Rencontre avec le millavois, Victor Pisano véritable globe-trotter de l’ovalie ayant posé ses valises dans sa jeunesse tant à Clermont et Béziers qu’en Angleterre ou en Nouvelle Zélande, avant de lancer sa carrière du côté de Dax. Cet ouvreur et 3/4 centre nous a narré son parcours tout en revenant sur ses 2 saisons aux pieds des Alpes à Chambéry, sans oublier de nous expliquer les motivations qui l’ont amené a s’engager avec le Sporting Club Albigeois pour les 3 prochaines années.
Pour toi comme pour tout le monde, le rugby n’a commencé ni du côté d’Albi ni du côté de la Savoie ?
J’ai commencé à Millau, dans l’Aveyron puis j’ai pas mal bougé. J’ai commencé par Castres pour ma première expérience dans le Tarn, je suis ensuite parti en Nouvelle-Zélande et quand je suis revenu, j’ai fait Clermont et Béziers avant de repartir en Angleterre pendant 2 ans puis de revenir sur Dax. Lors des deux dernières saisons, j’étais sur Chambéry et maintenant, retour un petit peu plus près de mes origines et de mes sources de l’Aveyron, donc sur Albi.
Est-ce que ces expériences en Nouvelle-Zélande et en Angleterre t’ont un peu « ouvert les chakras rugbystiques » ?
(rires). Je ne sais pas si ça m’a ouvert les chakras rugbystiques mais, en tout cas, c’étaient de belles expériences et je me suis régalé. C’est un rugby différent, je pense que je me suis déjà aussi découvert en tant qu’homme et j’ai découvert aussi d’autres méthodes d’entraînement ou même un autre rugby tout simplement. C’était cool, c’étaient de bonnes expériences.
La façon d’appréhender le rugby à l’étranger est vraiment différente ?
J’étais quand même assez jeune quand je suis allé en Nouvelle-Zélande, j’avais 17 ans, j’ai fait mes 18 ans là-bas donc je n’avais peut-être pas le recul nécessaire pour voir comment ça fonctionnait. Ce qui m’avait énormément surpris, c’était déjà la facilité d’accès pour jouer au rugby et puis l’état d’esprit général, que ce soit dans les clubs locaux ou même à plus haut niveau. Quand il fallait être très sérieux, ça travaillait beaucoup mais il y avait beaucoup de joie et de bonne humeur, c’était très, très « relax » aux entraînements mais quand ça travaillait, ça travaillait très bien. A l’inverse, en Angleterre, j’ai eu un schéma de jeu beaucoup plus structuré avec un rugby bien plus structuré avec pas mal de phases de jeu qui étaient déjà préétablies et autres. Je trouve que dans le rugby français, on est un peu dans l’entre-deux, de ce que j’avais découvert de la Nouvelle-Zélande, c’était beaucoup de jeu, il fallait apprendre à beaucoup jouer, à déplacer le ballon, à s’éclater. L’Angleterre est bien plus structurée et la France, c’est un peu l’entre-deux, en tous cas, c’est un peu comme ça que moi, je l’ai vécu.
Après tes passages à Castres, Clermont et Béziers, là où tu as vraiment lancé ta carrière professionnelle, c’est à Dax où tu as passé 4 saisons. 4 saisons où il a fallu s’employer pour maintenir l’US Dax dans le haut du panier ?
Quand je suis arrivé, le club venait de descendre. Ca n’a pas été tout le temps simple, c’est un club où, honnêtement, j’ai beaucoup d’attaches, j’ai encore beaucoup de copains qui jouent là-bas et j’avais pris beaucoup de plaisir avec ce club mais c’est vrai qu’on n’a pas eu des années très faciles. Apparemment, j’ai eu du pif car au moment où j’ai choisi de partir du club, c’est là que les belles années sont arrivées mais c’est bien, je suis content pour le club et pour les mecs car on a eu des moments assez compliqués et je crois que c’est bien de revoir l’US Dax à ce niveau-là aujourd’hui.
Comment as-tu vécu d’un œil extérieur cette montée de Dax en Pro D2 et cette magnifique saison avec les play-off ?
Déjà, leur saison en Nationale avait été incroyable, vraiment incroyable. C’est vrai que pour moi personnellement, ça a été quelque chose d’assez dur à digérer car comme je l’ai dit, je crois qu’au-delà du rugby en lui-même, j’avais vraiment des attaches dans le sud-ouest et ça n’a pas été simple de voir que leur saison se passait aussi bien tandis qu’en contre-partie, nous, avec Chambéry, on avait un petit peu de mal à se lancer et qu’on a eu une année un peu mitigée. Honnêtement, pour l’année qu’ils viennent de faire en Pro D2, j’ai été plus que surpris, je pense que beaucoup ne les attendaient pas au niveau auquel ils étaient. On voit qu’il y a quelque chose, une osmose qui fonctionne que ce soit entre le staff et les joueurs ou entre les joueurs entre eux, en tous cas, c’était plaisant à voir jouer et je pense que c’était une belle équipe de Pro D2. C’est bien, je suis très content pour les mecs et très, très content pour le club de voir qu’ils ont été capables de redresser la barre comme ça.
Qu’est-ce que tu retiendras de ces deux saisons en Savoie, à Chambéry ?
Je crois qu’à titre personnel, ça a été les deux saisons les plus challengeantes au niveau développement personnel qu’il soit rugbystique ou pas. Ça a vraiment été deux années où j’ai eu du mal à me trouver sur la première et je pense que j’ai fait une 2e année plus performante. Finalement, je crois que c’est plutôt bien de terminer sur un barrage comme ça, même si on aurait aimé mieux. Ce que je retiendrai, c’est que c’est un club qui se construit et qui se structure aujourd’hui, un club qui a envie d’avancer et qui en tous cas, je trouve, se donne les moyens d’essayer d’avancer. Maintenant, il faut que le club en lui-même soit capable de répéter ce genre de saison et de résultat pour qu’il puisse continuer à perdurer dans le haut du tableau et, pourquoi pas, monter un jour comme il souhaite le faire. Je pense que c’est un club qui a un gros développement et c’était plaisant de faire partie de cette aventure avec eux.
Dans le développement de ce club de Chambéry, il y a eu l’arrivée d’un nouveau stade flambant neuf qui est l’un des plus beaux, si ce n’est le plus beau, de Nationale. On a eu l’impression que, dans votre saison, il y a eu un avant et un après de quand il y a eu ce stade, après le match face à Bourg-en-Bresse où vous êtes vraiment montés en puissance. Est-ce que le fait d’avoir un nouvel outil de travail a aussi donné un coup de boost à tout le monde et à tout le club ?
Oui, c’est clair. Quand on voit la qualité du stade aujourd’hui, c’est vrai que c’est quelque chose d’incroyable, un outil qui, honnêtement, est peut-être le plus beau stade de Nationale, je ne sais pas mais c’est un très, très bel outil. On a eu un début de saison compliqué, on se déplaçait 4 fois, on était quasiment tout le temps dans les matchs mais on n’arrivait pas à les faire basculer de notre côté. Est-ce que l’appui du public ensuite, le fait de jouer à domicile et le nouveau stade nous ont vraiment permis de basculer pour vraiment lancer notre saison ? Sûrement, oui. C’est vrai qu’il y avait une belle effervescence, de l’engouement autour du nouveau stade, des attentes et je pense qu’on a réussi à répondre présents. Je pense que notre saison se joue aussi sur des matchs à l’extérieur, on a réussi à montrer qu’on était bons à domicile mais on n’a pas réussi à être suffisamment performants à l’extérieur pour prétendre à mieux. C’est un bel outil, ça a été vraiment plaisant de faire partie de cette inauguration-là et d’être dans l’équipe pour jouer sur ce stade.
Est-ce qu’il y a des regrets par rapport au barrage et au ¼ de finale face à Carcassonne ? La marge n’était pas épaisse ni même très haute car vous étiez dans les clous jusqu’à 10 minutes de la fin ?
Je crois que oui, il y a des regrets, je pense que cette équipe de Carcassonne nous craignait, qu’elle nous craignait même pas mal. On savait que c’était une équipe qui avait de l’expérience, nous, beaucoup moins mais on a montré qu’on était dans le match et je pense qu’on peut surtout s’en vouloir de ne pas avoir été capables de concrétiser, notamment en 1ère mi-temps où on a eu des opportunités de le faire, on ne l’a pas fait. Ensuite, en 2e période, je pense qu’on n’a pas eu une très bonne gestion, de plus en plus d’erreurs individuelles de la part de toute l’équipe qui nous ont coûté cher aussi. En fait, c’est frustrant car je pense qu’à la mi-temps, alors qu’on tourne devant de 3 points, on est plutôt en confiance et on se dit « on a le vent dans le dos, on va pouvoir commencer à occuper » mais en fait, je crois que c’est quelque chose qu’on n’a pas bien maîtrisé et on s’est un peu mis sous pression tout seul. Chapeau aussi à Carcassonne qui a été présent et qui a fait son match mais oui, je pense qu’on peut avoir des regrets car on n’a pas du tout démérité sur le match et, à mon avis, on aurait même mérité mieux. Ce qui est un peu frustrant à expliquer, c’est que sur les 3 rencontres qu’on a fait contre eux, on perd le premier match chez eux sur la dernière action sur maul porté, quand ils viennent chez nous, ils mènent 18-6 à la 60e et on finit à égalité et quand on retourne chez eux en ¼ de finale, on mène à peu près jusqu’à la 60e, on est encore dans les clous à la 70e mais on perd le match. Je crois que c’est une équipe qui ne nous a pas trop réussi ou qu’on n’a pas trop réussi à vraiment « tuer » quand il le fallait.
J’imagine qu’il y a aussi un brin d’amertume car il y avait peut-être une belle histoire à écrire étant donné que la finale se jouait à Chambéry et qui se vous étiez allés plus loin, il y avait possibilité de finir en apothéose devant le public savoyard ?
C’est clair, il y avait ça en plus. Une grosse majorité des joueurs ont assisté à la finale là-bas et quand on a vu la finale se dérouler chez nous, ça a été compliqué. Moi, à titre personnel, c’est vrai que j’ai été assez frustré, je ne vais pas leur enlever que ce sont deux belles équipes, que ce soit Nice ou Narbonne qui ont joué cette finale chez nous. Malheureusement, c’est comme ça, je pense qu’on n’avait pas fait le travail qu’il fallait pour se mettre dans de bonnes conditions pour essayer de recevoir soit un barrage ou même d’essayer d’aller chercher les 2 premières places pour vraiment éviter de se déplacer comme on l’a fait. Il y a donc de l’amertume mais c’est comme ça, on a été à l’image de notre saison et c’est comme ça, malheureusement.
En Novembre et en Mars, tu fais deux gros matchs face à Albi, à Chambéry puis au Stadium Municipal. Est-ce que tu penses que ces deux matchs ont participé à taper dans l’œil de Mathieu Bonello, le manager du SCA ?
Oui, je pense. C’est une équipe qui m’a réussi cette année, je ne sais pas pourquoi mais c’est une équipe que j’aime jouer, il y en a pour lesquelles on a plus de sentiments que pour d’autres. Je suis plutôt content d’avoir été performant quand j’ai joué contre eux mais c’est aussi un travail d’équipe et ce sont eux qui m’ont aidé à être performant. C’est bien, je suis content et oui, je pense que ça a beaucoup aidé (rires).
Qu’est-ce qui t’a amené à prendre la décision d’aller à Albi car j’imagine que tu devais quand même être assez courtisé ?
Il y a eu plusieurs choses et déjà le projet sportif. Des échos que j’ai eus, c’est une saison qui a aussi été assez frustrante pour les joueurs comme pour le staff de perdre un barrage à domicile. Je crois qu’ils avaient plus d’ambitions que ça et je pense sincèrement qu’ils avaient les moyens d’aller bien plus haut et bien plus loin. Sur les 5 voire plus dernières années, ils ont montré que, d’un point de vue sportif pour commencer, ils avaient le potentiel et la capacité de jouer tout le temps de haut de tableau de Nationale voire jouer une montée. Rien que ça, à titre personnel, je trouve ça très gratifiant et ça m’a vraiment intéressé. Je pense aussi que ce qui a bien fonctionné entre Mathieu et moi et qui a participé au choix de me faire venir, c’est que je connais un petit peu le Tarn vu que j’ai joué 3 ans à Castres. En plus, je me rapprochais de chez moi et j’ai moi aussi des projets personnels et professionnels à côté après donc, en arrivant sur Albi, ça me permettait de les développer. Je trouvais donc que tout cumulé, ça tombait plutôt bien et c’est pour ça que je suis venu. C’est surtout le projet sportif et ensuite mes projets personnels et professionnels qui pouvaient aboutir.
A partir du 1er Juillet, tu vas rejoindre le centre d’entraînement de la Guitardié à Albi mais pour l’instant, de l’extérieur, que représente Albi pour toi quand on parle de ce club ?
C’est un club historique, un club qui a de l’histoire. C’est aussi un club qui, je trouve, a eu de très, très belles années, il y a eu beaucoup d’engouement autour d’Albi mais aujourd’hui, malheureusement et comme ça arrive, j’en ai fait l’expérience avec Dax, qui a peut-être du mal à retrouver des résultats positifs ou, en tous cas, une montée. Je sais que quand ça sera fait, et si on arrive à établir ça un jour, je pense qu’il y aura encore plus d’engouement que maintenant. Pour moi, quand on parle d’Albi, c’est un club historique, ça fait partie des grands comme Dax, Narbonne, Béziers, je les ai connus quand ils étaient encore en Top 14 donc oui, c’est un grand club historique.
Dans quel état d’esprit et avec quelles ambitions est-ce que tu arrives à Albi ?
Déjà avec celle d’être performant. Très clairement, et comme je te le disais, j’ai eu deux saisons sur Chambéry qui n’ont pas été faciles à titre personnel. Je suis plutôt content de ma fin de saison, je trouve que j’ai été plus performant et que j’ai réussi à retrouver mon niveau et là, j’ai vraiment envie d’être sur cette continuité-là. J’ai aussi envie d’amener ma joie de jouer et de vraiment m’intégrer au mieux dans ce groupe et dans ce club, je n’en ai quasiment que de bons échos depuis le début. En tous cas, il y a vraiment l’envie de bien faire.
On te remercie et on te souhaite une belle aventure du côté des jaune et noir du Sporting Club Albigeois
Merci beaucoup et au plaisir de se voir.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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