Retrouvez l’interview du « Sorcier Béarnais » après la victoire historique (13-8) du Stade Langonnais en finale de Nationale 2, quasiment un an jour pour jour après le sacre des girondins en Fédérale 1 qui voit le travail de Christophe Hamacek depuis 2 saisons consacré et reconnu aux yeux du microcosme rugbystique et les girondins accéder à la Nationale.
Deux saisons à Langon, deux titres et celui-là, il a fallu aller se le chercher avec les tripes, avec les éléments climatiques et même plus ?
Oui, avec la météo aussi. D’abord, bravo à Marcq-en-Barœul, quelle belle équipe, quel beau rugby pratiqué et effectivement, la météo qui change à la mi-temps. Je dis aux joueurs » les gars, il va pleuvoir » mais quand il se met à pleuvoir, on a d’abord le vent contre pendant quelques minutes et il se met ensuite à tomber des trombes d’eau, le vent dans le dos et il faut bien avouer que ça nous aide grandement.
En termes d’émotions et de scénario, c’est peut-être encore un peu plus fort que l’année dernière parce-que là, vous êtes passés par tous les états notamment lorsqu’il y a ce drop, ce » coup de pétard » comme on dit, de Christel Bertrand ?
Christel Bertrand est un joueur avec un talent immense capable aussi de faire des conneries monumentales, il en a fait un peu pendant la saison mais là, il nous fait un match parfait. Ce drop est magique, je ne sais pas d’où il vient mais ça nous permet d’être bien devant au score et avec les conditions qu’il y avait, je savais, enfin je me doutais, que ça allait être très compliqué pour eux de marquer un essai. C’est effectivement un tournant du match extraordinaire, stratégiquement, c’est bien fait, techniquement, il est magnifique, il va en haut des poteaux, c’est un bout de paradis.
Souvent, quand il y a un feu, on dit que les braises restent allumées pendant de nombreuses semaines. Quand tu es arrivé à Langon, tu as un peu soufflé sur les braises pour réenchanter cette fournaise langonnaise et toute cette identité qu’il y a autour de Langon ?
C’est notre fierté avec Romain, les débuts ont été compliqués car les gars n’avaient peut-être pas les mêmes objectifs que nous. Que ce soit Romain ou moi, on déteste perdre mais vraiment, on a de sales caractères et quand l’équipe perd, on n’est pas rigolos, surtout quand elle perd et que les joueurs ne donnent pas tout donc il a fallu manager ça, leur donner cette culture de la gagne, cette envie de ne pas perdre, de ne jamais perdre. Je leur ai souvent dit » les gars, on ne laisse pas de miettes « , il ne faut pas accepter de laisser même des miettes, si tu mets 40 points alors que tu aurais pu en mettre 50, ça n’est pas bien. Ça fait deux ans qu’on leur martèle ça et aujourd’hui, on gagne parce qu’on a des mecs qui sont morts de faim et ça me fait plaisir (sourire).
Qu’est-ce que tu as dit à tes gars quand tu les as retrouvés dans les vestiaires à la fin du match ? Quels ont été tes mots ?
Pour te dire la vérité, je ne les ai pas tous vus, je ne sais pas s’il y en a qui sont à la douche (rires). J’en profite pour leur dire que je suis hyper fier d’eux, que le rugby est juste un prétexte pour vivre de belles aventures humaines et à Langon, on vit quelque chose de très, très fort. Comme je te l’ai dit plusieurs fois, il y a beaucoup d’amour entre ce groupe, vraiment, entre ces mecs et c’est à vie. Il y a de tout, il y a de gros coups de gueules mais je leur ai dit avant le match que je suis très, très fier d’eux, avant qu’on soit champions de France, je leur ai dit que quoi qu’il se passe, je savais qu’ils allaient tout donner et ils l’ont fait, brillamment.
C’est aussi une histoire d’adhésion populaire, de ce peuple rouge et blanc qui vous a suivi partout en France, qui était massé dans une salle à Langon. Ça aussi, ça a dû te donner la flamme ?
J’avais dit aux joueurs qu’on perdrait peut-être la bataille des supporters aujourd’hui mais je crois qu’on l’a quand même gagné malgré tout bien qu’il y ait eu de la distance entre Massy et Langon. Je sais qu’ils étaient très nombreux à la salle Nougaro et on a pensé à eux avant le match, je leur ai dit » ils sont des centaines, ils sont des milliers à nous porter » et je sais que l’année prochaine, ils seront encore plus nombreux donc c’est top.
Maintenant, il y a deux challenges pour Langon, l’un sportif qui est d’aller en Nationale, ce qui va être discuté avec les dirigeants, les joueurs et le staff en mode » participatif » pour voir si vous acceptez ou non la montée mais je pense connaître ta réponse car tu es compétiteur et tu veux monter. Mais il y a peut-être aussi un autre challenge, celui de faire revenir Romain Cabannes sur son idée pour continuer cette aventure avec toi ?
Je ne sais pas, Romain est encore plus têtu que moi, moi, on arrive parfois à me faire changer d’avis (rires). La question de monter en Nationale ne se pose même pas, les mecs ont gagné le droit de jouer sur le terrain et on va vivre une aventure extraordinaire. Bien sûr qu’il y aura beaucoup plus de défaites la saison prochaine mais on va s’accrocher, l’objectif sera différent, ce sera le maintien et je pense que l’adage » jamais deux sans trois « , on va l’oublier car ça sera difficile de réitérer les mêmes performances. On n’y est pas encore mais l’objectif sera le maintien, de bien jouer au rugby, d’être généreux sur le terrain, de faire plaisir au peuple langonnais et si déjà on fait ça, on aura réussi notre saison.
Est-ce que tu adoptes ce surnom de » sorcier du Béarn » ?
Je ne sais pas si je l’adopte, ça me fait rigoler (rires). Je suis un meneur d’hommes, j’aime fédérer, donner des objectifs et quand je vois que les mecs y adhèrent et ont envie de se transcender pour le groupe, ça me plait.
Félicitations au Stade Langonnais, à tes hommes, au public et à tous les bénévoles
Merci beaucoup, ça a été un plaisir, merci à vous.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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