseil d’administration a aussi proposé l’avenir en disant » Jean-Jacques, quand tu auras fini, on veut te garder avec nous » parce-que j’ai quand même ce savoir-là et que Pierre puisse toujours compter sur moi s’il a des questions ou quoi que ce soit sur l’avenir du club à n’importe quel niveau. Je voulais donc vraiment tout lui apprendre et qu’il voit tout, il le fera ensuite à sa méthode, avec son caractère et autres mais il aura des bases solides et je pense que pour lui, c’est ce qu’il fallait faire pour ne pas l’envoyer sur une mission difficile.

Le duo va donc durer 16 mois ?
En fait, on ne s’est pas fixé de durée. Je ne suis pas dans l’esprit de dire » j’ai mes droits à la retraite dans tant de mois » mais plutôt dans l’esprit de me demander » qu’est-ce qu’il faut comme temps à Pierre pour comprendre et tout assimiler ? « . Si c’est 12, c’est 12, si c’est 15, c’est 15 et si c’est 17, c’est 17. Moi, je veux que quand je dirai » stop « , ça continue comme avant et qu’il soit sécurisé à tous les niveaux. Je suis dans un esprit de transmettre.

On sait que le SCA est quand même très important pour toi donc je pense qu’au bout de 16 mois, tu ne vas pas couper le cordon de manière abrupte. Est-ce qu’on peut imaginer te voir rentrer au conseil d’administration pour rester dans la sphère jaune et noire ?
C’est ce qu’ils m’ont proposé. Ils m’ont proposé d’intégrer le conseil d’administration par la suite pour rester mais aussi si Pierre a besoin de quoi que ce soit donc, effectivement, je ne suis pas dans l’esprit de laisser tomber comme ça, violemment.

Le nouveau leitmotiv du club est la formation allez vous mettre plus de moyens dans ce registre ?
Le budget sur la formation sera même un peu plus élevé car, en parlant de jeunesse, il y a plus de jeunes du centre de formation qui vont s’entraîner et matcher avec les pros. Il y a donc un petit peu un décalage de nombre de pros qui vont se retrouver sur le centre de formation.

De combien sera le budget sur le centre de formation ?
Il n’est pas tout à fait fini. Je pense qu’il y aura à peu près 15 points de plus que l’année dernière mais ça ne veut rien dire car il y a les jeunes qui sont au centre de formation et qui nous sont prêtés par quelqu’un. Lorsqu’on a un prêt, on récupère le contrat de l’équipe qui nous le prête et il y a ensuite une entente entre les clubs sur un pourcentage de prise en charge donc quand on parle du budget du centre de formation sur le club d’Albi, si on prend le jeune du Stade Français comme exemple, nous allons prendre en charge la totalité de son salaire et de son logement et un remboursement sera fait par le Stade Français de manière financière. Donc, quand on parle de sommes brutes, ça change un peu les donnes.

Comment se passent les relations avec l’association ?
Il y a aujourd’hui une très belle entente entre la SASP et l’association, il y a deux présidents qui s’entendent très bien et on n’a jamais fait autant de réunions pour que ce soit le club qui avance ensemble et non pas chacun de son côté.

Mathieu nous disait avoir fonctionné l’an passé avec environ 45 joueurs. Est-ce qu’on sera à peu près dans la même zone ?
A quelque chose près, oui, avec plus de jeunes qui seront au centre de formation mais aussi de très jeunes puisque le centre de formation va commencer à partir de 2006 pour les plus jeunes. Il y en aura 5 ou 6 que l’on va commencer à former pour qu’ils soient prêts dans les deux ans qui viennent et tous les autres vont déjà s’entraîner avec les pros, même, pour certains, matcher avec les pros cette année.

Le staff restera le même a quelques exceptions près ?
On avait deux kinés toulousains à mi-temps ce qui était assez difficile, ils travaillaient aussi dans leurs cabinets donc on se rend compte que ce serait mieux si on avait un kiné à plein temps tout le temps au club. On est en train de finaliser ce recrutement aussi d’avoir sur côté là un temps complet au lieu de deux mi-temps, ça ne change rien sur le volume, ça change un petit peu sur la forme où le kiné sera tout le temps présent au club toute la semaine.

La volonté de relancer la dynamique populaire autour des matchs du SCA est elle toujours de mise ?
On avait dit l’an dernier qu’on mettrait en place toute une animation autour du Stadium et on l’a fait. Il y a des food-trucks, une bodega et on s’est aperçu petit à petit au cours de la saison et alors que la Coupe du Monde de Rugby était finie, car il ne faut pas oublier qu’il y a eu la Coupe du Monde durant les premiers mois, qu’il n’y avait personne dans les stades. Je ne parle pas d’Albi, il n’y avait personne nul part pendant 3 mois, les gens sont revenus après et aujourd’hui, ils arrivent plus tôt et partent plus tard, les deux food-trucks sont débordés et noyés avec le temps; Ce serait bien d’en avoir un 3e mais à nous avec toujours une animation à l’entrée du Stadium car on a quand même vu que les gens ne venaient pas que pour le rugby et que quand on avait l’École des Mines qui venait ou d’autres étudiants, ils passaient plus de temps à la Bodega et à faire la fête que dans le stade. On veut donc continuer à développer cet aspect convivial autour du stade.

Du coup, est-ce que vous gardez les matchs les vendredis soir car on s’est aperçu que la formule était parfaite ?
Parfaite, il est difficile de dire ça parce qu’il y a toujours des gens qui vont être contre et d’autres pour. Ce dont on s’est aperçu, c’est que tous les partenaires que l’on avait et qui avaient beaucoup de mal à inviter le samedi soir depuis le Covid où il leur fallait appeler 30 personnes pour en avoir 8 en table, étaient tous complets. Le VIP a très bien marché cette année dû au vendredi soir, ça a été une réussite de ce côté-là. Il est beaucoup plus facile d’inviter un jour de travail dans la semaine.

Du coup, on garde le vendredi ?
La Fédé nous donne le choix entre le vendredi ou le samedi.

Mathieu Bonello a décliné les propositions de Montauban, ça vous enlève une belle épine du pied, car trouver un nouveau manager en plein mois de juin n’aurait pas été chose aisée ?
Le plus dur n’était pas d’aller chercher d’autres entraîneurs, il y en a plein sur le marché.

C’etait de monter un projet cohérent avec ce nouvel entraîneur ?
Oui. Le plus dur aurait été d’avoir un nouvel entraîneur qui arrive avec des joueurs recrutés par un autre manager, c’est ça le plus difficile.

Albi ne peut plus suivre la surenchère budgétaire donc on bascule sur un projet autour de la formation et la jeunesse ?
C’est pour ça que le nouveau projet va aussi dans ce sens. C’est également une analyse de dire » en fait, aller chercher des joueurs en Top 14 et en Pro D2 pour nous faire monter n’est peut-être pas forcément la bonne solution » puisqu’on l’a vécu pendant deux ou trois saisons. Je crois que les joueurs pensent qu’à 50 ou 70% de leurs possibilités, ils vont tout casser sur le terrain et ce n’est pas le cas. La Nationale a tellement monté que si on n’a pas des joueurs, jeunes ou pas jeunes, qui s’y filent à 100%, ça ne fonctionne pas et le fait de dire » le nouveau projet, ce sont des jeunes qui ont besoin de se montrer, qui eux vont s’y filer à 100% » permet deux choses : d’abord, on pérennise le club et on va vers l’avenir avec des gens qui ont envie de mouiller le maillot. Je pense que le public et les partenaires ont envie de voir des gens qui mouillent le maillot et qui s’y filent sur le terrain.

À l’image de Pierre Roussel, allez vous intégrer de plus en plus d’anciens joueurs dans l’organigramme ?
Il faut des capacités, Pierre est à Bac +5 et quand je disais qu’il fallait qu’il comprenne tout, qu’il apprenne tout très vite même si c’est dans la durée, il faut que les gens aient aussi la capacité à rentrer. Aujourd’hui, il y a effectivement Julien Raynaud au conseil d’administration, Kevin Boulogne à l’association, Pierre qui rentre à la SASP et je pense que c’est une volonté globale. Après, il faut trouver les bonnes personnes avec les bons niveaux adéquats.

Si on suit tes propos, le profil de Pierre aide à faire une transition » douce « . C’est un profil qui allait de soi et qui s’imposait ?
Non, ça ne s’est pas fait comme ça. Moi, j’avais déjà anticipé depuis quelques mois, j’avais envoyé des pistes à droite, à gauche car c’est quand même quelque chose de très difficile de trouver quelqu’un qui sache faire un budget, qui sache vendre un contrat de partenariat et autres. J’avais donc commencé depuis quelques mois à chercher des pistes, c’était très difficile et ça ne passait que par la formation, il y a ensuite eu des entretiens avec Pierre qui venait me voir pour chercher un boulot et rentrer dans une entreprise, car il l’avait aussi anticipé en me demandant » Jean-Jacques, est-ce que tu peux essayer de me faire rentrer au Crédit Agricole, à la banque ? « . On a eu des entretiens et puis ça s’est fait, il a rencontré les administrateurs et ce sont eux qui ont été convaincus, c’est passé par le circuit normal du président, des administrateurs, du DG. Ca ne s’est pas fait comme ça à l’emporte-pièces mais de manière intelligente.

Quand se fera la présentation des joueurs ?
Elle est prévue le 29 Juillet, à Albi. On communiquera dessus, on verra si ce sera un entraînement dirigé ou une présentation au public, le club va le caler et on vous communiquera les infos.

Ton poste est aussi grandement lié à la relation avec les partenaires et la gestion du club affaire. Quelles nouveautés sont à attendre de côté ?
En parlant de partenaires, je voudrais juste faire un petit aparté dessus car au-delà des partenaires, il y a en a beaucoup qui ne viennent pas forcément que pour le rugby mais beaucoup pour le club affaires qui existe maintenant depuis plus de 10 ans. On est même souvent cité en exemple au niveau du club affaires, on est tout le temps en recherche de performance et d’aller au-delà et là où on a mis la barre encore plus haut cette année, je remercie Samantha et Jérémy qui ont bossé dessus, c’est qu’on a créé une application pour que les partenaires puissent se contacter entre eux avec tout un programme. Ils pourront s’inscrire au club affaires via l’application et faire plein, plein de choses grâce à elle ce qui n’était pas le cas cette année donc on met une marche encore plus haute sur le club affaires.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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