A l’aube d’un match qui peut devenir historique pour le Stade Niçois et qui peut propulser les azuréens en Pro D2, le président des azuréens, Régis Brandinelli, nous a accordé un entretien pour faire un tour d’horizon de l’actualité du côté des Alpes Maritimes. Entre fierté du parcours réalisé, impatience de jouer cette finale de Nationale, enjeux en cas de montée en Pro D2 et profond respect pour les adversaires Narbonnais, le dirigeant maralpin a aussi donné un avis bien tranché sur certains sujets périphériques au match .
Comme on le disait en introduction, Nice est à un pas de la Pro D2 ?
Oui, mais quel pas ! On est effectivement à un pas de la Pro D2, je suis très heureux pour les joueurs, le staff, tous les membres du club, pour tous, pour les petits. On a la chance d’avoir 850 licenciés et quand je vois le travail qui est mené et le fait que parfois ça sourit, je suis très fier et très heureux pour le club qu’on puisse se retrouver en finale ce week-end contre Narbonne.
Une finale qui se déroulera entre deux clubs bercés par le soleil de la Méditerranée mais à l’ombre des Alpes à Chambéry ?
Absolument. Nous, on a un petit avantage historique, c’est que le comté de Nice faisait partie du duché de Savoie donc on dira que nous sommes cousins germains, on retrouvera un chemin que nos ancêtres ont bien connu. En effet, on est sur deux clubs de la Méditerranée qui se connaissent bien et qui ont la chance d’avoir beaucoup de soleil, l’un a un peu plus de vent que l’autre mais ça reste quand même deux beaux endroits.
Un mot pour ce club de Narbonne, votre adversaire de samedi ?
C’est un très beau club historique. On peut bien sûr parler de l’histoire mais on peut aussi parler de ce qu’est ce club aujourd’hui, je sais que le président et les dirigeants font un gros travail, c’est un beau club formateur, un très beau club. C’est un club qui, une fois de plus, mérite tout à fait son classement, que ce soit Nice ou Narbonne, on était 1er et 2e et, sans remettre en cause la qualité des autres équipes qui étaient dans les 1/4 et demi-finale, ça me paraît logique aujourd’hui que les deux premiers se retrouvent en finale et ça sera forcément un beau match car ce sont des équipes qui ont un jeu assez similaire.
Nice et Narbonne sont les deux premiers clubs à étrenner le nouveau système de montée avec une chance au grattage pour le vainqueur de la finale et une autre chance au tirage avec l’access-match pour le perdant. Qu’est-ce que tu penses de cet access-match ?
Si tu te souviens des échanges que l’on a eus tout au long de l’année, tu peux te rappeler que, dès le départ, j’ai été ulcéré par la création de l’access-match. Déjà, je pense depuis toujours que le premier du championnat devrait monter car être premier sur une saison, c’est forcément compliqué et je pense qu’il faut qu’il y ait une prime à cette complexité. Bien sûr que c’est plus facile de le dire cette année parce-que c’est Nice mais je l’ai toujours dit depuis toujours, je pense que c’est une belle prime et que c’est normal au regard de l’importance et de l’investissement qui est mis dans les clubs. La deuxième chose, c’est que la création de l’access-match cette année, qui a été propulsé par la Ligue avec l’accord de la Fédération, est pour moi un problème d’équité majeure, je considère aujourd’hui que et Nice et Narbonne, puisqu’ils sont en finale, méritent d’être en Pro D2 et que les règles ont été changées sans que ça n’ait aucun impact positif pour les clubs à part rajouter encore une fois de la pression. Pour moi, c’est injuste à plusieurs titres, d’abord parce-que les deux premiers clubs méritent de monter, ça a toujours été comme ça et le changement sans contrepartie est inexplicable. Ensuite, la création de l’access-match génère beaucoup de difficultés à commencer par l’équité sportive puisqu’on se retrouve avec un club de Nationale qui a des règles du jeu qui sont des règles fédérales avec des licences A, B, C, c’est très technique mais ceux qui connaissent comprennent, face à un club de Pro D2 qui a un budget a minima deux fois supérieur et qui a surtout la possibilité d’utiliser l’intégralité de ses licences non JIFF pour un match comme ça puisque c’est la moyenne qui compte. Je pense donc que c’est vraiment injuste, en tout cas, c’est comme ça que moi, je le vis et je le répète, je pense que et Narbonne et Nice mériteraient aujourd’hui de faire cette finale, car ce sera de toute façon une belle finale mais aussi de monter tous les deux.
Pour voir le verre à moitié plein, ce sera par contre un vrai match couperet » à la vie, à la mort » ?
Oui, très bien sauf que c’est toujours inexplicable pour des clubs de Nationale qui n’ont aucun accompagnement en termes de droits TV, de visibilité et de soutiens financiers en-dehors de leurs partenaires, de leurs actionnaires et de leurs collectivités, d’expliquer qu’on va jouer la montée à une pièce alors qu’on a été 1er ou 2e du championnat toute l’année y compris en phases finales. Oui, ça va donc apporter un piquant supplémentaire à la finale mais ce piquant-là coûte extrêmement cher au club et, je le répète, je trouve qu’il est totalement injuste.
J’imagine que du côté de Nice, on se prépare aussi à monter un budget de Pro D2 en cas d’accession. De quel acabit sera-t-il à peu près en cas de montée ?
Tout ce qui concerne la montée, et c’est mon côté précautionneux, je n’en parlerai que si ça nous arrive un jour. Pour l’instant, je considère que ce match couperet est tellement important et je mets tellement d’attention à ce qui va se passer pendant le match que je considère que tout ce qui est pour la suite est » en attente « . Evidemment, nous avons travaillé avec nos partenaires et nos actionnaires sur un budget pour la Nationale et pour la Pro D2 mais, comme je le disais tout à l’heure, le fait de savoir si on monte mi Mai ou fin Mai nous met forcément dans une difficulté puisqu’il va falloir construire un budget avec des partenariats complémentaires, faire des modifications dans nos stades et autres dans un délai extrêmement court d’où ma proposition qu’au moins le premier du championnat puisse savoir qu’il monte plus tôt pour se préparer dans de meilleures conditions. On travaille en effet sur une évolution budgétaire grâce aux droits TV qui sont quand même significatifs et grâce à l’évolution des partenariats que l’on aura à la fois de la part des entreprises qui sont partenaires aujourd’hui, et on a la chance d’avoir un tissu économique qui est quand même relativement fourni, mais également des collectivités et potentiellement de nouveaux partenaires qui pourraient nous rejoindre.
En cas de défaite, et même dirai-je de double défaite, et de maintien en Nationale, est-ce que ce serait un coup d’arrêt pour le projet du Stade Niçois ?
Un coup d’arrêt, non, car je le répète, notre objectif en début de saison était de pouvoir être en phases finales et dans les 6 et on a eu la chance de se retrouver mieux classés que ça. Notre projet est serein, on construit paisiblement, enfin paisiblement est un bien grand mot, mais en tous cas sereinement notre construction qu’elle soit administrative et sportive pour pouvoir un jour être en Pro D2, si on a la chance d’y être cette année, ça sera formidable sinon on tentera notre chance autant de fois que nécessaire. Donc non, ça ne sera pas un coup d’arrêt mais, encore une fois, que ce soit pour Nice ou pour Narbonne, ce sera toujours quelque chose de compliqué à expliquer à nos partenaires quels qu’ils soient au regard de la qualité de la saison des deux clubs. C’est ça qui, pour moi, rend la potentielle absence de montée totalement injuste.
Pour monter, il y a aussi un cahier des charges administratif, juridique et économique qui est très complexe et très compliqué. Pour un dirigeant comme toi, c’est quand même un chemin semé d’embûches et la preuve en est, c’est que l’un des 6 clubs qualifiés en play-offs n’avait pas rempli ces critères et qui ne pouvait pas monter. Qu’est-ce que tu penses de ce cahier des charges ?
Le cahier des charges est compliqué mais il a aussi vocation à sécuriser les clubs qui montent donc je pense que c’est normal, on n’est pas les premiers à y passer. Ce qui est très compliqué, c’est qu’on va en fait mener de front des demandes qui viennent à la fois de la Fédération et de la Ligue avec des critères et des formats qui sont très différents. Effectivement, pendant que les joueurs s’entraînent énormément en ce moment, les dirigeants passent beaucoup, beaucoup de temps à travailler sur les sujets administratifs en sachant que tout cela se passe dans un délai très, très court donc il y a beaucoup de travail. Je reviens à mon sujet à savoir que si les clubs étaient qualifiés à monter beaucoup plus tôt, ce temps administratif-là pourrait être lissé sur beaucoup plus de semaines et pourrait permettre de travailler dans des conditions qui seraient encore bien meilleures. Je pense que ça fait partie de la corbeille de la mariée et je pense que, que ce soit Narbonne ou nous, on est très contents de pouvoir travailler sur ces sujets.
Si ce club avait accédé à la finale cela aurait mis une grande zizanie dans les règlements pour savoir comment est-ce que ça se serait passé en termes d’access-match ou de montée directe. Es-tu pour ou contre que les clubs qui ne remplissent pas le cahier des charges, comme en Fédérale 1 Elite à l’époque, soient interdits de play-offs ?
C’est compliqué car, pour l’instant, le retour que ce club a eu était probablement un retour de la Fédération Française de Rugby mais il existe des recours juridiques au CNOSF, au Tribunal Administratif et c’est donc compliqué de prendre une décision couperet pour un club en sachant qu’en passant devant le CNOSF ou devant un tribunal public, administratif en l’occurrence, il aurait peut-être eu gain de cause. Je fais toujours une distinction entre le sportif et l’administratif à savoir que les clubs qui méritent de jouer les phases finales doivent les jouer car s’ils l’ont mérité sportivement, il n’y a pas de raison qu’ils ne les jouent pas. Il y a ensuite une justice administrative qui donne les conditions et qui les vérifie donc, en tous cas, je pense que c’est compliqué d’un point de vue juridique d’empêcher un club de pouvoir jouer les phases finales alors que tous les recours ne sont pas purgés.
On revient maintenant sur la finale. On a vu que vous aviez déjà vendu 700 places du côté niçois, il y a une vraie adhésion et une vraie ferveur ?
Très sincèrement, ça, c’est déjà une victoire pour moi car il y a encore 4 ans, quand avec Patrice Prévot, Régis Beauché, Olivier Paris et toute l’équipe, on était en Fédérale 1 et qu’on est passé en Nationale, 700 personnes dans le stade était un chiffre magique. Ça fait maintenant 4 ans que le stade est globalement plein et cette année, on a été à guichet fermé une bonne partie de la saison et les derniers matchs contre Albi et Suresnes ont fait complètement exploser le stade. Ça, c’est une première étape, je suis très content que le stade soit plein même s’il n’est pas gigantesque mais en plus, de savoir que la ferveur niçoise, car Nice est quand même une terre de rugby avec une histoire, se déplace en nombre pour nous accompagner à la finale est pour moi une vraie fierté et une vraie reconnaissance du travail qui est fait dans le club au sens large, d’abord avec l’équipe première mais aussi avec les jeunes. Moi, j’ai envie de leur dire merci parce-que ça fait plaisir de se sentir soutenus et je sais que c’est quelque chose de très important pour les joueurs. Ce sera très agréable de voir beaucoup de Niçois dans les tribunes.
Quel est l’état d’esprit sur la Promenade des Anglais, aux Arboras, au Stade Niçois, à 48h d’un match qui peut faire basculer Nice dans le » vrai » rugby professionnel du côté de la LNR et de la Pro D2 ?
On ne peut être que content d’être là. C’est tellement extraordinaire, ce sont des choses qu’on ne vit pas tout le temps dans une vie donc moi, je suis hyper content et je n’ai qu’une envie, c’est qu’on soit samedi, je sais que les joueurs, le staff et tous les dirigeants, les partenaires, les actionnaires, tout le monde, sont hyper contents d’être là. La question que l’on peut poser derrière, c’est est-ce qu’on a du stress ? Est-ce qu’on dort bien ? Très sincèrement, je pense qu’on a tous des nuits qui sont un peu plus courtes que d’habitude pour différents sujets mais en tous cas, je préfère avoir ce genre de petits soucis de nuitées pendant quelques jours et avoir la chance de vivre des moments comme ça et de les partager avec cette équipe que je trouve extraordinaire, avec ce staff que je trouve extraordinaire, avec plein d’amis, plein de Niçois, plein d’Azuréens, avoir également la chance de rencontrer une belle équipe dans un stade tout neuf. Franchement, c’est une chance.
Merci et on te souhaite une belle finale avec, bien sûr, le petit bout de bois qui va au bout pour le Stade Niçois
C’est gentil.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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